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Moteur-roue d'Hydro-Québec

Le moteur-roue d'Hydro-Québec est un moteur-roue inventé en 1994 par l'équipe du physicien Pierre Couture, travaillant pour Hydro-Québec. Il visait au remplacement du moteur à combustion, utilisé dans la grande majorité des véhicules automobiles, par quatre moteurs électriques situés dans les roues de la voiture et alimentés par une batterie. Cette dernière se rechargeait lors du freinage du véhicule ainsi qu'à l'aide d'un réseau domestique d'électricité.

Objet de promesses électorales faites par les libéraux au pouvoir lors de la campagne électorale de l'Élection générale québécoise de 1994 et démontrant des performances prometteuses dans un reportage télévisuel de l'émission de culture scientifique Découverte[1], le projet cristallise un sentiment de réussite québécoise dans une tranche de la population[2] - [3] - [4].

Devant une absence de liens solides avec le milieu des constructeurs automobiles, la société décide d'abandonner le projet, voire de le vendre, en 1995[2], ce qui suscitera maintes interrogations[5] - [4] - [2].

Une dizaine d'années plus tard, un nouveau groupe présente un nouveau moteur, qui n'est plus un moteur-roue, appelé l'Electric TM4.

Historique

Le , le premier ministre du QuĂ©bec Daniel Johnson annonce, lors de la campagne Ă©lectorale de l'Ă©lection gĂ©nĂ©rale quĂ©bĂ©coise de 1994, un programme de 100 millions de dollars canadiens (CAD) afin de crĂ©er une industrie du vĂ©hicule Ă©lectrique quĂ©bĂ©coise dont l'objectif est de concevoir, fabriquer et commercialiser une voiture Ă©lectrique pour l'an 2000. Il nomme un comitĂ© de cinq personnes, dont les prĂ©sidents des compagnies Bombardier Inc. et Chrysler Canada ainsi que le prĂ©sident de la sociĂ©tĂ© d'État Hydro-QuĂ©bec, pour encadrer le projet[2]. Une dizaine de jours plus tard, le , une Ă©quipe de chercheurs d'Hydro-QuĂ©bec, dirigĂ©e par l'ingĂ©nieur Pierre Couture, dĂ©voile officiellement un prototype de voiture Ă©lectrique qui sera propulsĂ©e par des moteurs-roues. Construite Ă  partir d'une Chrysler Intrepid, la voiture est allĂ©gĂ©e de ses composantes mĂ©caniques traditionnelles, comme la transmission, permettant ainsi de fermer le dessous du vĂ©hicule et d'augmenter son aĂ©rodynamisme. Le moteur-roue dĂ©veloppĂ© par l'Ă©quipe de Couture rĂ©cupère Ă©galement l’énergie nĂ©cessaire au freinage, fonctionnant alors Ă  l’envers et rechargeant les accumulateurs. Enfin, les diffĂ©rents tests effectuĂ©s en laboratoire montraient que le moteur-roue dĂ©veloppĂ© par Hydro-QuĂ©bec dĂ©passait les moteurs conventionnels aussi bien par son efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique que par sa puissance[6] - [1] - [2].

Par la suite, les moteurs furent couplĂ©s Ă  une gĂ©nĂ©ratrice Ă  essence fournissant l'Ă©nergie manquante pour recharger les accumulateurs. Ce système permit de diminuer d'environ 80 Ă  85 % la consommation d'essence du vĂ©hicule initial[1] - [2]. Ce dernier devait Ă©galement ĂŞtre rechargĂ© Ă  l'aide d'une prise Ă©lectrique. Couture affirmait qu'une voiture Ă©lectrique de ce genre serait rechargĂ©e une fois par jour. Il estimait le coĂ»t d'Ă©lectricitĂ© Ă  environ 1 CAD au 100 km[1].

Au cours de la période s'étendant de l'automne 1994 à l'été 1995, l'équipe de Couture continue à développer la voiture électrique et acquiert plusieurs brevets américains. Elle relève également de nombreux défis technologiques tels la miniaturisation et l'intégration aux roues d'un convertisseur de courant continu en courant alternatif[2].

Départ de Pierre Couture et poursuite des activités

Aux élections de , le gouvernement libéral de Daniel Johnson est remplacé par le Parti québécois de Jacques Parizeau. Les priorités du gouvernement changent. À l'été 1995, après un certain enthousiasme initial envers le projet, le président d'Hydro-Québec Armand Couture demande à Pierre Couture s'il est possible de vendre le moteur développé par son équipe et à quel prix[2]. Le , le conseil d'administration d'Hydro-Québec annonce l'abandon du projet. Lors d'une conférence de presse, Jacques Germain, représentant la société d'État, affirmera « On est tout p'tit l'Hydro comparativement à GM, Ford et Chrysler, puis il faut faire comme de la guérilla technologique et se concentrer là où on est forts et aller très vite pour protéger la propriété intellectuelle »[2]. Pierre Couture démissionnera du projet une semaine plus tard.

De nombreuses critiques ont fusĂ© Ă  propos de l'interruption du projet de dĂ©veloppement du moteur-roue Ă©lectrique d'Hydro-QuĂ©bec[6]. Une lettre de protestation, signĂ©e par 17 collaborateurs au projet, fut envoyĂ©e au conseil d'administration de la sociĂ©tĂ©, sans rĂ©sultats. Plusieurs ont vu, dans l'abandon de ce projet, une rĂ©pĂ©tition de l'histoire de l'Arrow, un avion canadien dĂ©veloppĂ© dans les annĂ©es 1950 et abandonnĂ© par la suite[2].

Le développement du moteur-roue et des technologies y étant liées ont été poursuivis au cours des années suivantes par le biais d'une filiale d'Hydro-Québec créée en 1998, TM4 Systèmes électrodynamiques. Les efforts promotionnels[7] de la compagnie ont notamment donné lieu à un partenariat avec Michelin[8] qui sera par la suite abandonné. TM4 a par la suite développé deux versions différentes de moteurs-roues pour la Peugeot Quark[9] et la Citroën C-Métisse, deux véhicules concept n’étant toutefois pas destinés à la production. Pour répondre aux demandes de ses principaux clients, notamment SVE (groupe Dassault) et Tata Motors, TM4 a, vers la fin des années 2000, principalement recentré ses activités vers des systèmes de motorisation utilisant des moteurs électriques centraux.

Pour le physicien Pierre Langlois, auteur du livre Rouler sans pétrole[3], l’avenir de la voiture hybride se trouve dans le moteur-roue développé par Pierre Couture.

La Tata Indica EV, équipée du moteur TM4 Motive.

TM4 Systèmes électrodynamiques

L'héritier du moteur de Pierre Couture, le moteur électrique central TM4 MΦTIVE, est commercialisé par une filiale d'Hydro-Québec qui s'est associée au groupe Dassault dans le développement d'un véhicule électrique, la Cleanova. Des prototypes ont été construits en 2006[10].

En 2009, les firmes Tata Motors et la danoise Miljø ont choisi le TM4 pour équiper une version de démonstration du modèle Indica Vista, qui sera testé en Norvège[11] - [12]. Peu de temps après cette annonce, Hydro-Québec reprend le contrôle de 100 % de l'actionnariat de TM4.

Notes et références

  1. Gilles Provost et Marielle Choquette. « La Voiture électrique », Découverte, à la Télévision de Radio-Canada, 1995.
  2. Gilles Provost et Pascal Gélinas, « La Voiture électrique d'Hydro », sur Découverte, Télévision de Radio-Canada, (consulté le ).
  3. Pierre Langlois, Rouler sans pétrole, Éditions MultiMondes, 2008 (ISBN 978-2-8954-4130-4) [présentation en ligne].
  4. Pierre Lavallée. « Pourrait-on construire une voiture électrique au Québec? », entrevue à l'émission 5 sur 5, Télévision de Radio-Canada, 15 avril 2003, 0:09:30 à 0:12:30.
  5. La question reviendra deux fois à l'émission 5 sur 5, qui invitait le public à poser des questions d'ordre général.
  6. Louis-Gilles Francoeur, « Moteur-roue: Volvo dans les traces d'Hydro », Le Devoir, (voir archive).
  7. (en) Hydro-Québec, « Technologies M4 Shows Innovative Electric Vehicle Power Technologies at SAE Expo », PR Newswire, .
  8. (en) « Technologies M4 Inc. and Michelin join forces to develop and commercialize the E-Wheel Control System », PR Newswire, .
  9. TM4, « Historique TM4 ».
  10. Radio-Canada, « Voiture électrique : Moteur québécois, fabrication étrangère ? », (consulté le ).
  11. Hydro-Québec, « Tata Motors et Miljø associent TM4 à leur programme de démonstration de véhicules électriques », (consulté le ).
  12. Gilles Provost et Alain Laure, « Des hybrides branchées », Découverte, Société Radio-Canada, (consulté le ).

Articles connexes

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