Moteur linéaire
Un moteur linéaire est un moteur électrique dont les « rotor » et « stator » ont été « mis à plat ». Alors qu'un moteur rotatif classique produit un couple (rotation), le moteur linéaire produit une force (translation) permettant le déplacement d'objets ou de véhicules[1].
Principes
Expérience du rail de Laplace
Le rail de Laplace est un moteur linéaire simple, et c'est l'expérience fondamentale illustrant le fonctionnement d'un moteur électrique. Une tige métallique, cylindrique, placée au contact de deux rails conducteurs d'électricité, horizontaux et fermant un circuit électrique parcouru par un courant continu, l'ensemble étant placé dans un champ magnétique vertical uniforme, subit alors une force de Laplace.
Si est la longueur de la tige, la valeur du champ magnétique, et la valeur du courant, la force de Laplace vaut ici :
La tige accélÚre, et en se déplaçant, provoque à son tour une force contre-électromotrice proportionnelle à sa vitesse (loi de Lenz-Faraday, la tige coupant le flux magnétique), avec un courant induit de sens opposé.
La force contre-électromotrice compense peu à peu la force électromotrice, et l'intensité tend vers zéro en l'absence de forces mécaniques opposées. La tige atteint donc une vitesse limite.
Lorsque la tige travaille (frottements, pente, résistance de l'air, etc.), ou au démarrage, l'énergie électrique supplémentaire fournie par l'alimentation est transformée en énergie mécanique[2].
Motorisation
Les moteurs actuels utilisent le courant alternatif, et une voie spécialement aménagée.
Deux principes peuvent ĂȘtre retenus :
- s'il y a deux flux magnétiques, l'un dans la voie et l'autre dans la partie mobile, il s'agit d'un moteur synchrone[3] ;
- si le flux magnĂ©tique n'est gĂ©nĂ©rĂ© qu'Ă un seul endroit, par exemple dans la voie, et que la partie mobile est Ă©lectro-magnĂ©tiquement passive, le moteur est dit asynchrone[4] - le rĂ©cepteur peut alors n'ĂȘtre qu'un simple mĂ©tal conducteur (cuivre, aluminium, etc.).
Dans le cadre d'un moteur linĂ©aire synchrone, la voie peut ĂȘtre composĂ©e d'aimants permanents, suite alternĂ©e de pĂŽles nord et sud. Des bobines attachĂ©es au tracteur alimentĂ©es en courant alternatif, dĂ©phasĂ©es judicieusement, permettent Ă la vitesse de se synchroniser (en fonction de la frĂ©quence du courant et de l'espacement des aimants). Toutefois, la voie peut ĂȘtre jalonnĂ©e d'Ă©lectroaimants alimentĂ©s en courant alternatif, et des aimants permanents placĂ©s dans la partie mobile, comme dans le Maglev ou le Transrapid, permettant la lĂ©vitation. La vitesse du train se synchronise alors avec l'onde magnĂ©tique des boucles placĂ©es dans la voie[5].
Dans le cadre d'un moteur linĂ©aire asynchrone, le champ magnĂ©tique gĂ©nĂ©rĂ© dans la voie est alternatif, avec au moins trois phases et une onde se dĂ©plaçant Ă une vitesse v1. Dans la partie mobile, le rĂ©cepteur peut n'ĂȘtre qu'une simple plaque conductrice, ou brins parallĂšles entre eux (et perpendiculaires Ă la trajectoire) reliĂ©s aux extrĂ©mitĂ©s, comme la cage Ă Ă©cureuil d'un moteur rotatif asynchrone mise Ă plat. Les courants de Foucault (si plaque ou tige en long), ou courants induits (si barreaux), s'opposant Ă la variation de flux magnĂ©tique (loi de Lenz), mettent en mouvement le tracteur, qui atteint une vitesse v2 atteignant presque v1 (la diffĂ©rence Ă©tant le glissement)[N 1]. Inversement, le champ magnĂ©tique peut ĂȘtre aussi gĂ©nĂ©rĂ© dans la partie mobile, et le secondaire (le rail) ĂȘtre une simple plaque conductrice oĂč sont induits les courants de Foucault.
Un des principaux avantages du moteur linéaire est sa force à des vitesses faibles, sa précision, et une usure plus faible (moins de contacts, car on obtient directement une force et non un couple)[6].
Catégories
Ces moteurs se divisent en deux grands groupes :
- les moteurs Ă grande course :
- ceux à accélération faible utilisés dans le transport aussi bien le Transrapid que le SkyTrain ;
- ceux à accélération rapide dans les armes comme le canon magnétique et les engins spatiaux.
- les moteurs à course limitée (appelés actionneurs linéaires).
Dans la mĂȘme catĂ©gorie figurent les pompes Ă©lectromagnĂ©tiques Ă induction qui permettent de vĂ©hiculer un fluide conducteur. Les premiers essais de ce type de pompe ont Ă©tĂ© faits avec du mercure, puis du NaK (mĂ©lange de Sodium/Potassium). Les grandes rĂ©alisations industrielles concernent la circulation du sodium dans certains types de rĂ©acteurs nuclĂ©aires et des pompes doseuses d'aluminium liquide.
Notes et références
Notes
- Si le tracteur atteignait la vitesse v1, il n'y aurait plus de courant induit, donc plus de force. Il va donc légÚrement en dessous, dépendant de la charge. Plus la charge est importante, plus le glissement est important, ainsi que l'énergie électrique dépensée en énergie mécanique.
Références
- Quâest-ce quâun moteur linĂ©aire â Principe, sur le site etel.ch, consultĂ© le 12 dĂ©cembre 2015
- Harris Benson et Mathieu Lachance (trad. de l'anglais), Physique, vol. 2 : ĂlectricitĂ© et magnĂ©tisme, Louvain-la-Neuve/Paris, De Boeck, , 5e Ă©d. (1re Ă©d. 1993), 593 p. (ISBN 978-2-8041-9380-5, lire en ligne), chap. 8 (« Le champ magnĂ©tique »), p. 437-438
- [vidéo] Blotfib, « Moteur linéaire synchrone (explications) », (consulté le )
- « Moteur linéaire asynchrone », sur axesindustries.com (consulté le )
- [vidéo] Nathan Black, « Démonstration du train Maglev - Moteur linéaire synchrone et disques aimantés », (consulté le )
- Etel S.A., « Moteur linéaire - entraßnement direct » (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- « Maglev : Principes de Fonctionnement », sur trainalevitationmagnetique.wordpress.com, (consulté le )
- ThĂšse de Jinlin Gong, Ăcole centrale de Lille, « ModĂ©lisation et conception optimale d'un moteur linĂ©aire Ă induction pour systĂšme de traction ferroviaire » [PDF], (consultĂ© le )
- Guillaume Bellot, Timothée Quésada, Justin Massiot, Rémi RÚve (TPE), « Les trains à sustentation magnétique », (consulté le )
- Gilles Gomila, « Le moteur linéaire, sans rival en vitesse et précision » [PDF], sur mesures.com, (consulté le )
- Michel Kant, « Moteurs électriques à mouvement linéaire et composé - Moteur linéaire », sur www.techniques-ingenieur.fr, (consulté le )