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Narcine brasiliensis

Raie électrique brésilienne

La Raie Ă©lectrique brĂ©silienne, Narcine brasiliensis, est une espĂšce de raies Ă©lectriques de la famille des Narcinidae. L’espĂšce mesure jusqu'Ă  45 cm de long au maximum. Sa face dorsale est brun tachetĂ© et sa face ventrale est blanc-crĂšme[1].

Elle vit dans l’ocĂ©an Atlantique, du BrĂ©sil jusqu’au nord de l’Argentine, Ă  une profondeur de 10 Ă  20 m environ. L’espĂšce est benthique et, par consĂ©quent, menacĂ©e par la pĂȘche au chalut, bien qu’elle ne soit pas commercialisable, et par les mĂ©taux lourds se retrouvant dans le substrat[1].

Ainsi, l'UICN la catégorise parmi les espÚces au statut quasi menacé (NT)[1] - [2].

Taxonomie et confusion

L’espĂšce Narcine brasiliensis et l’espĂšce Narcine bancroftii Ă©taient jusque rĂ©cemment regroupĂ©es en une seule et mĂȘme espĂšce, Narcine brasiliensis. Les deux espĂšces ont Ă©tĂ© sĂ©parĂ©es Ă  la suite de la rĂ©vision taxonomique du genre Narcine par de Carvalho (1999). Cependant, ce fut Garman (1913) qui le premier remarqua une variabilitĂ© rĂ©gionale au sein de l’espĂšce. En effet, l’aire de Narcine brasiliensis s’étale du sud-est du BrĂ©sil au nord de l’Argentine alors que l’aire de Narcine bancroftii s’étale de la Caroline du Nord au nord-est du BrĂ©sil, en incluant le golfe de Mexico et les eaux des CaraĂŻbes. Les aires peuvent cependant lĂ©gĂšrement se chevaucher[3].

Des diffĂ©rences quant Ă  l'aspect des deux espĂšces ont Ă©tĂ© Ă©galement remarquĂ©es. N. bancroftii a des taches relativement petites formant des ocelles incomplets sur le disque et la base de la queue alors que N. brasiliensis n'a pas d'ocelles et a plutĂŽt des bandes horizontales sur les mĂȘmes rĂ©gions (McEachran et de Carvalho 2002). Un autre critĂšre de distinction est dentaire. N. bancroftii adulte a gĂ©nĂ©ralement moins de rangĂ©es de dents verticales exposĂ©es que N. brasiliensis[3].

Il y a ainsi trĂšs peu de diffĂ©rences intra-spĂ©cifiques. Il n’est donc pas rare de retrouver encore, Ă  tort, Narcine brasiliensis sous l’appellation de la raie la moins Ă©lectrique alors que celle-ci est attribuĂ©e Ă  l’espĂšce Narcine bancroftii[3].

Description

Caractéristiques principales

Narcine brasiliensis a une taille petite Ă  modĂ©rĂ©e, atteignant 45 cm de long au total. Les jeunes naissent avec une taille de 11 cm de long[4].

Son espérance de vie est en moyenne de 9 ans, avec un maximum de 11 ans[5].

Corps

La Raie Ă©lectrique brĂ©silienne a une forme sub-ovale lĂ©gĂšrement plus large que longue et prĂ©sente deux nageoires dorsales qui sont Ă  peu prĂšs de la mĂȘme taille[2]. Sa nageoire caudale a une forme triangulaire et est dĂ©pourvue de poinçon.

Son corps ferme est tachetĂ© sur sa face dorsale avec deux larges barres noires sur le museau. Ce dernier peut ĂȘtre de forme angulaire Ă  arrondie Ă  l’avant. Sa face supĂ©rieure est brunĂątre, uniformĂ©ment ou plus couramment avec des taches brun foncĂ© sur le disque et la queue.

Sa face ventrale est quant à elle blanc-crÚme, généralement avec des marges postérieures sombres sur le disque et les nageoires pelviennes[1].

Organes Ă©lectriques

En plus des caractĂ©ristiques propres au genre Narcine, l’espĂšce Narcine brasiliensis dispose Ă©galement d’une paire d’organes Ă©lectriques accessoires (OEA) pour la communication intraspĂ©cifique. Ces derniers plus petits et fusiformes, sont situĂ©s Ă  la marge postĂ©rieure de chaque organe Ă©lectrique principal (OEM)[6] - [7].

On peut Ă©galement observer un dimorphisme sexuel sur base des organes Ă©lectriques. Ainsi, la masse globale des organes Ă©lectriques est plus petite chez les femelles que chez les mĂąles de l’espĂšce[6] - [7].

Comportement

Alimentation

La Raie électrique brésilienne est une espÚce nocturne se déplaçant la nuit vers les baies peu profondes pour se nourrir[8]. Elle se nourrit principalement de polychÚtes fouisseurs et de petits crustacés[9].

Pour dĂ©terrer ces organismes fouisseurs, la raie a sa propre mĂ©thode de capture. CaractĂ©risĂ©e par un arc maxillaire (composĂ© de la mĂąchoire infĂ©rieure et de la mĂąchoire supĂ©rieure) qui se dĂ©place comme un seul bloc, elle peut l’enfoncer par protrusions dans le substrat. Cela lui permet ainsi de rapprocher suffisamment sa bouche de la nourriture. La raie l’aspire ensuite en gĂ©nĂ©rant des pressions buccales nĂ©gatives. Enfin, la raie Ă©lectrique Ă©vacue les sĂ©diments, dont le sable, aspirĂ©s avec la nourriture par ses spiracles (situĂ©s Ă  cĂŽtĂ© des yeux dans notre cas), ses branchies et sa bouche. La protrusion de l’arc maxillaire est limitĂ©e puisqu’il existe une sĂ©rie de ligaments empĂȘchant les mĂąchoires de bouger dans d'autres directions. Bien que ce dispositif puisse limiter leur rĂ©gime alimentaire, il augmente leur capacitĂ© de succion[10].

Reproduction

La maturitĂ© sexuelle chez les deux sexes, est atteinte aux alentours de 27 cm, soit vers l'Ăąge de 6 ans[5]. Comme toutes les espĂšces du genre Narcine, Narcine brasiliensis est vivipare et les petits prĂ©sentent une vĂ©sicule vitelline leur apportant les Ă©lĂ©ments nutritifs nĂ©cessaires Ă  leur croissance[11]. Le rapport sexuel des embryons est d'environ un pour un. Cependant, les femelles de petite taille peuvent avoir des embryons majoritairement femelles[12].

Les jeunes, en moyenne quatre par portĂ©e, sont capables de produire des dĂ©charges Ă©lectriques avant mĂȘme d'ĂȘtre libĂ©rĂ©s de l'utĂ©rus[12].

Écologie

RĂ©partition et habitat

Cette espĂšce de raie se retrouve majoritairement au Sud et Sud-Est du BrĂ©sil mais peut Ă©galement ĂȘtre observĂ©e jusqu’au Nord de l’Argentine. La raie Ă©tant benthique, son habitat se constitue d’environnements Ă  substrat sableux et vaseux ou boueux[1] - [13]. Ces raies passent d’ailleurs la plupart du temps enfouies dans le substrat ou dans l'eau trouble, avec seulement les yeux qui dĂ©passent, afin de se cacher des prĂ©dateurs ou chercher des proies[6] - [8].

Narcine brasiliensis passe une partie de l’annĂ©e dans des zones moins profondes, Ă  environ 10 mĂštres de profondeur. Vers novembre-dĂ©cembre, elle rĂ©alise une migration pour se rendre dans des zones plus profondes, Ă  environ 20 mĂštres de profondeur, pour y passer l’hiver et ne reviendra qu’entre mai et juin[4].

Elle migre majoritairement pour trouver des opportunitĂ©s de reproduction ou d'alimentation. La migration est Ă©galement due Ă  la recherche de tempĂ©ratures plus clĂ©mentes, Ă  savoir dans le sud, pendant les mois d'hiver. Dans des eaux plus froides (moins de 20ÂșC), les individus ont un comportement lĂ©thargique et se dĂ©placent de ce fait plus lentement[4].

RÎle écosystémique

ConsidĂ©rĂ©e comme un superprĂ©dateur dans son habitat, Narcine brasiliensis joue donc un rĂŽle dans le contrĂŽle des populations. En effet, en limitant la population de polychĂštes et de crustacĂ©s, elle favorise le dĂ©veloppement des populations d’algues qui ne pourraient pas se dĂ©velopper dans le cas contraire. Narcine brasiliensis constitue ainsi un Ă©lĂ©ment important de la chaine alimentaire, sans qui des changements nĂ©gatifs peuvent subvenir dans l’écosystĂšme[14].

Relation avec l'homme

Narcine brasiliensis n’est pas commercialisable au Sud du BrĂ©sil, lĂ  oĂč elle est la plus abondante. Il n’existe donc pas de statistiques sur les prises de la pĂȘche commerciale ou sur les efforts qui permettraient d’évaluer l’état de la population. Cependant, elle fait frĂ©quemment partie des prises accessoires de la pĂȘche au chalut de fond et est gĂ©nĂ©ralement rejetĂ©e aprĂšs avoir Ă©tĂ© capturĂ©e[4]. Malheureusement, les chances de survie des individus rejetĂ©s aprĂšs capture sont d’ordinaire plus faibles. Ainsi, la pĂȘche au chalut qui s’effectue au sud du BrĂ©sil, mais Ă©galement ailleurs oĂč l'espĂšce est prĂ©sente, peut lui porter prĂ©judice. Cela constitue une inquiĂ©tude pour la conservation de cette espĂšce dans son aire de rĂ©partition[15] - [16].

Par ailleurs, vivant au fond en contact avec le substrat, elle peut ĂȘtre exposĂ©e aux mĂ©taux[17]. Une rĂ©cente Ă©tude a indiquĂ© la prĂ©sence de plusieurs mĂ©taux toxiques dans les individus Ă©tudiĂ©s (notamment l'arsenic et l'argent). Les mĂ©taux toxiques prĂ©sents dans l’organe Ă©lectrique et les gonades peuvent conduire Ă  une altĂ©ration de la reproduction et de la bio-Ă©lectrogenĂšse.  En raison de son Ă©cologie et son exposition aux mĂ©taux, la Torpille brĂ©silienne pourrait s’avĂ©rer ĂȘtre un bio-indicateur cĂŽtier appropriĂ© concernant la contamination mĂ©tallique de son habitat[18].

La Raie électrique brésilienne aurait subi une réduction de sa population de 20-29% au cours des trois derniÚres générations (26 ans). Son statut est évalué comme quasi menacé (NT), atteignant presque le statut de vulnérable (VU)[5].

Notes et références

  1. P. R. Last, Rays of the world, (ISBN 978-0-643-10914-8 et 0-643-10914-5, OCLC 967717812, lire en ligne)
  2. (en) Natascha Wosnick, Yuri Niella, Jorge Nunes et Carolina Freire, « Do physical injuries affect electroperception? A case study on the Brazilian electric ray, Narcine brasiliensis (Olfers, 1831) », Boletim do LaboratĂłrio de Hidrobiologia, vol. 28, no 1,‎ (ISSN 1981-6421, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. « Status Review Report: Lesser Electric Ray (Narcine bancroftii) », sur repository.library.noaa.gov (consulté le )
  4. Gabriel Maciel de Souza Vianna et Carolus Maria Vooren, « Distribution and abundance of the Lesser electric ray Narcine brasiliensis (Olfers, 1831) (Elasmobranchii: Narcinidae) in southern Brazil in relation to environmental factors », Brazilian Journal of Oceanography, vol. 57, no 2,‎ , p. 105–112 (ISSN 1679-8759, DOI 10.1590/S1679-87592009000200003, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. Patricia Charvet (SENAI-Paranå) et Riley Pollom (Project Seahorse), « IUCN Red List of Threatened Species: Narcine brasiliensis », sur IUCN Red List of Threatened Species, (DOI 10.2305/iucn.uk.2020-3.rlts.t63157a3124169.en, consulté le )
  6. (en) Laura J. Macesic et Stephen M. Kajiura, « Electric organ morphology and function in the lesser electric ray, Narcine brasiliensis », Zoology, vol. 112, no 6,‎ , p. 442–450 (DOI 10.1016/j.zool.2009.02.002, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. (en) Robert Mathewson, Alexander Mauro, Ernest Amatniek et Harry Grundfest, « Morphology of main and accessory electric organs of main and accessory electric organs of Narcine brasiliensis (Olfers) and some correlations with their electrophysiological propreties », The Biological Bulletin, vol. 115, no 1,‎ , p. 126–135 (ISSN 0006-3185 et 1939-8697, DOI 10.2307/1539099, lire en ligne, consultĂ© le )
  8. (en) S. W. Michael, « Reef sharks and rays of the world. A guide to their identification, behaviour and ecology », Food and Agriculture Organization of the United Nations,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  9. (en) Roberto Goitein, Fernando S. Torres et Carlos Eduardo Signorini, « Morphological aspects related to feeding of two marine skates Narcine brasiliensis Olfers and Rhinobatos horkelli MĂŒller & Henle », Acta Scientiarum. Biological Sciences, vol. 20,‎ , p. 165 (ISSN 1807-863X et 1679-9283, DOI 10.4025/actascibiolsci.v20i0.4468, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. (en) Mason N. Dean et Philip J. Motta, « Feeding behavior and kinematics of the lesser electric ray, Narcine brasiliensis (Elasmobranchii: Batoidea) », Zoology, vol. 107, no 3,‎ , p. 171–189 (DOI 10.1016/j.zool.2004.04.002, lire en ligne, consultĂ© le )
  11. (en) F. A. Rolim, M. M. Rotundo et T. Vaske‐JĂșnior, « Notes on the reproductive biology of the Brazilian electric ray Narcine brasiliensis (Elasmobranchii: Narcinidae) », Journal of Fish Biology, vol. 89, no 1,‎ , p. 1105–1111 (ISSN 1095-8649, DOI 10.1111/jfb.12778, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. Fernanda Andreoli Rolim, Matheus Marcos Rotundo, Gustavo Cardoso Stabile et Teodoro Vaske-JĂșnior, « Records of morphological abnormalities in the Brazilian electric ray Narcine brasiliensis (Olfers, 1831) (Chondrichthyes: Narcinidae) in the southwestern Atlantic », Marine Biodiversity, vol. 50, no 4,‎ (ISSN 1867-1616 et 1867-1624, DOI 10.1007/s12526-020-01072-w, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. (en) Kent E. Carpenter, Volker H. Niem, South Pacific Forum Fisheries Agency et Norsk utviklingshjelp, The living marine resources of the Western Central Pacific, Food and Agriculture Organization of the United Nations, 1998-2001 (ISBN 92-5-104051-6, 978-92-5-104051-5 et 92-5-104052-4, OCLC 40772670, lire en ligne)
  14. Gabriela Pustiglione Marinsek, Marcela Coffacci de Lima Viliod et Renata de Britto Mari, « Ecomorphology of the digestive tract of the brazilian electric ray Narcine brasiliensis (Olfers, 1831) (Torpediniformes: Narcinidae) », Acta Zoologica, vol. 98, no 3,‎ , p. 229–236 (ISSN 0001-7272, DOI 10.1111/azo.12168, lire en ligne, consultĂ© le )
  15. Vladimir Laptikhovsky et Paul Brickle, « The Patagonian toothfish fishery in Falkland Islands’ waters », Fisheries Research, vol. 74, nos 1-3,‎ , p. 11–23 (ISSN 0165-7836, DOI 10.1016/j.fishres.2005.04.006, lire en ligne, consultĂ© le )
  16. JĂșlia Ferreira dos Santos Domingos, Beatriz Paiva, Carlos Eduardo Malavasi Bruno et Alberto Ferreira de Amorim, « Diet of elasmobranchs captured in the fishing of pink shrimp off souther of Brazil / Dieta de elasmobrĂąnquios capturados na pesca de camarĂŁo-rosa no sudeste e sul do Brasil », Brazilian Journal of Animal and Environmental Research, vol. 4, no 1,‎ , p. 637–658 (ISSN 2595-573X et 2595-573X, DOI 10.34188/bjaerv4n1-054, lire en ligne, consultĂ© le )
  17. R Amara, T Meziane, C Gilliers et G Hermel, « Growth and condition indices in juvenile sole Solea solea measured to assess the quality of essential fish habitat », Marine Ecology Progress Series, vol. 351,‎ , p. 201–208 (ISSN 0171-8630 et 1616-1599, DOI 10.3354/meps07154, lire en ligne, consultĂ© le )
  18. (en) Catarina Amorim Lopes, Nathan Lagares Franco Araujo, Leandro Rocha et Fernanda Monteiro, « Toxic and essential metals in Narcine brasiliensis (Elasmobranchii: Narcinidae): A baseline ecotoxicological study in the Southeast Atlantic and preliminary maternal transfer implications », Marine Pollution Bulletin, vol. 149,‎ , p. 110606 (DOI 10.1016/j.marpolbul.2019.110606, lire en ligne, consultĂ© le )

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