Phantom (comédie musicale)
Phantom, aussi connue sous le titre de Phantom : The American Musical Sensation, est une comédie musicale de Maury Yeston et Arthur Kopit, inspirée du roman Le FantÎme de l'Opéra de Gaston Leroux.
Phantom | |
Livret | Arthur Kopit |
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Lyrics | Maury Yeston |
Musique | Maury Yeston |
Mise en scĂšne | Geoffrey Holder |
PremiĂšre | Janvier 1991 Theatre Under The Stars, Houston, Texas |
Langue dâorigine | Anglais |
Pays dâorigine | Ătats-Unis |
Résumé
Paris, Ă la fin du XIXe siĂšcle.
L'Opéra Garnier abrite dans ses dédales un curieux FantÎme... Vivant en reclus, arborant un masque en permanence pour cacher sa difformité, Erik est né et a grandi dans les catacombes. Le jeune homme est protégé par Gérard CarriÚre, le directeur de l'Opéra ; CarriÚre encourage le talent créatif du marginal et lui permet de demeurer en toute sécurité sous le palais. Musicien passionné et compositeur émérite, Erik ne s'épanouit que dans l'Art. Cette passion est viscérale : pour vivre, il a besoin de la musique et ne peut exister sans elle.
Lorsque CarriÚre perd son poste, la situation prend une tournure dramatique. Erik se retrouve sans protecteur et l'Opéra est désormais aux mains d'Alain Chollet, un ambitieux fortuné qui place sa femme Carlotta sous les projecteurs. Mais Carlotta est une diva aux dents longues, mesquine et dépourvue de talent. Sa voix est une abomination que le FantÎme peine à tolérer.
La prĂ©sence de Carlotta et Alain Chollet tourmente de plus en plus Erik. RongĂ© par le dĂ©sespoir et le doute, le compositeur se tourne alors vers une jeune chanteuse des rues prometteuse, la belle Christine DaaĂ©. Il promet de former cette derniĂšre au chant lyrique mais pose une condition : jamais elle ne pourra voir son visage. Au fil des rĂ©pĂ©titions, le FantĂŽme finit par s'Ă©prendre de son Ă©lĂšve. Christine elle-mĂȘme n'est pas insensible au magnĂ©tisme de son fascinant professeur.
Entre ses cours, Christine renoue avec un ami d'enfance, le comte Philippe de Chandon. Elle est attirĂ©e par Philippe mais Ă©prouve une affection sincĂšre pour Erik. L'influence du jeune noble permet Ă la demoiselle d'obtenir un petit emploi Ă l'OpĂ©ra. TrĂšs vite, les enseignements prodiguĂ©s par Erik lui permettent de gagner sa place en tant que membre Ă part entiĂšre de la compagnie. Son talent et sa beautĂ© Ă©blouissent le personnel mais Carlotta, jalouse, voit en elle une rivale. Lorsque Christine est annoncĂ©e dans le rĂŽle titre de The Fairy Queen, oĂč elle jouera Titania, Carlotta jure sa perte.
La diva parvient à ruiner les débuts de Christine. Erik emmÚne cette derniÚre dans son repaire souterrain pour la consoler. Le FantÎme entreprend plus tard de venger sa protégée : il tue Carlotta en l'électrocutant. De son cÎté, Christine est retrouvée par Gérard CarriÚre. Ce dernier lui révÚle le secret de son existence. Erik est son fils, né de sa liaison avec Belladova, une ballerine de l'Opéra. Alors qu'Erik n'avait que trois ans, Belladova a été emportée par la fiÚvre.
Enhardie par cette rĂ©vĂ©lation, Christine supplie le FantĂŽme de la laisser voir son visage, arguant qu'une femme (sa mĂšre Belladova) l'a jadis aimĂ©. Ă contrecĆur, il enlĂšve son masque. Christine, terrifiĂ©e par son apparence, recule d'horreur. Ce rejet dĂ©chaĂźne la violence d'Erik. CarriĂšre aide Christine Ă s'Ă©chapper et la jeune fille, rongĂ©e par la culpabilitĂ©, s'enfuit.
Plus tard, CarriĂšre revient pour avouer la vĂ©ritĂ© Ă Erik. Cependant, le FantĂŽme avait dĂ©jĂ devinĂ© leur lien de parentĂ© et a attendu toute sa vie que son pĂšre le lui dise ouvertement. Tous deux s'aiment profondĂ©ment, Ă leur maniĂšre. Conscient que ses atrocitĂ©s ont Ă©tĂ© percĂ©es Ă jour, Erik craint d'ĂȘtre capturĂ© et traitĂ© comme une bĂȘte de foire. CarriĂšre lui promet qu'il ne sera jamais exposĂ© Ă la curiositĂ© sordide des gens.
La police fait irruption. Le FantĂŽme tente de s'Ă©chapper, en vain, et se retrouve pris au piĂšge. Le chef de la police ordonne Ă ses hommes de ne pas tirer car il doit ĂȘtre pris vivant. Erik supplie son pĂšre de lui venir en aide. CarriĂšre comprend ce que signifie cette supplique ; il subtilise l'arme d'un policier et met son fils en joue. Le cĆur brisĂ©, il tire et le FantĂŽme tombe.
Christine se porte à ses cÎtés. Mortellement blessé, Erik permet à Christine d'Îter son masque. Elle sourit enfin et lui avoue avec douceur : « You are music, beautiful music, and you are light to me... You are life to me ». Le FantÎme expire sur cet ultime geste d'amour. La jeune fille replace le masque sur son visage, préservant à jamais son secret.
Numéros musicaux
Acte I
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Acte II
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Distributions internationales
Distribution américaine originale (Theatre Under the Stars - 1991)
- Erik, le FantĂŽme : Richard White / Robert Cuccioli
- Christine Daaé : Glory Crampton / Kristin Chenoweth
- GĂ©rard CarriĂšre : Jack Dabdoub
- Comte Philippe de Chandon : Paul Schoeffler
- Alain Cholet, le nouveau directeur de l'Opéra : Lyle Garrett
- Carlotta, diva et Ă©pouse de Cholet : Patty Allison / Meg Bussert (sur l'enregistrement)
- Joseph Buquet : Allen Kendall
- Inspecteur Ledoux : James Van Treuren
Distribution japonaise (Theatre Umeda Arts - 2019)
- Erik, le FantĂŽme : YĆ« Shirota / Kazuki Kato
- Christine Daae : Reika Kinoshita / Haruka Kinoshita
- GĂ©rard CarriĂšre : Hiroki Okada
- Comte Philippe de Chandon : Yusuke Hirose / Tatsunari Kimura
- Alain Cholet, le nouveau directeur de l'Opéra : Masahiro Ehara
- Carlotta, diva et Ă©pouse de Cholet : Eliana Silva
- Jean Claude : Rei Sato
- Inspecteur Ledoux : Yu Kamio
- Belladova : Reika Kinoshita / Haruka Kinoshita
- Eric enfant : Sosuke Okawara, Yuki, Ohmae Toshiki, Kumagai
Distribution sud-coréenne (Theatre Charlotte - 2021)[1]
- Erik, le FantĂŽme : Park Eun-tae / Kai / Kyu-hyun
- Christine Daaé : Kim So-hyun / Im Sun-hye
- GĂ©rard CarriĂšre : Yun Young-seok / Kyungsoo Hong
- Comte Philippe de Chandon : Seongwon Choi / Enoch
- Alain Cholet, le nouveau directeur de l'Opéra : Lim Kihong / Chulho Jung
- Carlotta, diva et Ă©pouse de Cholet : Joo Ah / Shin Young Sook
Production
GenĂšse
En 1983, le duo Yeston et Kopit, fraßchement auréolé du succÚs de Nine (sacrée Meilleure comédie musicale aux Tony Award de 1982), est approché par le metteur en scÚne et acteur Geoffrey Holder : ce dernier leur propose de créer une comédie musicale basée sur Le FantÎme de l'Opéra. Holder a en effet acquis les droits du roman de Gaston Leroux, faisant de Phantom la seule production musicale américaine à en détenir officiellement les droits[2]. Holder se place également en tant que metteur en scÚne.
Yeston ne cache pas son scepticisme face au projet : « J'ai ri, encore et encore... C'est la pire idĂ©e du monde ! Pourquoi Ă©crire une comĂ©die musicale en s'inspirant d'une histoire horrifique ? Puis, il m'est venu Ă l'esprit que l'intrigue pouvait ĂȘtre quelque peu modifiĂ©e. [Le FantĂŽme] devenait alors un protagoniste se rapprochant de Quasimodo ou d'Elephant Man. [...] C'est pour ce personnage que vous verserez des larmes »[3].
Concurrence avec The Phantom of the Opera
En 1984, Yeston a dĂ©jĂ terminĂ© une grande partie de sa partition ; Ă ce stade, lui-mĂȘme, Kopit et Holder sâattellent dĂ©jĂ Ă lever des fonds pour une production new-yorkaise. Sur cette mĂȘme pĂ©riode, le producteur anglais Ken Hill relance au Royaume-Uni son spectacle musical de 1976, Phantom of the Opera. La concurrence n'inquiĂšte pas Holder, Kopit et Yeston, lesquels ont l'intention de faire dĂ©buter leur Phantom Ă Broadway. Un adversaire plus sĂ©rieux se prĂ©sente en la personne d'Andrew Lloyd Webber : Variety vient d'annoncer la toute nouvelle production du cĂ©lĂšbre compositeur de Cats, The Phantom of the Opera. En effet, les droits du roman relĂšvent du domaine public en Grande-Bretagne ; de son cĂŽtĂ©, Holder ne dĂ©tient les droits exclusifs que durant deux ans, le livre tombant Ă©galement dans le domaine public aux Etats-Unis une fois passĂ© cette date[4].
The Phantom of the Opera dĂ©bute en 1986 Ă Londres, oĂč il devient un immense succĂšs. Dans la foulĂ©e, Lloyd Webber annonce qu'une production de son spectacle se tiendra bientĂŽt Ă Broadway. Les investisseurs du Phantom se retirent dĂšs lors[5]. Ce revers pousse Yeston, Kopit et Holder Ă abandonner leur projet et Ă se sĂ©parer. Kopit finit nĂ©anmoins par voir la version de Lloyd Webber Ă Broadway : il s'aperçoit que l'approche du spectacle britannique est fondamentalement diffĂ©rente du Phantom et que ce dernier peut donc toujours exister sur scĂšne.
Phantom en mini-série
Quelques annĂ©es plus tard, Kopit signe la mini-sĂ©rie Hands of a Stranger pour la NBC, laquelle remporte un succĂšs honorable. La NBC approche alors Kopit pour un nouveau projet[6]. Avec l'approbation de Yeston, Kopit retravaille le livret de son Phantom sous forme de scĂ©nario : de cette rĂ©Ă©criture naĂźtra une mini-sĂ©rie intitulĂ©e The Phantom of the Opera. Le tournage se tient Ă l'OpĂ©ra Garnier. En outre, les deux Ă©pisodes ne comportent que de la musique classique, dont des airs d'opĂ©ra. La distribution a pour tĂȘte d'affiche Charles Dance, Teri Polo et Burt Lancaster. La mini-sĂ©rie est diffusĂ©e en 1990 sur la NBC. Kopit dĂ©clare Ă ce sujet : « J'ai dit Ă Maury de tenir le coup. Peut-ĂȘtre que quelqu'un verrait la mini-sĂ©rie et penserait que cela ferait une bonne comĂ©die musicale. Alors nous serions prĂȘts »[2]. Lors de sa diffusion, les retours sont majoritairement positifs[7] - [8] - [9] - [10] - [11].
Concrétisation du projet sur scÚne
La comédie musicale du tandem Yeston/Kopit se tient finalement au Theater Under the Stars de Houston, en 1991, sous le titre officiel de Phantom[6]. Si elle reste éclipsée par le succÚs mondiale du Phantom of the Opera, la piÚce a connu plus de 1 000 productions à travers le monde[2], dont plusieurs au Japon et en Corée du Sud. Selon Yeston, le Phantom serait le « plus grand succÚs à n'avoir jamais été monté sur Broadway »[5].
A l'inverse de l'Ćuvre de Lloyd Webber, Phantom s'illustre davantage dans le style d'une opĂ©rette : il cherche Ă reflĂ©ter la pĂ©riode des annĂ©es 1890 jusque dans sa partition et Ă projeter une atmosphĂšre française en accord avec le cadre parisien[4]. L'intrigue propose en outre une exploration plus approfondie du passĂ© d'Erik et de sa relation avec GĂ©rard CarriĂšre, le directeur de l'OpĂ©ra. Le personnage de Raoul est absent de la trame et est remplacĂ© par son frĂšre, Philippe[12].
RĂ©ception
Si les retours de la presse sont Ă©logieux, la comparaison avec l'Ćuvre de Webber reste inĂ©vitable. Les journalistes mettent presque systĂ©matiquement en parallĂšle les deux comĂ©dies musicales, souvent Ă l'avantage de Kopit et Yeston.
Alvin Klein, du New York Times, affirme que « Le FantÎme de Kopit [...] n'a pas moins de bravoure que celui de Lord Lloyd Webber mais il est beaucoup plus touchant. La partition sophistiquée de Yeston est [...] charmante et effervescente, valorisant davantage la mélodie et la diversité que le leitmotiv prolongé et les reprises ampoulées sans fin [de Webber] »[13].
L'écho est similaire du cÎté de The News-Times. Chesley Plemmons trouve l'ensemble plus réussi que la célÚbre version britannique : « chanson pour chanson et histoire pour histoire, la partition de Yeston s'avÚre plus riche et plus variée. [...] Le livret de Kopit fournit un récit convaincant, touchant et résolu qui dépasse la fin ambiguë signée par Webber »[14].
Pour The Los Angeles Times, l'intrigue permet de comprendre davantage le personnage d'Erik, au détriment de la nature mystique du FantÎme insufflée par Lloyd Webber. Sylvie Drake ajoute que « Kopit distille des détails que Leroux n'aurait jamais imaginés »[15].
Peter Scott-Pressland note que « sur le papier, le FantĂŽme de Yeston est bien plus engageant que celui d'Andrew Lloyd Webber. Il est plus rigoureux, plus intime et Ă©clairĂ© par une sympathie plus humaine. Bien qu'il ne produise pas le genre de victoire mĂ©lodique et glamour d'ALW, il s'Ă©lĂšve dans le deuxiĂšme acte via une vĂ©ritable ferveur Ă©motionnelle. Erik est tout Ă fait plus engageant et crĂ©dible que le rĂŽdeur de Lloyd Webber ». Le journaliste y voit une rĂ©interprĂ©tation « crĂ©dible et angoissante » de La Belle et la BĂȘte. Il ajoute que le thĂšme pĂšre-fils est d'une Ă©motion saisissante, traitant Ă merveille « la dĂ©chirure d'aimer et de dĂ©tester Ă la fois l'ĂȘtre que vous avez engendrĂ© »[16].
Références
- (EN)/(JA) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu des articles intitulĂ©s en anglais « Phantom (musical) » (voir la liste des auteurs) et en japonais « ăăĄăłăă (ăă„ăŒăžă«ă«) » (voir la liste des auteurs).
- « êł”ì°ì ëȘšë êČ - íë ìŽDB », sur www.playdb.co.kr (consultĂ© le )
- Roberts, Michael J., « Stage Door Chicago: Phantom », sur Broadway World,
- Vitaris, Paul. "The Unsinkable Maury Yeston." Show Music The Musical Theatre Magazine Spring, 1997: 17-23
- Kalfatovic, Mary. "Maury Yeston", Contemporary Musicians (ed. Luann Brennan). Vol. 22, Gale Group, Inc., 1998
- Robin Pogrebin, « A Song in His Psyche, As Hummable as Fame », The New York Times,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Robert Trussell, « "Phantom" musical has spirited history », The Tuscaloosa News,â , p. 37 (lire en ligne )
- Ken Tucker, « TV Review: The Phantom of the Opera », Entertainment Weekly, no 5,â (lire en ligne)
- David Hiltbrand, « Picks and Pans Review: The Phantom of the Opera », People, vol. 33, no 11,â (lire en ligne)
- Joseph Walker, « PHANTOM OF THE OPERA: NO, IT ISN'T THE HIT MUSICAL â BUT IT'S STILL GOOD VIEWING », Deseret News,
- John J. O'Connor, « Review/Television; Telling the Story of Monty Python, in 2 Episodes », The New York Times,â (lire en ligne)
- « The Phantom Of The Opera: Review », TV Guide,
- Robinson, Julie. "What will the âPhansâ make of the UK premiere of Maury Yeston's Phantom?", LondonTheatre1.com, May 14, 2013
- Klein, Alvin. "Another Chance for a Different Phantom", The New York Times, 21 Septembre 2003
- Plemmons, Chesley. "Phantom is haunting musical drama", The News-Times, via BroadwayTheatre.com, 19 Octobre 2007
- Drake, Sylvie. "Another Phantom in the Southland". The Los Angeles Times, 4 Novembre 1991
- (en) Peter Scott-Pressland, « Trapped by a legend », sur BroadwayBaby.com,