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Partition de l'Algérie

La partition de l'AlgĂ©rie Ă©tait proposĂ©e dans des plans de partage de l'AlgĂ©rie française en plusieurs territoires. Faites Ă  partir de dans la classe politique française, ces propositions avaient pour but de mettre fin Ă  la guerre d'AlgĂ©rie en prĂ©servant la souverainetĂ© française sur une partie de l'AlgĂ©rie. Ces plans furent Ă©cartĂ©s, l'ensemble de l'AlgĂ©rie obtenant son indĂ©pendance le Ă  la suite des accords d'Évian.

Population non musulmane en 1954, juste avant la guerre, par département.
  • 0 Ă  2 % → Oasis, Saoura, Batna et Tizi-Ouzou
  • de 2 Ă  5 % → SĂ©tif, Medea et OrlĂ©ansville
  • de 5 Ă  10 % → Constantine, Mostaganem, Tiaret, SaĂŻda et Tlemcen
  • de 10 Ă  30 % → BĂŽne
  • + de 30 % → Oran et Alger

Différents plans

Plan Hersant (1957)

DÚs 1957[1], les députés radicaux Robert Hersant, André Hugues, Pierre Naudet et Jean de Lipkowski affirment[2]:

« La France et les nationalistes doivent, pendant une pĂ©riode indĂ©terminĂ©e, se mesurer dans deux expĂ©riences parallĂšles et pacifiques. La gĂ©ographie et le peuplement assignent Ă  chacun le champ de son expĂ©rience. Les nationalistes devront tenter la leur dans une zone oĂč la population musulmane constitue l’écrasante majoritĂ©. »

Ils proposent la création d'une province française pleinement intégrée à la métropole qui couvrirait l'Algérois et la plus grande partie de l'Oranie, sauf les environs de Tlemcen, à forte majorité musulmane. Les nationalistes algériens obtiendraient deux territoires : une République Autonome de Constantine couvrant le Constantinois et la Kabylie à l'est, et un Territoire Autonome de Tlemcen à l'ouest, plus petit, regroupant le département de Tlemcen et une partie de l'arrondissement d'Aïn Témouchent[2]. Le plan est rapidement rejeté par l'Assemblée, y compris par une partie des radicaux, ainsi que par l'opinion publique[3]. D'aprÚs Alain Peyrefitte, la droite y voit une « trahison à la cause nationale »[4].

En 1960 encore, Michel Debré évoquait cette hypothÚse[5] - [6].

Description

En août 1961, le député UNR Alain Peyrefitte rédige un rapport sur un projet de partition de l'Algérie[7].

En , le maintien de l'Algérie française est de plus en plus compromis politiquement malgré les succÚs militaires obtenus par le plan Challe. Le Premier ministre Michel Debré évoque la partition de l'Algérie, comme dernier recours, dans la déclaration à l'Assemblée nationale du 28 juin 1961[8]. Il argumente sur la « séparation » en s'appuyant sur l'exemple d'autres partitions réussies faisant implicitement référence à Israël.

« S'il devait arriver que toutes les voies raisonnables apparussent comme fermĂ©es il faudrait en tirer la leçon. Sur la carte sont dĂ©jĂ  dessinĂ©es les portions de territoire oĂč l'emporte la population d'origine europĂ©enne. Faute de la coopĂ©ration et de l'association, la sĂ©curitĂ©, non seulement de cette population mais aussi de celle de la population musulmane rĂ©solue Ă  demeurer Ă  nos cĂŽtĂ©s, ne serait alors assurĂ©e que par la sĂ©paration et une organisation autonome, le reste des habitants vivant dĂ©sormais sans que la France ait Ă  y pourvoir. Une telle sĂ©paration ne serait point du tout un phĂ©nomĂšne nouveau dans le monde et notre siĂšcle en donne maints exemples. Il est mĂȘme arrivĂ© que ce soit au bĂ©nĂ©fice de populations de religion musulmane et afin d'Ă©viter qu'elles ne soient livrĂ©es Ă  d'autres en qui elles ne pouvaient se confier, que des divisions gĂ©ographiques ont Ă©tĂ© pratiquĂ©es et ont rĂ©ussi. [
] Le risque de sĂ©cession et de partage n'est pas notre fait. Si tous ceux qui parlent de l'AlgĂ©rie avaient le mĂȘme souci de son avenir que nous-mĂȘmes, et comprenez que rien ne s'Ă©difie sans la fraternitĂ©, alors l'affaire serait gagnĂ©e pour le plus grand bien de tous. »

En aoĂ»t 1961, le dĂ©putĂ© UNR Alain Peyrefitte Ă©met Ă  son tour la proposition d'une partition de l'AlgĂ©rie. Hubert Beuve-MĂ©ry directeur du journal Le Monde publie le projet de Peyrefitte dans quatre Ă©ditions de son journal Ă  la fin septembre 1961. Le prĂ©sident Charles de Gaulle reçoit Alain Peyrefitte Ă  l'ÉlysĂ©e le 19 novembre 1961 et lui commande un rapport sur sa proposition. Peyrefitte Ă©numĂšre quatre points[7] :

« 1. On regroupe entre Alger et Oran tous les Français de souche, avec tous les musulmans qui se sont engagés à nos cÎtés et veulent rester avec nous. 2. On transfÚre dans le reste de l'Algérie tous les musulmans qui préfÚrent vivre dans une Algérie dirigée par le FLN. 3. On garde un libre accÚs au Sahara, qui doit devenir un territoire autonome par rapport aux deux premiers. 4. Tout le reste est négociable. On pourra partager Alger, comme Berlin ou Jérusalem : la Casbah d'un cÎté, Bab El-Oued de l'autre, une ligne de démarcation au milieu. »

Dans Faut-il partager l'Algérie (1962), il détaillera six variantes de son plan de partage. Il le juge « d'inspiration beaucoup plus libérale » que le plan de 1957[4].

RĂ©actions

Rencontre entre De Gaulle et Ben Gourion au palais de l'ÉlysĂ©e en 1960

Les annonces de Paris ont des rĂ©percussions en AlgĂ©rie, le FLN hostile Ă  l'idĂ©e de partition organise une manifestation le 5 juillet 1961[9]. De mĂȘme, le Rassemblement dĂ©mocratique algĂ©rien manifeste son opposition[10] ainsi que le Maroc[11].

Le président Charles de Gaulle répond au rapport de Peyrefitte[7], révélant ainsi une partie du contenu de son entretien avec Ben Gourion premier ministre d'Israël le 5 juin 1961[12] :

« En somme, vous voulez faire un IsraĂ«l français. C'est ce Ă  quoi voulait me pousser Ben Gourion, quand il est venu me voir. Mais il m'avait bien averti : « Ça ne marchera que si vous envoyez en masse d'autres colons français, s'ils s'installent dĂ©finitivement, et s'ils s'engagent comme soldats pour combattre. » Vous imaginez ça ! Les pieds-noirs veulent que notre armĂ©e les dĂ©fende, mais ils n'ont jamais Ă©prouvĂ© le besoin de se dĂ©fendre eux-mĂȘmes ! Vous les voyez se poster Ă  leurs frontiĂšres pour prendre la relĂšve de l'armĂ©e française ? »

Il met fin Ă  la conversation en rejetant dĂ©finitivement la proposition, marquant par la mĂȘme occasion son rejet de perpĂ©tuer l'Empire colonial français et son projet de rapatriement des colons europĂ©ens[7] :

« Si nous suivons votre solution, nous dresserons la Terre entiĂšre contre nous. Le tiers-monde va se solidariser avec les Arabes. Nous aurons crĂ©Ă© un nouvel IsraĂ«l. Tous les cƓurs, dans le monde arabe, en Asie, en AmĂ©rique latine, battront Ă  l'unisson des AlgĂ©riens. Les Juifs ont une bonne raison : c'est sur cette terre qu'ils ont eu leurs racines, bien avant les Arabes ; et ils n'ont pas d'autre foyer national. En AlgĂ©rie, les Arabes ont l'antĂ©rioritĂ© ; tout ce que nous avons fait porte la tache ineffaçable du rĂ©gime colonial ; le foyer national des Français d'AlgĂ©rie, c'est la France. »

Des responsables nationalistes de l'OAS souhaitent négocier avec de Gaulle les modalités de la partition de l'Algérie, mais l'état-major de l'OAS refuse et fait exécuter deux chefs partitionnistes ; ce qui met fin au débat idéologique au sein de l'organisation[13].

Bilan

Pour Maurice Allais, si la solution de la partition, dont on a souvent dressé des « images caricaturales », a rencontré peu de faveur, c'est pour la seule raison qu'elle a été farouchement rejetée par les extrémistes des deux camps. Selon lui, cette partition était « cependant la seule solution raisonnable[14]. »

Annexe

Articles connexes

Notes et références

  1. (en) Samia Henni, Architecture of Counterrevolution: The French Army in Algeria, 1954–1962, , p. 378-383, thùse de doctorat.
  2. Kamel-Eddine Benhamouda, « La question du partage de l’AlgĂ©rie pendant la guerre d’indĂ©pendance », El Watan, .
  3. « LE "PLAN HERSANT" LE MOINS MAUVAIS POSSIBLE », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  4. Alain Peyrefitte, Faut-il partage l'Algérie, , cité dans Henni 2016.
  5. Alain Jacob, « Le partage de l'Algérie est-il possible ? », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  6. « LE SEUL CHOIX : SYSTÈME FÉDÉRAL OU PARTITION », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  7. Alain Peyrefitte, C'Ă©tait de Gaulle, Quarto Gallimard, 2002.
  8. Vidéo INA - Discours de Debré à l'Assemblée Nationale, vidéo Histoire et conflits Décolonisation - Archives vidéos Histoire et conflits Décolonisation : INA.
  9. « Le F.L.N. poursuit une double offensive contre le partage et pour le Sahara algĂ©rien ‱ Manifestations le 5 juillet en AlgĂ©rie ‱ DĂ©marches Ă  Tunis, Rabat et Bamako », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  10. « Le Rassemblement dĂ©mocratique algĂ©rien se prononce contre la partition », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  11. « Le Maroc interviendrait militairement contre toute tentative de partition en AlgĂ©rie dĂ©clare M. Ahmed Alaoui », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  12. Arrivée de monsieur Ben Gourion à Orly, vidéo d'actualités, INA.
  13. RĂ©my Kaufer, Histoire de l’OAS, . Inteview de l'auteur.
  14. Maurice Allais, L'Algérie d'Evian (1962), Jeune Pied-Noir, 1999, p. 104.
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