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Olaus Magnus

Olaus Magnus, de son vrai nom Olof MĂ„nsson, nĂ© en 1490 Ă  Linköping dans la province d'Östergötland et mort le Ă  Rome, est un religieux, Ă©crivain et cartographe suĂ©dois.

Olaus Magnus
Biographie
Naissance

Linköping Cathedral Congregation (d)
DĂ©cĂšs
(Ă  66 ans)
Rome
SĂ©pulture
Nom de naissance
Olof MĂ„nsson
Formation
Université de Rostock (à partir de )
Activités
Cartographe, prĂȘtre catholique de rite romain, historien, diplomate, anthropologue
Fratrie
Plaque commémorative
Carte de l'ßle mythique de Thulé par Olaus Magnus
Serpent de mer, illustration de l'Historia de Gentibus Septentrionalibus
Gravure sur bois reprĂ©sentant le Temple d'Uppsala tel que dĂ©crit par Adam de BrĂȘme avec la chaĂźne d'or autour du temple, le puits et l'arbre rĂ©alisĂ© en 1555 par
Olaus Magnus, Historia de Gentibus Septentrionalibus

Biographie

Il est nĂ© de parents aisĂ©s et s'orienta dans la religion Ă  travers des Ă©tudes qu'il fit Ă  Rostock. Il Ă©tait archidiacre de la cathĂ©drale de StrĂ€ngnĂ€s lorsque la RĂ©forme fut prĂȘchĂ©e en SuĂšde. Aussi attachĂ© au catholicisme que son frĂšre Jean Magnus, archevĂȘque d'Uppsala, ils furent contraints de quitter la SuĂšde et se retirĂšrent Ă  Rome. À la mort de Jean, le pape confĂ©ra Ă  Olaus l'archevĂȘchĂ© d'Uppsala le , mais il ne put prendre possession de cette dignitĂ©, ni de celle de chanoine de la cathĂ©drale de Posen, qui lui avait Ă©tĂ© promise par Sigismond Ier, roi de Pologne. Olaus passa ses derniĂšres annĂ©es dans le monastĂšre de Sainte-Brigitte, Ă  Rome, subsistant d'un petit revenu que le pape lui avait assignĂ©. Il mourut et fut enterrĂ© Ă  cĂŽtĂ© de son frĂšre dans l'Ă©glise du Vatican.

Au service du roi de SuĂšde

Les frĂšres Magnus ont dĂ©marrĂ© leur carriĂšre ensemble au service de Gustave Ier Vasa[1]. Lorsqu'Olaus Ă©tait archidiacre en SuĂšde, il eut l'occasion de faire une tournĂ©e d'inspection dans les provinces septentrionales de la SuĂšde. Olaus Magnus a voyagĂ© entre la NorvĂšge et la SuĂšde en 1518- 1519, Ă  Trondheim, oĂč il a cĂŽtoyĂ© les informateurs de Jacob Ziegler, un autre cartographe qui lui fut contemporain[2].

Dans les annĂ©es 1520, le cartographe germanique Jacob Ziegler a Ă©tĂ© invitĂ© par Gustave Vasa pour enseigner les mathĂ©matiques. Entre 1521 et 1525, Jacob Ziegler Ă©tait Ă  Rome. Il y aurait rencontrĂ© Johannes Magnus, le frĂšre d’Olaus Magnus. Olaus Magnus et Jacob Ziegler se sont donc Ă©changĂ© des informations par l’intermĂ©diaire de Johannes sans qu’il n’y ait de preuves qu’ils se soient rencontrĂ©s directement.

Entre 1524 et 1530, de nombreuses missions d'ambassade ont envoyĂ© Olaus Magnus en Pologne, aux Pays-Bas, puis Ă  LĂŒbeck et Ă  Rome[2], d’abord pour les intĂ©rĂȘts de Gustav Vasa et ensuite pour Ă©loigner les frĂšres Magnus du pouvoir suĂ©dois afin de faciliter la cassure avec la PapautĂ©. Les Magnus ont ensuite tentĂ© de remettre la SuĂšde dans l'orbite papale Ă  Rome, affirmant qu’historiquement la SuĂšde Ă©tait l’alliĂ©e de Rome[1].

En 1527, Olaus Magnus Ă©tait en mission pour Gustave Vasa afin de convenir d'un accord de commerce entre les Pays-Bas et la SuĂšde. Il prend alors connaissance d’une carte de la Baltique aujourd’hui disparue qui aurait Ă©tĂ© produite par Jan de Beeldnijder Ă  Amsterdam en 1526, ce qui l’a inspirĂ© pour rĂ©aliser sa carte[3].

Le temps de l'exil

En 1527, la RĂ©forme atteint la SuĂšde et Gustav Vasa y prĂȘte une oreille attentionnĂ©e, si bien qu’il s’y convertit dans la fin de la dĂ©cennie 1520. En 1530, les frĂšres Magnus s’exilent en Pologne aprĂšs que leurs biens ont Ă©tĂ© saisis dans le cadre des opĂ©rations maritimes de Gustav Vasa qui cherchait Ă  prendre le contrĂŽle de la Baltique. Au printemps 1537, ils partent de Danzig vers Mantoue, puis atteignent Rome en octobre. Ils y restent jusqu’au 23 avril 1538, puis partent vers Vicence[3]. Olaus Magnus est ensuite parti Ă  Venise entre 1538 et 1539.

Alors qu’il est en exil Ă  Venise, et voulant susciter au Vatican un intĂ©rĂȘt pour son pays, dans le but qu'on l'aide Ă  y rĂ©instaurer le catholicisme qui en disparaissait Ă  la suite de la RĂ©forme, il dressa une remarquable carte des pays du Nord, sa fameuse Carta Marina.

Olaus Magnus a alors tentĂ© Ă  la fois de protĂ©ger l'image de la SuĂšde face aux Danois et face au renouveau de la mĂ©fiance des Occidentaux face aux Nordiques due Ă  l'adoption scandinave du luthĂ©ranisme[1]. Olaus Magnus Ă©tait hĂ©bergĂ© par Girolamo Quirini, patriarche de Venise Ă  qui il dĂ©die sa carte. Il nourrit alors un fort ressentiment face Ă  son ancien patron Gustav Vasa, considĂ©rant que ce dernier a toujours besoin de lui et l’a expropriĂ© injustement[3].

Il consacra le reste de sa vie Ă  la rĂ©daction d'une monumentale Historia de gentibus septentrionalibus, ou Description des pays du Nord, qui fut, dans la seconde moitiĂ© du XVIe siĂšcle, le principal ouvrage de rĂ©fĂ©rence concernant les pays scandinaves. Le livre, qu'il imprima lui-mĂȘme Ă  Rome, en 1555, comporte plusieurs centaines de gravures sur bois d'un trĂšs grand intĂ©rĂȘt documentaire et artistique.

Tout au long de sa vie, il avait nourri un projet patriotique de promotion du Nord de l'Europe au sein d'une entité supranationale chrétienne, et de dissocier l'image de la barbarie de celle de sa région[2]. Dans ses notes autobiographiques, Magnus avouait sa volonté de faire de ses travaux des objets militants pour l'Eglise Catholique.

Écrits

Présentation générale

  • Carta Marina et descriptio septemtrionalium terrarum ac mirabilium rerum in eis contentarum diligentissime elaborata anno Domini 1539
  • Historia de Gentibus Septentrionalibus, earumque diversis statibus, conditionibus, moribus, ritibus, superstitionibus, disciplinis, exercitiis, regimine, victu, bellis, structuris, instrumentis, ac mineris metallicis, & rebus mirabilibus, necnon universis penĂš animalibus in Septentrione degentibus, eorumque natura Romae 1555

Les autres Ă©ditions ne sont que des extraits, de mĂȘme que la version française, Paris, 1561, in-8°[4], et l'abrĂ©gĂ© latin donnĂ© par Scribonius, Anvers, 1562.

Une monumentale traduction suĂ©doise de l'ouvrage - accompagnĂ©e d'un commentaire et de notes extrĂȘmement fouillĂ©es dues au Professeur J. Granlund - a Ă©tĂ© Ă©tablie entre 1909 et 1951 par la Michaelisgillet de Stockholm, et publiĂ©e chez Gidlunds en quatre volumes. Il en existe aussi une traduction anglaise annotĂ©e, en trois volumes, Ă©ditĂ©e par E.Foote entre 1996 et 1998 sous le patronage de la Hakluyt Society de Londres. En ce qui concerne la langue française, quelques extraits du livre ont Ă©tĂ© inscrits au catalogue des Ă©ditions Les Belles Lettres en 2004.

La Carta Marina

Olaus Magnus a rĂ©alisĂ© sa Carta Marina entre 1527 et 1539, alors qu’il est Ă  Venise sous le patronat de Girolamo Quirini Ă  qui il dĂ©die la carte[2]. Il l’avait nommĂ©e initialement Carta Gothica mais a ensuite modifiĂ© le nom en Carta Marina et descriptio septemtrionalium terrarum ac mirabilium rerum in eis contentarum diligentissime elaborata anno Domini 1539 (Carte marine et description des terres septentrionales et des merveilles qu'elles contiennent, soigneusement Ă©laborĂ©e en l'an du Seigneur 1539)[3]. La Carta Marina est gravĂ©e dans 9 blocs de bois et est immense par rapport aux autres cartes alors existantes, mesurant 170 par 125 centimĂštres[3]. Cette carte prĂ©sente une palette de techniques Ă  la fois issues des cartes marines et des cartes ptolĂ©mĂ©ennes et inclut de nombreux toponymes et vignettes[2].

Olaus Magnus a majoritairement pris ses sources en Pologne et dans la Schondia de Jacob Ziegler, il s’est aussi inspirĂ© des travaux de PtolĂ©mĂ©e, de ceux de Claudius Clavus et du Globe de Gemma Frisius de 1537[2]. La Carta Marina est un miroir de la politique nordique au Moyen-Âge tardif avec l'Union de Kalmar, trĂšs instable, dans laquelle une SuĂšde-Finlande tente de s'en extraire et un Danemark-NorvĂšge tente de tout contrĂŽler et maintenir en place[3].

Cette Carta Marina a connu un fort succĂšs au XVIe siĂšcle et a Ă©tĂ© unanimement acceptĂ©e comme la plus prĂ©cise carte du Nord de cette Ă©poque[5]. Sebastian MĂŒnster, Abraham Ortelius et GĂ©rard Mercator se sont inspirĂ©s de cette carte. La Carta Marina originale a disparu vers 1570[2]. Une version issue de son livre d'Histoire des peuples du Nord a Ă©tĂ© imprimĂ©e par Antonio Lafreri Ă  Rome en 1572[2]. Cette Carta Marina et son Histoire des peuples du Nord sont une conciliation de science gĂ©ographique sur le nord, d'Ă©rudition et d'adaptation, de lĂ©gendes et fables et enfin d'un message politique.

Voir aussi

Source

  • Frederick Wasser, « The Renaissance of the Goths in sixteenth-century Sweden; Johannes and Olaus Magnus as politicians and historians », History of European Ideas, vol. 17:2-3,‎ , p.352-353 (DOI 10.1016/0191-6599(93)90314-G).
  • Herman Richter, « Les origines de la Cartographie nationale en Scandinavie », Geografiska Annaler, 17, 1935, p. 654.
  • (en) John Granlund et G. R. Crone, « The ‘Carta Marina’ of Olaus Magnus », Imago Mundi, no 8,‎ , p.35–43 (lire en ligne).
  • « Olaus Magnus », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabĂ©tique de la vie publique et privĂ©e de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littĂ©rateurs français ou Ă©trangers, 2e Ă©dition, 1843-1865 [dĂ©tail de l’édition]
  • Pierre-Ange Salvadori, Le Nord de la Renaissance. La carte, l’humanisme suĂ©dois et la genĂšse de l’Arctique, Paris, Classiques Garnier, 2021.
  • William R. Mead, « Scandinavian Renaissance Cartography », dans David Woodward, Cartography in the European Renaissance, vol. 3, part 2, Chicago, University of Chicago Press, coll. « The history of cartography », , p.1781-1805.

Notes et références

  1. Wasser 1993.
  2. Mead 2007.
  3. Granlund et Crone 1951.
  4. Olaus (1490-1557) Auteur du texte Magnus, Histoire des pays septentrionaus, Ă©crite par Olaus le Grand, Goth, archevĂȘque d'Upsale, et souvrain de Suecie, et Gothie . En laquelle sont brievement, mais clerement deduites toutes les choses rares ou Ă©tranges, qui se treuvent entre les Nations septentrionales. Traduite du latin de l'auteur en françois, (lire en ligne)
  5. Herman Richter, « Les origines de la Cartographie nationale en Scandinavie », Geografiska Annaler, 17, 1935, p. 654.

Liens externes

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