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Joseph Merrick

Joseph Carey Merrick ( à Leicester, Angleterre - à Whitechapel, Londres) est un Britannique présenté comme phénomène de foire sous le surnom d'« Elephant Man » (« l'homme éléphant »). Il vécut en Angleterre pendant l'ère victorienne. Il était connu en raison de la difformité extrême de son corps et fut un cas étudié par la médecine britannique. Dans la biographie que le médecin Frederick Treves lui consacra en 1923, L'Homme Éléphant et autres souvenirs, il le prénomma John au lieu de Joseph.

Joseph Merrick
Joseph Merrick assis de face, la tête tournée de trois quarts (1889).
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  27 ans)
Whitechapel
SĂ©pulture
City of London Cemetery and Crematorium (en) (depuis le )
Nom de naissance
Joseph Carey Merrick
Pseudonymes
Elephant Man, Elephant man, SlonĂ­ muĹľ
Nationalité
Activité
Période d'activité

Biographie

Né à Leicester, fils de Joseph Rockley Merrick et Mary Jane Potterton, Joseph Merrick était l'aîné d'une famille de trois enfants. Il avait un frère, William, et une sœur, Marion. Une légende colportée par lui-même veut que lors d'une parade de la ménagerie Wombwell dans les rues de Leicester, Mary Jane Merrick, alors enceinte de Joseph, trébuche et manque de se faire piétiner par un éléphant[1]. Joseph Merrick attribua à cet incident la cause de ses malformations[2].

Les premiers signes de difformité, une excroissance qui lui déformait la bouche, apparurent vers l'âge de 21 mois. Très vite, d'autres malformations apparurent et, à cinq ans à la suite d'une chute, il se mit à boiter. Sa mère mourut alors qu'il était âgé de 11 ans. Son père se remaria, mais sa belle-mère ne voulait pas d'un enfant « monstrueux ». À douze ans, sa scolarité terminée, et sur l'insistance de sa belle-mère, il fut obligé de chercher du travail. Il officia durant deux ans dans une manufacture de cigares, mais ses difformités de plus en plus handicapantes l'obligèrent à quitter son emploi. Pour gagner sa vie, il fut contraint de vendre de la mercerie au porte à porte, dans les rues, où il était constamment brimé. Là encore, il fut contraint d'arrêter de travailler.

Expulsé du domicile par son père[3], il se réfugia un temps chez son oncle Charles Barnabus Merrick, avant de se faire admettre en décembre 1879 à l'hospice pour pauvres de Leicester. C'est lors de son séjour en 1882 qu'il se fit retirer une partie de l'excroissance qui déformait sa lèvre supérieure et lui donnait l'apparence d'une trompe[4].

Treves en buste de face
Frederick Treves, le médecin qui s'occupa de Joseph Merrick.

En 1884, il quitta l'hospice et proposa à Sam Torr, directeur du Gaiety Palace of Varieties, de le produire comme phénomène dans son théâtre. Celui-ci et trois de ses associés organisèrent son exhibition sous le nom d'« Homme Éléphant » dans des salles itinérantes[5]. L'un d'eux, Tom Norman, montreur de curiosités anatomiques, se chargea de le produire à Londres dans une boutique de Whitechapel Road en face du Royal London Hospital. Ce genre de spectacle était particulièrement prisé des étudiants en médecine et c'est l'un d'entre eux, Reginald Tuckett, qui signala l'existence de l'homme éléphant au docteur en chirurgie Frederick Treves[6].

Après avoir vu le spectacle, le chirurgien « emprunta » Joseph Merrick à Tom Norman pour une observation plus détaillée dans son bureau du Collège royal de médecine. Après ce premier examen du , Treves présenta l'« Homme Éléphant » à la société de pathologie de Londres comme cas de difformité congénitale[7].

En 1885, les exhibitions de phénomènes humains furent interdites en Grande-Bretagne car considérées comme immorales aux yeux de la société victorienne[8].

Joseph Merrick se produisit alors en Europe continentale, tandis qu'en Belgique aussi, ce type d'exhibition était de moins en moins toléré. Dépouillé de ses économies par l'impresario autrichien qui l'exhibait sur le continent, il dut rentrer en Angleterre[9]. Après avoir causé un attroupement à la gare de Liverpool Street à Londres, il est pris en charge par le docteur Treves contacté par la police.

Grâce à l'intervention du directeur du Royal London Hospital, Francis Culling Carr-Gomm, qui fit paraître dans le Times une annonce pour recueillir des fonds afin de subvenir aux besoins et au logement de l'« Homme Eléphant » et au soutien de la reine Victoria, Joseph Merrick put vivre ses derniers jours comme résident permanent de l'hôpital de Londres[10].

Il y fut entretenu jusqu'à sa mort apparemment accidentelle à l'âge de 27 ans, le : il fut retrouvé à quinze heures inanimé, probablement mort d'étouffement après que sa lourde tête se fut renversée vers l'arrière, comprimant ainsi la trachée[11]. Ne pouvant dormir étendu, il devait d'ordinaire dormir la tête penchée vers l'avant.

La maladie

Merrick torse nu, de face, le bras droit reposant sur le rebord d'une table
Dernière photographie de Joseph Merrick prise en 1889, un an avant sa mort.

Le cas de Joseph Merrick intéressa nombre de pathologistes, à commencer par le docteur Treves lui-même qui, après la mort de son patient, fit une autopsie détaillée pour chercher à connaître les causes des difformités dont souffrait celui-ci. On écarta l'hypothèse de l'éléphantiasis, maladie d'origine parasitaire, fréquente dans les pays tropicaux mais rare en Europe.

Très longtemps, la cause communément admise fut que Joseph Merrick souffrait de neurofibromatose de type I dite aussi maladie de Recklinghausen, maladie neurologique qui survient soit de manière héréditaire, soit par automutation du gène (mutation de novo) et qui affecte les tissus et les os et produit dans les cas les plus extrêmes des déformations proches de celle de l'« Homme Éléphant ». Mais des recherches génétiques faites à partir de ses ossements ont permis d'établir qu'il souffrait en fait du syndrome de Protée[12] - [13] - [14], une maladie génétique qui affecte la croissance des tissus et produit elle aussi des déformations.

Le squelette préservé de Merrick a été exposé à l'hôpital du Collège de médecine de Londres. Actuellement il n'est plus visible par le public.

Fictions

  • En 1977, l'auteur de théâtre Bernard Pomerance Ă©crivit la pièce Elephant Man, qui fut produite avec succès Ă  Broadway, avec dans le rĂ´le-titre Philip Anglim, dont la particularitĂ© fut de jouer le rĂ´le sans maquillage. Cette performance fut rĂ©compensĂ©e par un Tony Awards. Le rĂ´le fut repris ensuite par David Bowie[15]. La pièce fut adaptĂ©e et jouĂ©e dans seize pays. En 1982, Jack Hofsiss rĂ©alisa un tĂ©lĂ©film tirĂ© de la pièce[16], avec Philip Anglim qui reprenait le rĂ´le qu'il avait crĂ©Ă©.
  • En 1980, David Lynch rĂ©alisa Ă  partir de la biographie du docteur Treves le cĂ©lèbre film The Elephant Man, avec John Hurt dans le rĂ´le de l'homme Ă©lĂ©phant incorrectement prĂ©nommĂ© John Merrick, qui reçut entre autres le grand prix au festival du film fantastique d'Avoriaz.
  • En 1991, dans la bande dessinĂ©e From Hell, d'Alan Moore et Eddie Campbell, Joseph Merrick reçoit la visite du mĂ©decin de la famille royale d'Angleterre, William Gull, supposĂ© ĂŞtre Jack l’Éventreur.
  • En 1998, le compositeur et chef d'orchestre français Laurent Petitgirard composa l'opĂ©ra Joseph Merrick dit Elephant man sur un livret d'Eric Nonn, crĂ©Ă© en 2002.
  • En 2000, le romancier français Xavier MaumĂ©jean publie Ganesha, un roman dont le hĂ©ros et narrateur est Joseph Merrick. Sous-titrĂ© MĂ©moires de l'Homme-ÉlĂ©phant, le roman met en scène quatre enquĂŞtes menĂ©es Ă  bien par le personnage.
  • En 2001, dans le film From Hell, librement adaptĂ© de la bande dessinĂ©e d'Alan Moore et Eddie Campbell, qui Ă©voque les crimes de Jack l'Éventreur, apparaĂ®t la figure de Joseph Merrick dans une courte sĂ©quence oĂą il est incarnĂ© par Anthony Parker (qui est surtout technicien sur les maquillages prothĂ©tiques sur ce film).
  • En 2013, l'auteur japonais Dowman Sayman publie une histoire courte intitulĂ©e "Zou no Miru Yume" ("le rĂŞve de l'Ă©lĂ©phant" en français) dans laquelle se rencontrent Joseph Merrick et Jack l'Ă©ventreur[17].
  • En 2013, une bande dessinĂ©e Joseph Carey Merrick, l'homme-Ă©lĂ©phant a Ă©tĂ© publiĂ©e chez SandawĂ©. Serge Perrotin est au scĂ©nario et Denis Van P au dessin[18].
  • En 2013, la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e britannique Ripper Street lors de la seconde saison, dans les Ă©pisodes 1 et 2, fait apparaĂ®tre le personnage de Joseph Merrick. Ce dernier assiste Ă  l'assassinat d'un policier et devient le tĂ©moin principal.
  • En 2019, le metteur en scène français David BobĂ©e adapte la pièce de Bernard Pomerance, avec JoeyStarr et BĂ©atrice Dalle pour incarner Joseph Merrick et Mrs. Kendall.
  • En 2019, Denis Van P publie un roman intitulĂ© DĂ©sincarnĂ©e, qui raconte le voyage forcĂ© qu'accomplit Joseph Merrick en Belgique au mois de . Ce pĂ©riple faillit lui coĂ»ter la vie.
  • En 2019, la mini sĂ©rie britannique intitulĂ©e Year of the Rabbit (en) crĂ©Ă©e par Kevin Cecil (en) et Andy Riley met en scène le personnage de Joseph Merrick Ă  l'Ă©poque victorienne. Il y incarne un artiste, metteur en scène dans le milieu théâtral et indic du protagoniste, le dĂ©tective inspecteur Rabbit.

Notes et références

  1. Howell et Ford 1981, p. 58
  2. Howell et Ford 1981, p. 162
  3. Howell et Ford 1981, p. 76
  4. Howell et Ford 1981, p. 84
  5. Howell et Ford 1981, p. 89
  6. Howell et Ford 1981, p. 21
  7. Howell et Ford 1981, p. 47
  8. Howell et Ford 1981, p. 103
  9. Howell et Ford 1981, p. 108
  10. Howell et Ford 1981, p. 117-120
  11. Howell et Ford 1981, p. 179-180
  12. Cohen, M. M., Jr.: The Elephant Man did not have neurofibromatosis. Proc. Greenwood Genet. Center 6: 187-192, 1987.
  13. Cohen, M. M., Jr. : Understanding Proteus syndrome, unmasking the Elephant Man, and stemming elephant fever. Neurofibromatosis 1: 260-280, 1988.
  14. Cohen, M. M., Jr. : Further diagnostic thoughts about the Elephant Man. Am. J. Med. Genet. 29: 777-782, 1988.
  15. l'Avant scène (Théâtre) Elephant man no 689 p. 3-28.
  16. (en) The Elephant Man sur l’Internet Movie Database
  17. <https://anilist.co/manga/85210/Zou-no-Miru-Yume/
  18. présentation de la bande dessinée Site Le Mouv'

Annexes

Bibliographie

  • (en) George M. Gould et Walter L. Pyle, Anomalies and Curiosities of Medicine, Philadelphie, W. B. Saunders & Company, (lire en ligne).
  • Michael Howell et Peter Ford (trad. de l'anglais), Elephant Man : la vĂ©ritable histoire de Joseph Merrick, Paris, Belfond, , 221 p. (ISBN 2-7144-1374-9).
  • Martin Monestier, Les Monstres, Paris, Ă©ditions du Cherche Midi, coll. « Documents », (1re Ă©d. 1979), 462 p. (ISBN 978-2-7491-0804-9).
  • (en) Ashley Montagu et Frederick Treves, The Elephant Man : A Study in Human Dignity, Acadian House Pub, , 138 p. (ISBN 978-0-925417-17-6 et 0-925417-17-3).
  • Jean Goens, Loups-garous, vampires et autres monstres : enquĂŞtes mĂ©dicales et littĂ©raires, Paris, CNRS Éditions, coll. « Insolites de la science », , 143 p. (ISBN 2-271-05085-5).
  • (en) Andrew Smith, « Pathologising the Gothic : The Elephant Man, the Neurotic and the Doctor », Gothic Studies, vol. 2, no 3 « Monstrosity and Anthropology »,‎ , p. 292-304 (ISSN 1362-7937, DOI 10.7227/gs.2.3.3).

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