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Oflag II-A

Oflag II-A est la dénomination d'un camp de prisonniers de guerre pour officiers, créé par l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, et situé à Prenzlau, à environ 90 kilomÚtres au nord de Berlin[1].

Oflag II-A
Image illustrative de l’article Oflag II-A

Lieu Prenzlau, Brandebourg, Allemagne
Type d’ouvrage Camp de prisonniers de guerre pour officiers
Utilisation 1939—1945
ContrÎlé par Drapeau de l'Allemagne nazie Allemagne nazie
Guerres et batailles Seconde Guerre mondiale
CoordonnĂ©es 53° 18â€Č 08″ nord, 13° 49â€Č 15″ est

Étymologie

La dénomination Oflag II-A résulte de la juxtaposition de :

  • Oflag, abrĂ©viation du mot allemand Offizierslager, qui signifie « camp pour officiers » ;
  • II, numĂ©ro du district militaire allemand dans lequel Ă©tait situĂ© le camp, Ă  savoir le district militaire de Stettin ;
  • A, lettre identifiant cet Oflag particulier au sein du district militaire concernĂ©, qui en compta cinq.

Description

L'Oflag II-A fut installé dans une caserne construite en 1936, au sud de la ville de Prenzlau, pour le 38e régiment d'artillerie de l'armée allemande[2].

Ouvert Ă  la fin , il abrita d'abord des officiers polonais[3]. En , des officiers d'autres nationalitĂ©s, principalement des officiers belges, y remplacĂšrent les officiers polonais, qui furent transfĂ©rĂ© Ă  l'Oflag II-E de Neubrandenbourg Ă  la fin fĂ©vrier 1941[4]. À la fin , quasi tous les officiers belges d'active y furent regroupĂ©s, les officiers de rĂ©serve belges Ă©tant, quant Ă  eux, transfĂ©rĂ©s Ă  l'Oflag X-D de Fischbek. Le regroupement des officiers d'active belges prisonniers fut poursuivi en septembre 1943, avec l'arrivĂ©e d'une centaine d'entre eux venant de l'Oflag X-C de LĂŒbeck. En , l'Oflag II-A comptait un peu plus de 2 600 officiers, et Ă©lĂšves officiers[5] - [6]. Outre ceux-ci, le camp hĂ©bergeait aussi environ 300 sous-officiers et soldats, dont les ordonnances des officiers[4]. Lors de sa dissolution au dĂ©but 1944, les officiers employĂ©s par l'O.T.A.D. (Office des Travaux de l'ArmĂ©e DĂ©mobilisĂ©e), et Ă©pargnĂ©s jusque lĂ  par la captivitĂ©, furent eux-aussi transfĂ©rĂ©s Ă  l'Oflag II-A[7]; de petits groupes de nouveaux arrivants se succĂ©dĂšrent tout au long de l'annĂ©e; c'est, au total, environ 160 nouveaux prisonniers belges qui arrivĂšrent en 1944. Suite Ă  l’insurrection de Varsovie, plusieurs officiers polonais furent faits prisonniers et transfĂ©rĂ©s au camp.

Seule la partie de la caserne situĂ©e au nord-ouest de la Berliner Straße fut affectĂ©e au camp; le reste de celle-ci, situĂ© de l'autre cĂŽtĂ© de la rue, garda son affectation initiale. D'une superficie d'environ 9 hectares au total[8], le camp Ă©tait divisĂ© en deux parties[9]: le camp A (Lager A) contenait quatre blocs de trois Ă©tages, dont un mansardĂ©, destinĂ©s aux prisonniers - totalement (blocs A, B et C), ou partiellement (bloc D) -, ainsi qu'un bloc administratif et de cantine (bloc E), dans lequel logeaient aussi un nombre limitĂ© de prisonniers; le camp B (Lager B) contenait divers garages et ateliers, dont certains servirent de logement supplĂ©mentaire pour les prisonniers. Le camp Ă©tait entourĂ© d'une double clĂŽture de barbelĂ©s avec sept miradors.

En , la dénomination Oflag II-A fut changée en Oflag 80[4].

Situation géographique

Le camp se situe dans la pĂ©riphĂ©rie sud-ouest de Prenzlau, chef-lieu de l'arrondissement d'Uckermark, dans le Land de Brandebourg, le long de la route B 109 reliant la ville Ă  Berlin, et juste au niveau du croisement entre la Berliner Straße et la Röperdorfer Straße.

Prenzlau - la Marienkirche et les bords du lac Unteruckersee - 1911

Prenzlau se situe, à vol d'oiseau, à une distance d'environ 93 km de Berlin, 500 km de Varsovie, 700 km de Bruxelles, et 760 km de Zurich; de quoi décourager et, en tout cas compliquer, les évasions.

Des étages supérieurs des blocs du camp A, on peut apercevoir le centre ville et l'église Sainte-Marie (Marienkirche), qui se trouvent à environ 3 km.

Le camp est assez proche (moins de 2 km) du lac Unteruckersee, qui borde Prenzlau, et s'Ă©tend, au sud, sur une superficie de 10 kmÂČ.

L'arriĂšre du camp donne sur une zone de marais et de bois; la ligne de chemin de fer vers Berlin passe Ă  moins de 400 m.

Libération

Le camp fut libĂ©rĂ© le par le DeuxiĂšme front biĂ©lorusse, qui avait pris Prenzlau la veille[4]. Le , une partie des officiers prisonniers avaient Ă©tĂ© emmenĂ©s Ă  pied par leurs gardiens allemands, fuyant l'avance de l'ArmĂ©e rouge. Le dĂ©part s'effectua en deux colonnes, les occupants des blocs A et B d'une part, et ceux des blocs C, D, et E d'autre part ; les gĂ©nĂ©raux, les malades de l'infirmerie et les soldats restĂšrent sur place. AbandonnĂ©s Ă  eux-mĂȘmes un peu plus tard, la plupart[10] des prisonniers revinrent au camp libĂ©rĂ©, fatiguĂ©s physiquement, et nerveusement, par ce pĂ©riple de prĂšs de 80 km, effectuĂ© dans des conditions dangereuses et stressantes. Ils y passĂšrent encore un peu plus d'un mois en compagnie des troupes russes, avant d'ĂȘtre emmenĂ©s en camion, et remis Ă  l'armĂ©e anglaise. Ce n'est donc qu'au dĂ©but que les officiers belges purent rentrer chez eux.

Peu avant sa libération, le camp fut victime d'un dommage collatéral des combats en cours. Le , deux bombes, larguées par un avion russe, atteignirent le bloc B, causant la mort sur le coup de huit prisonniers de guerre, et en blessant plusieurs autres, dont l'un décéda un peu plus tard[11].

Conditions de détention

Plusieurs visites de la Croix-Rouge ont eu lieu durant la période de fonctionnement du camp, notamment en mai 1940 (Dr Marti), en mai 1941 (Dr Exchaquet), et en novembre 1942 (Drs Wenger et Lehner)[12] - [13] - [14]. Elles ont permis de confirmer que les conditions de détention respectaient, dans l'ensemble, la troisiÚme Convention de GenÚve relative au traitement des prisonniers de guerre[4] - [15]. Toutefois, au cours du temps, ces conditions n'ont cessé de se détériorer[16].

HĂ©bergement

Alors que d'autres camps n'étaient composés que de baraquements sans confort, l'Oflag II A fut installé dans une caserne trÚs récente, dont les bùtiments destinés au logement étaient équipés d'un chauffage central et, à chaque étage, d'installations sanitaires communes, comportant des lavabos, des douches, et des toilettes[4].

Il faut toutefois tempérer cette impression de confort relatif :

  • vu la surpopulation du camp, des prisonniers furent logĂ©s dans les caves, dans les greniers, et, Ă  la bonne saison, dans les garages
  • la taille des chambrĂ©es Ă©tait inversement proportionnelle au grade : quelques gĂ©nĂ©raux privilĂ©giĂ©s Ă©taient logĂ©s dans une chambre individuelle, les autres gĂ©nĂ©raux Ă©taient logĂ©s par deux, les colonels par quatre, et les majors par 8; les officiers subalternes et les sous-officiers et soldats Ă©taient hĂ©bergĂ©s en chambrĂ©es de taille variable allant jusqu'Ă  34 personnes[4]; dans chaque garage, divisĂ© en plusieurs sections mais sans cloisons, il y avait jusqu'Ă  150 prisonniers
  • la literie Ă©tait rudimentaire (lits superposĂ©s Ă  deux Ă©tages - voire, trĂšs rarement, Ă  trois Ă©tages -; sommiers en planches; paillasses) et colonisĂ©e par les punaises des lits
  • le mobilier Ă©tait sommaire (quelques armoires, quelques tables, des tabourets - il y avait trĂšs peu de chaises dans le camp)
  • le chauffage Ă©tait parcimonieux et le devint plus encore Ă  la fin de la captivitĂ©; il n'y avait pas de chauffage dans les garages
  • les prisonniers disposaient d'eau froide chaque jour, Ă  des moments prĂ©cis, mais ne pouvaient bĂ©nĂ©ficier d'une douche chaude que deux Ă  trois fois par mois[4]
  • l'Ă©clairage naturel des caves Ă©tant trĂšs limitĂ©, il y faisait sombre toute la journĂ©e, sauf en Ă©tĂ©; l'Ă©clairage artificiel ne fonctionnait qu'en soirĂ©e et la nuit.
Blocs de caserne semblables aux blocs C et D
Blocs de caserne semblables aux blocs C et D
Bloc de caserne semblable aux blocs A et B
Bloc de caserne semblable aux blocs A et B
Oflag II-A - Les blocs A & E, tels qu'illustrĂ©s Ă  la page 63 du livre "JAMAIS NE DÉSESPÈRE..."[17]

Au camp A :

  • les blocs C et D, proches de la Berliner Straße et longs, chacun, de 60 m, ont trois Ă©tages, dont le dernier est mansardĂ© sous un toit en croupe[18]; le bloc C est exclusivement affectĂ© au logement des prisonniers (environ 750 officiers belges en 1945); le bloc D ne l'est que partiellement (environ 250 officiers belges en 1945) - son rez-de-chaussĂ©e est rĂ©servĂ© Ă  la garde de police allemande, aux salles de visite, de pansement et Ă  certains bureaux et ateliers : cordonnerie, tailleur, coiffeur, dentisterie, etc.; son premier Ă©tage sert d'infirmerie et est occupĂ© par les malades, les mĂ©decins, et les infirmiers; son second Ă©tage est affectĂ© au logement; son grenier est en grande partie transformĂ© en dĂ©pĂŽt pour les valises, celles-ci ne pouvant ĂȘtre conservĂ©es dans les chambres que par les gĂ©nĂ©raux et les colonels 3 Ă©toiles; les caves abritent la chaufferie et diverses installations allemandes
  • les blocs A et B, un peu moins longs que les prĂ©cĂ©dents, ont, eux-aussi, trois Ă©tages, dont le dernier est mansardĂ© sous un toit en croupe tronquĂ© en toit terrasse[19]; ils sont exclusivement affectĂ© au logement de prisonniers (en 1945, environ 700 officiers belges dans le bloc A et 650 dans le bloc B)
  • le bloc E, plus court, et comptant seulement 2 Ă©tages, dont le second est mansardĂ© sous un toit en croupe, est surmontĂ© d'un clocheton central Ă©quipĂ© d'une horloge[20]; sur la façade, au niveau du premier Ă©tage et dans l'axe de la triple porte d'entrĂ©e, figure l'aigle allemand perchĂ© sur une croix gammĂ©e; ce bloc hĂ©berge la cuisine, la cantine, deux grands rĂ©fectoires, la salle Ă  manger des officiers gĂ©nĂ©raux et colonels 3 Ă©toiles, et diffĂ©rents bureaux administratifs; le nombre de prisonniers qui y sont logĂ©s est donc assez limitĂ© (environ 70 officiers belges en 1945)
  • Les toits sont en tuiles rouges, et les murs extĂ©rieurs sont recouverts d'un enduit de couleur claire
  • La cour centrale est bordĂ©e d'arbres
  • L’identification des chambres se fait sur base de la lettre dĂ©signant le bloc, suivie :
    • dans le cas des chambres en sous-sol, du numĂ©ro de local (exemple: C1 = chambre 1 dans la cave du bloc C, B11 = chambre 11 de la cave du bloc B)
    • pour les autres chambres, d’un chiffre associĂ© Ă  l’étage (1 pour le rez-de-chaussĂ©e; 2, 3 et 4 respectivement pour les premier, deuxiĂšme et troisiĂšme Ă©tages) et du numĂ©ro de local sur deux chiffres (exemple: C101 = chambre 1 du rez-de-chaussĂ©e du bloc C; B411 = chambre 11 de l'Ă©tage mansardĂ© du bloc B).

Au camp B:

  • Plusieurs hangars, destinĂ©s initialement aux vĂ©hicules militaires, sont affectĂ©s aux logements de prisonniers, seulement Ă  la bonne saison en principe (on y compte environ 80 officiers belges en 1945)
  • L'identification d'une "chambre" se fait sur base du numĂ©ro (chiffre romain) du garage oĂč se trouve la "chambre", et du numĂ©ro (chiffre arabe) de la portion de garage concernĂ©e, les deux chiffres Ă©tant sĂ©parĂ©s par un espace ou une barre oblique (exemple : VIII/5 = chambre 5 du garage 8 ; sur la correspondance, ce numĂ©ro de chambre est gĂ©nĂ©ralement prĂ©cĂ©dĂ© de la mention Camp B H.[21])

En juillet 1944, pour abriter les nouveaux arrivants, les allemands construisirent une longue et spacieuse baraque derriĂšre le bloc A.

Alimentation

Dans le rapport[12] de la visite qu’il effectua le 26 mai 1940, le Dr Marti, envoyĂ© de la Croix-Rouge, note que les officiers font la cuisine dans leur chambre et que leur nourriture est celle des officiers allemands.  Il ajoute que la nourriture paraĂźt juste suffisante, mais que, comme elle correspond Ă  celle du soldat allemand, il semble impossible de l’amĂ©liorer.

Suivant les témoignages des prisonniers[22], les ingrédients fournis par les allemands sont limités, peu variés, et de médiocre qualité :

  • du pain de munition (Kastenbrot)
  • un peu de margarine
  • un peu de marmelade
  • un peu de saucisse (WĂŒrst)
  • quelques lĂ©gumes de saison ou de conserve, comme de la choucroute (Sauerkraut)
  • un peu de poisson sĂ©chĂ©
  • des pommes de terre en robe des champs (Pellkartoffeln).

Le matin, les prisonniers reçoivent un ersatz de café ; le midi, une soupe trÚs diluée.

La rĂ©ception de colis familiaux, mais aussi de colis collectifs de la Croix-Rouge, notamment canadienne et amĂ©ricaine, permet heureusement d’amĂ©liorer l’ordinaire.

Oflag II-A - Trois officiers belges recevant des colis de la Croix-Rouge américaine - 1942
Oflag II-A - Trois officiers belges recevant des colis de la Croix-Rouge américaine - 1942

Certains officiers sont aussi autorisĂ©s Ă  cultiver un petit potager de 5 Ă  6 mÂČ, leur fournissant des lĂ©gumes frais (salades, carottes, haricots, 
)[23].

Quelques rĂ©chauds Ă  gaz sont Ă  disposition des prisonniers (1 pour 500) mais l’usage du gaz est payant et le temps d’utilisation autorisĂ© par personne est trĂšs limitĂ©e.  Aussi la plupart des prisonniers prĂ©parent-ils leur repas en utilisant des rĂ©chauds de fortune fabriquĂ©s Ă  partir de boĂźtes de conserve[24], et surnommĂ©es « choubinettes » ; ces petits rĂ©chauds sont basĂ©s sur le principe du gazogĂšne, et leur combustible est, la plupart du temps, constituĂ© de boulettes en papier.

Les prisonniers se groupent par affinitĂ© pour constituer ce qu’ils appellent des « popotes », oĂč l’on partage les vivres et autres ressources disponibles (contenu des colis, lĂ©gumes du jardinet, 
), ainsi que les tĂąches (cuisine, jardinage, 
).

Le petit-déjeuner est pris en chambre ; le repas de midi est préparé par les soldats prisonniers, et servi au réfectoire ; le repas du soir est préparé par chaque « popote » et pris en chambre.

A partir de septembre 1944, il n’y a plus de colis en provenance de la Belgique, libĂ©rĂ©e, et les colis de la Croix-Rouge se rarĂ©fient et puis se tarissent complĂštement ; Ă  la fin de leur captivitĂ© et jusqu’à la libĂ©ration du camp, les prisonniers doivent subsister avec les toujours plus maigres rations allemandes, et ils ont faim.

Soins de santé

Le camp comporte une unitĂ© mĂ©dicale et sanitaire, sous le contrĂŽle d’un mĂ©decin allemand.  Elle emploie les mĂ©decins et infirmiers belges prisonniers.

L’infirmerie et les locaux d’hospitalisation se trouvent au premier Ă©tage du bloc D.

Les cas graves, ou nĂ©cessitant des soins qui ne peuvent pas ĂȘtre pris en charge au camp, sont traitĂ©s Ă  l’hĂŽpital civil de Prenzlau ou dans des hĂŽpitaux militaires allemands extĂ©rieurs distants.

Certains malades sont rapatriés en Belgique, mais souvent seulement aprÚs de longs délais.

Il y a un manque récurrent de médicament et de matériel.

Les chambres de l'infirmerie n’échappent pas aux punaises, cafards et autres insectes.

Les soins dentaires sont assurĂ©s par un mĂ©canicien dentiste belge ne disposant que d’un matĂ©riel rudimentaire, et les dĂ©lais d’attente sont trĂšs longs[25].

Habillement

Les prisonniers ne disposent, chacun, que d’une garde-robe fort limitĂ©e, que ce soit en matiĂšre de sous-vĂȘtements, d’uniformes, de manteaux, et de chaussures.  

Le camp est Ă©quipĂ© d’un atelier de couture et d’une cordonnerie, permettant les rĂ©parations, mais les dĂ©lais d’attente sont longs et les prisonniers sont souvent obligĂ©s de fournir la matiĂšre premiĂšre nĂ©cessaire Ă  la rĂ©paration.

Lorsque les vĂȘtements sont trop usĂ©s, les allemands fournissent des effets de rechange, en puisant dans leurs stocks d’effets militaires de toutes nationalitĂ©s ; suivant les circonstances, le prisonnier peut donc hĂ©riter d’un manteau polonais ou d’un pantalon français.  Quant aux chaussures hors d’usage, elles sont remplacĂ©es par des sabots avec tige en cuir (Holzschuhe).  Heureusement des colis amĂ©ricains et canadiens vont fournir des chaussures neuves en cuir Ă  de nombreux prisonniers.

Administration du camp

L’Oflag II-A est organisĂ©, et administrĂ©, suivant le standard en vigueur dans l’armĂ©e du IIIe Reich.

Le commandement du camp est confiĂ© Ă  un officier supĂ©rieur de la Wehrmacht, assistĂ© d’officiers subalternes et de sous-officiers. Le premier commandant du camp, d'aoĂ»t 1939 Ă  juin 1940, est le Generalmajor Jesco van Puttkamer, alors ĂągĂ© de 63 ans.

Ainsi que le prĂ©voit la convention de GenĂšve, les prisonniers disposent d’un reprĂ©sentant officiel, appelĂ© homme de confiance, qui est censĂ© dĂ©fendre leurs intĂ©rĂȘts.  AutoritĂ© morale, son rĂŽle est dĂ©licat, car il est aussi considĂ©rĂ© par l’autoritĂ© militaire allemande comme garant du comportement des prisonniers, et il doit relayer les informations et consignes de cette autoritĂ©. A l’arrivĂ©e des officiers belges Ă  Prenzlau, en 1941, c’est le Lieutenant-GĂ©nĂ©ral Edouard Van den Bergen, doyen des officiers – il a alors 62 ans -, qui endosse ce rĂŽle.

Le camp compte une antenne du renseignement militaire (Abwehr), qui est en charge de la surveillance au sens large (y compris de celle des militaires allemands du camp...), de la prévention des évasions, de la censure (colis, lettres, livres, sermon dominical, 
), de la propagande, et de la promotion de toutes les formes possibles de collaboration.

Chaque chambrĂ©e dispose d’un chef de chambrĂ©e, qui pour les chambrĂ©es de sous-lieutenants et lieutenants, est systĂ©matiquement un capitaine-commandant.  Chaque bĂątiment et Ă©tage se voit Ă©galement attribuer un officier responsable.

Surveillance et prévention des évasions

L’infrastructure de prĂ©vention des Ă©vasions est constituĂ©e :

  • d’une zone d’exclusion dĂ©limitĂ©e par un fil mĂ©tallique positionnĂ© Ă  50 cm du sol ; tout prisonnier franchissant cette limite est susceptible d’ĂȘtre abattu
  • d’une double rangĂ©e de chevaux de frise barbelĂ©s
  • d’une double clĂŽture de fils barbelĂ©s haute de 2 m 50 ; le haut de la clĂŽture intĂ©rieure est recourbĂ© vers l’intĂ©rieur ; l’espace entre les deux clĂŽture est suffisant pour permettre d'y effectuer une ronde
  • d’un mur extĂ©rieur en bĂ©ton d’1 m 80 de hauteur
  • de sept miradors sur pilotis, de 4 m 50 de hauteur ; rĂ©partis tout autour de l’enceinte, ils sont occupĂ©s en permanence par une sentinelle, et disposent chacun d’un projecteur puissant.

Le camp A est séparé du camp B par une double clÎture de fils barbelés, dans laquelle une porte est aménagée.

Le camp A et le camp B disposent chacun d’un accùs à la Berliner Straße ; ces accùs comportent :

  • une porte barbelĂ©e devant laquelle se trouve un planton
  • un sas avec baie vitrĂ©e donnant sur le corps de garde
  • une double porte barbelĂ©e gardĂ©e par une sentinelle.

La garde du camp est assurĂ©e par l'une des compagnies d'un LandesschĂŒtzen-Bataillon (de), unitĂ© d'infanterie territoriale composĂ©e de personnel plus ĂągĂ©, ou moins apte au combat, et affectĂ©, pour ces raisons, Ă  des missions de garde de prisonniers. En journĂ©e, une quarantaine de soldats sont affectĂ©s Ă  la surveillance des prisonniers; la nuit, les sentinelles des miradors sont doublĂ©es, et des rondes sont organisĂ©es Ă  la pĂ©riphĂ©rie du camp.

Des fouilles ont lieu réguliÚrement pour débusquer des indices de projets d'évasion, et particuliÚrement de creusement de tunnels; les soldats allemands en charge de ces fouilles sont surnommés "rats de cave" par les prisonniers; un réseau de micros, enfouis dans le sol en plusieurs endroits du camp, est destiné à détecter des bruits suspects ou des vibrations anormales.

À leur arrivĂ©e au camp, les prisonniers se voient attribuer un matricule, et une plaque d'identitĂ© en mĂ©tal, sur laquelle ce matricule et le nom de l'Oflag sont gravĂ©s. Ils sont aussi photographiĂ©s avec ce matricule et le nom de l'Oflag Ă©pinglĂ©s sur la poitrine.

Les prisonniers sont soumis Ă  deux appels journaliers qui s’effectuent dans la cour principale du camp A. Celui du matin se tient toujours Ă  8 h 30 ; celui de l’aprĂšs-midi est Ă  horaire variable mais a souvent lieu Ă  16 h. L'appel se limite, la plupart du temps, Ă  un simple comptage des prisonniers ; toutefois, il arrive aussi rĂ©guliĂšrement qu'un contrĂŽle de prĂ©sence plus approfondi ait lieu, sur base du matricule ou du nom. Les prisonniers se rassemblent en rang devant leur bloc respectif ; le comptage s’opĂšre par groupe de 50 – dix files de 5 prisonniers[26].

Les prisonniers sont payés, et effectuent leurs achats, dans une devise spéciale, appelée Kriegsgefangenen Lagergeld, qui est réservée aux camps et n'a aucune valeur en dehors de ceux-ci.

Conditions climatiques

Les hivers 1939-1940, 1940-1941, et 1941-1942 furent extrĂȘmement rigoureux : au cours de ces trois hivers, Ă  Berlin, qui est Ă©loignĂ© de moins de 100 kilomĂštres de Prenzlau, la tempĂ©rature descendit jusqu'Ă  -21° C, et il y eut respectivement 113, 114 et 118 jours oĂč la tempĂ©rature descendit sous 0 °C, dont, toujours respectivement, 63, 42, et 57 jours de gel permanent[27]. Dans son livre Tourisme Clandestin[26], le Lieutenant Thibaut de MaisiĂšres indique que, dans le camp, au dĂ©but 1942, il fait -25° C durant la nuit.

Les hivers 1942-1943 et 1943-1944 furent plus doux que la moyenne, avec seulement 14 jours de gel permanent Ă  Berlin[27]. L'hiver 1944-1945 fut dans la moyenne[27]. L'Ă©tĂ© 1944 fut particuliĂšrement chaud : on compta, Ă  Berlin, 50 jours oĂč la tempĂ©rature dĂ©passa 25 °C, et 18 jours oĂč elle dĂ©passa 30 °C[27].

Solde

Les officiers prisonniers touchent une solde, en fonction de leur grade.  Elle est payĂ©e en Kriegsgefangenen Lagergeld, valable uniquement dans le camp.  Ils peuvent utiliser cette devise pour acheter les quelques rares produits proposĂ©s Ă  la cantine (un peu de biĂšre, du sel, du dentifrice,
) ou commercer entre eux. La plupart envoient une partie de leur solde Ă  leur famille. Pour toute utilisation en dehors du camp (pour la dĂ©lĂ©gation de solde, ou pour l’achat de livres, ou d’instruments de musique, par exemple), l’argent est converti en Reichsmarks.

Correspondance

Carte postale, approuvée par la censure, et adressée à un officier du Camp B de l'Oflag II-A

Les prisonniers ont le droit d'Ă©changer rĂ©guliĂšrement du courrier avec leurs proches. Son contenu est vĂ©rifiĂ© par le service de la censure ; un cachet, en Ă©criture Schwabacher, identifiant l'oflag et portant la mention GeprĂŒft, est apposĂ© lorsque le courrier respecte les rĂšgles en vigueur. Il existe, Ă  l'usage des prisonniers, des cartes postales spĂ©ciales, prĂ©imprimĂ©es avec mentions bilingues (allemand-français), et comportant un volet dĂ©tachable, utilisable pour rĂ©pondre sans frais de port. La carte-rĂ©ponse prĂ©sente, au recto, des champs prĂ©vus pour indiquer les coordonnĂ©es de l'expĂ©diteur, le nom du destinataire et son numĂ©ro de prisonnier, auquel on ajoute habituellement son adresse interne au sein de l'oflag; l'adresse du camp est prĂ©imprimĂ©e; au verso, on trouve 7 lignes sur lesquelles on peut Ă©crire. Le temps d'acheminement est variable ; fin 1942, il faut compter environ 8 jours, dans chaque sens.

Information

Les prisonniers sont soumis à la propagande du Reich. Ils ont accÚs à certains journaux allemands nationaux et régionaux, dont le papier se transforme souvent en combustible pour leurs réchauds.

Le camp dispose d’une radio clandestine, opĂ©rĂ©e par des officiers des troupes de transmission.  Ils Ă©coutent les Ă©missions de la BBC, et informent rĂ©guliĂšrement leurs codĂ©tenus de l’évolution de la guerre, telle que relatĂ©e par les AlliĂ©s.

Malgré le contrÎle des colis, des informations non-censurées arrivent cachées dans ceux-ci.

Les Ă©vadĂ©s repris sont aussi une source d’information sur ce qui se passe Ă  l’extĂ©rieur du camp, en Allemagne et, dans le cas de ceux qui ont rĂ©ussi Ă  les atteindre, dans les pays occupĂ©s.

Vie spirituelle

Les aumĂŽniers militaires sont rapatriĂ©s d’office par les Allemands au dĂ©but 1941[5].

Toutefois, deux aumĂŽniers catholiques restent volontairement en captivitĂ©, et assurent le service religieux catholique romain jusqu’au retour des prisonniers dans leurs foyers.

Un grand local, dans le grenier du bloc B, est transformĂ© en chapelle ; il est ornĂ© et dĂ©corĂ© par les officiers. Des messes journaliĂšres y sont dites par les deux aumĂŽniers; le dimanche, la messe est cĂ©lĂ©brĂ©e dans la grande salle de gymnastique, oĂč se donnent aussi des Te Deum, le 21 juillet - fĂȘte nationale belge - et Ă  l'occasion de l'anniversaire du Roi LĂ©opold III.

Le service religieux protestant est assuré par un lieutenant de confession protestante[28].

Passe-temps

Les officiers n'Ă©tant, suivant la convention de GenĂšve, pas tenus de travailler, disposent de beaucoup de temps libre. Consciente des risques liĂ©s Ă  l'inactivitĂ©, la direction allemande du camp autorise, et favorise mĂȘme, de nombreuses activitĂ©s permettant d'occuper ce temps libre.

Sports

À cĂŽtĂ© de la promenade, ou du footing, dans l'enceinte du camp, les prisonniers peuvent s'adonner Ă  divers sports, comme :

  • la gymnastique, en salle, et en plein air lorsque le temps le permet ;
  • le football, dans la cour principale, oĂč des goals ont Ă©tĂ© installĂ©s ;
  • le deck tennis, derriĂšre les blocs A et B.

En été, les prisonniers qui en font la demande, peuvent, de temps en temps, aller se baigner, par petits groupes accompagnés de soldats allemands, dans le lac bordant Prenzlau ; ils doivent alors faire une déclaration sur l'honneur qu'il ne chercheront pas à s'évader.

Jeux de société

Beaucoup de prisonniers jouent à des jeux de société, principalement aux cartes, notamment au bridge, et aux échecs. Des tournois sont organisés.

Lecture et Ă©criture

Le camp dispose d’une large bibliothĂšque, constituĂ©e de nombreux ouvrages offerts par les sections belge et suisse de la Croix-Rouge. Le prĂȘt est payant et limitĂ© en durĂ©e.

Certains se mettent Ă  l’écriture. Le Lieutenant Raymond Troye termine, Ă  l’Oflag II-A de Prenzlau, un roman intitulĂ© Meurtre dans un Oflag[29], qu’il avait commencĂ© Ă  l’Oflag VII-B de EichstĂ€tt et poursuivi Ă  l’Oflag X-D de Fischbeck. Ce roman policier, qui est aussi un tĂ©moignage sur la vie au sein de l’Oflag, sera publiĂ© en 1946, et rĂ©Ă©ditĂ© en 2006.  Il Ă©crit un autre roman Ă  Prenzlau, Le pharmacien de Chantenelle, qui sera Ă©ditĂ© en 1947[30].

Dessin et art pictural

Plusieurs prisonniers s'adonnent au dessin ou Ă  la peinture.

Oflag II-A - promenade dans la neige - bloc E Dessin du Sous-Lieutenant Charles Binamé - 1945

Ils dĂ©corent les murs de la chapelle du bloc B de scĂšnes religieuses ; Ă  l’occasion de l’organisation d’un cortĂšge historico-folklorique, ils peignent des panneaux montrant des vues emblĂ©matiques de leur rĂ©gion d’origine.

Le Lieutenant Marcel Keukelaire produit quelques aquarelles montrant les bĂątiments du camp et les alentours[31].

Un jeune sous-lieutenant douĂ©, Charles BinamĂ© (dit Charly BinamĂ©), rĂ©alise une sĂ©rie de dessins, qui traduisent, avec beaucoup de justesse, l’atmosphĂšre du camp, et les sentiments intimes des prisonniers. Il sait croquer, sur le vif, et souvent avec humour, des scĂšnes de la vie quotidienne, mais aussi se montrer beaucoup plus profond, en suggĂ©rant le stress de la captivitĂ©, la solitude et la nostalgie, la quĂȘte spirituelle, ou la rudesse de l’hiver. MĂ©langĂ©s Ă  des dessins antĂ©rieurs datant de son sĂ©jour Ă  l’Oflag X D, ils figurent dans un recueil publiĂ© en 1946[32] - [33].

Musique et chant

Livret d'une chanson en wallon, frappé du sceau de censure de l'Oflag II-A

Les officiers emprisonnĂ©s ont la possibilitĂ© de faire venir des instruments, ou d’en acheter en Allemagne, et la musique, tant lĂ©gĂšre que classique, est pratiquĂ©e par un grand nombre d’entre eux.

Des rĂ©citals de musique de chambre sont rĂ©guliĂšrement organisĂ©s. Certains concerts sont exĂ©cutĂ©s sous la direction d’officiers chefs de musique militaire.

Quelques prisonniers s'essaient mĂȘme Ă  la composition; une musique de scĂšne est, par exemple, Ă©crite par le Capitaine Pierre Rimbout pour la piĂšce en nĂ©erlandais Ik dien d'Herman Teirlinck.

La chanson n'est pas en reste, et fait l'objet de nombreux spectacles.

Les prisonniers Ă©coutent aussi des disques.

Théùtre

Les prisonniers font du thĂ©Ăątre dans un garage du camp B. Les spectateurs s’y rendent chacun avec son tabouret.  On y joue des piĂšces en français, nĂ©erlandais et wallon. Elles sont accompagnĂ©es parfois de musique de scĂšne. DĂ©cors et costumes sont exĂ©cutĂ©s avec des moyens de fortune.  Quand il y en a, les rĂŽles fĂ©minins doivent ĂȘtre jouĂ©s par des hommes, ce qui constitue Ă©videmment un sĂ©rieux challenge pour les acteurs et les metteurs en scĂšne.

Quelques piĂšces sont Ă©crites et crĂ©Ă©es en captivitĂ©, par exemple la comĂ©die wallonne en 3 actes Quand i r'vĂ©ra, de Franz Michaux, qui est crĂ©Ă©e Ă  Prenzlau par son auteur, le 21 juin 1942.  

Cours et conférences

De nombreux cours et confĂ©rences sont organisĂ©s, par et pour les prisonniers, dans des domaines trĂšs variĂ©s. Ils disposent d’ouvrages reçus de Belgique et de Suisse, ou achetĂ©s en Allemagne.

En particulier, beaucoup d’officiers se livrent Ă  l’apprentissage de langues Ă©trangĂšres, dont l’allemand.

Les Ă©lĂšves officiers, dont certains sont polytechniciens, ont vu leurs Ă©tudes Ă  l’École Royale Militaire brusquement interrompues par la guerre, et s’efforcent d’entretenir et de complĂ©ter leurs connaissances, en vue de la reprise future de leur cursus.

Bricolage

La pratique du bricolage est trÚs répandue, par exemple pour fabriquer le petit mobilier manquant, comme des étagÚres, ainsi que des ustensiles, comme les fameuses «choubinettes ».

Il est également pratiqué pour fabriquer des décors et accessoires de théùtre, et de petits objets décoratifs.

D’autre part, l’activitĂ© de bricolage sert de couverture Ă  la fabrication de matĂ©riel utilisĂ© dans le cadre des tentatives d’évasions, ou utile aux Ă©vadĂ©s en cavale.

Les prisonniers utilisent les matériaux disponibles dans les colis, et, en particulier, les boßtes de conserve.

Jardinage

Le jardinage est Ă  la fois un passe-temps et une nĂ©cessitĂ©, car c’est le seul moyen d’agrĂ©menter l’ordinaire de quelques lĂ©gumes frais et de saison (radis, salades, carottes, haricots, 
).  Il est donc autorisĂ© par la direction du camp et largement pratiquĂ©, dans de petits jardinets individuels d’environ 6 mÂČ. 

Défilé folklorique

Alors qu’en Belgique occupĂ©e les carnavals et autres festivitĂ©s folkloriques sont interdits par les Allemands durant toute la durĂ©e de la guerre, les prisonniers belges de l’Oflag II A obtiennent l’accord des autoritĂ©s militaires du camp pour organiser un dĂ©filĂ© folklorique, Ă  l’occasion du 21 juillet 1942[34].

ComposĂ© d’une suite de scĂšnes reprĂ©sentatives d’une ville ou d’une rĂ©gion, chacune interprĂ©tĂ©e par des prisonniers originaires de ladite ville ou rĂ©gion, il met Ă  l’honneur Gand, Bruxelles, LiĂšge, Tournai, Charleroi, Nivelles, Ath, Mons, Termonde, Anvers, Gembloux, Binche, le littoral 


Lors de ce défilé, on peut voir, notamment, des binchois faire le Gille[35] - [36], et des montois exécuter le combat dit « Lumeçon », scÚne culminante du Doudou.

Cet Ă©vĂ©nement est prĂ©parĂ© durant plusieurs semaines.  L’atelier de couture du camp fait des prodiges pour confectionner des costumes en utilisant les toiles d’emballage de colis. Divers accessoires sont fabriquĂ©s Ă  partir des matĂ©riaux disponibles, en essayant de reproduire au mieux les objets traditionnels : les plumes des chapeaux des Gilles sont faites en papier, leurs sonnettes Ă  partir de petites boĂźtes de conserve. 

Les nombreuses photographies prises à cette occasion, permettent de se rendre compte de l'importance de l'événement et du grand soin apporté aux costumes et décors ; elles permettent aussi de voir les divers bùtiments du camp A.

Évolution dĂ©mographique

La population du camp atteignit un pic de prĂšs de 3 700 prisonniers durant la « pĂ©riode polonaise », et de 3 200 prisonniers durant la « pĂ©riode belge ». A partir du moment oĂč le camp fut majoritairement rĂ©servĂ© aux officiers belges d'active, le nombre de prisonniers se stabilisa aux alentours de 2 700[37].

Évolution du nombre de prisonniers polonais et belges dĂ©tenus Ă  l'Oflag II-A de Prenzlau[37].

Évasions

Il y eut plus de 200 tentatives d’évasion pendant la « pĂ©riode belge », selon des techniques diverses, comme le creusement d’un tunnel, l’utilisation des Ă©gouts, le sectionnement des barbelĂ©s, la dissimulation dans un vĂ©hicule de service, ou la fuite Ă  l’occasion d’une sortie Ă  l’extĂ©rieur du camp. La moitiĂ© environ de ces tentatives permirent Ă  leurs auteurs de s’échapper du camp, mais une vingtaine seulement aboutirent totalement. La trĂšs grande majoritĂ© des candidats Ă  l’évasion furent donc, soit arrĂȘtĂ©s dans leur tentative, soit repris avant d'atteindre un pays neutre ou alliĂ©. Certains prisonniers rĂ©cidivĂšrent plusieurs fois ; quelques-uns y perdirent la vie[38].

Le Lieutenant-Colonel Paul Bolle mit sur pied une organisation clandestine trÚs sophistiquée, destinée à aider les candidats à l'évasion à tous les stades de celle-ci (préparation, logistique, sortie du camp, traversée de l'Allemagne, et passage de frontiÚre)[39].

Oflag II-A - Avis de recherche relatif Ă  l'Ă©vasion de 12 officiers belges le 22/07/1943 - Sonderausgabe zum Deutschen Kriminalpolizeiblatt Nummer 4643a (item III. - reconstitution)

La police criminelle allemande publiait des avis de recherche ad hoc (Sonderausgabe zum Deutschen Kriminalpolizeiblatt) incitant Ă  la recherche active, et Ă  l'arrestation, des prisonniers Ă©vadĂ©s[40]. Ces avis reprenaient les nom et prĂ©nom, le grade, les date et lieu de naissance, le matricule et l'Oflag l'ayant dĂ©livrĂ©, et, Ă©ventuellement, l'aspect physique (taille, corpulence, forme du visage, couleur des yeux et des cheveux, vĂȘtements, ...), ainsi que la destination prĂ©sumĂ©e. On y trouvait parfois, mais assez rarement, une photo des Ă©vadĂ©s. Il arrivait que des informations manquent ou soient inexactes (noms incorrects ou mal orthographiĂ©s).

Collaboration

L’Oflag II-A n’échappe pas au prosĂ©lytisme de LĂ©on Degrelle, qui cherche Ă  recruter des officiers pour sa division Wallonie.   Il n’y recueille que trĂšs peu de succĂšs; seuls quelques rares officiers sont sensibles Ă  ses arguments, et tous, sauf deux, se rĂ©tractent, plus ou moins rapidement, et, donc, restent ou reviennent au camp.

Le GĂ©nĂ©ral-Major Chardome, ralliĂ© fin mai 1944, casse son engagement moins de deux mois plus tard, aprĂšs un contact avec sa famille, et regagne le camp. JugĂ© Ă  la libĂ©ration par la Cour militaire, on lui reconnaĂźt des circonstances attĂ©nuantes; il est dĂ©gradĂ© et condamnĂ© Ă  15 ans de prison[41] - [42].

Le Major Franz Hellebaut prend le commandement de la division Wallonie en mai 1944. Dégradé et condamné à mort par fusillade en 1946 par la Cour militaire, sa peine est, quatre ans plus tard, commuée en prison à perpétuité. Il est finalement libéré anticipativement fin 1959[43] - [44].

Le Capitaine-Commandant Léon Lakaie prend le commandement d'un bataillon de la division Wallonie en mai 1944. Il est, plus tard, écarté de ce commandement. Il est jugé par défaut, et condamné à mort par le Conseil de Guerre de Tournai[45]; il sera ensuite gracié[46].

Commémoration

Deux mĂ©dailles commĂ©moratives en bronze ont Ă©tĂ© frappĂ©es en souvenir de l’Oflag II-A de Prenzlau.

L’une, que l’on doit Ă  Marcel Rau, est produite pendant la guerre, en 1942[34].  Elle reprĂ©sente, au recto, le roi LĂ©opold III de profil, et porte, au verso, sur 3 lignes, la mention OFLAG II.A / PRENZLAU / 21-VII-1942[47].

L’autre, Ɠuvre d’Armand Bonnetain, est financĂ©e par plus de 600 souscripteurs en 1947[48].  Elle reprĂ©sente, d’un cĂŽtĂ©, un homme aux pieds enchaĂźnĂ©s, qui taquine d’une plume un aigle perchĂ© sur une clĂŽture de fils barbelĂ©s, et de l’autre le bĂątiment administratif de l’Oflag (le bloc E) ainsi que la salle de gymnastique adjacente. La mention 1940-1945 figure au recto ; au verso, on trouve le mention PRENZLAU, ainsi qu’un cartouche permettant de graver une inscription personnalisĂ©e pour chaque souscripteur[49].

Affectation ultérieure

À partir de 1945, et jusqu'en 1994, les bĂątiments furent utilisĂ©s comme caserne par le groupement des forces armĂ©es soviĂ©tiques en Allemagne (GSSD). AprĂšs le dĂ©part des Russes, le bloc C a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ© comme foyer pour demandeurs d'asile ; il est toujours affectĂ© Ă  cet usage aujourd'hui. Les blocs E et A ont servi de centre de formation professionnelle dans les annĂ©es 1990, mais sont actuellement Ă  nouveau vides. Les blocs B et D sont totalement abandonnĂ©s et dĂ©labrĂ©s. Les hangars et bĂątiments du camp B ont Ă©tĂ© rĂ©amĂ©nagĂ©s, et hĂ©bergent un loueur de remorques, et un fournisseur de meubles et matĂ©riel de bureau.

Les blocs de caserne situĂ©s de l'autre cĂŽtĂ© de la Berliner Straße ont Ă©tĂ© transformĂ©s en Ă©cole (Carl-Friedrich-Grabow-Schule) aprĂšs le dĂ©part des Russes. Certains, identiques aux blocs C et D du camp, ont Ă©tĂ© rĂ©novĂ©s en prĂ©servant le gabarit et l'aspect extĂ©rieur[50].

Notes et références

  1. J. Bertin, « Oflag II A Prenzlau », Oflags, .
  2. (de) « Prenzlau Stadt-Lexikon (voir page 16) » [PDF], .
  3. (pl) Piotr KoĆŒuchowski, « Oflag II A Prenzlau (1939-1941). Lista jeniecka », .
  4. (en) Megargee, Geoffrey P., The United States Holocaust Memorial Museum encyclopedia of camps and ghettos, 1933-1945, Volume IV [Elektronische Ressource] Camps and other detention facilities under the German armed forces, Indiana University Press, (ISBN 978-0-253-06090-7, 0-253-06090-7 et 978-0-253-06089-1, OCLC 1344008571, lire en ligne).
  5. Georges Hautecler, « La vie religieuse des prisonniers de guerre belges (1940-1945) » [PDF],
  6. Laurent Tassier, « Liste des prisonniers de guerre belges (officiers) à Prenzlau - ListePG PRENZLAU (Jorissen) » [zip], .
  7. « Office des Travaux de l’ArmĂ©e dĂ©mobilisĂ©e (O.T.A.D.) », sur www.belgiumwwii.be (consultĂ© le )
  8. Calcul réalisé à partir des informations du portail cadastral de Prenzlau - https://geoportal-prenzlau.de/application/Geoportal_PZ
  9. J. Bertin, « Oflag II A Prenzlau - Description du camp », Oflags, .
  10. Une dizaine d'officiers perdirent malheureusement la vie durant cet épisode, et une poignée préféra continuer vers l'Elbe pour rejoindre les troupes américaines.
  11. « Hommages - Hulden », sur bel-memorial.org (consulté le )
  12. « Revue internationale de la Croix-Rouge - RICR 259 - Missions du Comité international de la Croix-Rouge » [PDF],
  13. (en) « ICRC Audiovisual Archives », sur ICRC Audiovisual archives (consulté le ).
  14. « Visites de camps de prisonniers de guerre et d'internés civils, faites en Allemagne par des délégués du Comité international » [PDF]
  15. (pl + en) « ROCZNIK MUZEUM I ARCHIWUM POLONII AUSTRALIJSKIEJ TOM VI » [PDF].
  16. (en) « News from Belgium and the Belgian Congo - Volume 3 »,
  17. Henri DECARD (textes - pseudonyme de Henri DEPAGE) et Jean REMY (illustrations), JAMAIS NE DÉSESPÈRE... Anecdotes de captivitĂ© militaire en Allemagne, 1940-1945, Bruxelles, Librairie PARCHIM, , 96 p., p 63
  18. « Archives CEGESOMA - Photo n° 2630 » [JPEG]
  19. « Archives CEGESOMA - Photo n° 2609 » [JPEG]
  20. « Archives CEGESOMA - Photo n° 2590 » [JPEG]
  21. H. pour Halle, qui signifie ici hangar
  22. Récit sans titre de la captivité 1942-1945, par Léon Belche, professeur émérite à l'ERM, rédigé en 2008 pour une émission de la VRT (Vlaamse Radio Televisie) - document n°3191 de la Cellule Héritage Historique de l'ERM
  23. « News from Belgium and the Belgian Congo, vol. III, no. 2, January 9, 1943 | University of Toledo Digital Repository », sur utdr.utoledo.edu (consulté le )
  24. « Les boßtes de conserve résolvent tous les problÚmes »
  25. « Soins médicaux »
  26. Thibaut de MaisiÚres, Gilbert., Tourisme clandestin; récits d'évasions, Bruxelles, Office de Publicité, , 243 p. (OCLC 28265767, lire en ligne)
  27. (de) « Das Wetter in Berlin von 1933-1945 », sur berlingeschichte.de (consulté le ).
  28. Georges HAUTECLER, La vie religieuse des prisonniers de guerre belges : compléments , Cahiers d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale, IV, 1976, 1, p. 229-232.
  29. « Meurtre dans un oflag ‱ Espace Nord », sur Espace Nord (consultĂ© le )
  30. « IIA Journal », sur Meurtre dans un Oflag, (consulté le )
  31. « Oflags.be : PHOTOTHEQUE | OFLAG II A Prenzlau | Keukeleire, Aquarelles », sur web.archive.org, (consulté le )
  32. Charly Binamé, Fischbeck-Prenzlau 30 planches par le Lieutenant Charly Binamé, Bruxelles, Imprimerie Godenne, (lire en ligne)
  33. « CHARLY BINAMÉ, DESSINS »
  34. (nl) « MARCEL RAU, GRAVEUR VAN LEOPOLD III » [PDF]
  35. « Binche sous l’Occupation », sur Soirmag, (consultĂ© le )
  36. « Gilles à PrenzlauJPG »
  37. (en) G. Mattiello, Prisoners of War in Germany. Kriegsgefangene in Deutschland. 1939-1945. Part 1 / Teil 1. Camps, Nationalities, Monthly Population. Lager, NationalitÀten, monatliche Besetzung., Berlin-Schönefeld, Morgana Edition, , p. 206.
  38. Jean Buzin, « Auguste Poppe 1908 - 1986 » [PDF].
  39. « L'organisation Bolle, providence des évadés »
  40. Exemple d'un tel avis de recherche dans le cas de l'Ă©vasion de 12 officiers belges le 22/07/1943 : https://stalags.files.wordpress.com/2015/07/page-104.pdf
  41. (nl) Belgium, Belgisch staatsblad, (lire en ligne)
  42. « L'erreur du général Chardome », sur deuxiemeguerremondia.forumactif.com (consulté le )
  43. (nl) Belgium, Belgisch staatsblad, (lire en ligne)
  44. « Quelques aspects de l'actuel contentieux 'Flamands-Wallons' »
  45. (nl) Belgium, Belgisch staatsblad, (lire en ligne)
  46. Grégory Bouysse, Encyclopédie de l'Ordre Nouveau - Hors-série - WALLONIE (partie I), Lulu.com, (ISBN 978-0-244-96136-7, lire en ligne)
  47. (de) « Los 1131, Veiling 45 - Karel de Geus », sur Professional Auction Service (consulté le )
  48. (nl) « DE« PRENZLAU » MEDAILLE VAN ARMAND BONNETAIN, 602 GEKENDE KOPERS »
  49. « Numis.be - Joselito Eeckhout - November 2012 Public Auction Lot 690 », sur www.numisbids.com (consulté le )
  50. Vue d'un bĂątiment de la Carl-Friedrich-Grabow-Schule, similaire aux blocs C et D

Voir aussi

Articles connexes

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