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Pondaungidae

Les Pondaungidae sont une famille éteinte de singes qui vivaient exclusivement en Asie, depuis la fin de l'Éocène moyen jusqu'au début de l'Oligocène inférieur, d'environ 40 à 33 millions d'années. On a trouvé des fossiles de Pondaungidae au Myanmar, en Thaïlande, et au Pakistan[2]. Un peu plus dérivés et plus grands en moyenne que les Eosimiidae, ils précèderaient toutefois la subdivision entre Platyrrhiniens et Catarrhiniens, quoique cette question soit encore très discutée par les chercheurs. La famille des Pondaungidae contribue à donner une origine asiatique aux singes, dont d'autres familles légèrement plus récentes se développeront en Afrique à partir de 39 millions d'années. Le nom de cette famille est formé sur celui du Pondaung, une région du Myanmar. Les Amphipithecidae sont un synonyme des Pondaungidae.

Pondaungidae
Description de l'image Defaut 2.svg.

Famille

† Pondaungidae
Ciochon (d) & Holroyd (d), 1994[1]

Synonymes

  • †Amphipithecidae Godinot, 1994 (prĂ©fĂ©rĂ© par BioLib)[1]

Systématique

La famille des Pondaungida a été créée en 1994 par les paléoanthropologues américains Russell L. Ciochon (d) et Patricia A. Holroyd (d)[3].

Historique

Quand le chercheur de fossiles Barnum Brown prospecta la rĂ©gion du Pondaung, au Myanmar, en 1923, il dĂ©couvrit une mandibule avec trois dents, mais ne perçut pas l'importance de sa trouvaille. En 1937, Edwin Harris Colbert identifia le fossile comme une nouvelle espèce de singe, Amphipithecus mogaungensis, mais les mĂ©thodes de datation modernes n'Ă©taient alors pas encore connues. On s'aperçut dans les annĂ©es 1990 qu'il s'agissait du plus ancien fossile de singe connu au monde Ă  cette date, dĂ©passant de 3 millions d'annĂ©es les plus anciens singes fossiles du Fayoum, en Égypte[4]. La formation de Pondaung est en effet datĂ©e de 40 Ma.

En 2005 fut publiée la découverte de douzaines de fossiles de primates jusqu'alors inconnus, dans les collines Bugti, au Pakistan. On identifia, sur la base de ces fossiles constitués principalement de dents isolées, trois nouvelles espèces, dont Bugtipithecus inexpectans, remontant au début de l'Oligocène, il y a environ 33 Ma (les deux autres espèces étaient des Eosimiidae)[5].

En 2009 fut publiée la découverte de Ganlea megacanina, une espèce remontant à la fin de l'Éocène moyen, dans la formation de Pondaung, au Myanmar[2].

Le site de Krabi, en Thaïlande, a livré les genres Siamopithecus en 1997 et Krabia en 2013. La formation de Krabi est datée de 34 Ma.

Ducrocq et al. créèrent en 2000 la famille des Amphipithecidae alors que Ciochon & Holroyd avaient déjà défini en 1994 la famille des Pondaungidae. On a reconnu dans les années 2010 que ces deux familles étaient en fait identiques, et la dénomination antérieure tend désormais à prévaloir, conformément aux règles taxonomiques d'antériorité.

Description

Les vestiges fossiles, quoique le plus souvent limités à des mandibules et des dents isolées, avec très peu d'éléments postcrâniens, laissent entrevoir des formes quadrupèdes et arboricoles, mais sans la capacité de sauter de branche en branche que l'on verra apparaitre plus tard chez des singes plus dérivés[6].

Les hautes mandibules et les molaires avec des couronnes larges et basses rattachent ces genres fossiles à l'infra-ordre des Simiiformes (les singes), mais dans une position souvent estimée basale par rapport aux deux groupes actuels que sont les Catarrhiniens et les Platyrrhiniens[7] - [8]. La réelle position plylogénétique des Pondaungidae demeure cependant très discutée par les spécialistes.

Classification phylogénétique

Phylogénie des infra-ordres actuels de primates, d'après Perelman et al. (2011)[9] :

Primates
Haplorrhini

Simiiformes (singes)



Tarsiiformes (tarsiers)



Strepsirrhini

Lorisiformes (loris, galagos…)




Chiromyiformes (l'aye-aye)



Lemuriformes (lémuriens)





Les différentes espèces

Liste

Les genres et espèces de Pondaungidae sont regroupés en deux tribus :

  • † Tribu des Pondaungini, Ciochon & Holroyd, 1994
    • † Pondaungia, Pilgrim, 1927, Myanmar, 40 Ma
      • † Pondaungia cotteri, Pilgrim, 1927
      • † Pondaungia mogaungensis, Colbert, 1937
      • † Pondaungia savagei, Gunnell et al., 2002
    • † Myanmarpithecus, TakaĂŻ et al., 2001, Myanmar
      • † Myanmarpithecus yarshensis, TakaĂŻ et al., 2001
    • † Ganlea, Beard et al., 2009, Myanmar, 40 Ma
      • † Ganlea megacanina, Beard et al., 2009
    • † Krabia, Chaimanee et al., 2013, ThaĂŻlande, 34 Ma
      • † Krabia minuta, Chaimanee et al., 2013
  • † Tribu des Siamopithicini, Gunnell et al., 2002
    • † Siamopithecus, Chaimanee et al., 1997, ThaĂŻlande, 34 Ma
      • † Siamopithecus eocaenus, Chaimanee et al., 1997

Le statut du genre Bugtipithecus est aujourd'hui discuté. Il pourrait appartenir à une famille distincte, non encore dénommée :

  • † Bugtipithecus, Marivaux et al., 2005, Pakistan, 33 Ma
    • † Bugtipithecus inexpectans, Marivaux et al., 2005

Le genre Amphipithecus (Colbert, 1937) est aujourd'hui considéré comme un synonyme de Pondaungia[10] - [2].

Description

Les diffĂ©rents genres de la famille des Pondaungidae ont des tailles estimĂ©es très variables, entre 6 et 8 kg pour Siamopithecus et entre 4 et 7 kg pour Pondaungia, tandis que Myanmarpithecus fait entre 1 et 2 kg, Krabia 200 g, et Bugtipithecus seulement 130 g, ces deux dernières tailles se situant par ailleurs dans la gamme des Eosimiidae connus[5]. Les chercheurs supposent que les espèces les plus grandes, avec leurs dents adaptĂ©es, pouvaient manger des graines et des fruits Ă  coque, tandis que les plus petites devaient se contenter de fruits plus tendres[11] - [6]. Siamopithecus serait le genre le plus basal de la famille des Pondaungidae[2].

Ganlea, d'une taille estimĂ©e Ă  2,4 g, montre une robuste denture comprenant une grande canine infĂ©rieure, mais de petites incisives, ce qui semble adaptĂ© Ă  une alimentation de graines ou de fruits durs[2].

Publication originale

  • (en) Russell L. Ciochon et Patricia A. Holroyd, « The Asian Origin of Anthropoidea Revisited », dans Fleagle, J.G., Kay, R.F. (eds), Anthropoid Origins. Advances in Primatology, Boston, Springer, (DOI 10.1007/978-1-4757-9197-6_6), p. 143-162.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. BioLib, consulté le 28 septembre 2021
  2. (en) K. Christopher Beard et Laurent Marivaux, « A new primate from the Eocene Pondaung Formation of Myanmar and the monophyly of Burmese amphipithecids », Proceedings of the Royal Society B, vol. 276, no 1671,‎ , p. 3285–3294 (PMID 19570790, PMCID 2817178, DOI 10.1098/rspb.2009.0836)
  3. Ciochon et Holroyd 1994, p. 143-162.
  4. Ciochon 1985.
  5. (en) Laurent Marivaux, Pierre-Olivier Antoine et al., « Anthropoid primates from the Oligocene of Pakistan (Bugti Hills) : Data on early anthropoid evolution and biogeography », PNAS, vol. 102, no 24,‎ , p. 8436–8441 (PMID 15937103, PMCID 1150860, DOI 10.1073/pnas.0503469102, lire en ligne)
  6. (en) R.F. Kay et D. Schmitt, « The paleobiology of Amphipithecidae, South Asian late Eocene primates », Journal of Human Evolution, vol. 46, no 1,‎ , p. 3–25 (PMID 14698683, DOI 10.1016/j.jhevol.2003.09.009)
  7. Jean-Jacques Jaeger, Les Anthropoïdes éocènes, CNRS
  8. Chaimanee et al. 2000a, Marivaux et al. 2003, Jaeger et al. 2004, Beard et al. 2007, Bajpal et al. 2008, Rose et al. 2009
  9. (en) P. Perelman, W. E. Johnson, C. Roos, H. N. Seuánez, J. E. Horvath, M. A. M. Moreira, B. Kessing, J. Pontius, M. Roelke, Y. Rumpler, M. P. Schneider, A. Silva, S. J. O'Brien et J. Pecon-Slattery, « A molecular phylogeny of living primates », PLoS Genetics, vol. 7, no 3,‎ , e1001342 (PMID 21436896, PMCID 3060065, DOI 10.1371/journal.pgen.1001342, lire en ligne)
  10. Jaeger et al. 2004
  11. Ciochon & Gunnell 2004
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