Accueil🇫🇷Chercher

Parc national de la Serra da Capivara

Le parc national de la Serra da Capivara est un parc national situé dans l'État du Piauí, au Brésil. Le parc a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1991. Cette région est riche en sites préhistoriques pour lesquels des datations anciennes ont été proposées.

Rituel autour d'un arbre
Parc national de la Serra da Capivara
Pedra Furada
GĂ©ographie
Pays
État
Coordonnées
8° 41′ 36″ S, 42° 36′ 02″ O
Superficie
922,28 km2
Administration
Nom local
(pt) Parque Nacional Serra da Capivara
Type
Catégorie UICN
II
WDPA
Création
Patrimonialité
Bien classé par l'IPHAN (d) ( et )
Patrimoine mondial ()
Administration
Logo du patrimoine mondial Patrimoine mondial
Date d'entrée
Identifiant
Critère
GĂ©olocalisation sur la carte : PiauĂ­
(Voir situation sur carte : PiauĂ­)
Géolocalisation sur la carte : Brésil
(Voir situation sur carte : Brésil)

Description

Le parc national de la Serra da Capivara a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1979 dans le sud-est de l’État de PiauĂ­. Il couvre une partie des municipalitĂ©s de Brejo do PiauĂ­, JoĂŁo Costa, Coronel JosĂ© Dias et SĂŁo Raimundo Nonato, sur une superficie de 129 140 ha, pour 214 km de circonfĂ©rence[1].

Le Parc est situé dans la zone de la caatinga brésilienne, qui se définit par la multiplicité des formations végétales typiques des régions semi-arides du nord-est du Brésil. Les espèces végétales de la région sont essentiellement caractérisées par la perte de leurs feuilles pendant la saison sèche de mai à septembre.

La région est à la charnière de deux grandes formations géologiques : le bassin sédimentaire du Maranhão-Piauí et la dépression périphérique du Rio São Francisco. Elle se caractérise par une grande diversité de paysages et de végétation.

Le relief actuel s’est formé il y a quelque 250 millions d’années. La formation géologique la plus notable est celle de la Toca do Boqueirão da Pedra Furada, une ouverture de 15 m de diamètre dans un coteau de plus 60 m de haut (voir illustration)[1].

Préhistoire

On a découvert plus de 300 sites archéologiques dans le Parc national de la Serra da Capivara, la majorité d’entre eux consistant en peintures ou gravures rupestres, dans des abris sous roche ou sur des parois de falaises. Plusieurs sites sont des gisements archéologiques ayant livré des artéfacts parfois très anciens.

Gisements archéologiques

Les fouilles rĂ©alisĂ©es dans le Parc, notamment sur le site de Pedra Furada et sur le site de la mission française du Piaui[2], ont permis de dĂ©couvrir des artĂ©facts, outils, restes d’ustensiles de cĂ©ramique et vestiges de sĂ©pultures. La datation de plusieurs sites remonte Ă  au moins 40 000 ans avant le prĂ©sent (AP).

Datations

Des prĂ©lèvements rĂ©alisĂ©s sur le site de Pedra Furada ont Ă©tĂ© envoyĂ©s en France en 1986 pour analyse du carbone 14 au Centre des faibles radioactivitĂ©s du CNRS de Gif-sur-Yvette. Les analyses effectuĂ©es ont donnĂ© des dates diffĂ©rentes sur les charbons de bois exhumĂ©s selon les diffĂ©rents niveaux. La plus basse couche archĂ©ologique, dans l'abri sous roche de Pedra Furada, a donnĂ© des datations au radiocarbone s'Ă©tendant de 35 000 Ă  48 000 ans.

Un nouveau procĂ©dĂ© ABOX-SC (acid-base-wet oxidation followed by stepped combustion), dĂ©veloppĂ© par Bird en 1999, a permis d'affiner les dates. Sept Ă©chantillons de charbon de bois provenant de diffĂ©rents foyers ont Ă©tĂ© soumis Ă  l'analyse ABOX-SC et leur contenu de radiocarbone 14 a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© par spectromĂ©trie de masse par accĂ©lĂ©rateur, Ă  l'universitĂ© nationale d'Australie. Avec cette nouvelle technique, les Ă©chantillons se sont avĂ©rĂ©s ĂŞtre âgĂ©s de 55 000 Ă  60 000 ans[3] - [4].

SĂ­tio do Meio est le deuxième abri sous roche le plus important de la rĂ©gion après Pedra Furada. Ses artĂ©facts sont majoritairement datĂ©s du tournant PlĂ©istocène-Holocène. Les objets en pierre sont mieux conservĂ©s en raison de l'absence de cascades. Au moins 98 outils en pierre semblent plus vieux que 12 500 ans AP. Ils appartiennent Ă  la phase PlĂ©istocène supĂ©rieur de Pedra Furada 3[5].

Industrie lithique

Le prĂ©historien français Éric BoĂ«da reprit les analyses des sites en 2008 et confirma, grâce Ă  la tracĂ©ologie, que les galets trouvĂ©s au pied des parois des peintures rupestres n'Ă©taient pas fracturĂ©s Ă  cause de phĂ©nomènes naturels ou par des singes, mais bien par l'homme, et que celui-ci Ă©tait arrivĂ© au moins 25 000 ans avant le prĂ©sent[2]. Dans l'Ă©pisode Les Premiers AmĂ©ricains[6] du 18 janvier 2017, de la sĂ©rie documentaire EnquĂŞtes archĂ©ologiques, l’archĂ©ologue Peter Eeckhout rĂ©sume les interrogations de l'Ă©poque (Ă  min) : « Ces galets paraissent archaĂŻques. Leurs tailles semblent rudimentaires, alors qu'Ă  la mĂŞme Ă©poque, ailleurs dans le monde, l'homme façonne des outils beaucoup plus Ă©laborĂ©s ».

Des annĂ©es plus tard, Éric BoĂ«da reprit la fouille. Il mit alors au jour des couches stratigraphiques datant de 25 000 ans avant le prĂ©sent, et trouva dans ces couches des galets similaires Ă  ceux rĂ©coltĂ©s par la prĂ©historienne brĂ©silienne Niède Guidon plusieurs annĂ©es auparavant. Selon l'archĂ©ologue, si ces galets ont un aspect rudimentaire, c'est parce que le quartz se trouvant dans la Serra da Capivara est plus fragile que le silex, et qu'il est donc plus difficile de le tailler. Dans la mĂŞme Ă©mission (Ă  13:12 min), il ajoute que « les gens se sont adaptĂ©s Ă  cette matière première. Avec du silex, vous pouvez sculpter votre matière. Ici, elle est limitĂ©e, la morphologie. Et donc, ils ont adaptĂ© leurs gestes et les fonctions aux matĂ©riaux ». Il remarque ensuite que les outils dĂ©couverts n’ont pas pu ĂŞtre faits par des singes car ces derniers utilisent le poids de la matière première plutĂ´t que de crĂ©er un tranchant. La crĂ©ation du tranchant est une spĂ©cificitĂ© de l’être humain. Pour lui, la nature n'aurait pas pu crĂ©er les enlèvements observĂ©s sur ces galets. Pour Eric BoĂ«da, il y a bien eu une prĂ©sence humaine en AmĂ©rique au moins 25 000 ans avant le prĂ©sent. Son enquĂŞte a Ă©tĂ© publiĂ©e dans la revue Antiquity en 2014[7].

Art rupestre

Touristes observant les peintures rupestres

Le parc national de la Serra da Capivara compte quelque 30 000 gravures et peintures rupestres, gravĂ©es sur des falaises rocheuses, parfois Ă  plus de cent mètres de haut, ou peintes dans des abris sous roche. Ces Ĺ“uvres d'art nous livrent des tĂ©moignages de la vie quotidienne des populations de cette Ă©poque : rituels, danses, chasses, animaux tels que le glyptodon ou tatou gĂ©ant, qui se sont Ă©teints au tournant de l'Holocène. Elles montrent Ă©galement ce qui serait la peinture la plus ancienne d'un bateau dans le monde.

Les hommes ont utilisé la partie protégée des abris sous roche pour la représentation graphique de leurs traditions orales[1].

La fondation brésilienne FUMDHAM

Le parc national de la Serra da Capivara est administré par la FUMDHAM – Fondation du Musée de l’Homme Américain, de caractère privé, en partenariat avec l’IBAMA – Institut Brésilien de l’Environnement et des Ressources Naturelles Renouvelables.

Dans la ville de São Raimundo Nonato, à quelques kilomètres, se situe le Musée de l’Homme Américain, qui propose une présentation des pièces trouvées au cours des fouilles archéologiques réalisées dans le Parc. Depuis sa formation, la FUMDHAM est dirigée par l'archéologue brésilienne Niède Guidon.

Notes et références

Dans le parc national de la Serra da Capivara, on peut aussi observer des primates sapajou à barbe, singes d'Amérique du Sud qui, tout comme les chimpanzés en Afrique et les macaques crabiers en Asie du Sud-Est... ont la particularité d'utiliser des outils de nature végétale ou de pierre[8].

  1. « Parc national de Serra da Capivara », sur Unesco
  2. « Enquêtes Archéologiques : les premiers américains (Documentaire) - Vidéo dailymotion », sur Dailymotion,
  3. (en) George Weber, Pedra Furada sites (PiauĂ­, Brazil), dans The oldest Americans Archaeological sites, 2007, lire en ligne
  4. (en) Shigueo Watanabe, Walter Elias Feria Ayta, Henrique Hamaguchi, Niede Guidon, Eliany S. La Salvia, Silvia Maranca, Oswaldo Baffa Filho, Some Evidence of a Date of First Humans to Arrive in Brazil, Journal of Archaeological Science, 30 (3), mars 2003, p.351-354 (ISSN 0305-4403), lire en ligne, DOI 10.1006/jasc.2002.0846
  5. (en) Giulia Aimola et al., Final Pleistocene and Early Holocene at Sitio do Meio, Piauí, Brazil : Stratigraphy and comparison with Pedra Furada, Journal of Lithic Studies, [S.l.], volume 1, numéro 2, p.5-24, sept. 2014, ISSN 2055-0472, lire en ligne, DOI 10.2218/jls.v1i2.1125
  6. Arte.tv
  7. (en) Eric Boëda, Ignacio Clemente-Conte et Michel Fontugne, « A new late Pleistocene archaeological sequence in South America: The Vale da Pedra Furada (Piauí, Brazil) », Antiquity, no 88,‎ , p. 927-955 (DOI 10.1017/S0003598X00050845, lire en ligne)
  8. Michael Haslam, « L'archéologue, le singe et l'outil », Pour la science, no 499,‎ (lire en ligne [php])

Bibliographie

  • Le gisement quaternaire de Pedra Furada (Piaui, BrĂ©sil) ; Fabio Parenti ; Editions Recherche sur les Civilisations (ERC) ; La Documentation française : 2002.
  • Guidon, N. et Delibrias, G. 1986. "Le carbone 14 et la datation des humains en AmĂ©rique il y a 32.000 ans." Nature 321:769 - 771.
  • Peyre, E., C. GuĂ©rin, N. Guidon, et Y. Coppens. 1998. “Des restes humains du plĂ©istocène dans la grotte du Garrincho, PiauĂ­, BrĂ©sil.” Comptes Rendus de l’AcadĂ©mie des Sciences de Paris 327, sĂ©rie II, 335-360.
  • Revue d'AthĂ©na, mars 2002 ; Vol.3, no.2 : Le peuplement des AmĂ©riques.
  • Bahn, Paul G.; "50.000-Year-Old Americans of Pedra Furada," Nature, 362:114, 1993
  • On a pleistocene human occupation at Pedra Furada, Brazil ; MELTZER D. J. ; ADOVASIO J. M. ; DILLEHAY T. D. ; Editions : Company of Biologists, Cambridge, R.-U., 1994 ; INIST-CNRS.
  • Nature and age of the deposits in Pedra Furada, Brazil ; GUIDON N. ; PESSIS A.-M. ; PARENTI F. ; FONTUGUE M. ; GUERIN C. ; Ed.: Company of Biologists, Cambridge, R.-U., 1996 ; INIST-CNRS.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.