Médicament | Pyridostigmine, néostigmine, ciclosporine, (RS)-cyclophosphamide, prednisone, azathioprine, rituximab, éculizumab, mycophénolate mofétil (d), prednisolone, tacrolimus, distigmine (d) et pyridostigmine |
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Spécialité | Neurologie |
La myasthĂ©nie (du grec ÎŒÏÏ Â«Â muscle » et áŒÏΞÎΜΔÎčα « faiblesse »), en latin myasthenia gravis, est une maladie neuromusculaire auto-immune chronique, qui se manifeste Ă des degrĂ©s divers par une faiblesse et une fatigabilitĂ© excessive des muscles striĂ©s squelettiques, c'est-Ă -dire ceux qui sont activĂ©s volontairement. Elle doit son nom au neurologue allemand Friedrich Jolly (1844-1904) et possĂšde Ă©galement une dĂ©nomination Ă©ponymique : la maladie d'Erb-Goldflam, en l'honneur des deux cliniciens en ayant donnĂ© la description la plus complĂšte. Elle est causĂ©e par des anticorps circulants qui, dans plus de trois cas sur quatre, ciblent les rĂ©cepteurs de l'acĂ©tylcholine de la jonction neuromusculaire, inhibant ainsi l'effet excitateur de ce neurotransmetteur.
Sommaire
- Historique
- ĂpidĂ©miologie
- Physiopathologie
- Manifestations cliniques
- Formes particuliĂšres
- Pathologies associées
- Examens complémentaires
- Diagnostic différentiel
- Pronostic
- Prise en charge thérapeutique
- Notes et références
- Voir aussi
Historique
Câest vraisemblablement Thomas Willis qui dĂ©crit le premier une patiente atteinte de myasthĂ©nie. Jolly nomme la maladie en inventant le terme de « myasthenia gravis pseudoparalytica » et met en Ă©vidence la dĂ©tĂ©rioration Ă©lectrophysiologique. Mary Walker propose en 1934 le traitement par la physostigmine[1]. Les anomalies du thymus en rapport avec la MG sont connues, et la thymectomie pratiquĂ©e, dĂšs le dĂ©but du XXe siĂšcle, avant la comprĂ©hension de la physiopathologie et la mise en Ă©vidence de la genĂšse auto-immune.
ĂpidĂ©miologie
Sa prĂ©valence varie de 5 Ă 10 pour 100 000 habitants et son incidence entre 2 et 20 par annĂ©e et par million dâhabitants selon les sĂ©ries. Pouvant survenir Ă tout Ăąge, son pic d'incidence concerne la tranche d'Ăąge des 20 Ă 30 ans. Le ratio de genre des malades, de 3 femmes pour 2 hommes, varie selon la tranche d'Ăąge (2 femmes pour 1 homme pour les moins de 50 ans, 1 femme pour 1 homme pour les plus de 50 ans). Maladie essentiellement sporadique, les formes familiales sont exceptionnelles[2],[3],[4],[5],[6].
Physiopathologie
La physiopathologie supposée de la myasthénie consiste en une atteinte de protéines de la membrane post-synaptique de la jonction neuro-musculaire par des auto-anticorps circulants. Le principal anticorps identifié cible le récepteur à l'acétylcholine (un neurotransmetteur), se comportant comme un inhibiteur compétitif de l'acétylcholine et accélérant la dégradation du récepteur par modulation antigénique[7]. Il en résulte une augmentation du nombre nécessaire de quanta d'acétylcholine pour produire la dépolarisation de la membrane post-synaptique, entraßnant un épuisement plus rapide et profond des réserves présynaptiques d'acétylcholine et se traduisant cliniquement par une fatigabilité musculaire.
à moyen terme, la présence de ces anticorps peut induire, via l'activation du systÚme du complément, des altérations anatomiques de la membrane post-synaptique, diminuant encore son excitabilité. à ce stade, dans les formes les plus sévÚres, des déficits permanents peuvent s'installer.
à l'exception de la D-pénicillamine et de la greffe de moelle allogÚne, aucun agent exogÚne favorisant la survenue d'une myasthénie n'a été identifié. Il existe une légÚre prédisposition génétique, en particulier les groupes HLA B8 (en) et DR3 (en) avec le DR1 (en) plus spécifique d'une atteinte de myasthénie oculaire. De nombreux autres auto-anticorps ont récemment été identifiés comme pathogÚnes, tous ciblant un composant de la membrane post-synaptique : les anticorps anti-MuSK (muscle specific kinase), les anticorps anti-agrine, les anticorps anti-LRP4[8]. Le rÎle du thymus dans la pathogénÚse est démontré. Il est le siÚge de la maturation des lymphocytes T. Sous la stimulation de ces derniers, les lymphocytes B se transforment en plasmocytes sécrétant les anticorps[5],[7],[9],[10].
Manifestations cliniques
Les caractéristiques cliniques peuvent se décrire ainsi[5],[6],[11],[12],[13],[14] :
le symptĂŽme cardinal et indispensable au diagnostic est la fatigabilitĂ© Ă l'effort. Les symptĂŽmes sont donc fluctuants, s'intensifiant Ă l'effort et s'amĂ©liorant au repos. Ils sont souvent plus marquĂ©s en fin de journĂ©e et peuvent s'aggraver dans des situations de stress : infection, intervention chirurgicale, chaleur[15]⊠Enfin, de ce fait, l'examen clinique peut ĂȘtre strictement normal ou peu perturbĂ©, des tests d'efforts permettant alors de dĂ©masquer des anomalies.
La localisation musculaire et la symptomatologie en découlant sont variables :
- dans 50 % des cas, la plainte initiale est un ptosis, une diplopie ou les deux à la fois. Ces symptÎmes sont souvent fluctuants, apparaissant ou s'aggravant généralement en fin de journée ou à la lecture ou lors de la conduite de véhicule. C'est la plainte la plus évocatrice du diagnostic et permettant le seul test diagnostique clinique spécifique. L'apparition d'une ptÎse avec ophtalmoparésie (chute des paupiÚres avec difficulté de convergence) à la fixation excentrée du regard prolongée quelques minutes chez un patient asymptomatique au préalable est en effet caractéristique. Chez un patient symptomatique, le test du glaçon (amélioration du ptosis aprÚs la pose de glace durant quelques minutes sur la paupiÚre symptomatique) est moins spécifique mais trÚs évocateur ;
- dans 20 % des cas, la plainte initiale concerne une fatigabilité des membres, le plus souvent dans ses parties proximales, pouvant égarer le diagnostic vers une myopathie. Des tests d'efforts répétés peuvent démasquer une fatigabilité segmentaires mais ne sont que peu spécifiques ;
- dans 10 % des cas, la plainte initiale consiste en une asthénie (fatigue généralisée, souvent confondue avec une véritable faiblesse musculaire) isolée, ce qui ne doit pas faire évoquer le diagnostic en premiÚre intention à moins qu'une véritable faiblesse musculaire ait été objectivée par un médecin et que la fatigabilité soit à l'avant-plan. Il s'agit de la plainte la plus aspécifique et les tests cliniques ne sont que de peu d'utilité ;
- assez rarement, les plaintes initiales consisteront en des troubles fluctuants de mastication, de la déglutition ou une faiblesse des extenseurs du cou ;
- l'observation d'une atteinte oculo-céphalique globale réalisant le « faciÚs myasthénique » est rare mais trÚs évocatrice (ptÎse palpébrale asymétrique, lÚvre inférieure pendante, effacement des rides du front, éventuels troubles oculo-moteurs extrinsÚques et faiblesse des extenseurs du cou). Le caractÚre fluctuant de ce faciÚs permet de le distinguer des nombreuses autres causes de diplégie faciale et d'affirmer le diagnostic.
Par définition, la symptomatologie est uniquement motrice et les plaintes sensitives absentes. Du fait d'efforts excessifs compensatoires, le patient peut cependant mettre en avant des plaintes sensitives, douloureuses (myalgies, arthralgies, paresthésies) égarant le diagnostic vers une pathologie rhumatismale, une myopathie, un trouble métabolique, une polyneuropathie ou une myélopathie.
à l'examen, les réflexes myotatiques sont normaux et une amyotrophie n'est observée que dans les formes sévÚres évoluées.
On distingue les formes généralisées des formes bulbaires et des formes oculaires pures. Diverses combinaisons peuvent se constituer (formes oculo--bulbaires). Les formes oculaires pures sont limitées à une atteinte de l'oculomotricité extrinsÚque et à un ptosis . Dix à vingt pour cent (10 à 20 %) des formes oculaires resteront à ce stade, forme handicapante mais bénigne de la maladie, les autres évoluant vers une myasthénie généralisée.
Les formes bulbaires initiales (15 %) comportent une voix nasonnée avec difficulté articulatoire, une faiblesse masticatoire avec tendance à la chute de la mùchoire, une difficulté à la déglutition (dysphagie) avec des fausses routes alimentaires ou salivaires.
L'évolution de la maladie se fait typiquement par une succession d'aggravations et de rémissions, entrecoupées possiblement de véritables « crises myasthéniques » pour les formes généralisées. Ces crises, véritables urgences médicales, sont définies par une aggravation brutale avec insuffisance respiratoire aiguë, dyspnée avec encombrement, troubles de la déglutition avec risque de fausses routes ou faiblesse généralisée sévÚre avec impotence ne cédant pas au repos.
Le stade de gravité maximale est atteinte dans les trois ans chez plus des trois quarts des malades.
Dans 1 Ă 5 % des cas, la maladie se dĂ©clare par une crise myasthĂ©nique inaugurale. Le diagnostic est alors extrĂȘmement difficile et doit ĂȘtre Ă©voquĂ© en cas de disproportion entre la pathologie causale prĂ©sumĂ©e et la sĂ©vĂ©ritĂ© clinique ou en cas d'Ă©checs rĂ©pĂ©tĂ©s inexplicables Ă des tentatives de sevrage de ventilation mĂ©canique, l'autre diagnostic Ă Ă©voquer dans de telles situations Ă©tant une polyradiculo-nĂ©vrite aiguĂ«.
Classification clinique d'Osserman ou MGFA (Myasthenia Gravis Foundation of America)
Cette classification décrit plusieurs stades[16] :
- stade IÂ : une faiblesse d'un muscle oculaire, possible ptosis. Pas d'autre faiblesse musculaire
- stade II : faiblesse des muscles oculaires de n'importe quelle sévérité, faiblesse légÚre des autres muscles
- stade IIa : faiblesse prédominante aux muscles des membres ou au muscles du tronc
- stade IIb : faiblesse prédominante aux muscles respiratoires ou troubles de la déglutition
- stade III : faiblesse des muscles oculaires de n'importe quelle sévérité, faiblesse modérée des autres muscles
- stade IIIa : faiblesse prédominante aux muscles des membres ou au muscles du tronc
- stade IIIb : Faiblesse prédominante aux muscles respiratoires ou troubles de la déglutition
- stade IV : faiblesse des muscles oculaires de n'importe quelle sévérité, faiblesse sévÚre des autres muscles
- stade IVa : faiblesse prédominante aux muscles des membres ou au muscles du tronc
- stade IVb : faiblesse prédominante aux muscles respiratoires ou troubles de la déglutition. Peut aussi inclure, une nécessité de sonde naso-gastrique sans intubation
- stade V : intubation nécessaire pour maintenir la respiration
Formes particuliĂšres
DiffĂ©rentes formes de myasthĂ©nies mĂ©ritent d'ĂȘtre individualisĂ©es de par leurs prĂ©sentations et leurs prises en charge particuliĂšres[6].
MyasthĂ©nies fĆtales et nĂ©o-natales auto-immunes
Le placenta est permĂ©able aux anticorps. Dix Ă vingt pour cent (10 Ă 20 %) des enfants de mĂšres myasthĂ©niques prĂ©sentent une myasthĂ©nie nĂ©onatale survenant dans les 3 premiers jours et rĂ©gressant gĂ©nĂ©ralement en quelques semaines (maximum 3 mois). Les symptĂŽmes variables d'un enfant Ă l'autre comportent : une hypotonie, un cri faible, des troubles de la succion ou de la dĂ©glutition, un ptosis, une diplĂ©gie faciale et des troubles respiratoires. Le traitement repose sur une prise en charge symptomatique en unitĂ© de rĂ©animation nĂ©o-natale jusqu'Ă rĂ©solution et en l'administration d'anti-cholinestĂ©rasiques. L'Ă©volution est gĂ©nĂ©ralement favorable. Dans les formes les plus sĂ©vĂšres peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e une exsanguinotransfusion.
Les formes fĆtales sont plus rares et peuvent se traduire par des retards de croissance intra-utĂ©rine. Exceptionnellement, des manifestations cliniques sĂ©vĂšres surviennent (hydramnios, arthrogrypose, mort in-utero).
Myasthénies infantiles et juvéniles auto-immunes
MyasthĂ©nie gravis dĂ©butant avant 15 ans, cette forme mĂ©rite d'ĂȘtre individualisĂ©e de par la distinction difficile avec les myasthĂ©nies congĂ©nitales non auto-immunes et la nĂ©cessitĂ© au vu de l'Ăąge de restreindre au maximum l'usage des corticoĂŻdes et immunosuppresseurs[17].
Myasthénies iatrogÚnes auto-immunes
Exceptionnelles, leur diagnostic est gĂ©nĂ©ralement Ă©vident sur base de l'histoire clinique. Elles impliquent les mĂȘmes auto-anticorps et rĂ©pondent aux mĂȘmes traitements que la myasthĂ©nie classique. Elles sont cependant susceptibles de rĂ©pondre Ă un traitement spĂ©cifique. Jusqu'ici, seules ont Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©es :
- la myasthĂ©nie induite par la D-pĂ©nicillamine. Elle concerne 1 % des patients traitĂ©s par D-pĂ©nicillamine. La guĂ©rison aprĂšs arrĂȘt de la D-pĂ©nicillamine dans les 6 mois est la rĂšgle ;
- la myasthénie induite par la transplantation de moelle allogénique avec maladie du greffon contre l'hÎte.
Pathologies associées
Certaines pathologies, de par la fréquence de leur association à la myasthénie ou de par la gravité de leur pronostic spontané propre, sont à rechercher systématiquement[11],[12],[5],[13],[6],[14].
Tumeurs thymiques
Dans 10 Ă 15 % des cas de myasthĂ©nie, avec anticorps anti-rĂ©cepteur Ă lâacĂ©tylcholine, un thymome est retrouvĂ©. Les thymomes sont des tumeurs du mĂ©diastin antĂ©rieur, souvent bĂ©nignes, associĂ©es de maniĂšre variable Ă la myasthĂ©nie.
Un marqueur de lâexistence de ces thymomes pour les patients de moins de 60 ans est lâanti-titine[18] L'indication chirurgicale sâimpose. Elle permet de prĂ©ciser si le thymome est bĂ©nin (2/3 cas) ou malin en fonction de son caractĂšre invasif ou non.
Dans 50 Ă 70 % de la forme jeune de myasthĂ©nie avec anticorps anti-rĂ©cepteur Ă lâacĂ©tylcholine, une hyperplasie thymique est retrouvĂ©e. Cette anomalie est toujours Ă considĂ©rer comme bĂ©nigne (ce qui nâexclut pas lâablation du thymus).
Entre 15 et 20 % des patients présentant un thymome présentent également des signes cliniques de myasthénie, et 25 % des patients présentent des anticorps anti-récepteurs de l'acétyl-choline (anticorps anti-ACh-R) sans avoir de symptomatologie. Tout patient porteur d'un thymome présentant des signes de myasthénie a des anticorps positifs, et toute masse médiastinale asymptomatique associée à des anticorps anti-ACh-R est un thymome. Si l'association statistique suggÚre bien une corrélation entre les deux pathologies, le mécanisme exact de cause à effet demeure débattu et plusieurs hypothÚses sont envisagées[19] :
- sélection de lymphocytes T défectueux au sein du thymome, responsables de l'hypersécrétion de l'auto-anticorps ;
- présentation défectueuse des auto-antigÚnes aux cellules thymiques, menant à la non élimination des lymphocytes T les reconnaissant ;
- présence de centres germinaux spécifiques au sein du parenchyme thymique produisant plus volontiers les auto-anticorps ;
- chez les sujets ùgés, présence d'une auto-immunité aspécifique.
Tous les types histologiques de thymomes ne sont pas associĂ©s de maniĂšre identique Ă une myasthĂ©nie, certains n'y Ă©tant mĂȘme jamais associĂ©s[20] :
- type AÂ : 0Â %
- type ABÂ : 6,8Â %
- type B1Â : 40Â %
- type B2Â : 55,6Â %
- type B3Â : 10Â %
- carcinomes thymiques : 0 %
Maladies auto-immunes
Dans 5 à 15 % des cas selon les séries, au moins une autre maladie auto-immune est identifiée chez les myasthéniques. Il s'agit de rapports d'associations significatives, aucun lien physiopathologique n'ayant été démontré hormis l'hypothÚse d'un « terrain dys-immun ». Ces pathologies sont les dysthyroïdies auto-immunes, la polyarthrite rhumatoïde, le lupus érythémateux disséminé, le syndrome de Sjögren, la polymyosite, les maladies intestinales inflammatoires chroniques, l'anémie de Biermer, l'anémie hémolytique auto-immune, l'insuffisance surrénalienne.
Examens complémentaires
Les examens complémentaires, outre ceux visant à écarter d'éventuels diagnostics alternatifs, ont pour but d'affirmer ou d'exclure le diagnostic et, en cas de confirmation diagnostique, de rechercher des pathologies associées. Ces examens sont[6],[21],[22],[23],[24],[25],[26],[27],[28],[29] :
à visée diagnostique
Biologie
Seuls les anticorps anti-récepteur à l'acétylcholine et, s'ils sont absents, les anticorps anti-MuSK sont recherchés en pratique clinique. Leur spécificité est de 99 %. Leur sensibilité globale est de plus de 90 %, moins de 10 % des myasthénies étant donc définies comme « séronégatives ». Plus précisément, la sensibilité des anticorps anti-récepteur à l'acétylcholine est de 90 % pour les myasthénies généralisées et de 50 % pour les myasthénies oculaires. à la condition que la recherche d'anticorps anti-récepteur à l'acétylcholine soit négative, la sensibilité des anticorps anti-MuSK est de 40 % pour les myasthénies généralisées et marginale pour les myasthénies oculaires.
Leurs excellentes spécificités en font le meilleur test permettant d'affirmer le diagnostic en cas de forte suspicion clinique (valeur prédictive positive de seulement 1 % pour la population générale).
Depuis peu, en cas de myasthénie double négative, on peut aussi doser les anticorps LRP4[30].
Examens Ă©lectrophysiologiques
Deux examens électrophysiologiques sont nécessaires :
- une étude électromyographique qui comprend :
- un Ă©lectromyogramme de routine qui est gĂ©nĂ©ralement normal. Des activitĂ©s de rĂ©innervation peuvent cependant ĂȘtre observĂ©es dans les cas sĂ©vĂšres Ă©voluĂ©s,
- une étude électromyographique avec stimulation répétitive supra-maximale d'un nerf moteur. Le test est considéré comme positif lorsque le décrément d'amplitude du potentiel d'unité motrice (PUM) est supérieur à 10 %. Ce test est aspécifique et présente une sensibilité de 79 % pour les myasthénie généralisées et de 50 % pour les myasthénies oculaires,
- une étude électromyographique « fibre unique » avec mesure d'un Jitter (variation de la latence entre la stimulation et le Potentiel d'Unité Motrice pour une fibre donnée lors d'une stimulation répétitive d'un nerf moteur) moyen sur l'étude de nombreuses fibres nécessitant un examinateur expérimenté et un matériel spécialisé. Le test est considéré comme positif lorsqu'est observée une élévation de ce jitter au-dessus des normes du laboratoire pour le muscle étudié. Ce test est non spécifique et présente une sensibilité de 98 % pour les myasthénies généralisées et de 80 % pour les myasthénies oculaires,
- une Ă©tude des vitesses de conduction nerveuses. Cet examen doit ĂȘtre normal pour que des anomalies Ă l'Ă©lectromyogramme soient considĂ©rĂ©es pertinentes.
L'excellente sensibilité de l'électromyographie en fait le meilleur test permettant d'exclure le diagnostic en cas de faible suspicion clinique (valeur prédictive négative indéterminable si la proportion de malades dans le groupe étudié est supérieure à 1 %).
Test pharmacologique
La prostigmine est utilisĂ©e soit comme test thĂ©rapeutique per os, soit en IM ou surtout IV devant un symptĂŽme clinique qui nâa pas parlĂ© sur le plan Ă©lectro physiologique ou en urgence (ptosis, diplopie, troubles phonatoires ou respiratoires).. Le test est considĂ©rĂ© comme positif s'il entraĂźne une amĂ©lioration des symptĂŽmes ou des signes Ă©lectrophysiologiques. Il est parfois comparĂ© Ă un test avec placebo.
à la recherche de pathologies associées
Biologie
Les marqueurs des pathologies auto-immunes potentiellement associées à la myasthénie seront systématiquement dosés. Cela comprend les marqueurs d'inflammation, les hormones thyroïdiennes et anticorps antithyroperoxydases, les facteurs antinucléaires, les anticorps anti-nucléaires, un hématogramme, un ionogramme, les fonctions hépatiques et rénales, la vitamine B12 et les folates.
CT-scanner thoracique
Réalisé systématiquement afin de rechercher un thymome (sensibilité de 99 %, spécificité de 95 %) et une hyperplasie thymique (sensibilité de 50 %, spécificité de 95 %).
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel est large et dépend de la présentation clinique. On peut notamment évoquer[31] :
- autres syndromes myasthéniques : myasthénie congénitale, syndrome myasthénique de Lambert-Eaton, le botulisme, certains venins de serpent, les intoxications aux organo-phosphorés ou au magnésium ;
- les myopathies ;
- les neuropathies périphériques ;
- les pathologies rhumatismales ;
- des troubles hydro-électrolytiques ;
- les endocrinopathies ;
- les anémies ;
- les ptosis acquis, congénitaux et traumatiques ;
- les strabismes décompensés ;
- les troubles fonctionnels, les troubles psychiatriques et le syndrome de fatigue chronique.
Pronostic
Le pronostic est propre à chaque patient. On peut cependant décrire quelques généralités[5],[6],[11],[12],[13],[14] :
La gravité de la myasthénie est liée à la survenue de crises myasthéniques avec détresse respiratoire et risque vital. Ce risque est maximal en début de maladie, 75 % des crises survenant dans les deux premiÚres années d'évolution.
En l'absence de traitement, lâĂ©volution des myasthĂ©nies gĂ©nĂ©ralisĂ©es peut ĂȘtre fatale. Le pronostic vital des formes demeurant oculaires n'est quant Ă lui pas engagĂ©.
Il existe dans de trÚs rares cas, des rémissions spontanées de la maladie dont la durée est variable.
10 à 20 % répondront peu ou pas aux traitements et développeront une impotence motrice variable. Les facteurs de mauvais pronostic et de mauvaise réponse thérapeutique sont : la présence d'un thymome, la présence d'anticorps anti-MuSK et les formes séro-négatives.
Prise en charge thérapeutique
La prise en charge de la myasthénie peut se diviser schématiquement en un traitement symptomatique, un traitement de fond et un traitement de crise de la maladie, en un traitement des pathologies associées et en des mesures générales. Les principes généraux en sont[32],[33],[12],[34],[35] :
Traitements symptomatiques de la myasthénie
Anti-cholinestérasiques
Inhibiteurs de l'acĂ©tylcholinestĂ©rase, enzyme dĂ©gradant l'acĂ©tylcholine, ils constituent le traitement symptomatique de premiĂšre intention. Les plus utilisĂ©s sont la pyridostigmine (Mestinon) et le chlorure dâambĂ©nonium (MytĂ©lase)[36]. L'utilisation des autres anticholinestĂ©rasiques (telle que la nĂ©ostigmine) est devenue marginale hors crise myasthĂ©nique. Leur efficacitĂ© dans les myasthĂ©nies sĂ©ronĂ©gatives ou avec anticorps anti-MuSK n'est pas dĂ©montrĂ©e.
Traitement de fond de la myasthénie
CorticoĂŻdes et immunosuppresseurs
Les corticoĂŻdes â tel qu'un schĂ©ma progressif de prednisone (Cortancyl) ou prednisolone (Solupred) â les immunosuppresseurs â l'azathioprine (Imurel) ayant le plus dĂ©montrĂ© son efficacitĂ©[34] â et le mycophĂ©nolate mofĂ©til (Cellcept) constituent le traitement de fond de deuxiĂšme intention. Les corticoĂŻdes peuvent ĂȘtre dĂ©butĂ©s Ă trĂšs faibles doses et avec rĂ©Ă©valuation clinique rapprochĂ©e, une aggravation clinique transitoire Ă©tant courante.
Il est aujourd'hui démontré que l'adjonction d'un traitement combiné par corticoïdes et immunosuppresseurs pour les myasthénies généralisées insuffisamment contrÎlées sous anticholinestérasiques améliorent l'état clinique à deux ans par rapport à l'adjonction de corticoïdes ou d'immunosuppresseurs séparément. Certains experts recommandent leur utilisation en premiÚre intention pour les formes séronégatives ou avec anticorps anti-MuSK.
Les immunosuppresseurs ne sont pas trĂšs efficaces pour les formes oculaires.
De façon marginale, des traitements biologiques tels que le rituximab (Mabthera), anticorps monoclonal chimérique ciblant la molécule CD20 exprimée spécifiquement par les lymphocytes B, ont été utilisés avec un certain succÚs dans des formes graves[37].
PlasmaphérÚses et Immunoglobulines intraveineuses
Ces traitements n'ont que peu de place en dehors des crises myasthénique (cf. infra). Ils sont cependant exceptionnellement utilisés pour les formes les plus sévÚres résistantes aux autres traitements ou en cas de dégradation clinique rapide.
Traitements des pathologies associées
Thymectomie et traitements adjuvants
La dĂ©couverte d'un thymome est une indication absolue de thymectomie et nĂ©cessite un suivi radiologique prolongĂ© Ă la recherche de rĂ©cidives nĂ©oplasiques. En cas de rĂ©section incomplĂšte, d'infiltration des tissus avoisinant ou de dĂ©couverte de mĂ©tastases, un traitement adjuvant, consistant en une radiothĂ©rapie et/ou une chimiothĂ©rapie selon les cas, doit ĂȘtre proposĂ©.
LâintĂ©rĂȘt clinique de la thymectomie en lâabsence de thymome est encore discutĂ©. Elle est cependant recommandĂ©e en cas de dĂ©couverte d'une hyperplasie thymique avec prĂ©sence d'anticorps anti-rĂ©cepteurs Ă l'acĂ©tylcholine chez les patients de moins de 40 ans. Une Ă©tude randomisĂ©e de 2016 retrouve par ailleurs une amĂ©lioration clinique des symptĂŽmes de la myasthĂ©nie aprĂšs thymectomie, mĂȘme en absence d'hyperplasie thymique[38].
Une aggravation symptomatique post-chirurgicale transitoire est possible. Dans les premiers mois suivant la thymectomie, un sevrage mĂ©dicamenteux peut ĂȘtre tentĂ©, si une amĂ©lioration symptomatique voire une rĂ©mission apparait.
Autres traitements
Des traitements spécifiques sont nécessaires en cas de découverte d'une pathologie auto-immune associée.
Prise en charge des crises myasthéniques
Prise en charge supportive
Toute installation rapide d'une insuffisance respiratoire, d'une dyspnée avec encombrement bronchique, de troubles de la déglutition ou d'une faiblesse généralisée objectivée par un médecin justifie un transfert médicalisé vers une institution hospitaliÚre disposant d'une unité de soins intensifs. à l'admission, une évaluation des voies respiratoires, de la respiration, de la circulation et neurologique sera réalisée ainsi qu'une mesure de la capacité vitale (CV). Un trouble de la conscience, une capacité vitale inférieure à 25 % de la valeur théorique ou un épuisement respiratoire clinique justifient une intubation et un transfert en unité de soins intensifs pour ventilation mécanique et éventuelle stabilisation hémodynamique. Une prise en charge ordinaire avec évaluation réguliÚre de la capacité vitale suffit dans les autres cas.
Correction des facteurs déclenchants et favorisants réversibles
Ces facteurs doivent ĂȘtre recherchĂ©s et corrigĂ©s dĂšs les manĆuvres vitales assurĂ©es. Ce sont principalement les causes iatrogĂšnes (cf Contre-indications mĂ©dicamenteuses), les infections, la dĂ©compensation d'autres pathologies chroniques du patient et les Ă©lĂ©vations de tempĂ©ratures, endogĂšnes ou exogĂšnes.
Le cas des crises survenant lors de grossesses est particulier et la possibilité de leur survenue doit avoir été discutée préalablement avec la patiente. Les crises sévÚres ne répondant pas au traitement symptomatiques nécessitent une prise en charge adaptée.
Exclure un surdosage en anticholinestérasiques
Le principal diagnostic différentiel de la crise myasthénique est le surdosage en anticholinestérasiques. Il est à suspecter systématiquement en cas de prise quotidienne de plus de 480 mg de pyridostigmine ou de symptÎmes muscariniques : bradycardie, myosis bilatéral, hypersécrétions, débùcle fécale, etc. En cas de doute, une aggravation clinique aprÚs administration de néostigmine confirmera le diagnostic de surdosage. La prise en charge est alors purement supportive, hors administration d'atropine pour ses effets anti-muscariniques.
Traitements symptomatiques
L'administration de néostigmine constitue le traitement symptomatique de premiÚre intention. En cas d'apparition de symptÎmes muscariniques, on lui adjoindra de l'atropine.
En cas d'aggravation clinique sous traitement, un surdosage en anticholinestĂ©rasique doit ĂȘtre Ă©voquĂ©.
En cas de mauvaise réponse thérapeutique (échec de détubation), le traitement de seconde intention repose sur la répétition de plasmaphérÚses et/ou de cures d'immunoglobulines intraveineuses.
En cas d'Ă©chec, les corticoĂŻdes et les immunosuppresseurs constituent le traitement de troisiĂšme intention. Leurs indications doivent ĂȘtre cependant prudemment posĂ©es, une aggravation clinique transitoire Ă©tant courante.
Mesures générales et prise en charge para-médicale
Contre-indications médicamenteuses
Carte de myasthénique
Le ministĂšre de la santĂ© français a Ă©ditĂ© une carte de soins et dâurgence pour les personnes myasthĂ©niques. Le port par le patient de cette carte mentionnant sa maladie, son traitement, ses derniĂšres vaccinations et la liste des mĂ©dicaments contre-indiquĂ©s dans la myasthĂ©nie est vivement recommandĂ©. Ils peuvent se la procurer auprĂšs des consultations de rĂ©fĂ©rence ou en contactant lâAFM-tĂ©lĂ©thon].
HygiĂšne de vie
Comme pour toute pathologie chronique, la myasthĂ©nie nĂ©cessite une Ă©ducation du patient Ă sa maladie et particuliĂšrement aux facteurs favorisants de crises myasthĂ©niques. Une participation Ă de l'exercice physique modĂ©rĂ©, adaptĂ© en fonction de l'Ă©tat du moment, doit ĂȘtre encouragĂ©e avec des repos frĂ©quents[39].
Prise en charge para-médicale
Dans les formes sévÚres ou réfractaires aux traitements de fonds, une prise en charge sociale et par des spécialistes en kinésithérapie, en orthophonie, en ergothérapie, en revalidation ou en psychologie peut s'avérer nécessaire tout comme l'orientation du patient vers une association de malades.
Préparer les grossesses et les chirurgies
De façon gĂ©nĂ©rale, la grossesse et les interventions chirurgicales sont une cause importante de crises myasthĂ©niques, qui surviennent dans 30 % des cas. Afin de minimiser les risques, certains auteurs recommandent la rĂ©alisation prĂ©-partum et prĂ©-chirurgicale de sĂ©ances de plasmaphĂ©rĂšses ou de cures dâimmunoglobulines ainsi que d'une Ă©valuation comprenant des Ă©preuves fonctionnelles respiratoires. Un accouchement doit toujours se dĂ©rouler dans une institution hospitaliĂšre disposant d'une unitĂ© de soins intensifs et d'une unitĂ© de rĂ©animation nĂ©o-natale. Une dĂ©tubation ne doit jamais ĂȘtre effectuĂ©e avant que la capacitĂ© du patient Ă y participer soit affirmĂ©e.
Durant la grossesse, les corticoĂŻdes et les immunosuppresseurs, doivent impĂ©rativement ĂȘtre employĂ©s en concertation avec un gynĂ©cologue.
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