Prélude et fugue (Roussel)
Présentation
Sollicité par Henry Prunières pour un hommage à Bach de La Revue musicale, Roussel compose en 1932 une fugue pour piano. Deux ans plus tard, le compositeur adjoint à la fugue un prélude afin de former une œuvre cohérente, Prélude et fugue[1].
La partition de la fugue est publiée en décembre 1932 dans le numéro spécial « Hommage à Bach » de La Revue musicale aux côtés de pièces de Malipiero, Poulenc, Honegger et Casella. L’œuvre complète est publiée par Durand en 1934[1].
Prélude et fugue est dédié au pianiste et compositeur Henri Gil-Marchex[2] - [3].
La création se déroule à Paris, salle Chopin (Pleyel) le [4], dans le cadre d'un concert de la Société nationale de musique, avec le dédicataire au piano[1].
Structure
L’œuvre, d'une durée moyenne d'exécution de cinq minutes environ[5], comprend deux mouvements[6] :
- Prélude — Allegro vivo Ã
( = 144) - Fugue (sur le nom de Bach) — Allegro non troppo Ã
( = 120)
Analyse
L'ensemble est, d'après Damien Top, « très roussélien par son humour mêlé de sérieux[7] ».
Le Prélude, dernière partition pour piano du compositeur et « l'une des plus belles » selon Harry Halbreich[8], est en fa mineur, et, à l'exception de quelques mesures, s'égrène entièrement en une nuance , dans une « rythmique implacable, presque féroce[9] ».
Guy Sacre qualifie la pièce de « pages harcelées d'accents, frappées d'octaves violentes, labourées de traits obstinés de doubles croches, — et que leur densité et leur concision extrêmes rendent encore plus impressionnantes[9] ».
Top constate que ce prélude « déploie l'énergique raucité et les âpres harmonies associées au Roussel de la maturité[7] ».
Page « puissamment concentrée[8] », la Fugue est en fa majeur et construite autour du motif Bach (si , la, do, si )[3], mais au lieu « de l'intervalle de seconde mineure que forment d'ordinaire les deux dernières [notes], Roussel choisit le renversement, une septième majeure, qui donne immédiatement beaucoup d'âpreté au motif[9] ».
La pièce s'ouvre sur un tempo rapide, puis « ralentit en chemin (moderato) et s'achève (andante) dans la douceur et le recueillement[9] », en « une conclusion digne du Cantor[7] ».
Prélude et fugue porte le numéro d'opus 46 et, dans le catalogue des œuvres du compositeur établi par la musicologue Nicole Labelle, le numéro L 58[10].
Discographie
- Albert Roussel Edition, CD 1, Jean Doyen (piano), Erato 0190295489168, 2019[11].
- Roussel : Piano Music Vol. 1, Jean-Pierre Armengaud (piano), Naxos 8.573093, 2013[12].
- Roussel : Promenade sentimentale, Complete Piano Music, Emanuele Torquati (piano), Brilliant Classics 94329, 2012[13].
Bibliographie
Ouvrages généraux
- Michel Duchesneau, L'Avant-garde musicale et ses sociétés à Paris de 1871 à 1939, Paris, Mardaga, , 352 p. (ISBN 2-87009-634-8).
- Harry Halbreich, « Albert Roussel », dans François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 867 p. (ISBN 978-2-213-01639-9, OCLC 17967083), p. 621-624.
- Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. II (J-Z), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN 978-2-221-08566-0), p. 2335-2345.
Monographies
- Nicole Labelle, Catalogue raisonné de l'œuvre d'Albert Roussel, Louvain-la-Neuve, Département d'archéologie et d'histoire de l'art, Collège Érasme, coll. « Publications d'histoire de l'art et d'archéologie de l'Université catholique de Louvain » (no 78), , 159 p.
- Damien Top, Albert Roussel, Paris, Bleu nuit éditeur, coll. « Horizons » (no 53), , 176 p. (ISBN 978-2-35884-062-0).
Notes et références
- Labelle 1992, p. 99.
- « Henri Gil-Marchex (1892-1970) », sur data.bnf.fr (consulté le )
- Sacre 1998, p. 2344.
- Duchesneau 1997, p. 297-298.
- (en) Adrian Corleonis, « Prelude and Fugue for piano, Op. 46 | Details », sur AllMusic (consulté le )
- Labelle 1992, p. 98-99.
- Top 2016, p. 139.
- Halbreich 1987, p. 623.
- Sacre 1998, p. 2345.
- Labelle 1992, p. 98.
- Pierre Jean Tribot, « Albert Roussel, le coffret aux trésors », sur Crescendo Magazine, (consulté le )
- Nicolas Mesnier-Nature, « Nouvelle intégrale pour piano d’Albert Roussel », sur ResMusica, (consulté le )
- « Roussel: Promenade sentimentale, Complete Piano Music - Brilliant Classics », sur www.brilliantclassics.com (consulté le )
Liens externes
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