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Politique aux Fidji

Les Fidji sont une république parlementaire et démocratique s'inspirant du modèle de Westminster. Le pays, devenu indépendant de l'Empire britannique en 1970 avec les institutions d'une démocratie parlementaire, a connu une vie politique parfois instable, avec quatre coups d'État entre 1987 et 2006, et quatre constitutions successives. Ses institutions actuelles sont définies par la Constitution adoptée en 2013.

Constitution

La quatrième et actuelle Constitution a été imposée en 2013 par le régime militaire du commodore Frank Bainimarama. Elle rompt avec les dispositions des constitutions antérieures qui catégorisaient les citoyens selon leur appartenance ethnique et instituaient une représentation ethnique au Parlement. Estimant que ces institutions ont divisé la nation et mené à des politiques de discriminations raciales, le gouvernement Bainimarama introduit ainsi une constitution qui établit une citoyenneté fidjienne non-discriminatoire et pose les principes d'un régime parlementaire.

Dans son premier article, la Constitution dispose que les Fidji sont « un État dĂ©mocratique souverain Â» fondĂ© notamment sur « une citoyennetĂ© Ă©gale et commune et l'unitĂ© nationale Â», le respect de la dignitĂ© humaine, la solidaritĂ©, la sĂ©paration des pouvoirs, l'indĂ©pendance de la justice, et « une relation prudente, efficace et soutenable Ă  la nature Â». La Constitution est la « loi suprĂŞme Â» du pays (art. 2), aucune autre loi ne pouvant ĂŞtre en contradiction avec elle.

La Constitution fait des Fidji un État laïc (art. 4), et contient une Déclaration des droits qui garantit les droits à la vie, à la liberté individuelle, à l'accès à la justice dans le cadre d'un État de droit, à la liberté d'expression, à la liberté de réunion, à la liberté d'association, à la liberté de conscience, à l'activité politique, et à la propriété, notamment. Elle reconnaît et garantit également le droit à l'éducation, le droit au travail et à un salaire minimum juste, le droit au logement, le droit à l'eau et à l'alimentation, le droit à la santé et le droit à un environnement sain. L'article 28 protège la propriété coutumière des terres autochtones.

Pouvoir législatif

Le Parlement dispose du pouvoir législatif, conformément à l'article 46 de la Constitution. L'exécutif ne dispose pas de droit de veto des lois adoptées par le Parlement. Le Parlement est monocaméral, et ses cinquante-et-un membres sont élus au suffrage universel direct tous les quatre ans, au scrutin proportionnel de liste.

Le président du Parlement est élu par les députés parmi les personnes éligibles qui n'en sont pas membres. L'opposition parlementaire est formellement reconnue, avec un chef de l'opposition.

Pouvoir exécutif

À l'instar de certaines autres républiques issues de l'empire colonial britannique, telle que l'Inde ou l'Irlande, aux Fidji le pouvoir exécutif est exercé par le Premier ministre, et non par le président de la République. Ce dernier exerce un rôle essentiellement cérémoniel.

Le président de la République est le chef de l'État et le commandant-en-chef des Forces militaires de la république des Fidji. Conformément à l'article 82 de la Constitution, le président agit uniquement sur recommandation du Cabinet ou de l'un de ses ministres. Il ne peut pas être membre d'un parti politique (art. 83). Le président est élu par le Parlement, qui doit choisir entre le candidat proposé par le Premier ministre et le candidat proposé par le chef de l'opposition (art. 84). Son mandat est de trois ans, renouvelable une fois uniquement (art. 85).

Le Premier ministre est élu par et parmi les députés (art. 93). Il nomme et dirige le Cabinet. En reconnaissance du principe de gouvernement responsable (art. 90), le Premier ministre et le Cabinet sont responsables devant le Parlement, et doivent démissionner s'ils perdent la confiance du Parlement.

Le Cabinet actuel résulte des élections législatives de novembre 2018, remportées par le parti Fidji d'abord. Le Premier ministre Frank Bainimarama nomme le Cabinet suivant, qui prête serment le [1] :

Poste Ministre en novembre 2018 Ministre actuel
Premier ministre
Ministre des Affaires autochtones
Ministre du Sucre
Ministre des Affaires étrangères
Frank Bainimarama
Procureur général
Ministre de la Justice, de l'Économie, des Entreprises publiques et du Service public
Ministre des Communications
Aiyaz Sayed-Khaiyum
Ministre de la Sécurité nationale et de la Défense Inia Seruiratu
Ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
Ministre des Autorités locales, du Logement et du Développement des communautés
Premila Devi Kumar Premila Devi Kumar (Autorités locales, Logement et Développement des communautés)

Faiyaz Koya (Industrie, Commerce et Tourisme)
Ministre de l'Emploi, de la Productivité et des Relations sociales
Ministre de la Jeunesse et des Sports
Parveen Bala
Ministre de l'Agriculture, du DĂ©veloppement rural et maritime, des Voies d'eau et de l'Environnement Dr. Mahendra Reddy Mahendra Reddy (Agriculture, Voies d'eau et Environnement)

Inia Seruiratu (DĂ©veloppement rural et maritime)
Ministre des Femmes et des Enfants
Ministre de la Réduction de la pauvreté
Mereseini Vuniwaqa
Ministre des Terres et des Ressources minières Ashneel Sudhakar Jone Usamate
Ministre des ForĂŞts Osea Naiqamu
Ministre des PĂŞcheries Semi Koroilavesau
Ministre des Infrastructures et des Transports
Ministre de la Gestion des désastres naturels, et des Services météorologiques
Jone Usamate Jone Usamate (Infrastructures et Transports, Services météorologiques)

Inia Seruiratu (Gestion des désastres naturels)
Ministre de l'Éducation, du Patrimoine et des Arts Rosy Akbar
Ministre de la Santé et des Services médicaux Dr Ifereimi Waqainabete

Partis politiques et Ă©lections

Partis politiques

La vie politique du pays est historiquement marquée par le bipartisme. De 1970 (date de l'indépendance) à 1987, le parti de l'Alliance est au pouvoir tandis que le Parti de la fédération nationale constitue l'opposition parlementaire. Le premier est conservateur, multi-ethnique en principe mais attaché à conserver le pouvoir aux mains des chefs autochtones héréditaires. Le second défend les intérêts de la communauté indo-fidjienne rurale.

Le Parti travailliste, parti de centre-gauche multiethnique issu du mouvement syndical, apparaît en 1985 et devient un temps l'un des principaux partis du pays. Mais l'hostilité d'une partie de la population autochtone aux membres indo-fidjiens du mouvement a pour conséquence le renversement rapide, par des coups d'États, des deux Premiers ministres travaillistes démocratiquement élus : Timoci Bavadra en 1987 puis Mahendra Chaudhry en 2000. Les principaux partis de droite successifs dans les années 1990 et 2000 sont fortement conservateurs et prônent la suprématie des intérêts de la population autochtone.

Sous le nouveau régime issu de la Constitution de 2013, les deux principaux partis sont :

  • Fidji d'abord, qui remporte les Ă©lections lĂ©gislatives de 2014 et de 2018. Centriste, libĂ©ral, multi-ethnique, ce parti dĂ©fend une vision Ă  la fois unitaire et multiculturelle des Fidji, fondĂ©e sur une forte identitĂ© civique commune par-delĂ  les diffĂ©rences ethniques. Il est dirigĂ© par Frank Bainimarama et son bras droit Aiyaz Sayed-Khaiyum.
  • le Sodelpa (Parti libĂ©ral social-dĂ©mocrate), principal parti d'opposition. HĂ©ritier des partis de droite antĂ©rieurs, c'est un parti conservateur prĂ´nant un nationalisme autochtone et chrĂ©tien.

Le Parti de la fédération nationale conserve quelques députés, tandis que le Parti travailliste a quasiment disparu.

RĂ©sultats des Ă©lections de 2014

Résultats des élections législatives fidjiennes de 2014[2]
Parti Dirigeant Voix % Sièges +/-
Fidji d'abord Frank Bainimarama
Premier ministre
293 544 59,17 32 Nv
Parti libĂ©ral social-dĂ©mocrate Ro Teimumu Kepa 139 809 28,18 15 en diminution 21
Parti de la fĂ©dĂ©ration nationale Biman Prasad 27 065 5,46 3 en augmentation 3
Parti dĂ©mocrate populaire Felix Anthony 15 863 3,20 0 Nv
Parti travailliste fidjien Mahendra Chaudhry 11 669 2,35 0 en diminution 31
Votes valides 496 142 99,21
Votes blancs et invalides 3 936 0,79
Total 500 078 100 50 en diminution 21
Abstentions 91 023 15,40
Inscrits / participation 591 101 84,60

RĂ©sultats des Ă©lections de 2018

Résultats des élections législatives fidjiennes de 2018[3]
Parti Voix % +/- Sièges +/-
Fidji d'abord 227 241 50,02 en diminution 9,15 27 en diminution 5
Parti libĂ©ral social-dĂ©mocrate 181 072 39,85 en augmentation 11,67 21 en augmentation 6
Parti de la fĂ©dĂ©ration nationale 33 515 7,38 en augmentation 1,92 3 en stagnation
Parti de l'unitĂ© des Fidji 6 896 1,52 Nv 0 Nv
Parti de l'espoir 2 811 0,62 Nv 0 Nv
Parti travailliste fidjien 2 800 0,62 en diminution 1,73 0 en stagnation
Votes valides 454 335 99,08
Votes invalides 4 197 0,92
Total 458 532 100 - 51 en augmentation 1
Abstentions 179 785 28,35
Inscrits / participation 634 120 71,65

Pouvoir judiciaire

Le pouvoir judiciaire est exercĂ© par la Cour suprĂŞme et par les cours de rang infĂ©rieur. Les cours des magistrats, qui remontent Ă  la pĂ©riode coloniale, sont compĂ©tentes en première instance pour les affaires civiles et pĂ©nales ainsi que celles relevant du droit de la famille. La Haute Cour est Ă©galement compĂ©tente en première instance dans ces domaines. La Cour d'Appel est la « cour d'appel intermĂ©diaire Â», tandis que la Cour suprĂŞme des Fidji est la dernière instance d'appel. La Cour suprĂŞme est prĂ©sidĂ©e par le Juge en chef des Fidji (en)[4].

Le droit fidjien est fondé sur le système juridique de la common law, et sur le modèle du droit anglais[5].

Politique étrangère et relations internationales

Le Premier ministre Bainimarama avec le président français François Hollande à la COP21 à Paris en 2015.

Les Fidji sont membres des principales organisations internationales régionales et mondiales, dont l'Organisation des Nations unies, le Commonwealth des Nations et le Forum des îles du Pacifique. Le pays a des ambassades réciproques avec ses quatre principaux partenaires occidentaux (Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis, Royaume-Uni) et avec ses six principaux partenaires asiatiques (Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Japon, Malaisie)[6] - [7].

AlignĂ© sur le bloc de l'Ouest des annĂ©es 1970 aux annĂ©es 2000, le pays dĂ©veloppe depuis 2009, sous le gouvernement du Premier ministre Frank Bainimarama, une politique Ă©trangère beaucoup plus active, diversifiant et approfondissant ses relations bilatĂ©rales et multilatĂ©rales avec les pays au-delĂ  de l'OcĂ©anie et de l'Occident et participant de manière davantage prĂ©Ă©minente aux organisations internationales[8]. La politique Ă©trangère fidjienne dans les annĂ©es 2010 se caractĂ©rise « par un leadership affirmĂ© dans [sa] rĂ©gion, notamment au sein des petits Etats insulaires en dĂ©veloppement, et un fort engagement dans les nĂ©gociations climatiques Â», les Fidji Ă©tant d'ailleurs le « premier pays du monde Ă  ratifier l’Accord de Paris en fĂ©vrier 2016 Â» avant de prĂ©sider la COP23[9].

Références

  1. (en) "Cabinet ministers sworn-in", Fiji Times, 22 novembre 2018
  2. (en) "2014 Fijian elections: Final Report of the Multinational Observers Group", Parlement des Fidji, p.29
  3. (en) "Fiji Elections 2018: Official Results", Fiji Sun, 15 novembre 2018
  4. (en) "Supreme Court", DĂ©partement judiciaire des Fidji
  5. (en) "Fiji: Legal system", Commonwealth des nations
  6. (en) "Republic of Fiji's Diplomatic Missions Abroad", ministère fidjien des Affaires étrangères
  7. (en) "Foreign Missions Based in Suva, Fiji", ministère fidjien des Affaires étrangères
  8. (en) Adrien Rodd, "Oceania in the Face of Great Power Rivalries", in Adrien Rodd (dir.), The Pacific In The 'Asian Century’, Outre-Terre, 2020 1/2, n°58-59, pp.303-326
  9. « PrĂ©sentation des Fidji Â», ministère français de l'Europe et des Affaires Ă©trangères

Liens externes


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