Pierre de Constantinople
Pierre (en grec : Πέτρος) fut patriarche de Constantinople du à sa mort en [1]. Il entre en fonction sous le co-règne de l'empereur Constant II et de son fils Constantin IV. Durant douze ans il occupe son poste et joue un rôle important dans la défense de la doctrine monothéliste puis du Typos.
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On sait peu de chose sur la vie de Pierre avant qu'il devienne le patriarche de Constantinople. Ce poste est devenu important dans l'Empire byzantin dès lors que Constantinople en est devenue la capitale politique et religieuse. Son diocèse est l'un des plus anciens de la chrétienté. Celui qui porte le titre de patriarche de Constantinople devient le chef de la première juridiction autocéphale de l'Église orthodoxe. À cette époque c'est l'empereur qui choisit le patriarche. Cela lui permet d'avoir un contrôle sur ce dernier et de diriger implicitement la religion dans l'Empire.
C'est lui qui supervise l'association de Constant II et de son fils en tant que co-empereur de l'Empire byzantin en 654. Cette pratique est courante à cette époque. L'empereur veut faire prendre conscience à son successeur de la réalité du pouvoir et des responsabilités qui seront les siennes.
Lorsqu'il arrive au poste de patriarche, les relations avec Rome et la papauté reprennent. Les morts de Paul II de Constantinople et Pyrrhus de Constantinople facilitent cette reprise. De plus l'empereur semble modérer sa politique vis-à-vis de l'Occident. Avant, les liens entre Rome et Constantinople étaient figés depuis l'Ecthèse proclamée en 638 par l'empereur Héraclius et Serge Ier de Constantinople. Elle est mise en place en 639 par un synode dirigé par Pyrrhus de Constantinople. Son but est de réunir les monophysites de Syrie, d'Égypte et d'Arménie pour rassembler l'orthodoxie. Le pape Jean IV va la condamner fermement dès l'année suivante. La présence d'un nouveau patriarche incite donc à la reprise des relations sous de meilleurs auspices.
Même si les relations entre Constantinople et Rome s'améliorent, Pierre doit défendre la politique religieuse lancée par son empereur. En 648, Constant II promulgue le Typos et retire l'ecthèse, sans pour autant renier le monothélisme. Le patriarche entre en communication avec le pape Eugène Ier et lui envoie ses lettres synodale, dans lesquelles il cherche à faire passer les idées du Typos. Elles sont décrites comme très obscures et peu compréhensibles[2]. Malheureusement, ces lettres semblent avoir été brulées durant la treizième session du Troisième concile de Constantinople[3].
Lors du long voyage de Constant II en Occident, à partir de 662, Pierre ne l'accompagne pas et reste présent à Constantinople pour gérer les problèmes religieux qui marque le règne de l'empereur et du patriarche[4].
Pierre est condamné post-mortem par le Troisième concile de Constantinople, en 681, à l'anathème (excommunication) et se retrouve considéré comme hérétique. Cela s'explique par le fait que Constantin IV ne continue pas le monothélisme, car il ne voit plus d'intérêt à se rapprocher de l'Égypte, de la Syrie et de l'Arménie et privilégie les relations avec l'Occident.
Problèmes religieux
Pierre de Constantinople commence sa fonction de patriarche dans un contexte religieux complexe. Depuis l'Ecthèse de Héraclius, en 638, le monothélisme est devenue la doctrine officielle de l'Empire byzantin. Cela suscite beaucoup de contestation, notamment de la papauté. Théodore Ier ne l'accepte pas et excommunie Paul II de Constantinople, alors patriarche. Face à cela, Constant II publie un édit sur la foi, le Typos, en . Le but est de mettre fin à l'Ecthèse et résoudre le conflit monothéliste. Il interdit toute discussion sur le sujet sous peine de fouet et de bannissement[5].
Malgré cette interdiction, l'édit de Constant II est critiqué. Le nouveau pape Martin Ier proclame l'anathème contre le Typos et le monothélisme. Cela déplaît énormément à l'empereur. D'autant plus que ce pape a été élu sans l'accord de l'Empire, pratique courante depuis que les byzantins ont une influence importante sur Rome. Constant II ne reconnait pas l'autorité de Martin Ier et demande à l'exarque de Ravenne, le représentant de l'autorité byzantine en Italie, de faire accepter le Typos en Italie. C'est à Olympios d'assurer cette mission. Et si cela s'avère nécessaire, il doit faire arrêter le pape. Il considère que l'état d'esprit du peuple et de l'armée ne permettent pas d'accomplir l'arrestation[6]. L'exarque échoue, et face à la pression populaire, il décide de s'allier à Martin Ier[7]. À la mort d'Olympios, en 652, Constant II nomme Théodore Calliopas comme exarque de Ravenne. Ce dernier va faire arrêter Martin Ier et l'amène à Constantinople en tant que prisonnier politique. L'arrestation a lieu dans la basilique du Latran le . Le voyage de la péninsule italienne à Constantinople s'avère long et difficile. Et son emprisonnement de trois mois empire son état de santé. Son procès devant un tribunal civil[8] devait le voir condammer à mort mais des religieux byzantins, telle que Pierre, s'y opposèrent car ils partagent la même foi[8]. Il est finalement exilé en Crimée, à Cherson, où il meurt en 655[7]. Pendant ce temps, le gouvernement byzantin choisit un nouveau pape. C'est Eugène Ier qui occupe cette fonction dès 654 jusqu'à sa mort.
Pierre de Constantinople assiste au procès d'un proche du pape Martin Ier, qui est moine et théologien byzantin opposés au monothélisme. Il s'agit de Maxime le Confesseur. Durant toute la durée du procès, le patriarche échange avec les apocrisiaires d'Eugène Ier. Ces derniers lui font part d'une doctrine qui pourrait régler le problème du Typos, ainsi que le débat sur la nature et la volonté du Christ[9]. Pierre ne dévoile pas tout de suite cette communication avec les ambassadeurs pontificaux. Lorsque, durant le procès, Maxime apprend que les légats romains discutent avec le patriarche, et annonce que les romains ne pourront être unis avec les byzantins, que s'ils acceptent que le Seigneur a une volonté et une activité. Maxime est éxilé en 655 sur les rives de la Mer Noire, puis rappelé en 662 et torturé, avant d'être définitivement exilé. Il meurt le , à plus de quatre-vingts ans[10].
Les relations s'améliorent sous le règne du pape Vitalien, notamment avec des échanges de cadeaux[11]. Durant cette période, Pierre de Constantinople est remplacé, après sa mort, par Thomas II de Constantinople en 667.
Notes et références
- Venance Grumel, Traité d'études byzantines, vol. I : La chronologie, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Bibliothèque byzantine », 1958.
- Murphy et Sherwood 1974.
- Fleury, Claude, Histoire ecclésiastique, augmentée de quatre livres (C I, C II, C III, C IV), comprenant l’histoire du quinzième siècle, publiés pour la première fois d’après un manuscrit de Fleury, Anc. Lse de Ste Nicole, 1858, 684p.
- Bréhier, 2006, p. 63
- Bréhier, Louis, Vie et mort de Byzance, Paris, Albin Michel, coll. « L'évolution de l'humanité », 2006, 632 p.
- Duchesne, Louis, Liber pontificalis, 1892.
- Ostrogorsky 1996.
- Murphy et Sherwood 1974, p. 183.
- Murphy et Sherwood 1974, p. 185.
- Guarriges, Michel, Deux martyrs de l'Église indivise, saint Maxime le Confesseur et le pape saint Martin, Paris, Cerf, 2011.
- Murphy et Sherwood 1974, p. 190.
Bibliographie
- BRÉHIER, Louis, Vie et mort de Byzance, Paris, Albin Michel, coll. « L'évolution de l'humanité », 2006, 632 p.
- DUCHESNE, Louis, Liber pontificalis, 1892.
- F.-X Murphy et P. Sherwood, « Constantinople II and Constantinople III », dans Gervaus Dumeige, Histoire des conciles œcuméniques, Éditions de l’Orante, , p. 372p.
- FLEURY, Claude, Histoire ecclésiastique, augmentée de quatre livres (C I, C II, C III, C IV) , comprenant l’histoire du quinzième siècle, publiés pour la première fois d’après un manuscrit de Fleury, Anc. Lse de Ste Nicole, 1858, 684p.
- GUARRIGUES, Michel, Deux martyrs de l'Église indivise, saint Maxime le Confesseur et le pape saint Martin, Paris, Cerf, 2011.
- GRUMEL, Venance, Traité d'études byzantines, vol. I : La chronologie, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Bibliothèque byzantine », 1958.
- Georges Ostrogorsky, Histoire de l'État byzantin, Paris, Payot, , 647 p..
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :