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Place Saint-Boniface

La place Saint-Boniface (en néerlandais: Sint-Bonifatiusplein) est un îlot piétonnier situé rue Saint-Boniface (commune d’Ixelles, Région de Bruxelles-Capitale, Belgique).

Place Saint-Boniface
Image illustrative de l’article Place Saint-Boniface
Place Saint-Boniface
Situation
CoordonnĂ©es 50° 50′ 08,8182″ nord, 4° 21′ 53,895″ est
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
RĂ©gion Drapeau de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale RĂ©gion de Bruxelles-Capitale
Début chaussée de Wavre
Fin Chaussée d'Ixelles
Morphologie
Type Place
GĂ©olocalisation sur la carte : Bruxelles
(Voir situation sur carte : Bruxelles)
Place Saint-Boniface
GĂ©olocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Place Saint-Boniface
GĂ©olocalisation sur la carte : Europe
(Voir situation sur carte : Europe)
Place Saint-Boniface

En plein centre du quartier Saint-Boniface, entre la rue de la Paix (en face de l’église Saint-Boniface) et la rue Ernest Solvay, elle se distingue par ses façades de style Art Nouveau et ses restaurants, bars et terrasses cosmopolites.

Le quartier Saint-Boniface, délimité par la chaussée d’Ixelles, la chaussée de Wavre, la rue Longue Vie et les rues de l’Athénée et Bourré, étant imbriqué à certains endroits dans le quartier Matonge, est souvent considéré comme faisant partie intégrante de ce dernier.

Historique

La création du quartier est due à une expansion démographique qui correspond à une phase d’urbanisation rapide de la commune. Cet accroissement commence après la révolution belge de 1830[1] et continue jusqu’à la Première Guerre mondiale[2]. À la suite de cette expansion, l'arrêté royal du y crée une nouvelle paroisse. Le conseil de fabrique d'église Saint-Boniface achète pour cela un terrain situé le long de la rue de la Paix[3]

Les plans de l'église sont confiés à l'architecte Joseph Jonas Dumont et sa construction débute en . L'église sera ouverte au culte dès le malgré le fait qu'elle ne sera pas achevée avant 1857[4]. L'église s'avère cependant trop petite pour le nombre de paroissiens. Son agrandissement est dès lors planifié dans le cadre du projet de réaménagement urbanistique du quartier Saint-Boniface mis en œuvre par l'arrêté royal du . La fabrique d'église Saint-Boniface fait appel à Louis De Curte, un architecte ayant débuté en tant que restaurateur en France sous la direction d'Eugène Viollet-le-Duc, et qui avait de ce fait une connaissance suffisante de l'architecture médiévale. Le terrain fut cédé le pour l'agrandissement de l'église. Jules Bara, soit le ministre de la justice du deuxième gouvernement libéral de Frère-Orban, s'opposa aux plans de Louis De Curte. Ce n'est qu'en 1884 que la fabrique de l'église obtint le droit de commencer les travaux grâce à Charles Woeste ministre de la Justice du gouvernement Malou[3].

En 1902, le territoire paroissial s'étend de l’avenue Louise à l’avenue de la Toison d’Or. Mais à la suite d'un arrêté royal ces deux quartiers reviennent à Notre-Dame du Sablon. Charles Woeste, tente de négocier mais rien n’y fait[5].

Fin 19e, la rue de la Paix qui longe l’église dénote par ses commerces à la clientèle aisée[4] sans pour autant être bourgeoise[6], chose étonnante car ce quartier situé entre la porte de Namur et la place Eugène Flagey est historiquement un quartier modeste[6].

Avant 1900, l'église Saint-Boniface n'avait pas de parvis et les façades faisaient face à l'église. Pour que la rue Saint-Boniface trouve la forme qu'on lui connait actuellement, les expropriations sont lancées en 1898. Un concours architectural pour les façades est organisé en 1899[7].

Charles Woeste eut l'honneur d'avoir son buste sur le parvis non seulement pour son combat en tant que paroissien mais aussi pour son rôle de président du Conseil de fabrique de l'église d’Ixelles, de ministre et de grand chef de file du parti catholique ainsi que ministre d'État[5].

Description

Statue

La statue réalisée par Frans Huygelen est composée d’une stèle en pierre surmontée d’un buste en bronze représentant Charles Woeste. Sur le socle au pied de la stèle sont représentés trois personnages en bronze tournés vers le buste: une femme tenant une couronne de lauriers et deux enfants montant les marches avec un bouquet de fleurs[8].

Statue de Charles Woeste se situant sur la place Saint-Boniface. Réalisée par l'artiste Frans Huygelen.

Église

L’église de style nĂ©ogothique rĂ©alisĂ©e par l'architecte Joseph-Jonas Dumont est agrandie par Louis De Curte grâce au soutien de Charles Woeste[8]. La façade est construite en pierre de Gobertange. La composition de la façade en forme pyramidale rĂ©vèle les trois nefs chacune percĂ©es d’un portail. Le tympan quant Ă  lui est dĂ©corĂ© d’un bas-relief dĂ©crivant la multiplication des pains rĂ©alisĂ©e par le sculpteur Jean Laumans[3]. La dĂ©coration de la façade est abondante, et 35 baies vitrĂ©es font pĂ©nĂ©trer la lumière au cĹ“ur de l’église, 27 d'entre elles Ă©tant ornĂ©es de vitraux dĂ©coratifs[9].

Les façades de style Art Nouveau

En 1896 est lancé le premier concours d’aménagement commercial du quartier qui visait les devantures de commerces.

Un second concours de façades pour les rues nouvellement créées devant l'église est organisé par la commune d’Ixelles le . Ce concours est un moyen pour celle-ci de contrôler la qualité des immeubles à construire et revendre au plus vite les terrains dont elle est propriétaire. Les architectes qui participent à la compétition ne s'engagent pas, de leur côté,à la construction de leurs immeubles. Ils sont conçus sur des parcelles n’ayant naturellement pas encore de propriétaire. La commune insista sur l’opportunité d’imaginer des maisons d’habitation et d’immeubles à vocations commerciales, suite logique du concours de 1896[10].

L’ensemble des maisons style Art nouveau construites par Ernest BlĂ©rot en 1900 (numĂ©ros 15, 17, 19, 20, 22 rue Saint Boniface), Henri Jacobs en 1904 (numĂ©ros 7, 9 et 11 rue Saint Boniface) ainsi que Victore Taelemans en 1904 (numĂ©ro 32 rue Ernest Solvay)  rĂ©pond lui aussi Ă  la nĂ©cessitĂ© de construire des maisons d’habitation et des immeubles Ă  vocations commerciales.

Ernest BlĂ©rot imagine diffĂ©rentes mĂ©thodes pour lui permettre de travailler rapidement. Il va concevoir un plan traditionnel de l’intĂ©rieur de ses maisons : “deux ou trois pièces en enfilade desservies par un couloir et un escalier latĂ©ral. Les façades sont conçues selon un nombre limitĂ© de schĂ©mas, ce qui permet l’interpolation d'Ă©lĂ©ments singuliers intervenant dans la composition de l’ensemble”[10]. Cette mĂ©thode semi-industrielle qui est mise en place va lui permettre de garder une uniformitĂ© architecturale tout en crĂ©ant des unitĂ©s rythmiques diffĂ©renciĂ©es. En effet, il a dessinĂ© des façades couronnĂ©es par des frontons permettant d’insister sur la succession des accents rythmiques verticaux. Quant aux graffites, celles-ci sont pour la majoritĂ©, reproduites Ă  l’identique. Les dĂ©corations de style « Art nouveau» se limitent principalement aux façades et aux rez-de-chaussĂ©e. Elles se caractĂ©risent par des dĂ©tails architecturaux et dĂ©coratifs empruntĂ©s Ă  la nature ou Ă  l’architecture mĂ©diĂ©vale[11] et sont inspirĂ©es de la tradition nĂ©ogothique qui se retrouve Ă©galement sur la façade de l’église.  Cette technique participe au fait que le style architectural “Art nouveau”  prĂ©vale sur l’individualitĂ© de chaque construction et donc garantisse un maintien cohĂ©rent urbanistique avec le quartier. Chaque baisse est nĂ©anmoins, une diversitĂ© exigĂ©e par les petits commerçants qui souhaitent que leur Ă©tablissement se distinguent des autres.

Henri Jacobs construit de son cĂ´tĂ© trois maisons identiques en façades "rouge et pierre" avec magasin au rez-de-chaussĂ©e et habitation du commerçant aux Ă©tages. D’un point de vue stylistique, il s’est inspirĂ© d'Ă©lĂ©ments typiques de Victor Horta intĂ©grĂ©s dans une conception gĂ©nĂ©rale plus rationnelle et a intĂ©grĂ© des Ă©lĂ©ments qui rappellent l’architecture nĂ©ogothique de l’église Saint-Boniface.

Victor Tealemans, quant Ă  lui, ne construit qu’une maison mais dont l’importance est cruciale pour le dĂ©veloppement de l’architecture des annĂ©es 1920 et 1930. En effet, celle-ci illustre une tendance de l’Art nouveau moins connue du public. Le style de cette façade se dĂ©marque de celles d’Ernest BlĂ©rot et d’Henri Jacobs par le dĂ©pouillement de son ornementation et l'audace de sa composition. Elle est d'inspiration gĂ©omĂ©trique mais est marquĂ©e par une très forte asymĂ©trie. La stylisation rigoureuse des ferronneries de la porte d'entrĂ©e et du balcon est caractĂ©ristique du style gĂ©omĂ©trique[12].

Certaines de ces maisons sont classées, notamment la maison personnelle de l’architecte Victor Taelemans située au numéro 32 de la rue Ernest Solvay, les maisons numéros 12 à 22 rue Ernest Solvay ainsi que celles de la rue Saint-Boniface numéros 15 à 19 ainsi que 20 et 22 à Ixelles[13].

Vie sociale

La place Saint-Boniface, piétonnière depuis [14], est connue pour son ambiance cosmopolite grâce à sa localisation dans le quartier Matonge.

Piétonnier de la place Saint-Boniface.

On trouve également dans le quartier beaucoup de restaurants de cuisine diverse et variée.

La proximité de la place avec l'administration communale d'Ixelles bénéficie grandement aux commerces et restaurants de la place et ses alentours. Il s'y trouve également l'antenne belge de l'ONG Médecins sans frontières.

Elle est également connue pour sa proximité avec différentes écoles dont l'Institut Saint-Boniface Parnasse, établissement secondaire du réseau des écoles catholique de l'enseignement libre, et l'école du Bois Sauvage, école de jury central.

Une brocante a lieu chaque année sur la place Saint-Boniface et les rues aux alentours.

Culture

La place est à proximité de divers lieux culturels, entre autres deux cinémas (l'UGC toison d'or et le Vendôme) et deux théâtres (le Théâtre Mercelis et le Théâtre de la Toison d'or).

La place est proche d'institutions communales telles que la Bibliothèque communale francophone d'Ixelles, la ludothèque communale d'Ixelles et le musée communal des Beaux-Arts d'Ixelles.

Les abords de la place contiennent également de nombreuses références au passé colonial de la Belgique. On retrouve notamment la future place Lumumba derrière l'église Saint-Boniface et la rue Major René Dubreucq à 300m de la place[15]. Le quartier Matonge est un lieu incontournable dans la commune d'Ixelles car il contient une multitude de références à la culture congolaise[16].

Notes et références

  1. Michel HAINAUT et Laurence MONTENS D'OOSTERWYCK, “La commune d’Ixelles vous invite à la découverte de l’histoire d’Ixelles en quelque pages…”, Bruxelles, Paul VAN GOSSUM, , 12 p. (lire en ligne), p. 9
  2. Xavier Leloup, La ville de l'Autre: Effets de composition et registres du rapport Ă  l'Autre dans un espace pluriel (Ixelles), Louvain, Presses universitaires de Louvain, , p. 129
  3. « Ixelles - Église Saint-Boniface - Rue de la Paix 21a-23 - DUMONT Joseph Jonas », sur www.irismonument.be (consulté le )
  4. Michel HAINAUT et Philippe Bovy, , “De la place Fernand Cocq à la rue Saint-Boniface” in La commune d’Ixelles vous invite à la découverte de l’histoire d’Ixelles (Volume 1),, Bruxelles, Paul VANGOSSUM, , 27 p. (lire en ligne), p. 18
  5. Michel HAINAUT et Philippe Bovy, , “De la place Fernand Cocq à la rue Saint-Boniface” in La commune d’Ixelles vous invite à la découverte de l’histoire d’Ixelles (Volume 1),, Bruxelles, Paul VANGOSSUM, , 27 p. (lire en ligne), p. 21
  6. Xavier Leloup, La ville de l'Autre: Effets de composition et registres du rapport Ă  l'Autre dans un espace pluriel (Ixelles), Louvain, Presses universitaires de Louvain, , p. 274
  7. Michel HAINAUT et Philippe Bovy, “De la place Fernand Cocq à la rue Saint-Boniface” in La commune d’Ixelles vous invite à la découverte de l’histoire d’Ixelles (Volume 1), Bruxelles, Paul VANGOSSUM, , 27 p. (lire en ligne), p. 20
  8. « Ixelles - Monument à Charles Woeste - Rue de la Paix - HUYGELEN Frans », sur www.irismonument.be (consulté le )
  9. Georges Piron, BELIRIS, F. Cool, Église saint Boniface, Bruxelles, BELIRIS, , 37 p. (lire en ligne), p. 9
  10. Bénédicte del Marmol, Jean-Luc Delsaute, David Stephens, « Le quartier saint Boniface », Bruxelles, ville d’art et d’histoire, Bruxelles, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale. Service des monuments et sites, (lire en ligne), p. 19, 20
  11. Christophe Deschaumes, Le Haut-Ixelles - Développement urbanistique, Bruxelles, P. Piéreuse, (lire en ligne), p. 11
  12. Bénédicte del Marmol, Jean-Luc Delsaute, David Stephens, « Le quartier saint Boniface », Bruxelles, ville d’art et d’histoire, Bruxelles, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale. Service des monuments et sites, (lire en ligne), p. 21
  13. Muriel MURET (dir), Jean-Marc BASYN, Stéphane DEMETER et al.,, "Histoire d’une prise de conscience culturelle", in La Protection du Patrimoine art nouveau à Bruxelles, bruxelles, Bruxelles Urbanisme et Patrimoine de la Région de Bruxelles-Capitale, , p. 23
  14. « Ixelles a désormais son piétonnier place Saint-Boniface, le "petit Paris" », sur RTBF Info, (consulté le )
  15. « Inventaire de la mémoire coloniale à Ixelles », sur Yves Rouyet - Ixelles, (consulté le )
  16. Sarah Demart, « Histoire orale à Matonge (Bruxelles) : un miroir postcolonial », Revue européenne des migrations internationales, vol. 29, no vol. 29 - n°1,‎ , p. 133–155 (ISSN 0765-0752, DOI 10.4000/remi.6323, lire en ligne, consulté le )
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