Peinture d'histoire
La peinture d’histoire, ou peinture historique, est un genre de peinture qui s’inspire de scènes issues de l’histoire, en général, qu'il s'agisse de l'Histoire, avec une majuscule, celle des grands évènements politiques, les crises, les guerres, les couronnements et la chute des puissants, des évènements dramatiques à portée morale ou bien l'histoire qui illustre un texte, qu'il s'agisse de l'Histoire sainte, de l’histoire antique (Mésopotamienne, Égyptienne, Grecque, Romaine…), de la mythologie.
Histoire de l'art occidental
Initialement
En 1667 André Félibien, théoricien du classicisme français, la considère comme le sommet de la hiérarchie des genres de la peinture. Cette primauté s'est atténuée, de la fin du XVIIIe au XIXe siècle avec l'essoufflement du classicisme, au profit d'autres genres tels que le portrait et le paysage.
La peinture consiste en la représentation de sujets religieux, mythologiques, historiques, allégoriques ou issus de la littérature et sous-tend une interprétation de la vie ou exprime un message moral ou intellectuel. La peinture de genre représente comme la peinture d'histoire, des anecdotes sans prétendre à participer à un enseignement civique et moral.
Les dieux et déesses de la mythologie ancienne représentent alors différents aspects du psychisme humain, les figures religieuses représentent des idées, des préceptes. Les sources d’inspiration, de quelque sorte qu’elles soient, sont prétextes à une expression dialectique ou satirique du sujet.
- La Reddition de Breda (v. 1635), Diego Vélasquez, Hauteur : 3,07 m ; Largeur : 3,67 m. Musée du Prado
- Exécution de Charles Ier d'Angleterre de Gonzales Coques, réalisé vers 1650, H. 1,37 m ; L. 2,15 m, Musée de Picardie d'Amiens
- Le Dernier Jour de Pompéi (1827-1833), Karl Brioullov. 4,56 m ; L. 6,51 m. Musée Russe de Saint-Pétersbourg
Un exemple au XVIIIe siècle
François Boucher, plus connu aujourd'hui pour ses scènes du style rocaille, fut reçu comme peintre d'histoire, à l’Académie royale sur présentation de son tableau de 1732, Renaud et Armide, aujourd’hui conservé au musée du Louvre.
Thèmes courants du néo-classicisme et du romantisme
Fréquemment, et en particulier lors du développement du néo-classicisme, après la Révolution française et durant le XIXe siècle, la peinture d’Histoire se concentre sur la représentation de héros, le plus souvent masculins, nus ou partiellement dévêtus, en reprenant la convention du Nu dans la Grèce antique (le Nu, en tant que genre artistique). Le romantisme préfère évoquer les sentiments : espoir et désespoir dans Le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault en 1819 et dans Scènes des massacres de Scio de Delacroix en 1822, où les circonstances dramatiques justifient la nudité. En 1830, La Liberté guidant le peuple emprunte aux codes de l'allégorie et de la peinture d'histoire.
Évolution au XIXe siècle
Au cours du XIXe siècle, la peinture d'histoire connaît une période de transition pendant laquelle de nombreux artistes copient des styles ou des artistes anciens. En 1847, c'est le cas du tableau de Thomas Couture, Les Romains de la décadence. À la fin de ce siècle, cet historicisme débouche sur la peinture dite académique. C'est ce que l'on constate avec Caïn fuyant avec sa famille, de Fernand Cormon en 1880 ou Le rêve, de Édouard Detaille, en 1888, où les conscrits de la Troisième République rêvent de la gloire de leurs prédécesseurs héroïques. En partie par réaction, la naissance du modernisme voit certains peintres s'emparer du grand format, traditionnellement réservé aux peintures d'histoire, pour y développer des scènes de la vie moderne, comme, en 1849-50, Un enterrement à Ornans de Courbet et, en 1863, Le Déjeuner sur l'herbe de Manet.
au XXe siècle
La peinture d'histoire est souvent associée à l'art académique[1]. Mais elle connaît un renouveau au XXe siècle[2]. Le Guernica de Picasso est sans doute l'exemple le plus saisissant de cette divergence esthétique. Mais au delà de l'aspect esthétique, la peinture d'histoire connaît aussi une évolution conceptuelle. Le diptyque Bolivar, luz y penumbras (d'après Goya) de Braun-Vega ne se contente pas de représenter Bolivar à Cuzco le 4 juillet 1825[3] comme le ferai une peinture académique, il met aussi en perspective la colonisation à l'époque de Bolivar avec le néo-colonialisme des États-Unis en Amérique du Sud à l'époque du peintre[4].
Notes et références
- Charlotte DENOËL, « L'art académique et la peinture d'histoire », sur L'Histoire par l'image,
- Eugénie Dubreuil, « Le renouveau de la peinture d'histoire en France au vingtième siècle », sur theses.fr,
- Herman Braun-Vega, « Notes pour une lecture critique du diptyque Bolivar, luz y penumbras (lumière et pénombres) », Paris, : « On le trouve en train de marcher dans un paysage andin dans les environs de Cuzco (l’ancienne capitale de l’empire Inca), c’est le 4 juillet 1825. »
- Sylvie Mégevand et Jean-Michel Mandiboure, Transitions, transgressions dans l'iconographie hispanique moderne et contemporaine, Belgique, Lansman, coll. « Hispania » (no 9), , 186 p. (ISBN 978-2-872-82572-1), « Ne pas peindre pour ne rien dire : l'écrit dans quelques tableaux de Herman Braun-Vega », p. 15-16 :
« Dans Bolivar, luz y penumbras (1983), [...] toute une série de rapprochements visuels et chronologiques nous permet de mesurer combien le poids de l'histoire coloniale et néo-coloniale pèse encore sur le présent de l'Amérique latine. »
Voir aussi
Bibliographie
- Louis Hautecœur, « Le triomphe de la peinture d'histoire et de l'antiquité », dans Rome et la Renaissance de l'Antiquité à la fin du XVIIIe siècle, Paris, Fontemoing et Cie éditeurs, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome no 105 », , VIII-316 p. (lire en ligne), p. 179-183
- Jean Locquin, La peinture d'histoire en France de 1747 à 1785, Arthena, 1978 ; réédition de l'édition Henri Laurens, 1912 lire en ligne sur Gallica