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Pedra Furada

Le complexe prĂ©historique de Pedra Furada (« pierre percĂ©e » en portugais), localisĂ© dans le Parc national de la Serra da Capivara (État de PiauĂ­), au nord-est du BrĂ©sil, rassemble plus de 800 sites de peuplement humain, dont beaucoup remontent au PalĂ©olithique supĂ©rieur. Les peintures rupestres dateraient pour les plus anciennes de 11 000 ans AP[alpha 1].

Pedra Furada
Image illustrative de l’article Pedra Furada
Arche de la Pedra Furada
Localisation
Pays Drapeau du Brésil Brésil
État Piauí
Protection Patrimoine mondial
CoordonnĂ©es 8° 50′ 00″ sud, 42° 33′ 12″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Brésil
(Voir situation sur carte : Brésil)
Pedra Furada
Pedra Furada
Histoire
Époque Paléolithique supérieur, Mésolithique

La découverte initiale remonte à 1973 et l'exploration est due à une équipe majoritairement franco-brésilienne. Les premières conclusions ont été publiées sous la direction de Niède Guidon en 1986.

Classés au patrimoine mondial par l'Unesco en 1991[1], les sites s'étendent sur les quatre communes de São Raimundo Nonato, São João do Piauí, Coronel José Dias et Canto do Buriti, et sont administrés par l'Institut Chico Mendes de conservation de la biodiversité, organisme public rattaché au Ministério do Meio Ambiente (Ministère de l'Environnement brésilien) et issu du remembrement depuis 2007 de l'Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis.

Historique

Le site est découvert en 1973 et une fondation internationale est alors créée pour le protéger, la Fundham (Foundation for the American Man). L'exploration scientifique ne commence qu'en 1978, après la constitution d'une équipe de chercheurs et l'obtention de crédits et d'autorisations. Placée sous la direction de l'archéologue brésilienne Niède Guidon, l'équipe de chercheurs de toutes nationalités comprend entre autres Anne-Marie Pessis (université de Pernambuco), Fabio Parenti, Claude Guérin (université Claude Bernard (Lyon), Évelyne Peyre (CNRS), Guaciara Dos Santos (UC Irvine). Une première série de rapports est publiée en 1986, notamment dans Nature[2]. Les fouilles sont toujours en cours et certains sites du parc sont accessibles au public.

DĂ©couvertes

Le site a livré des restes humains fossiles, des artéfacts, ainsi que de nombreuses peintures pariétales.

Stratigraphie

Quelques peintures rupestres de Pedra Furada

Au niveau du sol, Guidon a rĂ©pertoriĂ© 15 niveaux diffĂ©rents, correspondant Ă  trois phases culturelles, chacune de ses couches comprenant des restes montrant une activitĂ© humaine. La pĂ©riode Pedra Furada serait la plus ancienne mais fait encore dĂ©bat ; la deuxième, appelĂ©e Serra Talhada, datĂ©e de 12 000 Ă  7 000 ans, comprend des outils lithiques (couteaux, grattoirs) fabriquĂ©s Ă  partir de quartzite ; le niveau supĂ©rieur appelĂ© Agreste, comprend Ă©galement des outils lithiques et correspond Ă  la pĂ©riode d'exĂ©cution des peintures pariĂ©tales, pour une pĂ©riode allant de 11 000 Ă  5 000 ans avant le prĂ©sent.

Datation des fossiles

Les fragments humains fossiles les plus anciens (molaires et parties de crâne) ont donnĂ© une datation par le carbone 14 comprise entre 15 000 et 13 000 ans AP, c'est-Ă -dire une pĂ©riode proche du squelette de Luzia.

DĂ©bat

Certains prĂ©lèvements (charbon, pigments, ossements) sont effectuĂ©s sur le site et envoyĂ©s en France en 1985 pour datation par le carbone 14 au Centre des faibles radioactivitĂ©s du CNRS de Gif-sur-Yvette. Les premiers rĂ©sultats rĂ©vèlent des Ă©carts de datation importants selon l'origine des Ă©chantillons en fonction des diffĂ©rentes couches d'origine. Le problème porte sur les charbons (du bois carbonisĂ©) retrouvĂ©s dans les plus basses couches : les premières analyses au radiocarbone donnaient comme rĂ©sultats 35 000 Ă  48 000 ans. Sont-ils reliĂ©s Ă  une activitĂ© humaine ? Ne seraient-ils pas le fruit d'une combustion naturelle ? Cette polĂ©mique n'est toujours pas tranchĂ©e. En 1994, l'anthropologue amĂ©ricain Tom Dillehay suggère en effet que ces charbons peuvent très bien avoir Ă©tĂ© produits par un incendie naturel, et que de toutes façons, la prĂ©sence de charbon n'implique pas forcĂ©ment une activitĂ© humaine. Le dĂ©bat s'enflamme durant une dizaine d'annĂ©es : si les sites de Pedra Furada sont bien contemporains de la culture Clovis, ce qui fait dĂ©bat c'est plutĂ´t la question de la date d'arrivĂ©e des premiers humains en AmĂ©rique, au cas oĂą il serait bien prouvĂ© que ces charbons antĂ©rieurs de plus de 20 000 ans Ă  la dite culture sont reliĂ©s Ă  une activitĂ© humaine.

Un nouveau procĂ©dĂ©, le protocole ABOx-SC (acronyme pour acid-base-wet oxidation followed by stepped combustion), dĂ©veloppĂ© par Bird en 1999, a permis d'affiner les dates. Un total de sept Ă©chantillons de charbons de bois provenant de diffĂ©rents foyers ont Ă©tĂ© soumis Ă  l'analyse, leur contenu de radiocarbone 14 a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© par accĂ©lĂ©rateur de spectromĂ©trie de masse Ă  l'UniversitĂ© nationale australienne. Les Ă©chantillons se sont avĂ©rĂ©s encore plus anciens, indiquant des pĂ©riodes de 55 000 Ă  60 000 ans.

Autres sites

Tous ces sites appartiennent au Paléolithique supérieur tardif. Niède Guidon suggère d'utiliser le nom de Culture Nordeste pour qualifier l'ensemble des sites de cette région du Brésil présentant des datations et des signes communs.

Le parc national de la Serra da Capivara comprend un autre site de datation ancienne, comparable Ă  Pedra Furada, Toca da Tira Peia.

Non loin, le site de Mieio, situĂ© Ă©galement dans l'État de PiauĂ­, explorĂ© au cours des annĂ©es 1980-1990, montre la prĂ©sence d'une activitĂ© humaine remontant Ă  12 500 ans en moyenne[3].

Notes et références

Notes

  1. Les estimations de dates ont été plusieurs fois recalibrées en fonction de différents protocoles

Références

  1. (en) « Archaeological research by Niède Guidon », Bradshaw Foundation
  2. (en) Niède Guidon & G. Delibrias (1986), Carbon-14 dates point to man in the Americas 32 000 years ago, Nature (321) : 769–771, lire en ligne
  3. (en) Giulia Aimola et al., « Final Pleistocene and Early Holocene at Sitio do Meio, Piauí, Brazil : Stratigraphy and comparison with Pedra Furada », Journal of Lithic Studies, [S.l.], v. 1, n. 2, p. 5-24, sep. 2014, ISSN 2055-0472, lire en ligne

Bibliographie

Du plus récent au plus ancien :

  • Fabio Parenti, Le Gisement quaternaire de Pedra Furada (Piaui, BrĂ©sil), Éditions Recherche sur les Civilisations (ERC) / La Documentation française, 2002.
  • « Le peuplement des AmĂ©riques », Revue d'AthĂ©na, , III-02.
  • E. Peyre, C. GuĂ©rin, Niède Guidon, et Yves Coppens (1998) : « Des restes humains du PlĂ©istocène dans la grotte du Garrincho, PiauĂ­, BrĂ©sil », Comptes Rendus de l’AcadĂ©mie des Sciences de Paris, 327, sĂ©rie II, pp. 335-360.
  • Niède Guidon et al., Nature and age of the deposits in Pedra Furada, Brazil, Cambridge (R.-U.), Company of Biologists/INIST-CNRS, 1996.
  • Meltzer D. J., Avodasio J. M., Tom Dillehay, On a pleistocene human occupation at Pedra Furada, Brazil, Cambridge (R.-U.), Company of Biologists/INIST-CNRS, 1994.
  • Bahn, Paul G. (1993), « 50.000-Year-Old Americans of Pedra Furada », Nature, 362, p. 114.
  • Niède Guidon et G. Delibrias (1986), « Le carbone 14 et la datation des humains en AmĂ©rique il y a 32 000 ans », Nature, n°321, pp. 769-771.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Fundação Museu font Homem Americano (FUMDHAM) ; Fundação SeridĂł, boa moyen Viagem 5212, Ana Nery, 816., Recife 51030-000 ; BrĂ©sil.
  • Parque Nacional Serra da Capivara : 10 images de peintures
  • (en) Athena Review : « Pedra Furada, Brazil: Paleoindians, Paintings, and Paradoxes » (2003)
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