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Perte de fluorescence induite par photoblanchiment

La Perte de fluorescence induite par photoblanchiment, plus communément désignée par son acronyme anglais FLIP (pour Fluorescence Loss Induced by Photobleaching), est une technique de microscopie à fluorescence qu'on utilise pour observer le mouvement de molécules à l'intérieur des cellules et des membranes. En général, on "taggue" une membrane cellulaire avec un colorant fluorescent afin de visualiser ce que l'on veut observer. Une zone spécifique de cette partie tagguée est ensuite "blanchie" plusieurs fois en utilisant le rayon d'un laser d'un microscope confocal. AprÚs chaque balayage du microscope, le blanchiment a lieu à nouveau. Ce processus est répété plusieurs fois afin d'assurer que tous les fluorochromes accessibles soient blanchis, car les fluorochromes non blanchis sont échangés avec les fluorochromes blanchis, ce qui cause un mouvement à travers la membrane cellulaire. La quantité de fluorescence issue de cette région est ensuite mesurée sur une certaine période de temps afin de déterminer les résultats du photoblanchiment de la cellule en entier.

Fluorescence diminuant dans une région définie (rectangle rouge), adjacente à une région photoblanchie (cercle rouge).

Dispositif expérimental

Avant que le photoblanchiment puisse avoir lieu, on doit injecter une protĂ©ine fluorescente dans les cellules (on utilise gĂ©nĂ©ralement une GFP), ce qui va permettre aux protĂ©ines ciblĂ©es d'Ă©mettre de la fluorescence et ainsi de pouvoir les suivre au cours du processus. Ensuite, on doit dĂ©finir une rĂ©gion d'intĂ©rĂȘt ; cette rĂ©gion d'intĂ©rĂȘt initiale contient gĂ©nĂ©ralement la cellule en entier ou bien plusieurs cellules. En FLIP, le photoblanchiment a lieu juste en dehors de cette rĂ©gion d'intĂ©rĂȘt, c'est pourquoi une rĂ©gion de photoblanchiment doit Ă©galement ĂȘtre dĂ©finie. On doit enfin dĂ©terminer une troisiĂšme rĂ©gion, celle oĂč la mesure se fera. Un certain nombre de balayages initiaux doit ĂȘtre fait afin de d'identifier la fluorescence avant le photoblanchiment. Ces balayages serviront de contrĂŽles auxquels on comparera les balayages photoblanchis. À la suite de cela, le photoblanchiment peut enfin avoir lieu. Entre chaque "pulse" de blanchiment, il est nĂ©cessaire de laisser du temps au matĂ©riel fluorescent pour revenir Ă  son Ă©tat initial. Il est Ă©galement important de prendre plusieurs balayages de la rĂ©gion d'intĂ©rĂȘt immĂ©diatement aprĂšs chaque pulse de blanchiment pour Ă©tude complĂ©mentaire approfondie[1]. Le changement du niveau de fluorescence dans la rĂ©gion d'intĂ©rĂȘt peut ensuite ĂȘtre quantifiĂ© de trois façons diffĂ©rentes. La plus commune est de choisir l'emplacement, la taille et le nombre de rĂ©gions d'intĂ©rĂȘt en se basant sur une inspection visuelle des groupes d'images Ă  disposition. Les deux autres, plus rĂ©centes mais plus fiables, consistent soit Ă  dĂ©tecter des zones de mobilitĂ© de sonde diffĂ©rente sur base d'image individuelle, soit Ă  modĂ©liser physiquement la perte de fluorescence des corps en mouvement[2].

La perte de fluorescence est dĂ©finie par la fraction mobile, ou la fraction de fluorochromes capables de revenir Ă  leur Ă©tat initial au sein d'une zone photoblanchie, de la protĂ©ine tagguĂ©e pour fluorescer. Une perte incomplĂšte de fluorescence indique qu'il y a des fluorochromes qui ne bougent pas, ou bien qui transitent vers la zone blanchie. Cela permet d'identifier la fraction immobile, ou la fraction de fluorochromes incapable de revenir Ă  son Ă©tat initial au sein d'une zone photoblanchie, des protĂ©ines tagguĂ©es pour fluorescer. L'immobilitĂ© indique qu'il y a des protĂ©ines pouvant se trouver dans des compartiments isolĂ©s du reste de la cellule, les empĂȘchant d'ĂȘtre affectĂ©es par le photoblanchiment rĂ©pĂ©tĂ©[3].

Applications

Vérifier la continuité des organites à membrane

L'utilisation originale de la FLIP consiste Ă  dĂ©terminer la continuitĂ© des organites Ă  membrane. Cette continuitĂ© (ou absence de celle-ci) est dĂ©terminĂ©e en observant la quantitĂ© de fluorescence dans la rĂ©gion d'intĂ©rĂȘt. S'il y a une perte complĂšte de fluorescence, cela indique que les organites sont continus. Cependant, s'il y a une perte incomplĂšte de fluorescence, il n'y a alors pas de continuitĂ© entre les organites. Au lieu de cela, ces organites sont alors compartimentĂ©s et ainsi isolĂ©s du transfert de tous les fluorochromes photoblanchis[3]. La continuitĂ© de l'appareil de Golgi, du rĂ©ticulum endoplasmique et du noyau a Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©e en utilisant la FLIP.

Taux d'Ă©change entre le noyau et le cytoplasme

Deux autres utilisations moins courantes de la FLIP visent Ă  dĂ©terminer la façon dont les protĂ©ines sont transportĂ©es du cytoplasme au noyau, et ensuite dĂ©terminer le taux auquel ce transport a lieu. Afin de dĂ©terminer quelles portions sont impliquĂ©es dans ce transport et Ă  quel moment, on observe des balayages continus. Au plus vite une partie du cytoplasme est utilisĂ©e dans le processus de transport, au plus vite on y observera une perte complĂšte de fluorescence[4]. L'image rĂ©sultante de ce processus doit ĂȘtre un cytoplasme complĂštement photoblanchi. Si la cellule participe aussi Ă  l'export du noyau vers le cytoplasme, un photoblanchiment aura Ă©galement lieu dans le noyau.

Le taux d'Ă©change entre le noyau et le cytoplasme peut aussi ĂȘtre dĂ©terminĂ© Ă  partir de ce type de donnĂ©es. Dans ces exemples, la rĂ©gion de photoblanchiment se trouve dans le noyau. Si le transport survient Ă  un taux rapide, les niveaux de fluorescence au sein des compartiments nuclĂ©aires vont rapidement diminuer au niveau des cadres sĂ©lectionnĂ©s. Cependant, si le transport a lieu Ă  un taux lent, les niveaux de fluorescence vont rester les mĂȘmes ou bien diminuer seulement de façon trĂšs lĂ©gĂšre[4].

FLIP vs FRAP

La FLIP est souvent utilisĂ©e en Ă©troite association avec la FRAP (redistribution de fluorescence aprĂšs photoblanchiment). La diffĂ©rence majeure entre ces deux techniques de microscopie rĂ©side dans le fait que la FRAP implique l'Ă©tude de la capacitĂ© d'une cellule Ă  se remettre d'un seul Ă©vĂ©nement de photoblanchiment alors que la FLIP implique l'Ă©tude de comment la perte de fluorescence se rĂ©pand Ă  travers la cellule aprĂšs de multiples Ă©vĂ©nements de photoblanchiment. Cette diffĂ©rence d'objectif conduit Ă©galement Ă  une diffĂ©rence dans les parties de la cellule qu'on observe. En FRAP, la zone qui est vraiment photoblanchie correspond Ă  la zone d'intĂ©rĂȘt. À l'inverse, en FLIP, la rĂ©gion d'intĂ©rĂȘt est juste Ă  l'extĂ©rieur de la rĂ©gion qui est photoblanchie. Une autre diffĂ©rence importante est qu'en FRAP, il n'y a qu'un seul Ă©vĂ©nement de photoblanchiment ainsi qu'une pĂ©riode de rĂ©cupĂ©ration afin d'observer Ă  quel point les fluorochromes retournent de façon efficace au site blanchi ; alors qu'en FLIP, des Ă©vĂ©nements multiples de photoblanchiment ont lieu afin d'empĂȘcher le retour des fluorochromes non blanchis Ă  la rĂ©gion de blanchiment. Comme la FLIP, la FRAP est utilisĂ©e dans l'Ă©tude de la continuitĂ© des organites Ă  membrane. Ces deux techniques sont souvent utilisĂ©es ensemble afin de dĂ©terminer la mobilitĂ© des protĂ©ines tagguĂ©es Ă  la GFP[3]. La FLIP peut aussi ĂȘtre utilisĂ©e pour mesurer le transfert molĂ©culaire entre des rĂ©gions d'une cellule sans tenir compte du taux de mouvement. Cela permet d'avoir une analyse plus poussĂ©e du trafic de protĂ©ines au sein d'une cellule. Cela diffĂšre de la FRAP qui est principalement utile pour dĂ©terminer la mobilitĂ© des protĂ©ines uniquement dans les rĂ©gions oĂč a lieu le photoblanchiment[5].

Complications potentielles

Il y a plusieurs complications qu'impliquent à la fois la FLIP et la FRAP. Comme ces deux techniques de microscopie observent des cellules vivantes, il y a toujours la possibilité que les cellules bougent, ce qui fausse les résultats. La meilleure façon d'éviter cela est d'utiliser un algorithme d'alignement, qui va compenser chaque mouvement et éliminer une large partie de l'erreur due au mouvement. Dans ces expériences, il est également capital d'avoir un groupe contrÎle afin d'ajuster les résultats et corriger la courbe de récupération pour la perte globale de fluorescence[3]. Une autre façon de minimiser l'erreur est de restreindre le photoblanchiment au niveau d'une seule région ou d'une seule zone. Cette limitation va jouer le rÎle de contrÎle et va limiter la perte de fluorescence due au photo-dommage par rapport à la perte de fluorescence due au photoblanchiment[3].

Voir aussi

Notes

Articles connexes

Références

  1. (en) Robert C. Dickson et Michael D. Mendenhall, Signal Transduction Protocols (2nd ed.), Springer Science & Business Media, , 327 p. (ISBN 978-1-59259-816-8, lire en ligne), p. 300-304
  2. Daniel WĂŒstner, Lukasz M. Solanko, Frederik W. Lund et Daniel Sage, « Quantitative fluorescence loss in photobleaching for analysis of protein transport and aggregation », BMC bioinformatics, vol. 13,‎ , p. 296 (ISSN 1471-2105, PMID 23148417, PMCID PMC3557157, DOI 10.1186/1471-2105-13-296, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. (en) Hellen C. Ishikawa-Ankerhold, Richard Ankerhold et Gregor P. C. Drummen, « Advanced Fluorescence Microscopy Techniques—FRAP, FLIP, FLAP, FRET and FLIM », Molecules, vol. 17, no 4,‎ , p. 4047–4132 (DOI 10.3390/molecules17044047, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. (en) R. G. Davies, D. A. Jans et K. M. Wagstaff, « Use of fluorescence photobleaching techniques to measure the kinetics of intracellular transport », Microscopy: Science, Technology, Applications, and Education,‎ (lire en ligne)
  5. (en) Akira Kitamura et Hiroshi Kubota, « Amyloid oligomers: dynamics and toxicity in the cytosol and nucleus », FEBS Journal, vol. 277, no 6,‎ , p. 1369–1379 (ISSN 1742-4658, DOI 10.1111/j.1742-4658.2010.07570.x, lire en ligne, consultĂ© le )
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