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Pra-Esperanto

Pré-espéranto (ou Pra-esperanto en espéranto) est le terme actuel définissant toutes les étapes du développement de la langue construite par Louis-Lazare Zamenhof antérieures à la publication de Langue Internationale en 1887.

Louis-Lazare Zamenhof en 1908

La Lingwe uniwersala

Étant enfant, Zamenhof avait eu l'idée de créer une langue auxiliaire internationale pour la communication internationale. À l'origine, il voulait réutiliser certains aspects du latin et du grec ancien, en créant une version simplifiée, mais a ensuite la vocation de créer une langue auxiliaire internationale, jugeant ce projet nécessaire. Durant son adolescence, il travaille sur un projet de langue jusqu'à ce qu'il le pense prêt pour la publication. Le (presque un an avant la publication du volapük), Zamenhof fête son anniversaire et la naissance de la langue avec ses amis, auxquels le projet plait. À ce moment, il baptise la langue Lingwe Uniwersala (Langue Universelle). C'est de ce jour que provient la fête dite du Jour de Zamenhof célébrée par les espérantistes chaque année, le .

Une fois entré à l'université, Zamenhof confie son travail à son père, Mordechai Mark Zamenhof, pour qu'il le garde jusqu'à la fin de ses études de médecine. Son père, peut-être parce qu'il ne comprend pas les idées de son fils ou peut-être anticipant les problèmes engendrés avec la police tsariste, brûle le travail. Zamenhof ne l'apprend qu'en 1881, année où il doit élaborer une nouvelle version de la langue.

À l'heure actuelle, seulement quatre lignes de l'étape Lingwe uniwersala, de l'année 1878, nous restent. Il s'agit d'un morceau de chanson que composa Zamenhof :

Malamikete de las nacjes, Inimitié des nations,
Kadó, Kadó, jam temp' está;Tombe, tombe, maintenant c'est le moment ;
La tot' homoze in familjeToute l'humanité, en une famille
Konunigare so debá.Doit s'unir.

En espéranto moderne, ce serait :

Malamikeco de la nacioj,
Falu, falu, jam temp' estas;
La tuta homar' en familion
Kununuigi sin devas.

La Lingvo universala

Zamenhof reprend son projet au retour de l'université, et améliore sa langue durant les années qui suivirent. Une grande partie de ses meilleures idées sont nées de la nécessité de traduire la littérature et la poésie d'autres langues. Un exemple de cette deuxième étape de la langue est l'extrait d'une lettre de 1881 :

Ma plej kara miko, kvan ma plekulpa plumo faktidźas tiranno pu to. Mo poté de cen taj brivoj kluri, ke sciigoj de fu-ći specco debé blessi tal fradral kordol…

Espéranto actuel : Mia plej kara amiko, neniam mia senkulpa plumo fariĝus tirano por vi. Mi povas de cent viaj leteroj konkludi, ke sciigoj de tiu ĉi speco devas vundi vian fratan koron…

(Mon cher ami, comment ma plume est-elle devenue un tyran pour toi. De la centaine de tes lettres, je peux conclure que des annonces de ce genre doivent blesser ton cœur fraternel…)

L'alphabet comportait toutes les lettres suivantes : a á b c ć d dź e é f g h ħ i j k l m n o ó p r s ś t u ŭ v z ź

Dans cette étape, v avait déjà remplacé w pour le son [v] ; le pluriel au nominatif était -oj à la place de -es ; les cas avaient été réduits à deux (même si le génitif -es existe toujours aujourd'hui, mais seulement pour les corrélatifs possessifs ou les voix simples). De plus, la forte influence slave pour l'orthographe (ć, , ħ, ś, ź à la place de ĉ, ĝ, ĥ, ŝ, ĵ) par rapport à la langue moderne et le suffixe accusatif -l, certaines formes verbales possédaient l'accentuation tonique sur la dernière syllabe. (Alors qu'en espéranto, c'est toujours l'avant-dernière qui la porte.)

La conjugaison des verbes était : au présent , au passé -u, au futur -uj, au conditionnel , au jussif (impératif) . L'infinitif se terminait en -e ou en -i.

Les pronoms personnels se terminaient en o (et en a pour les possessifs), mais il y avait des différences entre les sexes, y compris dans la troisième personne du pluriel :

pronoms de 1881singulierpluriel
1re personnemono
2e personnetovo
3e personne masculineropo
3e personne féminineśoo
3e personne réflexiveso

De nombreuses racines n'étaient pas les mêmes que dans la langue moderne. On trouvait ainsi kad- (du latin cado) au lieu de fal-, mik- au lieu de amik-, et kord- au lieu de kor-.

En 1887, Zamenhof publie Langue Internationale, où il décrit l'espéranto comme on le connaît aujourd'hui. Dans une lettre adressée à Nikolai Borovko, il écrit : J'ai travaillé durant six ans à perfectionner et essayer la langue, ce fut en 1887 qu'elle me parut complètement prête.

Gaston Waringhien, dans son livre Lingvo kaj Vivo ("Langue et vie"), analyse l'évolution de la langue en étudiant les manuscrits de 1881, 1882 et 1885.

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Références

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