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Paul Berliet

Paul Berliet, né le à Lyon (Rhône) et mort le dans la même ville, est un industriel français, fils du fondateur de l'entreprise de même nom, Marius Berliet[1] - [2] - [3].

Paul Berliet
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Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Cimetière du Montellier (d)
Nom de naissance
Paul Louis François Berliet
Nationalité
Activités
Père
Parentèle

Il fut à la direction de l'entreprise Berliet pendant de longues années. Il est également à l'origine de la création de la Fondation de l'Automobile Marius-Berliet, qui possède un conservatoire (d'environ 300 véhicules) basé au Montellier dans l'Ain, depuis 1982[4]. Il fut maire de cette commune dans les années 1960-1970[4].

Paul Berliet a été inhumé le au Montellier[4].

Biographie

Né à Lyon, 39, avenue Esquirol, le , Paul Berliet est le septième et avant-dernier enfant de Marius et Louise, née Saunière.

Son père Marius Berliet (1866 – 1949), canut c’est-à-dire tisseur à façon, construit sa première voiture en 1895 et est le créateur de l’entreprise qui portera son nom. La famille de Marius Berliet appartient à la Petite Église – la fraction des catholiques qui n’a pas accepté les termes du Concordat de 1801. Marius Berliet a quitté la Petite Église en 1911, mais ses principes ont imprégné l’éducation qu’il a donnée à ses enfants.

Enfance et adolescence

Mademoiselle Burin, l’institutrice, vient à domicile dispenser les cours aux jeunes Berliet jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de huit ans. Les garçons fréquentent ensuite l’École Ozanam.

Dès 1932 et pendant trois années, Paul rejoint en septembre, l’École d’apprentis Berliet à l’usine de Monplaisir où il apprend, selon l’expression de son père « à se servir de ses mains ». En 1935, après son échec au concours d’entrée à l’École centrale de Lyon, il intègre les différents services de l’usine de Vénissieux à l’échelon le plus bas. Cette période est entrecoupée d’un stage de quatre mois chez le constructeur britannique de machines-outils Herbert à Coventry[5].

À partir de , il effectue son service militaire à l’École militaire de haute montagne à Chamonix. Il termine son temps militaire en qualité de sergent-moniteur et est mobilisé dans le 199e Bataillon de chasseurs de haute montagne[6].

Premières responsabilités industrielles

Après l’Armistice, il réintègre l’entreprise où la responsabilité des Fonderies lui est confiée. En 1942, il est nommé directeur général des fabrications.

La production de "gazobois" est maintenue tant bien que mal malgré les pénuries de matériaux et tombe à 4 véhicules par jour jusqu’au bombardement de l’usine en . Marius Berliet arrête les productions. À l’automne, Yves Farge, Commissaire de la République, donne instruction à Paul Berliet de redémarrer les usines. L’usine est mise sous séquestre et dotée d’un administrateur provisoire, Marcel Mosnier[7].

En , Automobiles M. Berliet est devenue un enjeu politique ; Marius Berliet et ses enfants sont dépossédés de l’entreprise[8].

En l’arrĂŞt du Conseil d’État rend l’entreprise Ă  la famille Berliet. Elle compte alors 7 500 personnes qui fabriquent 17 vĂ©hicules par jour[9].

Années 1950

Il est nommé en 1954 directeur général adjoint des Automobiles M. Berliet[10].

Tout en modernisant les moyens industriels de l’usine de Vénissieux et en élargissant la gamme de produits (véhicules d’incendie, autocar et autobus, matériels pour l’exploration pétrolière avec le T 100), il se tourne vers les pays en voie de développement. En précurseur, il est conscient de la nécessité de les amener à assembler, puis construire des véhicules pour leurs propres besoins de développement, il établit des installations de montage dans plusieurs pays : le Brésil en 1954, l’Algérie en 1957, le Maroc en 1958. (Constitution S.A Berliet do Brazil Industria et Commercio: délibération CA AMB 09/10/1954 - Constitution Société Africaine des Automobiles Berliet (SADAB) : délibération CA AMB 20/05/1958 - Constitution Société Marocaine des Automobiles M. Berliet : délibération du CA AMB 24//03/1958).

La Mission Ténéré (1959-1960) consacre les performances de la "Gazelle" – camion GBC 8 6x6 – et offre l’exemple d’un partenariat original et réussi entre Université – Industrie. La moisson d’objets lithiques, qui apporte de nouvelles connaissances sur les contrées désertiques traversées, sera à l’origine d’une initiative spirituelle de mécénat industriel, la restauration de l’Abbaye de Sénanque (Vaucluse)[11].

En , Berliet absorbe la société Lyonnaise de Vélocipèdes et Automobiles Rochet-Schneider et récupère le site Feuillat [12].

Années 1960

En 1962, Paul Berliet accède Ă  la prĂ©sidence d’Automobiles M. Berliet, succĂ©dant Ă  Émile Parfait [13], nommĂ© en 1949 (dĂ©libĂ©ration CA AMB 25/06/1962). La mĂŞme annĂ©e, il crĂ©e le Centre d’études et de recherches, l’objectif Ă©tant de travailler Ă  dĂ©velopper une avance conceptuelle. Elle se matĂ©rialisera notamment par la suspension olĂ©o-pneumatique (brevet no 1 418 898 du 28/10/165), des dispositifs d’automatisme (changement de vitesses brevet no 2 058 760), l’injection directe diesel.

L’industriel conduit une politique de décentralisation des sites de production dans la région Rhône-Alpes, rapprochant les usines des bassins d’emploi qui souffrent du déclin de leurs activités traditionnelles : Bourg-en-Bresse (dans l'Ain) affecté par la mécanisation de l’agriculture (Projet de décentralisation à Bourg-en-Bresse dans l'Ain approuvé par le FDES - Fonds de développement économique et social - le 17/07/1963 / CA AMB 11/10/1963), Saint-Étienne (dans le département de la Loire) touché par la fermeture des mines. (Construction et démarrage production de l'usine de boites de vitesses à Andrezieux-Bouthéon près de Saint-Étienne en : AGO AMB 14/05/1971), L’Arbresle (dans le département du Rhône) marqué par la cessation des activités textiles (Participation à l'augmentation de capital de Comela - Constructions mécaniques de l'Arbresle - délibération CA AMB 25/06/62).

En 1963, il déclare à Genève, à l’occasion d’une conférence des Nations unies : « Permettre aux pays peu développés d’accéder à leur indépendance économique, cela suppose de la part des constructeurs un esprit envisageant sans arrière-pensée d’aboutir un jour à la seule vente de leurs licences, de leurs brevets à des concurrents qu’ils auront eux-mêmes forgés »[14].

Dans cet esprit, il poursuit la conclusion de contrats d’industrialisation, d’assistance technique et de formation avec des pays en voie de développement : la Tunisie, le Sénégal. Les deux plus importants seront signés et mis en œuvre avec la République Populaire de Chine en 1965 et la République Algérienne Démocratique et Populaire en 1970 (Accords conclus le 03/06/1965 avec la République Populaire de Chine - RPC - pour des contrats de transfert de technologie portant sur 4 véhicules Berliet).

Il établira ainsi des relations avec des chefs d’État : Bourguiba, Léopold Sédar Senghor, Mohammed V, Houari Boumédiène, Fidel Castro, Edward Gierek, Deng Xiaoping qui visite Automobiles M. Berliet lors de sa visite à Vénissieux.

En 1967, Paul Berliet signe un accord d’association avec Automobiles Citroën qui appartient au Groupe Michelin. Il conserve sa fonction de président directeur général d’Automobiles M. Berliet et est coopté administrateur de Citroën S.A. (Ratification de la nomination de Paul Berliet c/06/1968 comme administrateur de Citroën SA 27/06/1968).

Années 1970

Au sein du groupe Michelin, l’entrepreneur maintient sa politique d’expansion. En 1967, la production s'Ă©lève Ă  15 240 vĂ©hicules et Ă  24 198 en 1974 (compte rendu annuel d'activitĂ© de chaque exercice). NĂ©gociations avec SONACOME (SociĂ©tĂ© nationale de constructions mĂ©caniques) AlgĂ©rie, en vue de la fourniture d'un complexe de fabrication de VI - AGO AMB 22/05/1970. Accords pour la conception, la construction et la mise en activitĂ© d'un complexe industriel de fabrication d'une gamme de 7 VI - AGO AMB 14/05/1971.

La reprise de l’usine des Pompes Guinard à Saint-Alban-Leysse en (Savoie) est à l’origine de CAMIVA (Constructeurs Associés de Matériels d’Incendie, de Voirie et Aviation)[15].

Un nouveau centre de production est construit à Saint-Priest (Rhône) en 1972. La même année, un accord de transfert de technologie est signé avec la Pologne (signature le 01/08/1972 avec Polmot - Industrie Automobile Polonaise - d'accords de licence et de coopération technique pour la livraison et la fabrication par l'industrie polonaise de 2 types d'autobus Berliet).

En , les pouvoirs publics mettent en œuvre un programme de restructuration de l’industrie automobile française et imposent à Michelin de céder Automobiles M. Berliet à la Régie nationale des usines Renault (RNUR)[16].

Ă€ cette date, les effectifs d’Automobiles M. Berliet dĂ©passent 24 000 personnes et la capacitĂ© de production est de 140 vĂ©hicules par jour. Paul Berliet reçoit le Grand Prix des Oscars 1971 de l' Exportation le 21/10/1971.

Lorsque la RNUR fusionne sa propre filiale poids lourd Saviem avec Berliet qui devient Renault Véhicules Industriels, Paul Berliet en est nommé vice-président (AGO Renault VI 23/07/1979).

La Fondation de l’Automobile Marius Berliet

À la veille de sa retraite, en 1982, il entreprend une nouvelle aventure. Il crée la Fondation de l'Automobile Marius-Berliet, reconnue d’utilité publique, qui a pour objet la sauvegarde et la valorisation du patrimoine automobile de la région Rhône-Alpes et de l’histoire des véhicules industriels de l’ensemble des marques françaises, ceci afin que les jeunes générations puissent connaître le travail de ceux qui les ont précédés et dont ils sont les héritiers.

Le camion Berliet M. 1910 est classé Monument Historique en 1988 en qualité de « représentant de la première génération de camion ».

Fin 2008, il cède la présidence de la Fondation Berliet à son neveu – petit-fils de Marius Berliet – Philippe Brossette, et en est nommé président-fondateur[17].

En 2012, la collection compte 300 vĂ©hicules – dont près de 200 reprĂ©sentant 30 marques sont restaurĂ©s. La plupart de ces pièces sont abritĂ©es dans un Conservatoire – qui n’est pas un musĂ©e – situĂ© au Montellier Ă  une trentaine de kilomètres au nord de Lyon, d'une surface de 7 000 m2 construite en 7 Ă©tapes Ă©talĂ©es sur 30 ans.

Comité France-Chine

Paul Berliet a créé le Comité France-Chine en 1975, l’a présidé et animé jusqu’à fin 1983. Jusqu’à ses derniers moments, les autorités chinoises lui ont toujours témoigné admiration et respect[18] en sa qualité de « vieil ami de la Chine ». Paul Berliet a quitté ses fonctions professionnelles fin 1983. En 1992, il fait partie de la quinzaine de personnalités françaises invitées au 40e anniversaire du CCPIT (China Council for the Promotion of International Trade) ; en 1998, il est l'un des deux Français distingués Membre d'honneur du CCPIT en Chine ; en , l'ambassadeur de la RPC à Paris se fit officiellement représenter aux obsèques du défunt.

Distinctions

Notes et références

  1. Décès de l'industriel Paul Berliet, Le Figaro, 9 août 2012.
  2. La mort de Paul Berliet, Le Point, 9 août 2012.
  3. Automobile : décès de Paul Berliet, Le Figaro, 10 août 2012.
  4. « Le Montellier : le monde industriel en deuil après la mort de Paul Berliet », Journal de la Côtière, no 852,‎ , p. 16.
  5. Note Renault VI: DCPRS ( Direction Centrale du Personnel et des Relations Sociales)- Service Administration Cadres / Octobre 1983
  6. Notes manuscrites P. Berliet ( PB )
  7. Arrêté no 4053 du 5 septembre 1944 du Commissaire de la République de la Région Rhône -Alpes
  8. Nomination du 1er août 1946 par Marcel Paul, Ministre de la Production Industrielle
  9. Décision du Conseil d'État N° 4 162 du 28/12/1949 qui confirme la décision du Conseil d'État du 22 juillet 1949 non appliquée par le Gouvernement
  10. Délibération du Conseil d'Administration (CA) Automobiles M. Berliet (AMB) du 23/03/1954.
  11. Mémoire de maîtrise Nathalie Escot " Berliet Sénanque, mécénat d'entreprise ou œuvre spirituelle ? "sous la direction de Bernard Delpal / 1993
  12. « Usine de construction automobile dite Rochet-Schneider-Zénith, puis Marius Berliet, actuellement Renault Véhicules Industriels », notice no IA69000003, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  13. Émile Parfait (1896-1966) - éléments biographiques .
  14. Conférence de l'organisation des Nations Unies à Genève " Application de la science et de la Technique dans l'intérêt des régions peu développées " rapport de Paul Berliet 11/02/1963
  15. Participation dans le capital de la Société Guinard Incendie AGO AMB 15/05/1971. Changement de raison sociale AGO AMB 18/05/1972.
  16. Cession des actions que CITROEN SA ( filiale Michelin ) détenait dans le capital AMB à la RNUR qui, avec l'appui des Pouvoirs Publics, s'est ainsi assuré le contrôle des 2 constructeurs français de véhicules industriels, cars et bus - Extrait du rapport du CA à l' AGE AMB 24/01/1975.
  17. Délibération CA Fondation de l' Automobile M.Berliet 10/12/2008.
  18. Extrait du registre de condoléances cérémonie du 10 aout 2012.

Voir aussi

Bibliographie

Livres :

  • Angleraud Bernadette &Pellisier Catherine, Les Dynasties lyonnaises du XIe siècle Ă  nos jours, Éditions Perrin, 2003
  • Andrieux Jean-Yves, L’Abbaye de SĂ©nanque – Berliet et l’invention du mĂ©cĂ©nat industriel, Éditions Belin, 2005
  • Kapferer Patricia & Gaston-Breton Tristan, Renault Trucks – une autre idĂ©e du camion, Paris : Le Cherche-Midi, 2005
  • Chapelle Monique, Berliet, Brest : Le TĂ©lĂ©gramme, 2005 – Lyon : Livres EMCC, 2009
  • Pouzet Pierre-Lucien, La Grande Aventure automobile lyonnaise, Chatillon/Chalaronne : La Taillanderie, 2006
  • Bollon-Mourier Monique, Paroles d’un entrepreneur – Paul Berliet, Entretiens avec un constructeur automobile, Neuchatel : Delibreo, 2008

Documentaires :

  • L’Aventure Berliet, Marius, Paul et les camions – mfp en association avec FR3 et FR 5, RĂ©alisateur Saint Jacques Bernard, 2003
  • La Passion Berliet – Viva Cyber, RĂ©alisateur Cohen StĂ©phane, 2005
  • Paul Berliet, tel Père, tel Fils – FR3 RhĂ´ne-Alpes Auvergne, RĂ©alisateur Sulleman Christian, 2008

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Articles connexes

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