Noemi Lapzeson
Noemi Lia Lapzeson (née le à Buenos Aires et morte le à Genève[2]) est une danseuse, chorégraphe et pédagogue argentine.
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(à 77 ans) Genève |
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Elle fréquente d'abord la Juillard School de New York, puis est élève et danseuse dans la compagnie de Martha Graham. À Londres, elle est danseuse et enseignante à The Place, lieu qui réunit le London Contemporary Dance Theatre (en) et le London Contemporary Dance School (en). Installée à Genève à partir de 1980, elle y réalise des chorégraphies en solo, puis fonde la compagnie Vertical Danse. En 1986, elle est à l'origine de la création de l'Association pour la danse contemporaine.
Biographie
Enfance en Argentine
NĂ©e en 1940, Ă Buenos Aires, de Cecilia Mossin Kotin (physicienne) et d'ElĂas Lapzeson (cofondateur de la cinĂ©mathèque argentine), Noemi Lapzeson se forme d'abord Ă la rythmique d'Émile-Jaques Dalcroze avec LĂa Sirouyan (es). Elle est ensuite initiĂ©e Ă la danse moderne et Ă la composition chorĂ©graphique par Ana Itelman (es).
En 1954, Noemi Lapzeson crĂ©e sa première chorĂ©graphie, qu'elle danse avec deux de ses camarades, Laura Yusem et Nora Muchnik, Ă©galement Ă©lèves d'Ana Itelman. La pièce Las Tres Manolas, d'après Federico GarcĂa Lorca, est ensuite intĂ©grĂ©e au spectacle Esta ciudad de Buenos Aires, qu'Ana Itelman prĂ©sente au Teatro nacional Cervantes (1955).
New York et la technique Graham
Après avoir achevé sa scolarité secondaire, Noemi Lapzeson part à seize ans pour New York. Elle fréquente la Juilliard School, suivant notamment les cours d'Alfredo Corvino (en), Antony Tudor, José Limón et Louis Horst, mais aussi l'enseignement de Alwin Nikolais et de Walter Nicks.
Dès 1958, intriguée par la force tragique de la danse de Martha Graham, elle suit les cours du Martha Graham Center of Contemporary Dance. En 1962, elle est engagée dans la compagnie de Martha Graham.
En 1965-66, elle danse dans des créations de Bertram Ross, l'un des principaux danseurs de la compagnie Graham (Triangle, Holy Holy et Untitled), puis dans de nombreuses pièces du répertoire de Martha Graham. En 1966, elle interprète son premier rôle de soliste dans Seraphic Dialogue (Joan the Martyr)[3]. En , dans Appalachian Spring elle est remarquée par le critique Clive Barnes (en) du New York Times comme « l'une des plus prometteuses parmi les jeunes danseuses » de la compagnie[4]. En , elle crée le rôle de la Jeune Héloïse dans A Time of Snow[5]. Entre autres pièces du répertoire de Martha Graham, Noemi Lapzeson danse aussi dans Cave of the Heart et Primitive Mysteries [6]
Dans un livre d'entretiens avec Marcela San Pedro, son élève et danseuse à Genève, Noemi Lapzeson explique que la technique de Martha Graham, qu'elle a elle-même transmise pendant ses années new-yorkaises, repose sur le principe «contraction and release», correspondant à deux moments de la respiration. Ces principes sont fondés sur l’observation des effets de la respiration dans le corps: le fait de se vider et de se remplir d’air. Se vider — contraction — pendant l’expiration, et se remplir — release — pendant l’inspiration. C’est pour moi le point central, génial, de toute la technique Graham : ce qui est important se trouve dans le rapport entre respiration et mouvement, au sein de l’ancrage profond du mouvement dans l’être [...] chaque mouvement, chaque forme, a son origine dans un fond. Il n’y a pas véritablement de «formes à copier», mais du «fond à rechercher». La forme ne sera jamais juste si elle n’a pas son origine dans une compréhension du fond.[7]
Londres
En 1969, Noemi Lapzeson rejoint, à Londres, Robert Cohan, ancien membre de la compagnie Graham, directeur du London Contemporary Dance School. Elle participe à la fondation du London Contemporary Dance Theatre (LCDT). Elle danse plusieurs créations de la compagnie et signe deux chorégraphies pour 2 ou 3 interprètes : Cantabile (1970) et One was the Other, co-réglée avec Robert North (1972), que la compagnie reprend à plusieurs occasions jusqu'en 1978. Au sein de l'école, elle enseigne également la danse et la technique Graham.
Genève
Forte de sa longue expĂ©rience professionnelle Ă New York et Londres, Noemi Lapzeson arrive Ă Genève en 1980. La notion de « danse contemporaine » y est encore peu connue, mais le petit milieu de la danse en Suisse romande connaĂ®t quelques frĂ©missements depuis le dĂ©but des annĂ©es 1970, qui se traduisent par des questionnements sur l'usage du corps vivant dans l'art, sur les hiĂ©rarchies entre les disciplines artistiques, sur les sources du mouvement et sa projection dans l'espace, sur les formes d'expression. Des danseurs de ballet comme Peter Heubi et Philippe Dahlmann, crĂ©ent des structures indĂ©pendantes pour chercher de nouvelles voies. Entre 1970 et 1973, la salle ERA (Études et Rencontres artistiques), accueille des « dĂ©monstrations » de « danse moderne » et de « danse-jazz ». Le Danse Theatre Experience de Susan Buirge y prĂ©sente des crĂ©ations, et Ze'eva Cohen y donne des stages Ă l'enseigne du Dance Theatre Workshop (DTW). La rĂ©ceptivitĂ© des responsables de l'ERA aux formes d'avant-garde est largement bonifiĂ©e par la prĂ©sence dans ses murs du Centre international de percussions dirigĂ© par Pierre MĂ©tral. Dès 1977, c'est Ă la Salle Patiño que se concentre l'essentiel des accueils et de productions locales de danse contemporaine. Dès 1980, sous l'impulsion d'Oscar AraĂz, le Ballet du Grand Théâtre organise des ateliers chorĂ©graphiques Ă l'intention de ses interprètes professionnels. Certains d'entre eux volent de leurs propres ailes avant le milieu de la dĂ©cennie, comme Jackie Planeix et Tom Crocker de la compagnie Blue Palm, ou Manon Hotte, qui initie des rĂ©alisations interdisciplinaires oĂą la danse dialogue avec l'improvisation musicale et la scĂ©nographie. Dans tous les cas, il s'agit d'initiatives privĂ©es financĂ©es par des mĂ©cènes.
Pendant les premières années à Genève, Noemi Lapzeson donne des cours aux danseurs du Ballet du Grand Théâtre, enseigne à l'Institut Jaques-Dalcroze et à l'école de Beatriz Consuelo. Parmi ses premiers élèves, Philippe Saire, Fabienne Abramovich ou Laura Tanner, des artistes qui lanceront dans les années suivantes leurs propres compagnies, à Lausanne ou Genève.
Parallèlement, Noemi Lapzeson présente de premières performances en solo. « J'ai d'abord travaillé seule huit ou neuf ans. J'enseignais, je formais des danseurs. J'ai eu besoin du travail en solitaire pendant quelque temps. Et puis je cherchais aussi une autre forme de création, pas nécessairement avec des danseurs », raconte-t-elle plus tard au Journal de Genève. De ces premières années genevoises naissent des collaborations fructueuses avec les musiciens Eduardo Kohan et Igor Francesco, avec le comédien Carlo Brandt, et le photographe Jesus Moreno. Parmi ses premières performances, elle crée en 1981, à la Salle Patiño, There is another Shore, You Know, qu'elle recréera en 1994, à la Comédie de Genève, sous le titre de Trace. De nombreux artistes se sont succédé dans cette performance basée sur le dialogue périlleux entre une danseuse et un musicien. Après Noemi Lapzeson et Igor Francesco, Trace est reprise tour à tout par les danseuses Vanessa Mafé, Marcela San Pedro et Romina Pedroli, et les musiciens Pascal Auberson et Gabriel Scotti. Trace donne aussi lieu à un film de danse réalisé par Daniel Böhm, qui réunit Noemi Lapzeson, Romina Pedroli et Eduardo Kohan (2011)[8].
Je deviendrai Médée (1986) marque notamment le début d'une longue collaboration avec le compositeur genevois Jacques Demierre.
En 1986, Noemi Lapzeson fonde, avec Philippe Albera, l'Association pour la danse contemporaine (ADC)[9]. Jean-François Rohrbasser les rejoint l'année suivante. L'association a pour objectif de soutenir la création de pointe et la recherche. Ses réalisations et accueils sont accueillis sur le plateau de la Salle Patiño, mais l'ADC réclame un vrai plateau de 12 mètres sur 12 mètres (une demande toujours pendante), ainsi qu'un studio de danse, pour y expérimenter, accueillir des cours, des ateliers, des stages, des répétitions et des petites formes de spectacles (Studio du Grütli, 1987).
En 1989, fondation de la compagnie Vertical Danse, première compagnie de danse indépendante subventionnée par la ville de Genève.
Elle s'installe au studio du Grütli, où elle donne des cours dès 1987, jusqu'en 2014. Elle y développe sa propre pédagogie, basée sur du Graham et du yoga (développer).
En 2007, elle obtient le Prix quadriennal de la Ville de Genève[10].
Créations jusqu'à Variations Goldberg (2015)[11] - [12] - [13].
Lapzeson est enterrée au cimetière des Rois à Genève[14].
Distinctions
En 1999, Noemi Lapzeson obtient une bourse Guggenheim.
Elle est la première lauréate du Prix suisse de la danse en 2002 et obtient aussi le Prix quadriennal de la Ville de Genève dans la catégorie Arts de la scène en 2007.
Notes et références
- « http://data.performing-arts.ch/a/51cbc2c1-8969-4bdf-8c66-a120c0bf1c34 » (consulté le )
- « Noemi Lapzeson ou la splendeur du rivage », sur Le Temps, (consulté le )
- (en) Clive Barnes, « Martha Graham on Tour », The New York Times,‎ , p. 61
- (en) Clive Barnes, « Graham Season Nears Its End », The New York Times,‎ , p. 51
- (en) Clive Barnes, « "A Time of Snow" », The New York Times,‎ , p. 54
- Hervé Gauville et Annie Suquet (propos recueillis par), « Entretien avec Noemi Lapzeson. « Avoir peur de la sorcière Graham » », Repères, cahier de danse, La Briqueterie / CDC du Val-de-Marne, no 30,‎ , p. 9-12 (ISSN 2112-5147, lire en ligne)
- Marcela San Pedro, Un corps qui pense. Noemi Lapzeson | transmettre en danse contemporaine, Genève, MétisPresses, , 173 p. (ISBN 978-2-940406-92-0 et 2-940406-92-8), p. 61-63
- (es) « Trace »
- Anne Davier, « ADC - Association pour la Danse Contemporaine, Genève GE », dans le Dictionnaire du théâtre en Suisse en ligne.
- « Prix de la Ville de Genève 2007 », sur www.ville-ge.ch (consulté le )
- « Noemi Lapzeson, danseuse et chorégraphe », sur rts.ch (consulté le )
- « La leçon de vie de la chorégraphe Noemi Lapzeson », sur www.letemps.ch (consulté le )
- « «Un corps qui pense» dans un corps qui danse », sur tdg.ch/ (consulté le )
- (en) Bill Harby, « A stroll through Swiss history at Geneva’s Cemetery of Kings », sur SWI swissinfo.ch, (consulté le )
Annexes
Archives
- Archives conservées par (pour Noemi Lapzeson) : Fondation SAPA, Archives suisses des arts de la scène
Vidéos
- « 042-102-265_Vertical Danse - Noemi Lapzeson », sur Vimeo (consulté le ).
Bibliographie
- Marcela San Pedro, Noemi Lapzeson. Transmettre en danse contemporaine, Genève, MétisPresse, 2014.
- Dictionnaire du théâtre en Suisse, vol. 2, Zurich, Chronos Verlag, (lire en ligne), « Noemi Lapzeson (par Lisa De Rycke et Anne Davier) », p. 1080–1081.
Liens externes
- Site officiel
- Ressources relatives au spectacle :
- Ressource relative Ă la musique :
- (en) MusicBrainz
- « site internet de la Compagnie Vertical Danse », sur web.archive.org (consulté le ).