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Otto PĂ©rez Molina

Otto PĂ©rez Molina, nĂ© le Ă  Guatemala, est un gĂ©nĂ©ral et homme d'État guatĂ©maltĂšque.

Otto PĂ©rez Molina
Illustration.
Otto PĂ©rez Molina en 2013.
Fonctions
Président de la République du Guatemala
–
(3 ans, 7 mois et 20 jours)
Élection 6 novembre 2011
Vice-président Roxana Baldetti
Alejandro Maldonado
Prédécesseur Álvaro Colom
Successeur Alejandro Maldonado
Biographie
Nom de naissance Otto PĂ©rez Molina
Date de naissance
Lieu de naissance Guatemala (Guatemala)
Nationalité guatémaltÚque
Parti politique Parti patriote
DiplĂŽmĂ© de École militaire des AmĂ©riques
Profession Militaire

Otto PĂ©rez Molina
Présidents de la République du Guatemala

Général pendant le conflit armé guatémaltÚque, il est accusé de crimes de guerre et d'assassinats, notamment contre les populations indigÚnes.

Il est prĂ©sident de la RĂ©publique du au , date de sa dĂ©mission Ă  la suite d'un scandale de corruption, l'affaire La Linea. Il est incarcĂ©rĂ© depuis le . Le mĂȘme jour, le vice-prĂ©sident Alejandro Maldonado Aguirre lui succĂšde jusqu'au terme de son mandat.

Il est condamnĂ© en dĂ©cembre 2022 Ă  16 ans de prison. Selon l’enquĂȘte, quelque 3,5 millions de dollars de pots-de-vin ont Ă©tĂ© versĂ©s tandis que le montant dĂ©tournĂ© par le biais de la fraude fiscale a atteint prĂšs de 10 millions de dollars entre 2013 Ă  2015.

Biographie

CarriĂšre militaire

Otto PĂ©rez Molina suit l'enseignement militaire de l'École polytechnique guatĂ©maltĂšque et de l'École militaire des AmĂ©riques[1] Ă  partir de 1966. Sa formation comprend Ă©galement le cursus d'Ă©tudes de dĂ©fense continentale du CollĂšge interamĂ©ricain de dĂ©fense[2] de Fort McNair Ă  Washington, D.C., le programme de haute gestion de l'INCAE, Ă©cole de commerce d'Harvard au Costa Rica et une maĂźtrise de sciences politiques de l'universitĂ© Francisco-Marroquin du Guatemala.

D'aprĂšs les archives National Security Agency (NSA), il serait depuis sa formation militaire Ă  l'École polytechnique membre d'une organisation accusĂ©e d’activitĂ©s criminelles de contrebande et de diffĂ©rents trafics. Plusieurs autres officiers servant Ă  ses cĂŽtĂ©s, dont certains le suivront dans sa carriĂšre politique, auraient aussi Ă©tĂ© membres de l'organisation[3].

Il participe aux campagnes militaires menĂ©es, en 1982, dans la zone de l’Ixil, l’une des plus touchĂ©es par la rĂ©pression et oĂč de nombreux villages sont rasĂ©s par l'armĂ©e[3]. Il est le directeur du G-2, le service guatĂ©maltĂšque de Renseignement militaire. En 1983, il est membre du groupe d'officiers qui soutient le coup d'État d'Óscar MejĂ­a, ministre de la DĂ©fense, contre le dictateur EfraĂ­n RĂ­os Montt.

En 1993, il joue un rĂŽle dans la sortie forcĂ©e du prĂ©sident Jorge Serrano ElĂ­as aprĂšs la tentative d'auto-coup d'État de ce dernier. Il devient peu aprĂšs chef de l'Ă©tat-major du nouveau prĂ©sident guatĂ©maltĂšque, Ramiro de LeĂłn Carpio, et le demeure jusqu'en 1995. En 1996, pendant la prĂ©sidence d'Álvaro ArzĂș Irigoyen, Otto PĂ©rez Molina reprĂ©sente l'armĂ©e guatĂ©maltĂšque lors de la signature des accords de paix.

Il prend sa retraite militaire en .

Plainte pour violations des droits de l'homme

Le , trois militants des États-Unis et l'organisation indigĂšne Waqib Kej prĂ©sentent Ă  Juan MĂ©ndez, le rapporteur spĂ©cial des Nations unies contre la torture, une « lettre d'allĂ©gation ». Dans celle-ci, ils affirment que PĂ©rez a Ă©tĂ© impliquĂ© dans la pratique systĂ©matique de la torture et les actes de gĂ©nocide pendant le conflit interne du Guatemala entre 1960 et 1996[4] - [5] - [6].

Les militants précisent que les crimes auraient été commis en 1982, alors que Pérez était responsable de casernes militaires dans le triangle Ixil, dans la province Quiché, une des plus affectée pendant la guerre civile. De plus, ils soulignent que Pérez pourrait avoir été responsable de la torture et de la disparition du guérillero Efraín Bamaca, le mari de Harbury, une des militantes.

Le journaliste Francisco Goldman l'accuse par ailleurs d’ĂȘtre impliquĂ© dans l'assassinat de l’évĂȘque Juan Gerardi[7].

CarriĂšre politique

Le , Otto PĂ©rez Molina fonde le Parti patriote, qui, lors des Ă©lections de 2003, rejoint la Grande Alliance nationale, ce qui lui permet d'ĂȘtre Ă©lu dĂ©putĂ© au CongrĂšs.

Candidature en 2007

En , Otto Pérez Molina participe aux élections comme candidat à la présidence de la République avec le Parti patriote. Selon des documents ultérieurement divulgués par Wikileaks, il reçoit pour sa campagne des financements des grandes familles de l'oligarchie nationale[8]. Il obtient 23,51 % des suffrages et se place en seconde position derriÚre Álvaro Colom Caballeros qui atteint 28,23 %. Au second tour, Álvaro Colom l'emporte avec 52 % des voix[9].

Élection en 2011

Otto PĂ©rez Molina est candidat Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2011, soutenu Ă  nouveau par le Parti patriote. Sa colistiĂšre est Roxana Baldetti. Selon le site El Observador, il fait figure de « candidat prĂ©fĂ©rĂ© de l’oligarchie »[3].

Le , il arrive en tĂȘte du premier tour avec 36,01 % des voix, devançant Manuel Baldizon, Ă©galement issu de la droite, qui obtient 23,20 % des voix[10]. Le , il remporte le second tour avec 53,76 % des suffrages exprimĂ©s contre 46,24 % pour son rival Manuel Baldizon[11].

Président de la République

Otto PĂ©rez Molina entre en fonction le . Le suivant, dans le quotidien britannique The Guardian, il lance un appel Ă  la dĂ©pĂ©nalisation et Ă  la rĂ©gulation du marchĂ© des drogues actuellement illicites, Ă  l'image de ce qui se fait dĂ©jĂ  pour l'alcool et le tabac. La rĂ©flexion internationale qu'il appelle de ses vƓux serait motivĂ©e par l'Ă©chec des politiques actuelles de rĂ©pression, qui ont pour consĂ©quence en particulier la violence observĂ©e en AmĂ©rique centrale[12] - [13].

Son mandat est marqué par le procÚs pour génocide de l'ancien président Efraín Ríos Montt, auprÚs duquel il a servi dans l'armée au cours de la guerre civile.

Accusations de corruption et démission

La derniĂšre annĂ©e de son mandat est aussi celle de la mise Ă  jour d'un vaste rĂ©seau de fraude sur les revenus douaniers, connue sous le nom d'affaire La LĂ­nea. Otto PĂ©rez Molina est accusĂ© d'ĂȘtre Ă  la tĂȘte de ce rĂ©seau de corruption, avec sa vice-prĂ©sidente Roxana Baldetti, disposant de ramifications dans les hautes sphĂšres de l'appareil d’État. Mis en cause par le ministĂšre public et la Commission internationale contre l'impunitĂ© au Guatemala (CICIG), organisme de l'ONU, il est le premier prĂ©sident guatĂ©maltĂšque Ă  voir son immunitĂ© parlementaire levĂ©e le [14]. Alors que le parquet comptait demander la fin de ses fonctions[15], le prĂ©sident annonce sa dĂ©mission dans la nuit suivante[16], quatre mois avant la fin de son mandat, en .

Otto Pérez Molina est placé en détention provisoire dÚs le lendemain dans l'attente de son éventuel procÚs[17] - [18]. Les poursuites pénales sont lancées le : il est accusé d'association de malfaiteurs, de fraude douaniÚre et de corruption passive et est maintenu en détention préventive[19].

Plusieurs de ses ministres sont aussi en prison pour diffĂ©rentes affaires de corruption[20]. L'ex-vice-prĂ©sidente Roxana Baldetti est en prison pour sa participation au rĂ©seau La Linea, mais est aussi accusĂ©e de trafic de drogue. L'ex-ministre de l'IntĂ©rieur Mauricio Lopez est lui aussi accusĂ© de trafic de drogue et devrait faire l'objet d'une demande d'extradition des États-Unis, tout en Ă©tant actuellement dĂ©tenu au Guatemala pour dĂ©tournement de fonds[21]. Le vice-ministre de l'IntĂ©rieur et le directeur gĂ©nĂ©ral de la police ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s pour des ventes frauduleuses de vĂ©hicules blindĂ©s qui leur ont rapportĂ© quatre millions de dollars[20].

Le réseau d'entreprises finançant le Parti patriote a accaparé 450 marchés publics et a déterminé les priorités de plusieurs grandes administrations (tels les ministÚres des Communications, des Infrastructures et du Logement). Il a ainsi pu mettre en place les programmes et échéances financiÚres qui permettaient d'optimiser la distribution d'argent public aux entreprises qui lui étaient associées.

Une nouvelle enquĂȘte est ouverte en 2016 : « Nous en avons dĂ©duit qu'il ne s'agissait plus tant d'un gouvernement dont les membres commettaient des actes isolĂ©s de corruption que d'une structure criminelle mafieuse qui avait acquis le contrĂŽle de l’État par la voie des urnes (...) et dont les principaux dirigeants Ă©taient Otto PĂ©rez Molina et Roxana Baldetti », annonce la CICIG[22].

Il est condamnĂ© en dĂ©cembre 2022 Ă  16 ans de prison. Selon l’enquĂȘte, quelque 3,5 millions de dollars de pots-de-vin ont Ă©tĂ© versĂ©s tandis que le montant dĂ©tournĂ© par le biais de la fraude fiscale a atteint prĂšs de 10 millions de dollars entre 2013 Ă  2015[23].

Notes et références

  1. (es) « Notorious Guatemalan School of the Americas Graduates » (consulté le )
  2. (es) « Otto Pérez Molina, el general retirado que apuesta por "mano dura" para resolver los problemas », sur europapress.es
  3. « Guatemala, le pays oĂč la droite est reine », (consultĂ© le )
  4. (es) « Denuncian al candidato Pérez Molina por genocidio y tortura de indígenas en Guatemala », sur Yahoo, (consulté le )
  5. (es) « Denuncia de Tortura con el Relator », sur Hablaguate (consulté le )
  6. (es) « De ésos, ¥líbranos! », (consulté le )
  7. « Nexos entre PĂ©rez Molina y el asesinato del obispo Gerardi », LARED21,‎ (lire en ligne)
  8. « Guatemala, le pays oĂč la droite est reine », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  9. (en) « Guatemala heads for run-off vote », sur BBC (Royaume-Uni), (consulté le )
  10. (es) Tribunal Supremo Electoral - Resultados Primera Vuelta
  11. (es) Tribunal Supremo Electoral - Resultados Elecciones Generales
  12. Le président du Guatemala veut légaliser toutes les drogues, Le Monde avec AFP, 8 avril 2012.
  13. (en) Otto PĂ©rez Molina, We have to find new solutions to Latin America's drugs nightmare, The Guardian, 7 avril 2012.
  14. (es) « Pérez Molina queda sin inmunidad », sur Prensa Libre (consulté le )
  15. (es) « Fiscalía pedirå cese de funciones de Pérez Molina, Prensa Libre », sur Prensa Libre (consulté le )
  16. (es) « URGENTE: Dimite Otto Pérez Molina, el presidente de Guatemala », sur Soy502, (consulté le )
  17. (es) « En Directo | Pérez Molina, en el banquillo de los acusados » (consulté le )
  18. « Guatemala : Alejandro Maldonado nouveau président, Pérez en détention provisoire », sur Liberation (consulté le )
  19. (es) Sara Melini, « En Directo : PĂ©rez Molina ligado a proceso penal por caso La LĂ­nea », Prensa libre,‎
  20. (es) « Guatemala: nuevas capturas por casos de corrupciĂłn », teleSUR,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  21. « Guatemala: l'ex-vice-prĂ©sidente accusĂ©e de trafic de drogue », AFP,‎ (lire en ligne)
  22. ClĂ©ment Detry, « Quand le Guatemala organise l’impunitĂ© »,
  23. « Au Guatemala, l’ancien prĂ©sident Otto Perez condamnĂ© Ă  seize ans de prison », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes


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