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Philosophie islamique contemporaine

La philosophie islamique contemporaine ravive certaines des tendances de la philosophie islamique médiévale, notamment la tension entre les vues mutazilites et asharites de l'éthique dans la science et le droit, et le devoir des musulmans et le rôle de l'islam dans la sociologie de la connaissance et dans la formation des codes éthiques et des codes juridiques, en particulier le fiqh (ou «jurisprudence») et les règles du jihad (ou « guerre juste »). Voir la liste des termes islamiques en arabe pour un glossaire des termes clés utilisés dans l'Islam.

Histoire

La philosophie islamique commence bien évidemment avec l’islam et s’inspire notamment des enseignements coraniques. Le Coran, pourtant, n’est pas un livre philosophique. Cependant, avec le développement et l’expansion de l’islam dans des pays possédant déjà des traditions philosophiques bien ancrées, puis avec l’important mouvement de traductions et de découvertes des sagesses antiques des pays conquis, cette nouvelle foi a inspiré une philosophie nouvelle, qui étudiait les grandes questions posées par le Coran dans l’optique d’une théosophie islamique. Diverses traditions philosophiques, de la philosophie grecque aux philosophies indiennes, chinoises en passant par la philosophie antique iranienne, sont venues dès le départ enrichir la philosophie islamique naissante. D’autre part, l’islam s’est très vite divisé en multiples courants de pensées, aux tendances et aux argumentations théologiques différentes, pour que nous ne puissions guère parler aujourd’hui d’une seule et unique philosophie islamique[1].

Il existe un certain nombre de tendances majeures dans la philosophie islamique moderne. Premièrement, il y a le défi de l'Occident à l'égard des principes philosophiques et culturels islamiques traditionnels et le désir d'établir une forme de pensée distincte. Depuis le milieu du XIXe siècle, les philosophes islamiques ont tenté de redéfinir la philosophie islamique; certains, comme Hasan Hanafi et Ali Mazrui, ont cherché à donner à la philosophie islamique moderne une signification mondiale et à fournir un programme pour l'unité mondiale.

Deuxièmement, il y a une tradition continue d'intérêt pour la pensée illuminationniste et mystique, en particulier en Iran où l'influence de Mulla Sadra et d'al-Suhrawardi est restée forte. L'influence de ce dernier est visible dans les œuvres de Henry Corbin et Seyyed Hossein Nasr; Le molla Sadra a exercé une influence sur des personnalités telles que Mahdi Ha’iri Yazdi et les membres de l’école Qom, notamment l’ayatollah Ruhollah Khomeini. Le philosophe Abdul Soroush a introduit un certain nombre de concepts de la philosophie occidentale en Iran[2].

Philosophie islamique contemporaine

Il existe plusieurs courants dans la philosophie islamique contemporaine dont on peut relever les caractéristiques suivantes :

- La nécessité de formuler une pensée islamique répondant aux exigences du monde moderne, qui se démarque de la pensée occidentale dans la mesure où cette pensée ne correspond pas aux fondements philosophiques et culturels de l’islam traditionnel.
- À partir du XIXe siècle, les philosophes islamiques ont tenté d’élaborer une nouvelle définition de la pensée islamique. Certains, comme Hassan Hanafi ou Ali Mazrou’i tentèrent même de donner une importance mondiale à cette nouvelle philosophie pour en faire un instrument d’unification de la communauté musulmane.
- En Iran en particulier, l’influence de la théosophie de Sohrawardi et de Mollâ Sadrâ demeure extrêmement forte. On peut par exemple la voir dans les œuvres de Henry Corbin ou de Seyyed Hossein Nasr, ou même dans la gnose de l’imam Khomeyni.
- Très tôt, des penseurs musulmans ont commencé à intégrer les apports de la philosophie occidentale – entraînant souvent maintes contradictions et remettant en cause certains fondements de la philosophie islamique. En Iran, c’est par exemple le cas d’Abdol Karim Soroush, qui contribua néanmoins à présenter certains aspects de la pensée occidentale contemporaine aux Iraniens[1].

La philosophie islamique contemporaine donne un aperçu des contributions philosophiques de douze des plus éminents philosophes islamiques du XXe siècle, dont beaucoup sont issus de la tradition philosophique iranienne. Il présente des extraits traduits de leurs travaux philosophiques et des explications de leurs contributions uniques au domaine de la philosophie islamique, ainsi qu'une brève histoire du développement de la philosophie islamique et de l'état de la philosophie islamique aujourd'hui. Le livre traite de philosophes dont les noms sont bien connus en Occident, tels que l'ayatollah Ruhullah Khomeini, l'ayatollah Murtada Mutahhari et 'Allamah Muhammad Husayn Tabataba'i ainsi que certains penseurs qui ont reçu moins d'attention en dehors du monde islamique, comme Sayyid Ahmad Fardid et Mahdi Ha'iri Yazdi. Parmi les autres philosophes présentés figurent Sayyid Jalal al-Din Ashtiyani, Muhammad Taqi Ja'fari, l'ayatollah Hasanzadeh Amuli, l'ayatollah Javadi Amuli et l'ayatollah Muhammad Taqi Misbah Yazdi. Mohammad Fana'i Eshkevari a étudié au séminaire Qom en Iran ainsi qu'à l'Université McGill à Montréal, au Canada, où il a obtenu son doctorat en philosophie. Il a publié de nombreux articles sur la philosophie, le mysticisme et la religion[3].

Chiffres clés de la philosophie islamique moderne

Les chiffres clés de différentes régions, représentant des tendances importantes, comprennent:


Monde chiite

  • Morteza Motahhari Ă©tait maĂ®tre de confĂ©rences Ă  l'universitĂ© de TĂ©hĂ©ran. Motahhari est considĂ©rĂ© comme important pour le dĂ©veloppement des idĂ©ologies de la RĂ©publique islamique. Il a Ă©crit sur l'exĂ©gèse du Coran, la philosophie, l'Ă©thique, la sociologie, l'histoire et de nombreux autres sujets. Dans tous ses Ă©crits, le vĂ©ritable objectif qu'il avait en vue Ă©tait de rĂ©pondre aux objections soulevĂ©es par d'autres contre l'islam, de prouver les lacunes d'autres Ă©coles de pensĂ©e et de manifester la grandeur de l'islam. Il pensait que pour prouver la faussetĂ© du marxisme et d'autres idĂ©ologies similaires, il Ă©tait nĂ©cessaire non seulement de les commenter de manière savante, mais aussi de prĂ©senter l'image rĂ©elle de l'islam.
  • Ali Shariati Ă©tait sociologue et professeur Ă  l'universitĂ© de Machhad. Il Ă©tait l'une des figures les plus influentes du monde islamique au XXe siècle. Il a tentĂ© d'expliquer et de fournir des solutions aux problèmes rencontrĂ©s par les sociĂ©tĂ©s musulmanes Ă  travers des principes islamiques traditionnels entrelacĂ©s et compris du point de vue de la sociologie et de la philosophie modernes. Shariati a Ă©galement Ă©tĂ© profondĂ©ment influencĂ©e par Mowlana et Mohamed Iqbal.
  • Moussa Sader Ă©tait un intellectuel musulman chiite Ă©minent et l'un des philosophes musulmans les plus influents du XXe siècle. Il est surtout connu pour son rĂ´le politique, mais il Ă©tait aussi un philosophe qui avait Ă©tĂ© formĂ© par Allameh Tabatabaei. Comme l'a dit le professeur Seyyed Hossein Nasr : "sa grande influence politique et sa renommĂ©e suffisaient pour que les gens ne tiennent pas compte de son attitude philosophique, bien qu'il fĂ»t un adepte bien formĂ© de la longue tradition intellectuelle de la philosophie islamique". Un de ses Ă©crits cĂ©lèbres est une longue introduction Ă  la traduction arabe de l'Histoire de la philosophie islamique d' Henry Corbin.
  • Hossein Nasr, un Ă©cologiste politique, soutient que le concept de Khilafah (pas le concept politique, mais le principe cosmoanthropologique de l'intendance divinement investie) est fondamentalement compatible avec les idĂ©aux du mouvement Ă©cologiste et du mouvement pour la paix, plus qu'il n'est exprimĂ© par des interprĂ©tations conventionnelles de l'Islam. Il plaide pour un Ĺ“cumĂ©nisme basĂ© sur l'Ă©cologie qui rechercherait l'unitĂ© entre les religions en se concentrant sur leur respect commun pour la vie en tant que crĂ©ation, c'est-Ă -dire la biosphère de la Terre, Gaia, ou quel que soit le nom. Le pape Jean-Paul II a fait des suggestions similaires selon lesquelles «l'humanitĂ© doit ĂŞtre rĂ©conciliĂ©e avec la crĂ©ation», et il existe un Parlement des religions du monde qui recherche une «éthique mondiale» pour des raisons similaires.
  • Mohammed Bakr al-Sadr Ă©tait un religieux chiite irakien, philosophe et fondateur idĂ©ologique du parti islamique Dawa nĂ© Ă  al-Kazimiya, en Irak. La philosophie politique de Mohammad Baqir Al-Sadr, connue sous le nom de Wilayat Al-Umma (Gouvernance du peuple), a exposĂ© sa vision d'un État islamique moderne. Ses Ĺ“uvres philosophiques les plus cĂ©lèbres incluent : Falsafatuna (Notre philosophie), dans laquelle il rĂ©fute les Ă©coles philosophiques occidentales modernes et affirme une vision islamique, Iqtisaduna (Notre Ă©conomie), consistant en une exĂ©gèse de l'Ă©conomie islamique couplĂ©e Ă  une critique de l'Ă©conomie politique occidentale telle qu'elle se manifeste. en Union soviĂ©tique d'une part et aux États-Unis d'autre part, et Al-Usus al-Mantiqiyyah lil-Istiqra '(La base logique de l'induction) dans laquelle il dĂ©veloppe une thĂ©orie qui permet d'atteindre la certitude par des mĂ©thodes inductives.

monde arabe

  • Ismail al-Faruqi a examinĂ© de plus près l'Ă©thique et la sociologie de la connaissance, concluant qu'aucune mĂ©thode ou philosophie scientifique ne pouvait exister qui ignorait totalement une thĂ©orie de la conduite ou les consĂ©quences d'une voie donnĂ©e d'enquĂŞte et de technologie. Son programme d' islamisation du savoir visait Ă  faire converger la philosophie musulmane primitive avec les sciences modernes, aboutissant, par exemple, Ă  l'Ă©conomie islamique et Ă  la sociologie islamique.
  • Nader El-Bizri, philosophe, historien des sciences et thĂ©oricien de l'architecture anglo -libanais. Il est professeur de philosophie et prĂ©sident du programme d'Ă©tudes des civilisations Ă  l'UniversitĂ© amĂ©ricaine de Beyrouth. Il a prĂ©cĂ©demment enseignĂ© Ă  l'universitĂ© de Cambridge, Ă  l'universitĂ© de Nottingham, Ă  l'universitĂ© de Lincoln et Ă  l'universitĂ© Harvard. Il est affiliĂ© au CNRS français Ă  Paris et Ă  l'Institut d'Ă©tudes ismailies de Londres. Il a publiĂ© et donnĂ© de nombreuses confĂ©rences sur Ibn al-Haytham, Ibn Sina, Ikhwan al-Safa ', ainsi que sur Heidegger et sur la phĂ©nomĂ©nologie ainsi que sur la thĂ©orie de l'architecture. Il a siĂ©gĂ© Ă  divers comitĂ©s Ă©ditoriaux avec des Ă©diteurs universitaires tels que Oxford University Press, Cambridge University Press, Springer, Brill, IB Tauris. Il a Ă©tĂ© consultant pour le Trust Aga Khan pour la culture Ă  Genève, le Science Museum de Londres et le Guggenheim Museum de New York. Il a Ă©galement contribuĂ© Ă  divers programmes de radio et de tĂ©lĂ©vision de la BBC sur la philosophie islamique et l'histoire des sciences exactes en Islam. Il est Ă©galement rĂ©cipiendaire du prestigieux prix de la Fondation koweĂŻtienne pour l'avancement des sciences en 2014, et il a rĂ©cemment rejoint l'Ă©quipe de recherche d'Oxford et de Durham sur la science mĂ©diĂ©vale en Grande-Bretagne. L'approche de Nader El-Bizri de la philosophie islamique est historique et en mĂŞme temps informĂ©e au niveau interprĂ©tatif par des lectures de la pensĂ©e continentale contemporaine et de la philosophie analytique anglo-amĂ©ricaine, avec un accent particulier sur l'ontologie et l'Ă©pistĂ©mologie. Les Ă©crits philosophiques d'El-Bizri visent Ă  renouveler l'Ă©lan de la philosophie dans le milieu islamiste contemporain. Il en est en partie influencĂ© par Heidegger et la rĂ©ception de la pensĂ©e heideggĂ©rienne dans le monde islamiste.
  • Abu Abd al-Rahman Ibn Aqil al-Zahiri est un polymathe saoudien Ă  la retraite et membre de l'AcadĂ©mie de la langue arabe du Caire. Son travail a principalement traitĂ© de la rĂ©conciliation de la raison et de la rĂ©vĂ©lation, en particulier en ce qui concerne les questions entourant l'existence de Dieu et la thĂ©odicĂ©e. Il a publiĂ© des bibliographies, des anthologies et des articles de revues et a donnĂ© des confĂ©rences lors de confĂ©rences sur la logique dans la philosophie islamique, montrant un intĂ©rĂŞt particulièrement marquĂ© pour les travaux d'Ibn Hazm et d'Averroès[4]. Divers travaux universitaires de sa part ont reçu le soutien de l'UNESCO dans le passĂ©.
  • Taha Abderrahman est un philosophe marocain connu pour sa formulation d'une forme islamique de modernitĂ©.
  • Hassan Hanafi, Ă©minent penseur islamique moderne, philosophe et directeur du dĂ©partement de philosophie de l'universitĂ© du Caire.

Références

  1. « Aperçu sur l’histoire de la philosophie islamique »,
  2. (en) Parviz Morewedge et Oliver Leaman, « islamic philosophy modern »,
  3. (en) Mohammad Fana'i Eshkevari, Contemporary Islamic Philosophy,
  4. Maribel Fierro, "Heresy in al-Andalus." Taken from The Legacy of Muslim Spain, p. 905. Ed. Salma Jayyusi. Leyde: Brill Publishers, 1994.

Liens externes

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