Pons de Tripoli
Pons de Tripoli (vers 1096 - ) est un comte de Tripoli de 1112 Ă 1137 et fils de Bertrand de Tripoli et d'HĂ©lĂšne de Bourgogne.
Comte de Tripoli | |
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Jean Ier d'Alençon (frÚre utérin) Guy II de Ponthieu (frÚre utérin) |
Conjoint |
CĂ©cile de France (de Ă ) |
Enfant |
Biographie
Pour apaiser la rivalitĂ© avec Antioche, Bertrand de Tripoli confie lâĂ©ducation militaire de son fils, Pons, Ă TancrĂšde en tant que page ou Ă©cuyer[1], au dĂ©but de lâannĂ©e 1112[2]. Pons Ă©pouse la veuve de TancrĂšde de Hauteville, CĂ©cile de France, peu de temps aprĂšs son dĂ©cĂšs le [3]. Ce mariage semble ĂȘtre une demande de TancrĂšde lui-mĂȘme avant son dĂ©cĂšs. Elle est encore jeune lors de ce second mariage et permet aux comtes de Tripoli de bĂ©nĂ©ficier du prestige dâĂȘtre mariĂ© Ă une princesse capĂ©tienne. CĂ©cile aurait dâailleurs reçu deux chĂąteaux de la part de TancrĂšde, Rugia et Arcekar qui passent donc sous administration de son mari comme câest lâhabitude en ce temps[4].
Le Krak des Chevaliers est certainement donnĂ© par TancrĂšde au comtĂ© de son vivant, en 1112. Câest en tout cas ce que nous montre Jean Richard dans son ouvrage[5].
Fin 1112, il devient Ă©galement comte de Tripoli Ă l'Ăąge de 15 ans, Ă la mort de son pĂšre, Bertrand, et la succession ne pose pas de problĂšme. En effet il avait Ă©tĂ© nommĂ© hĂ©ritier du comtĂ© du vivant de son pĂšre, pratique frĂ©quente dans le royaume de France sous les CapĂ©tiens afin dâĂ©viter toute querelle de succession.
En 1112, Pons est thĂ©oriquement vassal de lâempereur byzantin pour les places de MaraclĂ©e et de Tortose. Le rapprochement de la principautĂ© dâAntioche et du comtĂ© de Tripoli permet Ă ce dernier de se libĂ©rer de cette suzerainetĂ© thĂ©orique. Elle met fin Ă une pĂ©riode de lutte, ayant dĂ©butĂ© en 1098, entre les deux Ătats. Le rapprochement de Tripoli et du royaume de JĂ©rusalem finit de faire une nouvelle fois diminuer lâinfluence byzantine sur Tripoli[6].
En 1113 Pons de Tripoli participe avec Roger de Salerne Ă la campagne militaire contre MawdĆ«d de Mossoul. Il arrive le lendemain de la bataille et sermonne avec Roger, le roi pour son impatience Ă avoir engagĂ© cette bataille. Ensuite Pons passe le reste de la campagne aux cĂŽtĂ©s de Roger et de Baudouin jusquâĂ la retraite de MawdĆ«d vers Damas oĂč il est assassinĂ©[7].
Pons est encore une fois prĂ©sent avec Baudouin Ier et Roger de Salerne devant ApamĂ©e, en 1115. Il dĂ©cide alors de se retirer avec Baudouin aprĂšs le repli simulĂ© de Bursuq ibn Bursuq. Câest une erreur de se retirer mais la victoire de Tell Danith Ă laquelle ils ne participent pas met fin Ă la campagne de Bursuq[8]. Il perd peut-ĂȘtre Ă©galement Montferrand la mĂȘme annĂ©e aux mains de TuǧtekÄ«n comme le suggĂšre RenĂ© Grousset.
Durant lâannĂ©e 1116, ou 1115 dâaprĂšs RenĂ© Grousset, un raid est lancĂ© contre la plaine de la Beqa dans les alentours de Baalbek. Il est battu par TuǧtekÄ«n alliĂ© Ă Aq-Sonqor, seigneur de Rahba[9].
En 1118, Ă la mort du roi Baudouin Ier, il ne se reconnaĂźt pas directement vassal de son successeur, le roi Baudouin II. En 1122 il dĂ©cide dâaccepter la suzerainetĂ© de ce dernier Ă la condition quâil se dĂ©place en personne pour lâexiger. Il sâagit dâune provocation mais Baudouin accepte de venir[10].
En 1119, Pons joint avec ses troupes lâarmĂ©e de Baudouin II appelĂ©e Ă la rescousse par Roger de Salerne[11]. Ce dernier nâattend pas leur arrivĂ©e et engage la campagne contre Il-GhÄzi cela mĂšne au dĂ©sastre de lâAger Saunguinis. LâarrivĂ©e de lâarmĂ©e de soutien, devenue lâarmĂ©e de secours, dans la ville dâAntioche permet de rĂ©organiser la principautĂ©. Le Il-GhÄzi et les troupes de Damas sont battus par la coalition franque Ă la bataille de Hab. Cette bataille permet dâĂ©loigner le danger pesant sur Antioche de façon provisoire[12].
Les campagnes successives menĂ©es par Baudouin II en 1120, 1121, 1122 et 1123 permettent de reprendre possession dâune large partie des places fortes perdues Ă la suite du dĂ©sastre de lâAger Sanguinis. Pons de Tripoli, en tant que vassal du royaume de JĂ©rusalem participe Ă ces campagnes[12].
Durant lâannĂ©e 1125 Aq-Sonqor BursuqÄ« menace directement Antioche. Le prince appelle alors les autres princes latins Ă le rejoindre. Aq-Sonqor se replie Ă lâannonce de lâarrivĂ©e de ces renforts. Lors du repli de ce dernier vers Azaz il est surpris et sĂ©vĂšrement battu par les Latins malgrĂ© un dĂ©but de bataille assez confus. La bataille d'Azaz a lieu le . Les princes latins poussent alors jusquâĂ Alep et concluent un accord avec Aq-Sonqor. En lâĂ©change de la libĂ©ration de Josselin II, comte dâĂdesse et d'Yvette, fille du roi, ainsi que des revenus sur une partie du territoire alĂ©pin ils accordent une trĂȘve Ă Alep[13].
Lors de lâannĂ©e 1126 Pons de Tripoli fait appel Ă Baudouin pour lâaider dans son siĂšge de RaphanĂ©e, aussi appelĂ©e Rafanya, prĂšs de Homs. AprĂšs leur rĂ©union et dix-huit jours de siĂšge le gouverneur de la place, Shams al-KhawÄáčŁáčŁ, dĂ©cide de capituler en Ă©change dâun sauf-conduit pour sa garnison vers Homs[14]. Il se pourrait que ce soit plutĂŽt le fils du gouverneur qui organise cette reddition[15]. La place aurait Ă©tĂ© prise en 1115 de façon temporaire par Pons, avant sa reprise par TuǧtekÄ«n la mĂȘme annĂ©e[16].
En 1132, Alix, princesse dâAntioche entre en rĂ©bellion contre le roi foulque. Pons dĂ©cide de la rejoindre[17]. Lorsque le roi monte avec son armĂ©e vers Antioche, sur la demande de la noblesse antiochienne, il se voit refuser lâaccĂšs au comtĂ© de Tripoli et est contraint de prendre la mer. La rĂ©bellion dâAlix de JĂ©rusalem contre le roi Foulque est matĂ©e. NĂ©anmoins Pons continue sa rĂ©volte et met en Ă©tat de dĂ©fense ses places fortes. Il Ă©tablit son quartier gĂ©nĂ©ral prĂšs de Chastel Rouge. Câest prĂšs de lĂ que Foulque lui inflige une dĂ©faite, en aoĂ»t, le poussant Ă la retraite. Ensuite les deux hommes se rĂ©concilient et Pons accepte Ă nouveau la suzerainetĂ© du roi[18]. Câest Ă la fin de lâannĂ©e 1132 que le comtĂ© atteint sa plus grande expansion[19].
Une attaque menĂ©e par un groupe de Turcomans sur Montferrand a lieu la mĂȘme annĂ©e. Montferrand est assiĂ©gĂ©e. Pons se replie Ă Tripoli et appelle les autres princes latins Ă la rescousse. Avec lâaide de Foulque il engage une bataille. Il est difficile dâĂ©tablir un vainqueur, les deux armĂ©es se repliant. Les pertes sont Ă©levĂ©es des deux cĂŽtĂ©s. On attribue en gĂ©nĂ©ral la victoire aux Latins, car elle met fin Ă la tentative turcomane[20].
Pons attaque ensuite la citĂ© de Qinnasrin mais lâarrivĂ©e de Zanki, aussi appelĂ© Zengi, le force Ă se retirer par ses seules manĆuvres sans devoir engager de bataille. Il aurait dâailleurs Ă©tĂ© difficile de rĂ©sister avec les seules forces de son comtĂ©. Zanki se retire alors Ă Homs sans profiter du repli de Pons, en effet il est alors occupĂ© Ă lutter contre Damas en essayant de lui prendre la ville de Homs[21].
En 1135, Zanki, prend la ville de Homs. DĂšs ce moment la menace pesant sur le comtĂ© de Tripoli augmente fortement. Il dĂ©cide dâattaquer la place de Montferrand, aussi appelĂ©e Baârin. Pons appelle alors le roi de JĂ©rusalem, Foulque dâAnjou, Ă venir le soutenir. Lors de leur marche vers Montferrand ils sont surpris et dĂ©faits. Raymond II, le fils de Pons est capturĂ© et le roi se rĂ©fugie dans Montferrand avec ses barons. Le patriarche de JĂ©rusalem et le prince dâAntioche envoient alors une large armĂ©e de secours. Zanki traite alors avec le roi en lui offrant de se retirer contre la libertĂ© pour lui et ses barons. Ces derniers nâĂ©tant pas au courant de lâarrivĂ©e dâune armĂ©e de secours dĂ©cident dâaccepter. Dans cette campagne le comtĂ© perd presque tous ses chevaliers et semble dans lâincapacitĂ© de se dĂ©fendre seul[22].
LâĂ©mir Bazwaj, aussi appelĂ© Beza-Uch[23], commandant des forces de Damas pour le fils de BĆ«ri, engage une campagne contre le comtĂ© de Tripoli en [24]. LâarmĂ©e damascĂšne est conduite sur le territoire du comtĂ© de Tripoli par des guides provenant surement des villages maronites des montagnes libanaises. Villages en thĂ©orie vassalisĂ©s au comtĂ© de Tripoli, il sâagirait donc dâune trahison[25]. Le , Pons est exĂ©cutĂ©[23] avec la plupart de ses hommes sur ordre du commandant de lâarmĂ©e damascĂšne. Le successeur de Pons, son fils Raymond II exerce alors de sĂ©vĂšres reprĂ©sailles envers les populations maronites des montagnes libanaises, en faisant notamment exĂ©cuter un certain nombre de leurs chefs[26]. Les consĂ©quences pour le comtĂ© sont nĂ©anmoins graves, une large partie de son Ă©lĂ©ment militaire est tuĂ© tandis que la plus riche plaine du comtĂ© est dĂ©vastĂ©e[24].
Mariage et enfants
Il Ă©pouse CĂ©cile de France (morte aprĂšs 1145), veuve de TancrĂšde de Hauteville, prince dâAntioche, fille de Philippe Ier, roi de France et de Bertrade de Montfort. De ce mariage naissent :
- Raymond II (v. 1120 - 1152), comte de Tripoli ;
- Philippe, cité en 1126 et en 1142 ;
- AgnÚs (v. 1120 - 1183), mariée à Renaud II, seigneur de Marqab (Margat), fils de Renaud Mazoir.
Notes et références
- René Grousset, Histoire des Croisades et du Royaume franc de Jérusalem, tome 2 : Beaudouin Ier et la Formation des principautés, 1099-1119, Paris, Tallandier, , 418 p. (ISBN 2-235-01144-6), p. 198.
- Setton 1969, p. 401.
- Richard 2010, p. 96.
- Richard 2010, p. 100.
- Richard 2010, p. 147.
- Setton 1969, p. 398-399.
- Setton 1969, p. 402.
- Setton 1969, p. 450.
- Setton 1969, p. 405.
- Setton 1969, p. 417.
- Setton 1969, p. 413.
- Richard 2010, p. 149.
- Setton 1969, p. 425.
- Setton 1969, p. 426.
- René Grousset, Histoire des Croisades et du Royaume franc de Jérusalem, tome III : Beaudouin II et Foulque d'Anjou, 1119-1143, Paris, Tallandier, , 418 p., p. 153.
- René Grousset, Histoire des Croisades et du Royaume franc de Jérusalem, tome 2 : Beaudouin Ier et la Formation des principautés, 1099-1119, Paris, Tallandier, , 418 p., p. 199.
- Richard 2010, p. 162.
- Setton 1969, p. 433.
- René Grousset, Histoire des Croisades et du Royaume franc de Jérusalem, tome 2 : Beaudouin Ier et la Formation des principautés, 1099-1119, Paris, Tallandier, , 418 p., p. 200.
- Setton 1969, p. 433-434.
- Setton 1969, p. 435-436.
- Richard 2010, p. 161.
- Setton 1969, p. 437.
- Richard 2010, p. 160.
- Richard 2010, p. 119.
- Setton 1969, p. 438.
Annexes
Bibliographie
- Foundation for Medieval Genealogy : Les comtes de Tripoli.
- Jean-Luc Déjean, Les comtes de Toulouse (1050-1250), Fayard, (réimpr. 1988) [détail des éditions] (ISBN 2-213-02188-0), p. 122 et 123.
- GROUSSET René, Histoire des Croisades et du Royaume franc de Jérusalem, tome 2: Beaudouin Ier et la Formation des principautés, 1099-1119, Paris, Tallandier, 1981, 418 p.
- GROUSSET René, Histoire des Croisades et du Royaume franc de Jérusalem, tome III: Beaudouin II et Foulque d'Anjou, 1119-1143, Paris, Tallandier, 1981, 418 p.
- Jean Richard, Histoire des Croisades, Paris, Pluriel, , 544 p.
- (en) Keneth Setton, A History of the Crusades, vol. I, Madison, The University of Wisconsin Press, , 707 p.