Papel Prensa
Papel Prensa est une entreprise de papeterie argentine crĂ©Ă©e en 1972, qui dispose aujourd'hui d'un monopole de fait dans le pays. Elle appartient Ă 49 % au groupe ClarĂn, le restant des actions Ă©tant partagĂ©es entre La NaciĂłn et l'État argentin. Appartenant Ă l'origine au banquier David Graiver, l'entreprise fut vendue dans des circonstances frauduleuses après le coup d'État de mars 1976.
Historique
L'entreprise trouve ses origines dans le projet du gĂ©nĂ©ral Juan Carlos OnganĂa, alors Ă la tĂŞte de la dictature de la RĂ©volution argentine, de crĂ©er une entreprise de papeterie argentine en taxant, Ă partir de 1969, les importations de papier. Après le retour de la dĂ©mocratie avec les Ă©lections de 1973, le ministre de l'Économie JosĂ© Ber Gelbard soutint la vente de l'entreprise au banquier David Graiver, ex-ministre du gĂ©nĂ©ral Lanusse, et haĂŻ des groupes antisĂ©mites (notamment de la revue Cabildo qui le comparait Ă Dreyfus).
Après le coup d'État de mars 1976, David Graiver trouva la mort dans un mystĂ©rieux accident d'avion, au Mexique, en . On l'accusa d'ĂŞtre le banquier des Montoneros. La dictature militaire contraignit ensuite les hĂ©ritiers de Graiver Ă vendre l'entreprise aux journaux ClarĂn, La NaciĂłn et La RazĂłn (qui a fait faillite en 2000), pour un prix dĂ©risoire (seuls 7 000 dollars furent payĂ©s) [1]. Lidia Papaleo de Graiver, la veuve de David Graiver, fut sĂ©questrĂ©e et torturĂ©e par la dictature le , peu de temps après la vente forcĂ©e de Papel Prensa [2]. La dictature dĂ©clara par la suite la production, distribution et commercialisation de papier pour la presse un service d'intĂ©rĂŞt public[1].
Transition démocratique
En 2010, la présidente Cristina Kirchner (PJ-Front pour la victoire) a fait rédiger un rapport sur les circonstances de la vente de Papel Prensa, avant de promulguer le décret no 1210/2010 visant à poursuivre toute personne pouvant avoir été liée à la vente forcée de la papeterie. Le prêtre Christian von Wernich avait déjà été condamné pour la séquestration et la torture d'Osvaldo Papaleo et d'Isidoro Graiver, le frère de David Graiver[3].
Selon le décret, le rapport, rédigé sous la direction de Guillermo Moreno (en), « démontre que l'achat-vente des actions fut, en réalité, un acte illicite prenant la forme alléguée d'un contrat, obtenu à travers l'usage irrésistible de la violence exercé par l'appareil d'État sous le mode du "terrorisme d'État"[3]. »
Le radical Ricardo AlfonsĂn tout comme le socialiste Hermes Binner ont soutenu la dĂ©cision de la prĂ©sidente de prĂ©senter le rapport devant la justice[4].
Références
- Sebastián Premici, Negocios y dictadura: testimonios y documentos, Página/12, 27 août 2010
- El testimonio de la venta y el secuestro, Página/12, 27 août 2010
- Nicolás Lantos, Con instrucciones para denunciar, Página/12, 1er septembre 2010
- Papel Prensa SA : La justice tarde mais parfois arrive en Argentine, El Correo, 26 août 2010