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Observatoire du Vatican

L’Observatoire astronomique du Vatican (en italien : Specola vaticana) est l'institution scientifique du Saint-Siège confiée aux jésuites. Elle a pour vocation la recherche en astronomie mais aussi un rôle éducatif.

Observatoire du Vatican
Observatoire astronomique sur le toit du palais pontifical de Castelgandolfo
Caractéristiques
Organisation
Code MPC
036
Opérateur
Directeur
Type
Construction
Ouverture
Altitude
430
Site
Lieu
Castel Gandolfo, dans les Monts Albains, près de Rome
Adresse
Coordonnées
41° 44′ 50″ N, 12° 39′ 02″ E
Site web
Carte

À l'origine, l'observatoire a pour vocation d'apporter les corrections nécessaires au calendrier. Il était situé à la Tour des vents à proximité du couloir du Musée du Vatican : en effet, cette tour, bâtie d'après les plans du frère dominicain, l’astronome Ignazio Danti, professeur à l’Université de Bologne, est traversée par le méridien qui indiquait au pape Grégoire XIII le jour de l’équinoxe de printemps nécessaire à la fixation exacte de la date de Pâques (temps pascal[1]). L'observatoire est ensuite déplacé à l'Université pontificale grégorienne de Rome.

L'observatoire se trouvant à la résidence d'été du pape à Castel Gandolfo dans les Monts Albains, près de Rome (Italie) est complété, sans être remplacé, par un second observatoire situé dans l'enceinte de l'Observatoire international du Mont Graham en Arizona (États-Unis), où se font désormais les observations et recherches demandant des instruments techniquement plus avancés[2].

Éléments d'histoire

Portrait de Francesco Denza, astronome et directeur de L'observatoire du Vatican à la fin du XIXe siècle
Observatoire du Vatican au sein de l'Observatoire international du Mont Graham

Observatoire créé pour la mise en place du calendrier grégorien

En 1578, le pape Grégoire XIII confie aux Jésuites astronomes et mathématiciens du Collège romain, la tâche de préparer la réforme de l'ancien calendrier (1582). Le premier observatoire astronomique est créé dans la Tour des vents du Vatican, en vue de fonder cette réforme sur de solides observations du mouvement des astres. La méridienne est construite par Ignace Danti[3].

Le calendrier grégorien, promulgué en 1582 par le pape Grégoire XIII, a été développé par le jésuite mathématicien Christopher Clavius à partir des données astronomiques.

Au XVIIIe siècle, l'établissement est spécialisé dans les recherches sur les tremblements de terre. Les observations astronomiques ayant été délaissées, elles sont reprises en 1780 à l'aide du téléscope de John Dollond. Puis, en 1787, un observatoire est établi au collège romain et l'observatoire du Vatican se consacre alors aux études de météorologie et de physique du globe. L'observatoire se dote d'instruments météorologiques et magnétiques, un sismographe, une lunette méridienne pour les observations astronomiques[3].

Cet observatoire au Vatican est en activité jusqu'à la mort du directeur, Mgr Gilii, en 1821, puis il est fermé. Ses instruments ont été transférés à l'Observatoire du Collège[3].

Une troisième installation a lieu à l'Observatoire du Capitole, entre 1827 et 1870.

Lieu de recherche scientifique au XIXe siècle

En 1850, Angelo Secchi, alors directeur de l'observatoire du Vatican, fait construire un nouvel instrument d'observation astronomique sur le toit de l'église Saint-Ignace-de-Loyola. Toutefois, lorsque le père Secchi meurt en 1878, il existe de graves tensions entre le Saint-Siège et le gouvernement italien : en effet l'armée du Royaume d'Italie confisque l'observatoire du collège romain[4].

En 1888, à l'occasion du jubilé sacerdotal du pape Léon XIII, des instruments astronomiques lui sont offerts ce qui l'incite à réorganiser l'observatoire du Vatican afin de les conserver. En septembre 1889, le Comité international de la carte photographique du ciel se réunit à Paris. C'est à cette occasion que l'astronome Francesco Denza annonce la création de l'observatoire du Vatican[3].

En 1890, Francesco Denza, alors directeur de l'observatoire, contribue à sa modernisation. Il écrit dans sa correspondance qu'il est nécessaire de créer du lien avec les établissements scientifiques équivalents, pour suivre les progrès des études sur ces thèmes[5]. L'ancien observatoire prend le nom de tour grégorienne en hommage au pape Grégoire XIII. Les observations météorologiques ont commencé le 1 mars 1890[3]. Une deuxième tour d’observation est construite et l'observatoire se dote d’une lunette photographique plus performante, achetée à Paris, avec l'appui du pape Léon XIII[6]. C'est sur la plateforme de cette tour, appelée Léonine en l'honneur du pape Léon IV, qu'est installé l'équatorial photographique et sa coupole[3]. La coupole de l'observatoire a été construite par les frères Gilon en 1890[7].

Le service scientifique de l’Observatoire du Vatican, établi à cette date, était composé de cinq branches d'études : astronomie, observations méridiennes et équatoriales, observations physiques diverses ; photographie astronomique ; magnétisme ; tremblements de terre ; météorologie[8].

L'établissement réalisait également des photographies célestes et coopère au projet international de la carte du ciel[3]. La photographie des nuages fait partie d'un des thèmes de travail. Une photographie de nuage, obtenue par l’ingénieur Federico Mannucci (1848-1935), est entrée dans les collections du Musée des arts et métiers (CNAM) dès 1891[8].

Toutefois, l'observatoire, au sein de l'université, est maintenu et rebaptisé Regio Osservatorio al Collegio Romano (« Observatoire Royal du Collège romain ») ; il reste en service jusqu'en 1923. Puis il est rouvert dans les années 1930, époque à laquelle la fumée et les lueurs du ciel de la ville rendent impossibles les observations utiles à Rome[2].

Déménagement à Castel Gandolfo puis en Arizona

Pour échapper à la pollution lumineuse, l'Observatoire déménage à Castel Gandolfo, à 25 kilomètres au sud-est de Rome[9]. En 1961, les mêmes problèmes apparaissent désormais à Castel Gandolfo[10]. C'est pourquoi l'Observatoire déménage à nouveau, pour fonder le Vatican Observatory Research Group (VORG), avec des bureaux à l'Observatoire Steward de l'Université de l'Arizona de Tucson[2].

En 1993, l'observatoire du Vatican, par l'intermédiaire du VORG installe son télescope, le Vatican Advanced Technology Telescope sur le Mont Graham au sein de l'Observatoire international du Mont Graham.

Le siège de l'Observatoire est maintenu à Castel Gandolfo, une dépendance du Vatican. Au début de 2008, le Vatican annonce que, dans le cadre d'un réaménagement du palais pontifical, la résidence jésuite est transférée dans un ancien couvent à proximité du palais, tandis que son ancien espace serait utilisé pour fournir plus de place pour la réception de visiteurs diplomatiques. Le personnel de l'Observatoire a salué l'initiative, la structure architecturale du château convenant mal à une utilisation moderne et scientifique de l'Observatoire. Les activités de recherche de l'observatoire se poursuivent en Arizona.

Équipe de recherche

Les membres astronomes du clergé y travaillent et participent aux recherches conjointement avec les scientifiques laïcs. L'observatoire est membre de l’Union astronomique internationale (IAU) et du Centre international d’astrophysique relativiste (ICRA).

Le directeur actuel de l'observatoire, Guy Consolmagno, a succédé en 2015[11] à José Gabriel Funes, comme lui prêtre jésuite et astronome. De nombreux chercheurs ont travaillé à l'observatoire. En 2008 le Prix Templeton a été attribué au cosmologue Michał Heller, un des adjoints scientifiques de l'observatoire. En 2010, le Prix George Van Biesbroeck a été attribué à l'ancien directeur de l'observatoire, le jésuite américain, George Coyne[12].

Publications

L'Observatoire du Vatican Ă©dite des publications scientifiques, conjointement avec le Center for Theology and Natural Sciences de Berkeley[Note 1] - [13].

On peut citer une série d'ouvrages sous-titrés : Perspective scientifique de l'action divine (Scientific Perspectives on Divine Action), dirigés par Robert John Russell, entre 1993 et 2008. Les thématiques abordées sont la cosmologie quantique en lien avec les lois de la nature (Quantum Cosmology and the Laws of Nature), la biologie moléculaire et évolutive (Evolutionary and Molecular Biology), les neurosciences et l'être humain (Neuroscience and the Person), et la mécanique quantique (Quantum Mechanics)[13].

  • (en) Robert John Russell, Murphy Nancey et Arthur R. Peacocke, Chaos and complexity : scientific perspectives on divine action (Actes de congrès), Vatican Observatory, coll. « Series on divine action in scientific perspective », (ISBN 9780268008123, BNF 39248475).
  • (en) Robert J. Russell, Nancey Murphy et William R. Stoeger, Twenty Years of Challenge and Progress, Vatican Observatory / Center for Theology and Natural Sciences, coll. « Scientific Perspectives on Divine Action », (ISBN 978-88-209-7961-4).

Notes et références

Notes

  1. Le Center for Theology and Natural Sciences fait partie d'un consortium d'écoles de théologie, le Graduate Theological Union.

Références

  1. L'observatoire du Vatican (site du Vatican)
  2. (en) George Johnson, « Vatican’s Celestial Eye, Seeking Not Angels but Data », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  3. Auguste Fraissinet 1895.
  4. Jérôme Lamy (dir.), La Carte du Ciel : Histoire et actualité d'un projet scientifique international, L'Obervatoire de Paris ; Les Ulis : EDP Sciences, (BNF 41311325)
  5. Jérôme Lamy, L'observatoire de Toulouse aux XVIIIe et XIXe siècles : Archéologie d'un espace savant, Presses universitaires de Rennes, (lire en ligne), chap. 9 (« La vie de l'observatoire »), p. 427-466
  6. Colette Aymard et Laurence-Anne Mayeur, « L’observatoire de Juvisy-sur-Orge, l’« univers d’un chercheur » Ă  sauvegarder  », In Situ - Revue des patrimoines, no 29,‎ (lire en ligne)
  7. Philippe Véron, Dictionnaire des Astronomes Français 1850-1950, Observatoire de Haute-Provence, (lire en ligne), « Gilon, frères »
  8. Marie-Sophie Corcy, « Le journal La Nature et la constitution de la collection de photographie scientifique du Conservatoire des arts et métiers », Documents pour l’histoire des techniques, no 18,‎ (lire en ligne)
  9. Bruno Charlier et Nicolas Bourgeois, « « Half the park is after dark » Les parcs et réserves de ciel étoilé : nouveaux concepts et outils de patrimonialisation de la nature », L’Espace géographique, vol. 42,‎ , p. 200-212 (lire en ligne)
  10. « Comprendre l’univers procure de la joie », sur croire.la-croix.com (consulté le )
  11. Bolletino Quotidiano, Rinunce e nomine, 18.09.2015
  12. (en) Dennis Sadowski, « American Astronomical Society honors former Vatican Observatory head », sur Catholic News, (consulté le )
  13. Emmanuel Durand, « Bulletin de théologie dogmatique », Revue des sciences philosophiques et théologiques, vol. 95,‎ , p. 721-743 (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Vatican Observatory » (voir la liste des auteurs).
  • (en) Sabino Maffeo, The Vatican Observatory, in the service of nine Popes, Rome, Vatican observatory publications, (BNF 38811849).
  • Auguste Fraissinet, « L’Observatoire du Vatican », La Nature, no 1149,‎ , p. 19-22 (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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