Pierre Amidieu du Clos
Pierre Amidieu du Clos, né le à Longwy en Meurthe-et-Moselle et mort le à Nice dans les Alpes-Maritimes, est un ingénieur et homme politique français.
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Député de Meurthe-et-Moselle | |
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Conseiller général de Meurthe-et-Moselle | |
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Maire de Longwy | |
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Décès |
(Ă 73 ans) Nice |
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Raoul Amidieu du Clos |
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Pauline Legendre |
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Marguerite de Fesquet |
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Biographie
Issu d'une famille de militaires originaire de Normandie du côté paternel[1], et d'une lignée de maîtres de forges du côté maternel[2], Antoine Marie Pierre Amidieu du Clos devient ingénieur de École centrale Paris à la demande de ses parents alors qu'il souhaitait devenir avocat. Ingénieur de la Société des hautes-fourneaux de Longwy et de la Sauvage (qui a pour raison sociale De Saintignon et Cie[3]), il épouse en 1907 Marguerite de Fesquet[4](1886-1976). Il est directeur du haut-fourneau de Gouraincourt. Neveu du comte Fernand de Saintignon, maître de forges, décédé en 1921 sans enfant, il est son héritier avec son frère André. Lui et son frère vendent des actions de la société De Saintignon et Cie à la société belge Ougrée-Marihaye[5]. À la mort de son père en 1922, sa succession donne lieu à un litige judiciaire, pendant jusqu'aux années 1930[6].
Durant la Première Guerre mondiale, il sert en tant que lieutenant dans l'artillerie. Il est promu au grade de capitaine le 6 mai 1916 et obtient la Légion d'honneur le 3 juin 1916 pour s'être distingué au combat entre le 17 mai et le 3 juin 1916, avec des tirs de batterie d'une « efficacité remarquable ». Il obtient le même jour la Croix de Guerre avec palme.
Ancien combattant, officier de réserve (capitaine en 1928), il est président d'honneur de l'Association des mutilés et anciens combattants (AMC, la plus ancienne et la plus puissante association d'anciens combattants de Meurthe-et-Moselle) du canton de Longwy et il préside l'association des officiers de réserve de Longwy-Luxembourg.
En 1924, alors qu'il est déjà conseiller municipal depuis décembre 1919[7], il est élu maire de Longwy ; il succède au député-maire Louis Petitier, décédé cette année-là , avec lequel il a fondé la société des Brasseries de Longwy[8]. Il est vice-président de l'Union départementale des maires. Maire de Longwy de 1924 à 1929, Il est à nouveau maire de cette localité de 1935 à 1940 et conseiller général, à partir d'.
En 1928, il se présente aux élections législatives dans la circonscription qu'avait laissée Albert Lebrun quelques années plus tôt en entrant au Sénat. Il se présente en tant que républicain indépendant membre de l'Alliance démocratique[9], contre les amis de Lebrun, qui appartenait aux Républicains de gauche. Élu au second tour de scrutin, il rejoint le principal groupe parlementaire de la Fédération républicaine, l'Union républicaine démocratique. Très vite, il se fait remarquer par des discours qui le situent très à droite. Ainsi, lors d'un débat parlementaire sur la question du chômage, en décembre 1931, il affirme que « (la France) ne souffre pas d'une crise du chômage, mais d'une crise d'invasion étrangère »[10]. Il est proche sinon membre des Jeunesses patriotes[11].
En 1932, il est réélu et choisit de rejoindre le petit groupe parlementaire des Indépendants d'action économique, sociale et paysanne. En octobre, il est élu conseiller général du canton de Longwy. Durant la législature, il est très actif avec 31 propositions de loi déposées concernant surtout l'Alsace et la Lorraine et la retraite des mineurs.
Selon le périodique de Roger Mennevée, ce parlementaire est administrateur de plusieurs entreprises : Ougrée-Marihaye, Brasseries de Longwy, Mines d'Amermont-Dommary, Société française des mines de fer[12], Mines de houille de Gouy-Servins, Société luxembourgeoise pour entreprises électriques (depuis 1921, filiale de la firme allemande AEG), Machines à écrire Olympia (à partir de , autre entreprise allemande), Société commerciale de Belgique, etc[13].
En 1936, il est battu par le candidat de Gauche indépendante, l'avocat Georges Izard, du Parti frontiste alors qu'il se désignait sous le titre de « républicain-national indépendant »[9].
Mobilisé au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il est promu colonel d'artillerie.
Sous l'Occupation, contrairement à ses anciens soutiens Louis Marin et François de Wendel, il fait le choix de la collaboration, en appuyant en la création de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme aux côtés d'Eugène Deloncle[14]. La presse le présente comme le chef d'état-major de la LVF à sa création[15]. Il devient le trésorier général du comité central de la LVF[16]. Il lance un appel en faveur de la LVF et de la collaboration dans les colonnes du quotidien collaborationniste parisien Le Matin en 1942[17]: la LVF, née de « l’opiniâtreté de quelques Français lucides » se bat « pour la sauvegarde de la civilisation européenne ». Il appelle les autorités allemandes et celles de Vichy à « accepter enfin cette ancienne alliance, la même que celle que, en l’an 400 (…) les Francs-germains conclurent avec les celtes et qui fit la France ».
C'est aussi un affairiste. Administrateur de biens juifs confisqués[18], il préside l'Association des administrateurs provisoires de France (APAF), constituée en pour protéger leurs intérêts[19]. Déjà président du conseil d'administration de la filiale française[20] de l'entreprise allemande AEG avant la guerre, il le demeure sous l'Occupation. Il devient aussi en 1943 administrateur d'une petite filiale française de Krupp (Krupp-Société pour la fabrication, la vente et la réparation de machines agricoles, au capital de 20 millions de francs), dont il est l'homme de paille[21].
Arrêté après la guerre et interné[22], jugé par la Cour de justice de la Seine, il est condamné le à 4 ans de prison et à l'indignité nationale[23].
Le député communiste Gaston Julian dénonce en 1950 à la tribune de la l'Assemblée nationale le fait que d'anciens parlementaires comme Amidieu du Clos, condamnés par les tribunaux de l'épuration, continuent à toucher leur retraite de député. Amidieu du Clos, rétabli dans ses droits par un décret présidentiel du , touche alors une pension annuelle de plus de 600 000 francs[24].
Il semble ensuite connaître une existence misérable à Paris, puis meurt à Nice en 1955.
DĂ©coration
Sources
- « Pierre Amidieu du Clos », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960
- Jean El Gammal, François Roth et Jean-Claude Delbreil, Dictionnaire des Parlementaires lorrains de la Troisième République, Serpenoise, (ISBN 2-87692-620-2, OCLC 85885906, lire en ligne), p. 135
- Ralph Schor, Français et immigrés en temps de crise (1930-1980), Paris, l'Harmattan, 2004.
- Victor Guillermin, Acteur et témoin des deux guerres mondiales. Cahiers et agendas de 1939-1945, site Internet de l'IHTP.
Références
- Amidieu : originaires de Normandie ; Amidieu de Pontain. Son ancêtre Jean-Baptiste Amidieu Duclos était dragon à Saint-Domingue au début du XVIIIe siècle.
- Généalogie
- Les Hauts Fourneaux de Longwy et de La Sauvage prirent pour raison sociale en 1880 de Saintignon et Cie : Historique de la société.
- L'Écho des mines et de la métallurgie, 7 novembre 1907
- Eric Bussière, La sidérurgie belge durant l'entre-deux-guerres : le cas d'Ougrée-Marihaye, 1919-1939, p. 311, sur le site journalbelgianhistory.be
- Recueil général des lois et des arrêts, Sirey, 1935
- L'Est républicain, 3 octobre 1922, p. 4
- « Longwy : quand la bière coulait à flot dans la cité des Émaux », Le Républicain lorrain, 10 février 2016
- Jean El Gammal, François Roth et Jean-Claude Delbreil, Dictionnaire des Parlementaires lorrains de la Troisième République, Serpenoise, (ISBN 2-87692-620-2, OCLC 85885906, lire en ligne), p. 135
- Ralph Schor, L'opinion française et les étrangers en France, 1919-1939, Publ. de la Sorbonne, 1985, Journal officiel, Débats parlementaires, Chambre des députés, 18 décembre 1931, p. 4640
- Jean-François Colas, Les droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux, Thèse de doctorat, Université de Paris X-Nanterre, 2002, Tome I, p. 133 et p. 137: il assiste au congrès lorrain des JP à Nancy en 1928, en 1933, et il est l'orateur d'une réunion des JP de Nancy en mai 1933. Les JP le soutiennent lors de l'élection de 1932.
- Il siège au conseil d'administration aux côtés de son frère depuis le début des années 1920: Historique de la firme, sur le site entreprises-coloniales.fr
- Les Documents politiques, diplomatiques et financiers, avril 1930, Ibid., février 1936
- Krisztián Bene, La collaboration militaire française dans la Seconde guerre mondiale, Editions Codex, 2012, Lettre du général Hassler (pressenti pour prendre la direction de la LVF, ce dernier refusa), 26 juillet 1941 : ce général fait état d'une visite chez Fernand de Brinon en compagnie de Deloncle et d'Amidieu du Clos, « intime de Deloncle et très partisan de cette légion », pour évoquer la future LVF.
- L'Echo de Nancy, 12 juillet 1941, p. 4, Ibid., 30 juillet 1941, p. 3, "Une visite au colonel Amidieu du Clos"
- Philippe Aziz, Le Livre noir de la trahison: Histoires de la Gestapo en France, Ramsay, 1984, p. 170
- colonel Amideu du Clos, « En chiens de faïence », Le Matin, 14 mars 1942. L'article est publié par L'Écho de Nancy : L'Echo de Nancy, 17 mars 1942
- Archives nationales, Sous-direction des professions judiciaires et juridiques, 1996, p. 6
- Renaud de Rochebrune, Jean-Claude Hazera, Les Patrons sous l'Occupation, Odile Jacob, 2013, p. 552
- Annuaire industriel, 1935
- Annie Lacroix-Riz, Industriels et banquiers français sous l'Occupation, Armand Colin, 2013, Le Journal, 7 juin 1943
- Le Monde, 16 août 1947
- L'Aurore, 9 juillet 1948, L'Aube, 9 janvier 1948, Nouvelliste du Valaisan, 10 janvier 1948, "condamnation d'un collaborateur", p. 2
- Journal officiel, Assemblée nationale, débats parlementaires, jeudi 15 juin 1950 (en ligne)