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Pont Gillois

Le Bac amphibie ou Gillois, fabriqué par le groupe allemand Eisenwerke-Kaiserslautern (en français fonderie de Kaiserslautern), est un dispositif militaire permettant de déployer rapidement un pont mobile ou fixe sur une coupure humide.

Bac/Pont Gillois
Image illustrative de l’article Pont Gillois
Bac amphibie ou "Gillois" en démonstration.
Caractéristiques de service
Type bac automoteur
Service 1963-1997
Utilisateurs Allemagne de l'Ouest Allemagne de l'Ouest
Drapeau de la France France
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau d’Israël Israël
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Conflits Guerre du Kippour
Production
Concepteur Jean Gillois, Eisenwerke-Kaiserslautern
Constructeur Eisenwerke-Kaiserslautern, Pontesa
Variantes Type 2D, Type 2E
Caractéristiques générales
Équipage 4 : chef d'engin, conducteur/ mécanicien et deux membres d'équipage
Longueur 12,33 m
Largeur 3,05 m
Hauteur 3,9 m
Masse au combat 27,82 tonnes Ă  29 tonnes
Blindage (Ă©paisseur/inclinaison)
Blindage aucun
Mobilité
Moteur Type 2D : Kaelble type M 130 S.Amt
Type 2E : Magirus-Deutz type F 12L 714
Puissance Type 2D : 225 ch Ă  2 000 tr/min
Type 2E : 250 ch Ă  2 100 tr/min
Transmission électromagnétique ZF-Média type 6M 75M (6 AV/1 AR)
Vitesse sur route 64 km/h sur route
12 km/h dans l'eau
Autonomie 780 km Ă  840 km

La conception du Gillois autorise une mise en œuvre rapide et un personnel restreint, avec un aménagement minimum du terrain. Il permet le franchissement des cours d'eau aux véhicules à roues et à chenilles, soit par pont, soit par portière.

Ce matériel de pontage est de classe nominale 65 pour véhicules des gammes tactiques.

Historique

C'est à la fin de la Seconde Guerre mondiale que le lieutenant Jean Gillois servant alors au 211e bataillon de ponts lourds de la 1re Armée française eut l'idée d'un camion flottant sur lequel reposerait un élément de pont.

En 1954, devenu chef de bataillon, Jean Gillois rejoint le service du génie en Allemagne de l'Ouest et bénéficie de l'appui du général Legrand, commandant et directeur du génie des forces françaises en Allemagne.

Bénéficiant d'une grande autonomie budgétaire (due aux crédits d'occupation versés par l'Allemagne de l'Ouest) le projet est lancé. Trois sociétés allemandes sont contactées (c'était la condition du financement de ce projet). Seul le docteur Gehlen (propriétaire d'Eisenwerke-Kaiserslautern) accepte de relever le défi sous réserve que le commandant Gillois soit présent à ses côtés pour diriger le bureau d'étude.

Un marché est signé en 1955 pour la fourniture d'un bac amphibie de classe 20, de trois engins ponts de classe 50/60 et d'un pont autonome d'accompagnement non amphibie. En , le ministre des Finances français, soucieux de limiter les sorties de capitaux du pays, demande que le maximum de sous-traitance soit confié à des sociétés françaises et que des dispositions soient prises pour rapatrier en France la production des engins Gillois. En est créée la société Pontesa (à Sarreguemines) qui associe EWK à la société française de Dietrich. Pontesa se voit confier l’exclusivité de la production jusqu'en 1969.

En , la direction centrale des constructions et armes navales (DCCAN) fait savoir Ă  la dĂ©lĂ©gation ministĂ©rielle pour l'armement qu'elle souhaite produire les engins Gillois Ă  Lorient, afin de compenser la baisse d'activitĂ©s de l'arsenal. Techniquement, l'arsenal de Lorient doit disposer des plans de dĂ©finition et d'une assistance technique d'EWK afin de prĂ©server l'homogĂ©nĂ©itĂ© du parc. Il faut lever l'exclusivitĂ© accordĂ©e Ă  Pontesa. En , la fabrication des engins est confiĂ©e Ă  la direction technique des constructions navales. Un compromis avec Pontesa est trouvĂ© en : Pontesa conserve la fabrication des engins rampe-travure et des bacs tandis que Lorient est responsable des engins travures et les ponts automoteurs. Pontesa garantit l'État français contre tout recours de tiers en matière de propriĂ©tĂ© industrielle et s'engage Ă  fournir les plans Ă  Lorient. En contrepartie, l'État indemnisera Pontesa pour rupture d'exclusivitĂ©. Les premiers matĂ©riels sont livrĂ©s au 23e rĂ©giment du gĂ©nie de Rastatt qui est chargĂ© des essais. Le programme de livraison des engins Gillois s'est achevĂ© en 1972 et les dernières livraisons ont eu lieu en 1973. En tout, ce sont environ 250 engins qui ont Ă©tĂ© construits (toutes versions confondues) pour l'armĂ©e française. Le 10e rĂ©giment du gĂ©nie de Spire sera le dernier rĂ©giment Ă  en ĂŞtre dotĂ© jusqu'Ă  sa dissolution en 1997.

Mise en place d'un pont Gillois dans le canal de Suez en 1973 par l'armée israélienne.


Le pont Gillois sera utilisé en opérations de combat seulement par Israël lors de la guerre du Kippour pour franchir le canal de Suez.

Emploi par l'armée française

Ă€ l'Ă©poque de son apparition, le bac Gillois est sans aucun doute un matĂ©riel sans Ă©quivalent dans le monde, capable de transborder des engins d'une masse de 25 tonnes maximum. En version pont, il supporte des charges de l'ordre de 50 tonnes. Pour passer de la version route Ă  la version bac, il lui faut 45 minutes, et 65 minutes pour constituer un pont de 100 mètres de long. Le bac Gillois (l'invention du colonel est tellement exceptionnelle que l'engin portera, fait rarissime, le nom de son inventeur) Ă©vite les lourds et encombrants convois de portiques, grandes barges amenĂ©es par route, si sensibles aux attaques de l'ennemi. Il faut compter de l'ordre d'une demi-journĂ©e pour installer un pont d'une centaine de mètres, Ă  l'aide de portiques qui sont joints par des portières.
Dans les années 1970, le bac Gillois est idéal pour transborder des engins non amphibies comme l'EBR ou l'AMX-30.

Matériel successeur

L'engin de franchissement de l'avant succède au Gillois.

Caractéristiques

Le Gillois est composé de plusieurs matériels (et suivant les évolutions), travure type I, travure type II A, travure type II D, travure type II E, poseur de rampes, rampe travure.

Travure

Les ponts et les portières sont constituĂ©s de travures possĂ©dant leur propre autonomie de propulsion, verrouillĂ©s les uns aux autres, et d’une rampe d’accès Ă  chaque extrĂ©mitĂ©. Les ponts peuvent s’adapter Ă  toutes les largeurs de brèche pour une capacitĂ© de dĂ©bit de 250 vĂ©hicules par heure. La travure constitue un Ă©lĂ©ment de pont d'environ 9 mètres avec une voie de roulement de 4 mètres. Elle se compose essentiellement d’un tablier central, de deux poutres-caissons latĂ©raux et de deux passerelles. La travure est mise en Ĺ“uvre par un Ă©quipage constituĂ© d’un sous-officier chef de module, d’un conducteur/mĂ©canicien, et de deux hommes d'Ă©quipage.

Poseur de rampes

La rampe est un Ă©lĂ©ment du Gillois assurant la continuitĂ© de passage entre la berge et le module de rive, la rampe d’accès a une voie de roulement de 4 mètres de large. Elle est Ă©quipĂ©e d’élargisseurs de voie. Afin de s’adapter Ă  la hauteur des berges, elle est manĹ“uvrable en site grâce Ă  un groupe hydraulique alimentant deux vĂ©rins. La rampe est mise en Ĺ“uvre par un Ă©quipage constituĂ© d’un sous officier chef d'engin, d’un conducteur/mĂ©canicien et de deux hommes d’équipages.

Rampe travure

Afin d'améliorer le concept du Gillois, l'idée d'un véhicule modulaire pouvant être utilisable en travure ou en rampe. Ce système modulaire permet de déposer la rampe.

Anciens utilisateurs

Notes et références

    Bibliographie

    • François Quiri, Les engins amphibies Gillois ou l'idĂ©e d'un gĂ©nie, Audenge, GĂ©nie Édition, coll. « Les VĂ©hicules du GĂ©nie », , 200 p. (ISBN 978-2-7466-5701-4).

    Voir aussi

    Articles connexes

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