Oflag II-A
Oflag II-A est la dénomination d'un camp de prisonniers de guerre pour officiers, créé par l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, et situé à Prenzlau, à environ 90 kilomÚtres au nord de Berlin[1].
Oflag II-A | |
Lieu | Prenzlau, Brandebourg, Allemagne |
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Type dâouvrage | Camp de prisonniers de guerre pour officiers |
Utilisation | 1939â1945 |
ContrÎlé par | Allemagne nazie |
Guerres et batailles | Seconde Guerre mondiale |
CoordonnĂ©es | 53° 18âČ 08âł nord, 13° 49âČ 15âł est |
Ătymologie
La dénomination Oflag II-A résulte de la juxtaposition de :
- Oflag, abréviation du mot allemand Offizierslager, qui signifie « camp pour officiers » ;
- II, numéro du district militaire allemand dans lequel était situé le camp, à savoir le district militaire de Stettin ;
- A, lettre identifiant cet Oflag particulier au sein du district militaire concerné, qui en compta cinq.
Description
L'Oflag II-A fut installé dans une caserne construite en 1936, au sud de la ville de Prenzlau, pour le 38e régiment d'artillerie de l'armée allemande[2].
Ouvert Ă la fin , il abrita d'abord des officiers polonais[3]. En , des officiers d'autres nationalitĂ©s, principalement des officiers belges, y remplacĂšrent les officiers polonais, qui furent transfĂ©rĂ© Ă l'Oflag II-E de Neubrandenbourg Ă la fin fĂ©vrier 1941[4]. Ă la fin , quasi tous les officiers belges d'active y furent regroupĂ©s, les officiers de rĂ©serve belges Ă©tant, quant Ă eux, transfĂ©rĂ©s Ă l'Oflag X-D de Fischbek. Le regroupement des officiers d'active belges prisonniers fut poursuivi en septembre 1943, avec l'arrivĂ©e d'une centaine d'entre eux venant de l'Oflag X-C de LĂŒbeck. En , l'Oflag II-A comptait un peu plus de 2 600 officiers, et Ă©lĂšves officiers[5] - [6]. Outre ceux-ci, le camp hĂ©bergeait aussi environ 300 sous-officiers et soldats, dont les ordonnances des officiers[4]. Lors de sa dissolution au dĂ©but 1944, les officiers employĂ©s par l'O.T.A.D. (Office des Travaux de l'ArmĂ©e DĂ©mobilisĂ©e), et Ă©pargnĂ©s jusque lĂ par la captivitĂ©, furent eux-aussi transfĂ©rĂ©s Ă l'Oflag II-A[7]; de petits groupes de nouveaux arrivants se succĂ©dĂšrent tout au long de l'annĂ©e; c'est, au total, environ 160 nouveaux prisonniers belges qui arrivĂšrent en 1944. Suite Ă lâinsurrection de Varsovie, plusieurs officiers polonais furent faits prisonniers et transfĂ©rĂ©s au camp.
Seule la partie de la caserne situĂ©e au nord-ouest de la Berliner StraĂe fut affectĂ©e au camp; le reste de celle-ci, situĂ© de l'autre cĂŽtĂ© de la rue, garda son affectation initiale. D'une superficie d'environ 9 hectares au total[8], le camp Ă©tait divisĂ© en deux parties[9]: le camp A (Lager A) contenait quatre blocs de trois Ă©tages, dont un mansardĂ©, destinĂ©s aux prisonniers - totalement (blocs A, B et C), ou partiellement (bloc D) -, ainsi qu'un bloc administratif et de cantine (bloc E), dans lequel logeaient aussi un nombre limitĂ© de prisonniers; le camp B (Lager B) contenait divers garages et ateliers, dont certains servirent de logement supplĂ©mentaire pour les prisonniers. Le camp Ă©tait entourĂ© d'une double clĂŽture de barbelĂ©s avec sept miradors.
En , la dénomination Oflag II-A fut changée en Oflag 80[4].
Situation géographique
Le camp se situe dans la pĂ©riphĂ©rie sud-ouest de Prenzlau, chef-lieu de l'arrondissement d'Uckermark, dans le Land de Brandebourg, le long de la route B 109 reliant la ville Ă Berlin, et juste au niveau du croisement entre la Berliner StraĂe et la Röperdorfer StraĂe.
Prenzlau se situe, à vol d'oiseau, à une distance d'environ 93 km de Berlin, 500 km de Varsovie, 700 km de Bruxelles, et 760 km de Zurich; de quoi décourager et, en tout cas compliquer, les évasions.
Des étages supérieurs des blocs du camp A, on peut apercevoir le centre ville et l'église Sainte-Marie (Marienkirche), qui se trouvent à environ 3 km.
Le camp est assez proche (moins de 2 km) du lac Unteruckersee, qui borde Prenzlau, et s'Ă©tend, au sud, sur une superficie de 10 kmÂČ.
L'arriĂšre du camp donne sur une zone de marais et de bois; la ligne de chemin de fer vers Berlin passe Ă moins de 400 m.
Libération
Le camp fut libĂ©rĂ© le par le DeuxiĂšme front biĂ©lorusse, qui avait pris Prenzlau la veille[4]. Le , une partie des officiers prisonniers avaient Ă©tĂ© emmenĂ©s Ă pied par leurs gardiens allemands, fuyant l'avance de l'ArmĂ©e rouge. Le dĂ©part s'effectua en deux colonnes, les occupants des blocs A et B d'une part, et ceux des blocs C, D, et E d'autre part ; les gĂ©nĂ©raux, les malades de l'infirmerie et les soldats restĂšrent sur place. AbandonnĂ©s Ă eux-mĂȘmes un peu plus tard, la plupart[10] des prisonniers revinrent au camp libĂ©rĂ©, fatiguĂ©s physiquement, et nerveusement, par ce pĂ©riple de prĂšs de 80 km, effectuĂ© dans des conditions dangereuses et stressantes. Ils y passĂšrent encore un peu plus d'un mois en compagnie des troupes russes, avant d'ĂȘtre emmenĂ©s en camion, et remis Ă l'armĂ©e anglaise. Ce n'est donc qu'au dĂ©but que les officiers belges purent rentrer chez eux.
Peu avant sa libération, le camp fut victime d'un dommage collatéral des combats en cours. Le , deux bombes, larguées par un avion russe, atteignirent le bloc B, causant la mort sur le coup de huit prisonniers de guerre, et en blessant plusieurs autres, dont l'un décéda un peu plus tard[11].
Conditions de détention
Plusieurs visites de la Croix-Rouge ont eu lieu durant la période de fonctionnement du camp, notamment en mai 1940 (Dr Marti), en mai 1941 (Dr Exchaquet), et en novembre 1942 (Drs Wenger et Lehner)[12] - [13] - [14]. Elles ont permis de confirmer que les conditions de détention respectaient, dans l'ensemble, la troisiÚme Convention de GenÚve relative au traitement des prisonniers de guerre[4] - [15]. Toutefois, au cours du temps, ces conditions n'ont cessé de se détériorer[16].
HĂ©bergement
Alors que d'autres camps n'étaient composés que de baraquements sans confort, l'Oflag II A fut installé dans une caserne trÚs récente, dont les bùtiments destinés au logement étaient équipés d'un chauffage central et, à chaque étage, d'installations sanitaires communes, comportant des lavabos, des douches, et des toilettes[4].
Il faut toutefois tempérer cette impression de confort relatif :
- vu la surpopulation du camp, des prisonniers furent logés dans les caves, dans les greniers, et, à la bonne saison, dans les garages
- la taille des chambrées était inversement proportionnelle au grade : quelques généraux privilégiés étaient logés dans une chambre individuelle, les autres généraux étaient logés par deux, les colonels par quatre, et les majors par 8; les officiers subalternes et les sous-officiers et soldats étaient hébergés en chambrées de taille variable allant jusqu'à 34 personnes[4]; dans chaque garage, divisé en plusieurs sections mais sans cloisons, il y avait jusqu'à 150 prisonniers
- la literie était rudimentaire (lits superposés à deux étages - voire, trÚs rarement, à trois étages -; sommiers en planches; paillasses) et colonisée par les punaises des lits
- le mobilier Ă©tait sommaire (quelques armoires, quelques tables, des tabourets - il y avait trĂšs peu de chaises dans le camp)
- le chauffage était parcimonieux et le devint plus encore à la fin de la captivité; il n'y avait pas de chauffage dans les garages
- les prisonniers disposaient d'eau froide chaque jour, à des moments précis, mais ne pouvaient bénéficier d'une douche chaude que deux à trois fois par mois[4]
- l'éclairage naturel des caves étant trÚs limité, il y faisait sombre toute la journée, sauf en été; l'éclairage artificiel ne fonctionnait qu'en soirée et la nuit.
Au camp A :
- les blocs C et D, proches de la Berliner StraĂe et longs, chacun, de 60 m, ont trois Ă©tages, dont le dernier est mansardĂ© sous un toit en croupe[18]; le bloc C est exclusivement affectĂ© au logement des prisonniers (environ 750 officiers belges en 1945); le bloc D ne l'est que partiellement (environ 250 officiers belges en 1945) - son rez-de-chaussĂ©e est rĂ©servĂ© Ă la garde de police allemande, aux salles de visite, de pansement et Ă certains bureaux et ateliers : cordonnerie, tailleur, coiffeur, dentisterie, etc.; son premier Ă©tage sert d'infirmerie et est occupĂ© par les malades, les mĂ©decins, et les infirmiers; son second Ă©tage est affectĂ© au logement; son grenier est en grande partie transformĂ© en dĂ©pĂŽt pour les valises, celles-ci ne pouvant ĂȘtre conservĂ©es dans les chambres que par les gĂ©nĂ©raux et les colonels 3 Ă©toiles; les caves abritent la chaufferie et diverses installations allemandes
- les blocs A et B, un peu moins longs que les précédents, ont, eux-aussi, trois étages, dont le dernier est mansardé sous un toit en croupe tronqué en toit terrasse[19]; ils sont exclusivement affecté au logement de prisonniers (en 1945, environ 700 officiers belges dans le bloc A et 650 dans le bloc B)
- le bloc E, plus court, et comptant seulement 2 étages, dont le second est mansardé sous un toit en croupe, est surmonté d'un clocheton central équipé d'une horloge[20]; sur la façade, au niveau du premier étage et dans l'axe de la triple porte d'entrée, figure l'aigle allemand perché sur une croix gammée; ce bloc héberge la cuisine, la cantine, deux grands réfectoires, la salle à manger des officiers généraux et colonels 3 étoiles, et différents bureaux administratifs; le nombre de prisonniers qui y sont logés est donc assez limité (environ 70 officiers belges en 1945)
- Les toits sont en tuiles rouges, et les murs extérieurs sont recouverts d'un enduit de couleur claire
- La cour centrale est bordée d'arbres
- Lâidentification des chambres se fait sur base de la lettre dĂ©signant le bloc, suivie :
- dans le cas des chambres en sous-sol, du numéro de local (exemple: C1 = chambre 1 dans la cave du bloc C, B11 = chambre 11 de la cave du bloc B)
- pour les autres chambres, dâun chiffre associĂ© Ă lâĂ©tage (1 pour le rez-de-chaussĂ©e; 2, 3 et 4 respectivement pour les premier, deuxiĂšme et troisiĂšme Ă©tages) et du numĂ©ro de local sur deux chiffres (exemple: C101 = chambre 1 du rez-de-chaussĂ©e du bloc C; B411 = chambre 11 de l'Ă©tage mansardĂ© du bloc B).
Au camp B:
- Plusieurs hangars, destinés initialement aux véhicules militaires, sont affectés aux logements de prisonniers, seulement à la bonne saison en principe (on y compte environ 80 officiers belges en 1945)
- L'identification d'une "chambre" se fait sur base du numĂ©ro (chiffre romain) du garage oĂč se trouve la "chambre", et du numĂ©ro (chiffre arabe) de la portion de garage concernĂ©e, les deux chiffres Ă©tant sĂ©parĂ©s par un espace ou une barre oblique (exemple : VIII/5 = chambre 5 du garage 8 ; sur la correspondance, ce numĂ©ro de chambre est gĂ©nĂ©ralement prĂ©cĂ©dĂ© de la mention Camp B H.[21])
En juillet 1944, pour abriter les nouveaux arrivants, les allemands construisirent une longue et spacieuse baraque derriĂšre le bloc A.
Alimentation
Dans le rapport[12] de la visite quâil effectua le 26 mai 1940, le Dr Marti, envoyĂ© de la Croix-Rouge, note que les officiers font la cuisine dans leur chambre et que leur nourriture est celle des officiers allemands. Il ajoute que la nourriture paraĂźt juste suffisante, mais que, comme elle correspond Ă celle du soldat allemand, il semble impossible de lâamĂ©liorer.
Suivant les témoignages des prisonniers[22], les ingrédients fournis par les allemands sont limités, peu variés, et de médiocre qualité :
- du pain de munition (Kastenbrot)
- un peu de margarine
- un peu de marmelade
- un peu de saucisse (WĂŒrst)
- quelques légumes de saison ou de conserve, comme de la choucroute (Sauerkraut)
- un peu de poisson séché
- des pommes de terre en robe des champs (Pellkartoffeln).
Le matin, les prisonniers reçoivent un ersatz de café ; le midi, une soupe trÚs diluée.
La rĂ©ception de colis familiaux, mais aussi de colis collectifs de la Croix-Rouge, notamment canadienne et amĂ©ricaine, permet heureusement dâamĂ©liorer lâordinaire.
Certains officiers sont aussi autorisĂ©s Ă cultiver un petit potager de 5 Ă 6 mÂČ, leur fournissant des lĂ©gumes frais (salades, carottes, haricots, âŠ)[23].
Quelques rĂ©chauds Ă gaz sont Ă disposition des prisonniers (1 pour 500) mais lâusage du gaz est payant et le temps dâutilisation autorisĂ© par personne est trĂšs limitĂ©e. Aussi la plupart des prisonniers prĂ©parent-ils leur repas en utilisant des rĂ©chauds de fortune fabriquĂ©s Ă partir de boĂźtes de conserve[24], et surnommĂ©es « choubinettes » ; ces petits rĂ©chauds sont basĂ©s sur le principe du gazogĂšne, et leur combustible est, la plupart du temps, constituĂ© de boulettes en papier.
Les prisonniers se groupent par affinitĂ© pour constituer ce quâils appellent des « popotes », oĂč lâon partage les vivres et autres ressources disponibles (contenu des colis, lĂ©gumes du jardinet, âŠ), ainsi que les tĂąches (cuisine, jardinage, âŠ).
Le petit-déjeuner est pris en chambre ; le repas de midi est préparé par les soldats prisonniers, et servi au réfectoire ; le repas du soir est préparé par chaque « popote » et pris en chambre.
A partir de septembre 1944, il nây a plus de colis en provenance de la Belgique, libĂ©rĂ©e, et les colis de la Croix-Rouge se rarĂ©fient et puis se tarissent complĂštement ; Ă la fin de leur captivitĂ© et jusquâĂ la libĂ©ration du camp, les prisonniers doivent subsister avec les toujours plus maigres rations allemandes, et ils ont faim.
Soins de santé
Le camp comporte une unitĂ© mĂ©dicale et sanitaire, sous le contrĂŽle dâun mĂ©decin allemand. Elle emploie les mĂ©decins et infirmiers belges prisonniers.
Lâinfirmerie et les locaux dâhospitalisation se trouvent au premier Ă©tage du bloc D.
Les cas graves, ou nĂ©cessitant des soins qui ne peuvent pas ĂȘtre pris en charge au camp, sont traitĂ©s Ă lâhĂŽpital civil de Prenzlau ou dans des hĂŽpitaux militaires allemands extĂ©rieurs distants.
Certains malades sont rapatriés en Belgique, mais souvent seulement aprÚs de longs délais.
Il y a un manque récurrent de médicament et de matériel.
Les chambres de l'infirmerie nâĂ©chappent pas aux punaises, cafards et autres insectes.
Les soins dentaires sont assurĂ©s par un mĂ©canicien dentiste belge ne disposant que dâun matĂ©riel rudimentaire, et les dĂ©lais dâattente sont trĂšs longs[25].
Habillement
Les prisonniers ne disposent, chacun, que dâune garde-robe fort limitĂ©e, que ce soit en matiĂšre de sous-vĂȘtements, dâuniformes, de manteaux, et de chaussures.
Le camp est Ă©quipĂ© dâun atelier de couture et dâune cordonnerie, permettant les rĂ©parations, mais les dĂ©lais dâattente sont longs et les prisonniers sont souvent obligĂ©s de fournir la matiĂšre premiĂšre nĂ©cessaire Ă la rĂ©paration.
Lorsque les vĂȘtements sont trop usĂ©s, les allemands fournissent des effets de rechange, en puisant dans leurs stocks dâeffets militaires de toutes nationalitĂ©s ; suivant les circonstances, le prisonnier peut donc hĂ©riter dâun manteau polonais ou dâun pantalon français. Quant aux chaussures hors dâusage, elles sont remplacĂ©es par des sabots avec tige en cuir (Holzschuhe). Heureusement des colis amĂ©ricains et canadiens vont fournir des chaussures neuves en cuir Ă de nombreux prisonniers.
Administration du camp
LâOflag II-A est organisĂ©, et administrĂ©, suivant le standard en vigueur dans lâarmĂ©e du IIIe Reich.
Le commandement du camp est confiĂ© Ă un officier supĂ©rieur de la Wehrmacht, assistĂ© dâofficiers subalternes et de sous-officiers. Le premier commandant du camp, d'aoĂ»t 1939 Ă juin 1940, est le Generalmajor Jesco van Puttkamer, alors ĂągĂ© de 63 ans.
Ainsi que le prĂ©voit la convention de GenĂšve, les prisonniers disposent dâun reprĂ©sentant officiel, appelĂ© homme de confiance, qui est censĂ© dĂ©fendre leurs intĂ©rĂȘts. AutoritĂ© morale, son rĂŽle est dĂ©licat, car il est aussi considĂ©rĂ© par lâautoritĂ© militaire allemande comme garant du comportement des prisonniers, et il doit relayer les informations et consignes de cette autoritĂ©. A lâarrivĂ©e des officiers belges Ă Prenzlau, en 1941, câest le Lieutenant-GĂ©nĂ©ral Edouard Van den Bergen, doyen des officiers â il a alors 62 ans -, qui endosse ce rĂŽle.
Le camp compte une antenne du renseignement militaire (Abwehr), qui est en charge de la surveillance au sens large (y compris de celle des militaires allemands du camp...), de la prĂ©vention des Ă©vasions, de la censure (colis, lettres, livres, sermon dominical, âŠ), de la propagande, et de la promotion de toutes les formes possibles de collaboration.
Chaque chambrĂ©e dispose dâun chef de chambrĂ©e, qui pour les chambrĂ©es de sous-lieutenants et lieutenants, est systĂ©matiquement un capitaine-commandant. Chaque bĂątiment et Ă©tage se voit Ă©galement attribuer un officier responsable.
Surveillance et prévention des évasions
Lâinfrastructure de prĂ©vention des Ă©vasions est constituĂ©e :
- dâune zone dâexclusion dĂ©limitĂ©e par un fil mĂ©tallique positionnĂ© Ă 50 cm du sol ; tout prisonnier franchissant cette limite est susceptible dâĂȘtre abattu
- dâune double rangĂ©e de chevaux de frise barbelĂ©s
- dâune double clĂŽture de fils barbelĂ©s haute de 2 m 50 ; le haut de la clĂŽture intĂ©rieure est recourbĂ© vers lâintĂ©rieur ; lâespace entre les deux clĂŽture est suffisant pour permettre d'y effectuer une ronde
- dâun mur extĂ©rieur en bĂ©ton dâ1 m 80 de hauteur
- de sept miradors sur pilotis, de 4 m 50 de hauteur ; rĂ©partis tout autour de lâenceinte, ils sont occupĂ©s en permanence par une sentinelle, et disposent chacun dâun projecteur puissant.
Le camp A est séparé du camp B par une double clÎture de fils barbelés, dans laquelle une porte est aménagée.
Le camp A et le camp B disposent chacun dâun accĂšs Ă la Berliner StraĂe ; ces accĂšs comportent :
- une porte barbelée devant laquelle se trouve un planton
- un sas avec baie vitrée donnant sur le corps de garde
- une double porte barbelée gardée par une sentinelle.
La garde du camp est assurĂ©e par l'une des compagnies d'un LandesschĂŒtzen-Bataillon (de), unitĂ© d'infanterie territoriale composĂ©e de personnel plus ĂągĂ©, ou moins apte au combat, et affectĂ©, pour ces raisons, Ă des missions de garde de prisonniers. En journĂ©e, une quarantaine de soldats sont affectĂ©s Ă la surveillance des prisonniers; la nuit, les sentinelles des miradors sont doublĂ©es, et des rondes sont organisĂ©es Ă la pĂ©riphĂ©rie du camp.
Des fouilles ont lieu réguliÚrement pour débusquer des indices de projets d'évasion, et particuliÚrement de creusement de tunnels; les soldats allemands en charge de ces fouilles sont surnommés "rats de cave" par les prisonniers; un réseau de micros, enfouis dans le sol en plusieurs endroits du camp, est destiné à détecter des bruits suspects ou des vibrations anormales.
à leur arrivée au camp, les prisonniers se voient attribuer un matricule, et une plaque d'identité en métal, sur laquelle ce matricule et le nom de l'Oflag sont gravés. Ils sont aussi photographiés avec ce matricule et le nom de l'Oflag épinglés sur la poitrine.
Les prisonniers sont soumis Ă deux appels journaliers qui sâeffectuent dans la cour principale du camp A. Celui du matin se tient toujours Ă 8 h 30 ; celui de lâaprĂšs-midi est Ă horaire variable mais a souvent lieu Ă 16 h. L'appel se limite, la plupart du temps, Ă un simple comptage des prisonniers ; toutefois, il arrive aussi rĂ©guliĂšrement qu'un contrĂŽle de prĂ©sence plus approfondi ait lieu, sur base du matricule ou du nom. Les prisonniers se rassemblent en rang devant leur bloc respectif ; le comptage sâopĂšre par groupe de 50 â dix files de 5 prisonniers[26].
Les prisonniers sont payés, et effectuent leurs achats, dans une devise spéciale, appelée Kriegsgefangenen Lagergeld, qui est réservée aux camps et n'a aucune valeur en dehors de ceux-ci.
Conditions climatiques
Les hivers 1939-1940, 1940-1941, et 1941-1942 furent extrĂȘmement rigoureux : au cours de ces trois hivers, Ă Berlin, qui est Ă©loignĂ© de moins de 100 kilomĂštres de Prenzlau, la tempĂ©rature descendit jusqu'Ă -21° C, et il y eut respectivement 113, 114 et 118 jours oĂč la tempĂ©rature descendit sous 0 °C, dont, toujours respectivement, 63, 42, et 57 jours de gel permanent[27]. Dans son livre Tourisme Clandestin[26], le Lieutenant Thibaut de MaisiĂšres indique que, dans le camp, au dĂ©but 1942, il fait -25° C durant la nuit.
Les hivers 1942-1943 et 1943-1944 furent plus doux que la moyenne, avec seulement 14 jours de gel permanent Ă Berlin[27]. L'hiver 1944-1945 fut dans la moyenne[27]. L'Ă©tĂ© 1944 fut particuliĂšrement chaud : on compta, Ă Berlin, 50 jours oĂč la tempĂ©rature dĂ©passa 25 °C, et 18 jours oĂč elle dĂ©passa 30 °C[27].
Solde
Les officiers prisonniers touchent une solde, en fonction de leur grade. Elle est payĂ©e en Kriegsgefangenen Lagergeld, valable uniquement dans le camp. Ils peuvent utiliser cette devise pour acheter les quelques rares produits proposĂ©s Ă la cantine (un peu de biĂšre, du sel, du dentifrice,âŠ) ou commercer entre eux. La plupart envoient une partie de leur solde Ă leur famille. Pour toute utilisation en dehors du camp (pour la dĂ©lĂ©gation de solde, ou pour lâachat de livres, ou dâinstruments de musique, par exemple), lâargent est converti en Reichsmarks.
Correspondance
Les prisonniers ont le droit d'Ă©changer rĂ©guliĂšrement du courrier avec leurs proches. Son contenu est vĂ©rifiĂ© par le service de la censure ; un cachet, en Ă©criture Schwabacher, identifiant l'oflag et portant la mention GeprĂŒft, est apposĂ© lorsque le courrier respecte les rĂšgles en vigueur. Il existe, Ă l'usage des prisonniers, des cartes postales spĂ©ciales, prĂ©imprimĂ©es avec mentions bilingues (allemand-français), et comportant un volet dĂ©tachable, utilisable pour rĂ©pondre sans frais de port. La carte-rĂ©ponse prĂ©sente, au recto, des champs prĂ©vus pour indiquer les coordonnĂ©es de l'expĂ©diteur, le nom du destinataire et son numĂ©ro de prisonnier, auquel on ajoute habituellement son adresse interne au sein de l'oflag; l'adresse du camp est prĂ©imprimĂ©e; au verso, on trouve 7 lignes sur lesquelles on peut Ă©crire. Le temps d'acheminement est variable ; fin 1942, il faut compter environ 8 jours, dans chaque sens.
Information
Les prisonniers sont soumis à la propagande du Reich. Ils ont accÚs à certains journaux allemands nationaux et régionaux, dont le papier se transforme souvent en combustible pour leurs réchauds.
Le camp dispose dâune radio clandestine, opĂ©rĂ©e par des officiers des troupes de transmission. Ils Ă©coutent les Ă©missions de la BBC, et informent rĂ©guliĂšrement leurs codĂ©tenus de lâĂ©volution de la guerre, telle que relatĂ©e par les AlliĂ©s.
Malgré le contrÎle des colis, des informations non-censurées arrivent cachées dans ceux-ci.
Les Ă©vadĂ©s repris sont aussi une source dâinformation sur ce qui se passe Ă lâextĂ©rieur du camp, en Allemagne et, dans le cas de ceux qui ont rĂ©ussi Ă les atteindre, dans les pays occupĂ©s.
Vie spirituelle
Les aumĂŽniers militaires sont rapatriĂ©s dâoffice par les Allemands au dĂ©but 1941[5].
Toutefois, deux aumĂŽniers catholiques restent volontairement en captivitĂ©, et assurent le service religieux catholique romain jusquâau retour des prisonniers dans leurs foyers.
Un grand local, dans le grenier du bloc B, est transformĂ© en chapelle ; il est ornĂ© et dĂ©corĂ© par les officiers. Des messes journaliĂšres y sont dites par les deux aumĂŽniers; le dimanche, la messe est cĂ©lĂ©brĂ©e dans la grande salle de gymnastique, oĂč se donnent aussi des Te Deum, le 21 juillet - fĂȘte nationale belge - et Ă l'occasion de l'anniversaire du Roi LĂ©opold III.
Le service religieux protestant est assuré par un lieutenant de confession protestante[28].
Passe-temps
Les officiers n'Ă©tant, suivant la convention de GenĂšve, pas tenus de travailler, disposent de beaucoup de temps libre. Consciente des risques liĂ©s Ă l'inactivitĂ©, la direction allemande du camp autorise, et favorise mĂȘme, de nombreuses activitĂ©s permettant d'occuper ce temps libre.
Sports
à cÎté de la promenade, ou du footing, dans l'enceinte du camp, les prisonniers peuvent s'adonner à divers sports, comme :
- la gymnastique, en salle, et en plein air lorsque le temps le permet ;
- le football, dans la cour principale, oĂč des goals ont Ă©tĂ© installĂ©s ;
- le deck tennis, derriĂšre les blocs A et B.
En été, les prisonniers qui en font la demande, peuvent, de temps en temps, aller se baigner, par petits groupes accompagnés de soldats allemands, dans le lac bordant Prenzlau ; ils doivent alors faire une déclaration sur l'honneur qu'il ne chercheront pas à s'évader.
Jeux de société
Beaucoup de prisonniers jouent à des jeux de société, principalement aux cartes, notamment au bridge, et aux échecs. Des tournois sont organisés.
Lecture et Ă©criture
Le camp dispose dâune large bibliothĂšque, constituĂ©e de nombreux ouvrages offerts par les sections belge et suisse de la Croix-Rouge. Le prĂȘt est payant et limitĂ© en durĂ©e.
Certains se mettent Ă lâĂ©criture. Le Lieutenant Raymond Troye termine, Ă lâOflag II-A de Prenzlau, un roman intitulĂ© Meurtre dans un Oflag[29], quâil avait commencĂ© Ă lâOflag VII-B de EichstĂ€tt et poursuivi Ă lâOflag X-D de Fischbeck. Ce roman policier, qui est aussi un tĂ©moignage sur la vie au sein de lâOflag, sera publiĂ© en 1946, et rĂ©Ă©ditĂ© en 2006. Il Ă©crit un autre roman Ă Prenzlau, Le pharmacien de Chantenelle, qui sera Ă©ditĂ© en 1947[30].
Dessin et art pictural
Plusieurs prisonniers s'adonnent au dessin ou Ă la peinture.
Ils dĂ©corent les murs de la chapelle du bloc B de scĂšnes religieuses ; Ă lâoccasion de lâorganisation dâun cortĂšge historico-folklorique, ils peignent des panneaux montrant des vues emblĂ©matiques de leur rĂ©gion dâorigine.
Le Lieutenant Marcel Keukelaire produit quelques aquarelles montrant les bĂątiments du camp et les alentours[31].
Un jeune sous-lieutenant douĂ©, Charles BinamĂ© (dit Charly BinamĂ©), rĂ©alise une sĂ©rie de dessins, qui traduisent, avec beaucoup de justesse, lâatmosphĂšre du camp, et les sentiments intimes des prisonniers. Il sait croquer, sur le vif, et souvent avec humour, des scĂšnes de la vie quotidienne, mais aussi se montrer beaucoup plus profond, en suggĂ©rant le stress de la captivitĂ©, la solitude et la nostalgie, la quĂȘte spirituelle, ou la rudesse de lâhiver. MĂ©langĂ©s Ă des dessins antĂ©rieurs datant de son sĂ©jour Ă lâOflag X D, ils figurent dans un recueil publiĂ© en 1946[32] - [33].
Musique et chant
Les officiers emprisonnĂ©s ont la possibilitĂ© de faire venir des instruments, ou dâen acheter en Allemagne, et la musique, tant lĂ©gĂšre que classique, est pratiquĂ©e par un grand nombre dâentre eux.
Des rĂ©citals de musique de chambre sont rĂ©guliĂšrement organisĂ©s. Certains concerts sont exĂ©cutĂ©s sous la direction dâofficiers chefs de musique militaire.
Quelques prisonniers s'essaient mĂȘme Ă la composition; une musique de scĂšne est, par exemple, Ă©crite par le Capitaine Pierre Rimbout pour la piĂšce en nĂ©erlandais Ik dien d'Herman Teirlinck.
La chanson n'est pas en reste, et fait l'objet de nombreux spectacles.
Les prisonniers Ă©coutent aussi des disques.
Théùtre
Les prisonniers font du thĂ©Ăątre dans un garage du camp B. Les spectateurs sây rendent chacun avec son tabouret. On y joue des piĂšces en français, nĂ©erlandais et wallon. Elles sont accompagnĂ©es parfois de musique de scĂšne. DĂ©cors et costumes sont exĂ©cutĂ©s avec des moyens de fortune. Quand il y en a, les rĂŽles fĂ©minins doivent ĂȘtre jouĂ©s par des hommes, ce qui constitue Ă©videmment un sĂ©rieux challenge pour les acteurs et les metteurs en scĂšne.
Quelques piÚces sont écrites et créées en captivité, par exemple la comédie wallonne en 3 actes Quand i r'véra, de Franz Michaux, qui est créée à Prenzlau par son auteur, le 21 juin 1942.
Cours et conférences
De nombreux cours et confĂ©rences sont organisĂ©s, par et pour les prisonniers, dans des domaines trĂšs variĂ©s. Ils disposent dâouvrages reçus de Belgique et de Suisse, ou achetĂ©s en Allemagne.
En particulier, beaucoup dâofficiers se livrent Ă lâapprentissage de langues Ă©trangĂšres, dont lâallemand.
Les Ă©lĂšves officiers, dont certains sont polytechniciens, ont vu leurs Ă©tudes Ă lâĂcole Royale Militaire brusquement interrompues par la guerre, et sâefforcent dâentretenir et de complĂ©ter leurs connaissances, en vue de la reprise future de leur cursus.
Bricolage
La pratique du bricolage est trÚs répandue, par exemple pour fabriquer le petit mobilier manquant, comme des étagÚres, ainsi que des ustensiles, comme les fameuses «choubinettes ».
Il est également pratiqué pour fabriquer des décors et accessoires de théùtre, et de petits objets décoratifs.
Dâautre part, lâactivitĂ© de bricolage sert de couverture Ă la fabrication de matĂ©riel utilisĂ© dans le cadre des tentatives dâĂ©vasions, ou utile aux Ă©vadĂ©s en cavale.
Les prisonniers utilisent les matériaux disponibles dans les colis, et, en particulier, les boßtes de conserve.
Jardinage
Le jardinage est Ă la fois un passe-temps et une nĂ©cessitĂ©, car câest le seul moyen dâagrĂ©menter lâordinaire de quelques lĂ©gumes frais et de saison (radis, salades, carottes, haricots, âŠ). Il est donc autorisĂ© par la direction du camp et largement pratiquĂ©, dans de petits jardinets individuels dâenviron 6 mÂČ.
Défilé folklorique
Alors quâen Belgique occupĂ©e les carnavals et autres festivitĂ©s folkloriques sont interdits par les Allemands durant toute la durĂ©e de la guerre, les prisonniers belges de lâOflag II A obtiennent lâaccord des autoritĂ©s militaires du camp pour organiser un dĂ©filĂ© folklorique, Ă lâoccasion du 21 juillet 1942[34].
ComposĂ© dâune suite de scĂšnes reprĂ©sentatives dâune ville ou dâune rĂ©gion, chacune interprĂ©tĂ©e par des prisonniers originaires de ladite ville ou rĂ©gion, il met Ă lâhonneur Gand, Bruxelles, LiĂšge, Tournai, Charleroi, Nivelles, Ath, Mons, Termonde, Anvers, Gembloux, Binche, le littoral âŠ
Lors de ce défilé, on peut voir, notamment, des binchois faire le Gille[35] - [36], et des montois exécuter le combat dit « Lumeçon », scÚne culminante du Doudou.
Cet Ă©vĂ©nement est prĂ©parĂ© durant plusieurs semaines. Lâatelier de couture du camp fait des prodiges pour confectionner des costumes en utilisant les toiles dâemballage de colis. Divers accessoires sont fabriquĂ©s Ă partir des matĂ©riaux disponibles, en essayant de reproduire au mieux les objets traditionnels : les plumes des chapeaux des Gilles sont faites en papier, leurs sonnettes Ă partir de petites boĂźtes de conserve.
Les nombreuses photographies prises à cette occasion, permettent de se rendre compte de l'importance de l'événement et du grand soin apporté aux costumes et décors ; elles permettent aussi de voir les divers bùtiments du camp A.
Ăvolution dĂ©mographique
La population du camp atteignit un pic de prĂšs de 3 700 prisonniers durant la « pĂ©riode polonaise », et de 3 200 prisonniers durant la « pĂ©riode belge ». A partir du moment oĂč le camp fut majoritairement rĂ©servĂ© aux officiers belges d'active, le nombre de prisonniers se stabilisa aux alentours de 2 700[37].
Ăvasions
Il y eut plus de 200 tentatives dâĂ©vasion pendant la « pĂ©riode belge », selon des techniques diverses, comme le creusement dâun tunnel, lâutilisation des Ă©gouts, le sectionnement des barbelĂ©s, la dissimulation dans un vĂ©hicule de service, ou la fuite Ă lâoccasion dâune sortie Ă lâextĂ©rieur du camp. La moitiĂ© environ de ces tentatives permirent Ă leurs auteurs de sâĂ©chapper du camp, mais une vingtaine seulement aboutirent totalement. La trĂšs grande majoritĂ© des candidats Ă lâĂ©vasion furent donc, soit arrĂȘtĂ©s dans leur tentative, soit repris avant d'atteindre un pays neutre ou alliĂ©. Certains prisonniers rĂ©cidivĂšrent plusieurs fois ; quelques-uns y perdirent la vie[38].
Le Lieutenant-Colonel Paul Bolle mit sur pied une organisation clandestine trÚs sophistiquée, destinée à aider les candidats à l'évasion à tous les stades de celle-ci (préparation, logistique, sortie du camp, traversée de l'Allemagne, et passage de frontiÚre)[39].
La police criminelle allemande publiait des avis de recherche ad hoc (Sonderausgabe zum Deutschen Kriminalpolizeiblatt) incitant Ă la recherche active, et Ă l'arrestation, des prisonniers Ă©vadĂ©s[40]. Ces avis reprenaient les nom et prĂ©nom, le grade, les date et lieu de naissance, le matricule et l'Oflag l'ayant dĂ©livrĂ©, et, Ă©ventuellement, l'aspect physique (taille, corpulence, forme du visage, couleur des yeux et des cheveux, vĂȘtements, ...), ainsi que la destination prĂ©sumĂ©e. On y trouvait parfois, mais assez rarement, une photo des Ă©vadĂ©s. Il arrivait que des informations manquent ou soient inexactes (noms incorrects ou mal orthographiĂ©s).
Collaboration
LâOflag II-A nâĂ©chappe pas au prosĂ©lytisme de LĂ©on Degrelle, qui cherche Ă recruter des officiers pour sa division Wallonie. Il nây recueille que trĂšs peu de succĂšs; seuls quelques rares officiers sont sensibles Ă ses arguments, et tous, sauf deux, se rĂ©tractent, plus ou moins rapidement, et, donc, restent ou reviennent au camp.
Le Général-Major Chardome, rallié fin mai 1944, casse son engagement moins de deux mois plus tard, aprÚs un contact avec sa famille, et regagne le camp. Jugé à la libération par la Cour militaire, on lui reconnaßt des circonstances atténuantes; il est dégradé et condamné à 15 ans de prison[41] - [42].
Le Major Franz Hellebaut prend le commandement de la division Wallonie en mai 1944. Dégradé et condamné à mort par fusillade en 1946 par la Cour militaire, sa peine est, quatre ans plus tard, commuée en prison à perpétuité. Il est finalement libéré anticipativement fin 1959[43] - [44].
Le Capitaine-Commandant Léon Lakaie prend le commandement d'un bataillon de la division Wallonie en mai 1944. Il est, plus tard, écarté de ce commandement. Il est jugé par défaut, et condamné à mort par le Conseil de Guerre de Tournai[45]; il sera ensuite gracié[46].
Commémoration
Deux mĂ©dailles commĂ©moratives en bronze ont Ă©tĂ© frappĂ©es en souvenir de lâOflag II-A de Prenzlau.
Lâune, que lâon doit Ă Marcel Rau, est produite pendant la guerre, en 1942[34]. Elle reprĂ©sente, au recto, le roi LĂ©opold III de profil, et porte, au verso, sur 3 lignes, la mention OFLAG II.A / PRENZLAU / 21-VII-1942[47].
Lâautre, Ćuvre dâArmand Bonnetain, est financĂ©e par plus de 600 souscripteurs en 1947[48]. Elle reprĂ©sente, dâun cĂŽtĂ©, un homme aux pieds enchaĂźnĂ©s, qui taquine dâune plume un aigle perchĂ© sur une clĂŽture de fils barbelĂ©s, et de lâautre le bĂątiment administratif de lâOflag (le bloc E) ainsi que la salle de gymnastique adjacente. La mention 1940-1945 figure au recto ; au verso, on trouve le mention PRENZLAU, ainsi quâun cartouche permettant de graver une inscription personnalisĂ©e pour chaque souscripteur[49].
Affectation ultérieure
à partir de 1945, et jusqu'en 1994, les bùtiments furent utilisés comme caserne par le groupement des forces armées soviétiques en Allemagne (GSSD). AprÚs le départ des Russes, le bloc C a été aménagé comme foyer pour demandeurs d'asile ; il est toujours affecté à cet usage aujourd'hui. Les blocs E et A ont servi de centre de formation professionnelle dans les années 1990, mais sont actuellement à nouveau vides. Les blocs B et D sont totalement abandonnés et délabrés. Les hangars et bùtiments du camp B ont été réaménagés, et hébergent un loueur de remorques, et un fournisseur de meubles et matériel de bureau.
Les blocs de caserne situĂ©s de l'autre cĂŽtĂ© de la Berliner StraĂe ont Ă©tĂ© transformĂ©s en Ă©cole (Carl-Friedrich-Grabow-Schule) aprĂšs le dĂ©part des Russes. Certains, identiques aux blocs C et D du camp, ont Ă©tĂ© rĂ©novĂ©s en prĂ©servant le gabarit et l'aspect extĂ©rieur[50].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Oflag II-A » (voir la liste des auteurs).
- J. Bertin, « Oflag II A Prenzlau », Oflags, .
- (de) « Prenzlau Stadt-Lexikon (voir page 16) » [PDF], .
- (pl) Piotr KoĆŒuchowski, « Oflag II A Prenzlau (1939-1941). Lista jeniecka », .
- (en) Megargee, Geoffrey P., The United States Holocaust Memorial Museum encyclopedia of camps and ghettos, 1933-1945, Volume IV [Elektronische Ressource] Camps and other detention facilities under the German armed forces, Indiana University Press, (ISBN 978-0-253-06090-7, 0-253-06090-7 et 978-0-253-06089-1, OCLC 1344008571, lire en ligne).
- Georges Hautecler, « La vie religieuse des prisonniers de guerre belges (1940-1945) » [PDF],
- Laurent Tassier, « Liste des prisonniers de guerre belges (officiers) à Prenzlau - ListePG PRENZLAU (Jorissen) » [zip], .
- « Office des Travaux de lâArmĂ©e dĂ©mobilisĂ©e (O.T.A.D.) », sur www.belgiumwwii.be (consultĂ© le )
- Calcul réalisé à partir des informations du portail cadastral de Prenzlau - https://geoportal-prenzlau.de/application/Geoportal_PZ
- J. Bertin, « Oflag II A Prenzlau - Description du camp », Oflags, .
- Une dizaine d'officiers perdirent malheureusement la vie durant cet épisode, et une poignée préféra continuer vers l'Elbe pour rejoindre les troupes américaines.
- « Hommages - Hulden », sur bel-memorial.org (consulté le )
- « Revue internationale de la Croix-Rouge - RICR 259 - Missions du Comité international de la Croix-Rouge » [PDF],
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- « Visites de camps de prisonniers de guerre et d'internés civils, faites en Allemagne par des délégués du Comité international » [PDF]
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- (en) « News from Belgium and the Belgian Congo - Volume 3 »,
- Henri DECARD (textes - pseudonyme de Henri DEPAGE) et Jean REMY (illustrations), JAMAIS NE DĂSESPĂRE... Anecdotes de captivitĂ© militaire en Allemagne, 1940-1945, Bruxelles, Librairie PARCHIM, , 96 p., p 63
- « Archives CEGESOMA - Photo n° 2630 » [JPEG]
- « Archives CEGESOMA - Photo n° 2609 » [JPEG]
- « Archives CEGESOMA - Photo n° 2590 » [JPEG]
- H. pour Halle, qui signifie ici hangar
- Récit sans titre de la captivité 1942-1945, par Léon Belche, professeur émérite à l'ERM, rédigé en 2008 pour une émission de la VRT (Vlaamse Radio Televisie) - document n°3191 de la Cellule Héritage Historique de l'ERM
- « News from Belgium and the Belgian Congo, vol. III, no. 2, January 9, 1943 | University of Toledo Digital Repository », sur utdr.utoledo.edu (consulté le )
- « Les boßtes de conserve résolvent tous les problÚmes »
- « Soins médicaux »
- Thibaut de MaisiÚres, Gilbert., Tourisme clandestin; récits d'évasions, Bruxelles, Office de Publicité, , 243 p. (OCLC 28265767, lire en ligne)
- (de) « Das Wetter in Berlin von 1933-1945 », sur berlingeschichte.de (consulté le ).
- Georges HAUTECLER, La vie religieuse des prisonniers de guerre belges : compléments , Cahiers d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale, IV, 1976, 1, p. 229-232.
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- (nl) « MARCEL RAU, GRAVEUR VAN LEOPOLD III » [PDF]
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- (en) G. Mattiello, Prisoners of War in Germany. Kriegsgefangene in Deutschland. 1939-1945. Part 1 / Teil 1. Camps, Nationalities, Monthly Population. Lager, NationalitÀten, monatliche Besetzung., Berlin-Schönefeld, Morgana Edition, , p. 206.
- Jean Buzin, « Auguste Poppe 1908 - 1986 » [PDF].
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- Exemple d'un tel avis de recherche dans le cas de l'Ă©vasion de 12 officiers belges le 22/07/1943 : https://stalags.files.wordpress.com/2015/07/page-104.pdf
- (nl) Belgium, Belgisch staatsblad, (lire en ligne)
- « L'erreur du général Chardome », sur deuxiemeguerremondia.forumactif.com (consulté le )
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- « Quelques aspects de l'actuel contentieux 'Flamands-Wallons' »
- (nl) Belgium, Belgisch staatsblad, (lire en ligne)
- Grégory Bouysse, Encyclopédie de l'Ordre Nouveau - Hors-série - WALLONIE (partie I), Lulu.com, (ISBN 978-0-244-96136-7, lire en ligne)
- (de) « Los 1131, Veiling 45 - Karel de Geus », sur Professional Auction Service (consulté le )
- (nl) « DE« PRENZLAU » MEDAILLE VAN ARMAND BONNETAIN, 602 GEKENDE KOPERS »
- « Numis.be - Joselito Eeckhout - November 2012 Public Auction Lot 690 », sur www.numisbids.com (consulté le )
- Vue d'un bĂątiment de la Carl-Friedrich-Grabow-Schule, similaire aux blocs C et D
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Vidéo, datant d'avril 2014, et montrant l'état du site à cette époque : https://www.youtube.com/watch?v=-9IZYttLBBU
- Vue du bloc D, dĂ©labrĂ©, prise en 2012 depuis la Berliner StraĂe : https://grossfredenwalde.wordpress.com/2012/09/29/prenzlau/dsc05028/
- Site consacré à Raymond Troye : https://oflagbe.wordpress.com/
- Souvenirs de captivité de Baudouin Van Remoortere : https://vanremoortere.blogspot.com/2009/10/chapitre-10-prenzlau-oflag-iia-de.html
- Archives photographiques du CICR :