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Omega Speedmaster

La Speedmaster est un modĂšle de chronographe de la marque horlogĂšre suisse Omega. Elle est connue pour avoir Ă©tĂ© la seule montre officiellement portĂ©e sur la Lune. Elle est aussi la seule montre Ă  ĂȘtre approuvĂ©e pour la totalitĂ© des vols habitĂ©s de la NASA[1]. La Speedmaster fait encore partie de toutes les missions habitĂ©es programmĂ©es par la NASA.

Omega Speedmaster
Image illustrative de l’article Omega Speedmaster
Omega Speedmaster Professional Ref. 145.012

Manufacture Omega
Autre nom Moonwatch
DĂ©but production 1957
Mouvement Calibre Omega 321, 861, 1861 et autres

Histoire

Origine

Vintage Omega Speedmaster 145.012-67.

Le nom de Speedmaster vient de la lunette Ă  Ă©chelle tachymĂ©trique du chronographe. La marque hĂ©sitait entre Chronomaster, Flightmaster, Speedmaster. La premiĂšre version du Speedmaster apparut en 1957, elle faisait partie d'un trio de nouveautĂ©s partageant un peu la mĂȘme esthĂ©tique et la mĂȘme technicitĂ© : Seamaster (sportive et Ă©tanche) et Railmaster (antimagnĂ©tique). Elle reposait sur le calibre 321 dĂ©veloppĂ© en 1941 par Lemania (rachetĂ©e sous le nom de « Nouvelle Lemania » par le groupe Swatch en 1999[2]) Depuis son lancement, ce produit phare d'Omega a continuĂ© Ă  ĂȘtre fabriquĂ© sans discontinuitĂ©. En 2007, la marque a ainsi fĂȘtĂ© le cinquantenaire du fameux chronographe en mettant plusieurs modĂšles en sĂ©ries limitĂ©es sur le marchĂ©.

Objectif Lune

Buzz Aldrin avec sa Speedmaster lors de la mission Apollo 11
Speedmaster au bras gauche d'Alan Bean.

DĂšs la fin des annĂ©es 1950, la conquĂȘte spatiale et la course que s'y livraient AmĂ©ricains et SoviĂ©tiques Ă©taient devenues un centre d'intĂ©rĂȘt mondial. Les premiers astronautes, qui demeuraient enfermĂ©s dans leur capsule (programme Mercury) utilisaient des montres courantes qui n'avaient pas Ă  rĂ©pondre Ă  des exigences particuliĂšres.

Mais avec le programme Gemini, les astronautes étaient appelés à sortir de la capsule et il leur fallait un garde-temps autonome et capable de résister aux conditions spatiales.

En 1962, la NASA a commencĂ© Ă  tester des montres pouvant rĂ©sister Ă  des conditions extrĂȘmes. Les tests Ă©taient les suivants[1] :

  • Hautes tempĂ©ratures : 48 heures Ă  71 °C suivi de 30 minutes Ă  93 °C.
  • Basses tempĂ©ratures : 4 heures Ă  −18 °C.
  • Cycles de tempĂ©rature dans le vide : 15 cycles rĂ©chauffement Ă  71 °C pendant 45 minutes, suivi d'un refroidissement Ă  −18 °C pendant 45 minutes Ă  10−6 atm.
  • HumiditĂ© : 250 heures Ă  des tempĂ©ratures entre 20 °C et 71 °C Ă  une humiditĂ© relative de 95%.
  • Environnement riche en oxygĂšne : 48 heures Ă  100% oxygĂšne Ă  0,35 atm et 71 °C.
  • Chocs : 6 chocs Ă  40 g sur une durĂ©e de 11 ms dans diffĂ©rentes directions.
  • AccĂ©lĂ©ration linĂ©aire : de 1 Ă  7.25 g en 333 secondes.
  • Vide : 90 minutes Ă  10−6 atm et 71 °C suivi de 30 minutes Ă  93 °C.
  • Haute pression : 1,6 atm pendant une heure.
  • Vibrations : 3 cycles de 30 minutes avec des vibrations variant de 5 Ă  2 000 Hz avec une accĂ©lĂ©ration minimale de 8,8 g.
  • Vibrations acoustiques : 30 minutes Ă  130 dB avec des sons de 40 Ă  10,000 Hz.

Plusieurs montres des marques les plus réputées s'affrontÚrent. Finalement, seul le chronographe Speedmaster d'Omega passa l'ensemble des épreuves. Selon Alan A. Nelson[3] qui a produit une étude qui fait autorité sur l'usage spatial du Speedmaster, la montre retenue par la NASA pour ses tests était un modÚle du commerce, acheté dans un magasin de Houston au Texas.

En 1965, le Speedmaster fut choisi pour faire partie de l'Ă©quipement standard des missions humaines du programme Gemini. En fait, chaque astronaute portait deux Speedmaster pour « faciliter l'exĂ©cution de ses diffĂ©rentes tĂąches ». Vu ses performances, Omega fut de nouveau sĂ©lectionnĂ©e pour le programme Apollo. Mais cette fois, il y eut de trĂšs grosses pressions des industriels et de l'armĂ©e amĂ©ricaine en vue de favoriser un produit national. En particulier, la firme Bulova exerça un lobbying important (le SĂ©nat y consacra plusieurs sĂ©ances de commission) pour ĂȘtre prĂ©fĂ©rĂ©e. Mais finalement, ce fut la firme suisse qui s'imposa malgrĂ© tout.

Son premier vol officiel a eu lieu dans le cadre de la mission Gemini 3 en (cependant elle a déjà été emportée auparavant à deux reprises lors du programme Mercury)[4].

Le , lors de la mission Apollo 11, le Speedmaster fut ainsi le premier garde-temps portĂ© sur la Lune par Buzz Aldrin, le deuxiĂšme ĂȘtre humain Ă  y avoir posĂ© le pied. Neil Armstrong avait dĂ» laisser le sien Ă  bord du module lunaire en raison d'une panne de l'ordinateur de bord. Le Speedmaster d'Armstrong est conservĂ© dans les coffres de la Nasa. Par contre, Aldrin s'est fait voler le sien et personne n'en a jamais trouvĂ© la moindre trace[5]. Les rĂ©fĂ©rences exactes des Speedmaster portĂ©es par Aldrin et Armstrong sont dĂ©sormais connues, Ă  la suite du travail conjoint entre le MusĂ©e Omega et la NASA. Armstrong comme Aldrin se sont vu remettre chacun une Omega Speedmaster Professional ST105.012[6]. En Suisse, dĂšs le matin du , Omega cĂ©lĂšbre l'Ă©vĂ©nement en dĂ©clenchant une campagne publicitaire d'envergure (dĂ©coration de vitrines, slogan « Omega Speedmaster, la montre portĂ©e par les astronautes amĂ©ricains sur la Lune[7] »).

Lors de la mission Apollo 13, à la suite d'une panne à bord du vaisseau spatial, la Speedmaster a également joué un rÎle crucial, en permettant de chronométrer le temps exact (14 secondes) d'allumage des fusées de la capsule, afin de pouvoir rentrer dans l'atmosphÚre sans gaspiller l'énergie qui était à son niveau le plus juste. Les instruments électriques n'étant plus opérationnels, la Speedmaster a ainsi sauvé la vie des astronautes et reçu la plus haute distinction remise à un fournisseur externe de la NASA : la Silver Snoopy Award (en)[8] - [9].

En l'Américain Tom Stafford et le Soviétique Alexeï Leonov portent tous les deux une Speedmaster lors de leur rencontre lors de la mission Apollo-Soyouz[4].

Le marketing de la firme utilise cette image d'excellente fiabilité et produit encore aujourd'hui une copie du modÚle original appelé « Moon Watch », « Flight-qualified by Nasa for all manned space missions The first watch worn on the Moon ».

De nombreuses Speedmaster commémoratives des missions Apollo ont été créées par Omega au fil des ans : Speedmaster Apollo séries avec le logo des missions Apollo (1997), Speedmaster missions Gemini series (1997), Speedmaster missions Skylab (1998) sur le cadran Speedmaster Apollo 11 20e anniversaire (1989), Speedmaster Apollo 11 25e anniversaire (1994), Speedmaster Apollo 11 30e anniversaire (1999), Speedmaster Apollo 11 35e anniversaire (2004), Speedmaster Apollo 11 40e anniversaire (2009), Speedmaster Apollo 11 45e anniversaire (2014), Speedmaster Apollo 13 Snoopy 45e anniversaire (2015), Speedmaster Apollo 15 35e anniversaire (2006), Speedmaster Apollo 15 40e anniversaire (2011), Speedmaster Apollo 17 40e anniversaire (2012)[10], Speedmaster Apollo 11 50e anniversaire (2019) à noter une série spécialement réalisée à l'attention des membres de l'unité du RAID (police nationale) réalisé à 150 exemplaires en 2018.

Un seul nom pour plusieurs montres

Omega Speedmaster au poignet de l'Ă©crivain suisse Erich von DĂ€niken.

Depuis sa premiÚre apparition, la Speedmaster a connu de nombreuses évolutions et elle a été déclinée en plusieurs « lignes » qui présentent de grandes différences non seulement esthétiques, mais également techniques : les calibres de la Speedmaster sont nombreux et assez différents[11]. Par ailleurs, les caractéristiques des modÚles incluent, ou non, un verre saphir bombé, un fond saphir, une certification COSC, un mouvement automatique, manuel ou encore le nouvel échappement coaxial.

On peut distinguer les lignes :

  • Professional : la « montre de la Lune » est Ă©quipĂ©e d'un mouvement Ă  remontage manuel uniquement, elle est dĂ©clinĂ©e en plusieurs modĂšles plus ou moins fidĂšles Ă  l'original:
    • Calibre 321 : calibre original de la Speedmaster jusqu'en 1968, date Ă  laquelle il a Ă©tĂ© remplacĂ© par le no 861.
    • Calibre 861 : a Ă©quipĂ© le chronographe depuis 1969.
    • Calibre 863 : version raffinĂ©e et plus luxueuse du no 861. Il Ă©quipe la plupart des versions commĂ©moratives, avec fond transparent (exemple 3592.50).
    • Calibre 864 : version chronomĂštre COSC.
    • Calibre 867 : version « squelette » en 1992 (50 exemplaires)[12].
    • Calibre 1861 : calibre de la « Moon Watch » jusqu’en 2021. UtilisĂ© depuis 1997 sur la version la plus proche de l'originale, avec le verre traditionnel plexiglas (hĂ©salite).
    • Calibre 1863 : version raffinĂ©e et plus luxueuse que le no 1861. Il Ă©quipe la plupart des versions avec verre saphir et avec fond transparent (plus commode pour une utilisation quotidienne, car quasi inrayable).
    • Calibre 1866 : 1863 + complication Phase de lune.
    • Calibre 3861 Ă  Ă©chappement coaxial (2019 sur l’édition limitĂ©e du 50Ăšme[13], 2021 sur tous les modĂšles[14])
  • Broad Arrow ;
  • Legend ;
  • Date ;
  • Day Date ;
  • Reduced ;
  • etc.

La MoonSwatch

En 2022, la marque Swatch collabore avec Omega et met sur le marchĂ© la MoonSwatch (en) une montre en biocĂ©ramique qui reprend l’apparence de la Speedmaster (boitier asymĂ©trique, Ă©chelle tachymĂ©trique, compteurs), mais avec un mouvement Ă  quartz[15]. DĂ©clinĂ©e en onze modĂšles de couleurs diffĂ©rentes se rĂ©fĂ©rant aux planĂštes du systĂšme solaire, Ă  la Lune et au Soleil, la MoonSwatch suscite un fort engouement lors de sa sortie sur le marchĂ© le 26 mars 2022[16].

Technique

Mouvement Omega Cal. 1861.

Les collectionneurs de la « Montre de la Lune » sont nombreux. Plusieurs points font l'objet de polémiques récurrentes :

  • Quel Ă©tait le calibre du modĂšle portĂ© par les astronautes d'Apollo XI en ?
  • L'Ă©valuation du changement technique occasionnĂ© par le passage du calibre 321 au calibre 861.

À l'origine, en 1957, le Speedmaster Ă©tait animĂ© par le calibre 321 : Un mouvement dix sept rubis fonctionnant Ă  18 000 alternances par heure, dotĂ© d'une commande centrale du chronographe par roue Ă  colonne et d'une rĂ©serve de marche de 44 heures. Ce mouvement est issu d'une collaboration entre Omega et Lemania : il a Ă©quipĂ© les Speedmaster jusqu'en 1968. En 1969, Omega l'a remplacĂ© par le calibre 861 (Ă©galement d'origine Lemania) : un chronographe Ă  commande centrale par navette (couramment appelĂ©e came). Il fut employĂ© jusqu’en 2021, dans ses diffĂ©rentes Ă©volutions : calibres 1861, 1863, 1866. Si premier modĂšle lunaire Ă©tait encore Ă©quipĂ© du calibre 321, dans les missions suivantes, ce calibre fut progressivement remplacĂ© par le 861[17].

Bien qu'il reconnaisse que le calibre 861 soit esthétiquement moins réussi que le 321, Marco Richon affirme que le calibre 861 apportait plusieurs améliorations sur l'ancien modÚle :

  • une frĂ©quence plus Ă©levĂ©e (21 600 A/h[18] contre 18 000 A/h) obtenue par un changement du balancier, ce qui augmente la prĂ©cision[19].
  • la simplification du mĂ©canisme (navette contre roue Ă  colonne), ce qui induit une amĂ©lioration de la fiabilitĂ©, de la robustesse, de la durĂ©e de vie, un fonctionnement plus doux, et un assemblage plus aisĂ©.

Le calibre 321 est reconstruit Ă  l’identique dĂ©but 2019 Ă  l’issue d’un projet de deux ans connu sous le nom d’ « Alaska 11 »[20].

Depuis 2021, le calibre 1861 est abandonné au profit du 3861 à échappement co-axial et certification METAS[14].

Bibliographie

  • Marco Richon, Omega Saga, Bienne, Fondation Adrien Brandt en faveur du patrimoine Omega, , 487 p. (ISBN 978-2-883-80010-6, OCLC 715935483)
  • Marco Richon, Omega : voyage Ă  travers le temps, Bienne, Omega SA, , 831 p. (ISBN 978-2-970-05620-1, OCLC 428216537)
  • GrĂ©goire Rossier et Anthony MarquiĂ©, Moonwatch Only, la rĂ©fĂ©rence Omega Speedmaster, La Croix, Watchprint.com, , 494 p. (ISBN 978-2-940506-02-6)
  • Gram, Une montre sur la Lune : l'histoire extraordinaire de l'Omega Speedmaster, La Croix, Watchprint.com, , 224 p. (ISBN 978-2-940506-32-3)

Liens externes

Notes et références

  1. Omega Speedmaster Pro: la Moonwatch
  2. « The Swatch Group SA rachÚte à Investcorp S.A. le Groupe Horloger Breguet - Swatch Group », sur www.swatchgroup.com (consulté le )
  3. La traduction de son article figure in extenso dans Omega Saga p. 366
  4. « LA SPEEDMASTER DANS L'ESPACE », sur omegawatches.com/fr (consulté le )
  5. Marco Richon, Omega Saga p. 367
  6. (en) « Exclusive: the truth about the real Armstrong's and Aldrin's Speedmaster references and how the Omega Speedmaster became the Moonwatch - Monochrome-Watches » (consulté le )
  7. Omega Saga, p. 381
  8. (en) « Omega Speedmaster Apollo 13 Silver Snoopy Award Limited Edition Watch », sur A blog to watch, (consulté le )
  9. Nicolas Salomon, « L'aiguiseuse du ciel Â», Vanity Fair no 49, aoĂ»t 2017, pages 36-37.
  10. Par exemple.
  11. (en) « The Moonwatch Guide: Omega Speedmaster Models by Year », sur www.watchmaster.com (consulté le )
  12. Marco Richon, Omega Saga. p. 394
  13. (en) James Stacey March 12 et 2019, « Introducing: The Omega Speedmaster Apollo 11 Anniversary Limited Edition (Live Pics & Pricing) », sur Hodinkee (consulté le )
  14. (en) Jack Forster January 05 et 2021, « Introducing: The Omega Speedmaster Professional Moonwatch 'Master Chronometer' With Co-Axial Caliber 3861 », sur Hodinkee (consulté le )
  15. « Mission commune: lancement de la BIOCERAMIC MoonSwatch », sur Omega (consulté le )
  16. « MoonSwatch: quand des montres décrochent la lune », sur Illustre (consulté le )
  17. Omega Saga, p. 377
  18. A/h = Alternance/heure
  19. « Alternance - Fondation de la Haute Horlogerie », sur www.hautehorlogerie.org (consulté le )
  20. Nicolas Amsellem, « Le retour du Calibre 321 Omega. Bonne nouvelle pour la Speedmaster ? », sur Les Rhabilleurs, (consulté le )
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