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Parti communiste de Turquie (1920)

Le Parti communiste de Turquie (en turc : Türkiye Komünist Fırkası ou Türkiye Komünist Partisi, abrégé TKP, parfois dénommé Tarihsel TKP ou Tarihî TKP pour le distinguer du parti homonyme créé par les autorités kémalistes) est un parti politique ottoman puis turc fondé en 1920.

Parti communiste de Turquie
(tr) TĂĽrkiye KomĂĽnist Partisi
Présentation
Leader Mustafa Suphi
Fondation
Disparition 1988
Fusionné dans Parti de l'union communiste de Turquie
SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Ethem Nejat (en)
Organisation de jeunesse Association progressiste des jeunes (en)
Positionnement ExtrĂŞme gauche
Idéologie Communisme
Couleurs Rouge

La figure de Mustafa Suphi

Mustafa Suphi nait en 1883. Fils d'un haut fonctionnaire ottoman, il connait une enfance vagabonde. Il étudie à Paris après la Révolution Jeune Turque, et est proche des milieux unionistes (c'est-à-dire des Comités Union et Progrès). Il soutient en 1910 une thèse sur l'organisation du crédit agricole turc. Il retourne en Turquie à la fin de 1920, où il enseigne et publie des articles. Il se montre très anticolonialiste à partir de la guerre italo-turque de 1911. En 1912, il entre dans le Parti constitutionnel national, parti d'idéologie panturquiste. Celui-ci subit la répression après l'assassinat du premier ministre Mahmoud Chekvet, et Mustafa Suphi part en exil en Russie. Il y est emprisonné au début de la Première Guerre mondiale par le gouvernement tsariste. On ne connaît pas exactement la raison de son passage au bolchevisme. Il est employé à partir de par le Commissariat central musulman en Russie soviétique sous la direction de Mulla-Nur Vahitov et Sultan Galiev[1].

Les premiers groupes russo-turcs et la formation du parti

Les groupes communistes turcs se consolident durant la guerre civile russe sur la base d'unitĂ©s de propagande spĂ©ciale, agissant notamment parmi les peuples musulmans et turcophones de l'ancien empire tsariste, en CrimĂ©e et en Asie centrale. Leur organe de presse Ă©tait le journal Yeni DĂĽnya (Monde Nouveau en français). Son premier numĂ©ro parait le . RĂ©digĂ© en turc osmanli, il est destinĂ© en premier lieu aux prisonniers de guerre ottomans et hypothĂ©tiquement Ă  cette Ă©poque aux « masses laborieuses Â» de Turquie[1]. Son style très virulent contre les unionistes turcs mirent en avant Suphi, qui fut portĂ© Ă  la tĂŞte d'un comitĂ© de propagande chargĂ© de diffuser des textes marxistes chez les turcophones, les arabophones et les persanophones[1]. Dans le mĂŞme temps, la rĂ©union des militants communistes turcs est lancĂ©e. Du 17 au , ces militants se rĂ©unissent Ă  Kazan et dĂ©cident de rĂ©unir une confĂ©rence un peu plus tard Ă  Moscou. Le Ă  Moscou, 20 dĂ©lĂ©guĂ©s sont prĂ©sents pour la ConfĂ©rence des socialistes-communistes turcs. Cette confĂ©rence dĂ©cide de former un parti socialiste-communiste turc avec un comitĂ© central de cinq membres, et de la rĂ©union d'une autre confĂ©rence, qui n'aura jamais lieu. Ce parti existait surtout sur le papier, sa plus puissante section, celle de Kazan, comptant 40 membres[1].

Les cellules communistes turques étaient alors soit au sein du Parti socialiste des travailleurs et des paysans de Turquie, basé à Istanbul, soit dans l'armée verte, soit en Russie soviétique.

Ă€ partir du dĂ©but de l'annĂ©e 1920, ces groupes se rassemblent Ă  Bakou et Ă  Tachkent en OuzbĂ©kistan, et commencent Ă  organiser la propagande en Anatolie via des rĂ©seaux maritimes ou terrestre[1]. L'organisation russe, embryonnaire (environ 200 membres), dispose d'une section de propagande, d'un service secret et mĂŞme de brigades de volontaires armĂ©es[1]. Un congrès rassemblant toutes les cellules en Russie et Turquie est ouvert le . Rassemblant 74 dĂ©lĂ©guĂ©s, le congrès Ă©lit un comitĂ© central comportant notamment Mustapha Suphi comme prĂ©sident, Ethem Nejat comme secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, Hilmioglu Hakki, SĂĽleyman Nuri[1]. L'« Appel aux travailleurs de Turquie » fut diffusĂ© Ă  la suite de ce congrès. Il contient un programme plutĂ´t modĂ©rĂ©, n'impliquant pas de bouleversement social très important, mais une sĂ©rie de mesures sociale progressiste[1].

En Turquie, pour contrer l'influence naissante des communistes, Mustapha Kemal met en place en un parti communiste « officiel Â», infĂ©odĂ© Ă  son gouvernement, et que plusieurs de ses amis dirigent. En rĂ©action, dès , le Parti communiste populaire de Turquie est fondĂ© pour agir en Anatolie. MĂŞme s'il reste techniquement indĂ©pendant du TKP de Bakou, plusieurs des membres de ce dernier sont Ă  des postes dirigeants. Son principal dirigeant est Salih HacıoÄźlu.

Mustapha Suphi et quinze de ses camarades choisirent de rentrer en Turquie au dĂ©but de 1921. Les kemalistes sont très hostiles Ă  leur retour, et organisent une sĂ©rie de protestations contre eux. ArrivĂ© Ă  TrĂ©bizonde, ils s'embarquent sur une chaloupe Ă  moteur avec l'espoir de se rendre Ă  Istanbul. Les faits sont peu clairs ensuite, assassinat ou accident, mais les quinze militants meurent durant le voyage[1]. Cette mort coĂŻncide avec une vague d'arrestation de membres du parti et du PCPT en Turquie mĂŞme, Ă  Ankara et Eskisehir, ce qui porte un coup d'arrĂŞt Ă  leur dĂ©veloppement, 200 militants sont arrĂŞtĂ©s ainsi que Salih HacıoÄźlu, condamnĂ© Ă  quinze ans de prison[1]. Seule l'organisation d'Istanbul survĂ©cut, autour de Ĺžefik HĂĽsnĂĽ, de sa revue ClartĂ© (Aydinlik) et du parti socialiste des travailleurs et des paysans de Turquie[1].

Le second congrès

En , les dirigeants du PCPT furent amnistiĂ©s et le parti Ă  nouveau autorisĂ©. L'organisation de Bakou avait intĂ©grĂ© depuis la mort de Suphi ses rangs. Le parti Ă©tait très liĂ© avec le Komintern, qui lui demandait de soutenir le gouvernement d'Ankara au nom de l'anti-impĂ©rialisme. Affirmant que le premier congrès du parti s'Ă©tait tenu Ă  Bakou en , le PCPT rĂ©unit le second congrès en . Salih HacıoÄźlu fut Ă©lu comme secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral d'un parti qui comptait 300 membres. Le gouvernement turc choisit de rĂ©primer une nouvelle fois le PCPT Ă  la fin de l'annĂ©e 1922, en interdisant son journal et en emprisonnant ses dirigeants.

Il fut décidé lors du IVe Congrès du Komintern de constituer un parti communiste unifié en Turquie, par la fusion du Parti communiste des peuples de Turquie, du Parti socialiste des travailleurs et des paysans de Turquie, du « Syndicat international des travailleurs » (organisation syndicale issue de la Maison du Travail. Dirigée par Maximos, elle regroupait surtout des travailleurs grecs, arméniens et juifs d'Istanbul ; son journal était rédigé en grec) ainsi que d’un groupe arménien existant dans cette ville. Un bureau organisationnel composé de représentants des divers groupes fut installé à Istanbul pour mener à bien la fusion.

Mais entre la fin 1922 et le dĂ©but de 1923, la rĂ©pression avait rĂ©ussi Ă  dĂ©manteler les organisations du PCPT Ă  Ankara et d'autres villes d’Anatolie. En , Salih Hacioglu fut arrĂŞtĂ© Ă  Istanbul ; en mai, ce fut le tour des autres dirigeants du PSOP (certains, comme Maximos, rĂ©ussirent Ă  fuir Ă  l’étranger) : leur procès se solda par leur acquittement, les accusĂ©s ayant arguĂ© avec succès qu'ils n'avaient jamais enfreint la lĂ©galitĂ© et que les travailleurs n'Ă©taient pas « organisĂ©s pour la rĂ©volution sociale ». MalgrĂ© cette rĂ©pression qui lui fit perdre de nombreux militants, le Parti communiste turc rĂ©ussit Ă  maintenir ou Ă  reprendre son activitĂ©, en profitant en particulier de la vague de grèves de l'automne 1923 oĂą participèrent 15 000 ouvriers[2].

Personnalités membres du Parti communiste de Turquie

Références

Liens externes

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