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Mosquée Atik Mustafa Pasha

La mosquĂ©e Atik Mustafa Pasha (en turc: Atik Mustafa PaƟa Camii; aussi connue sous le nom de Hazreti Cabir Camii) est une ancienne Ă©glise grecque orthodoxe convertie en mosquĂ©e Ă  l’époque ottomane. On ignore prĂ©cisĂ©ment Ă  qui elle Ă©tait dĂ©diĂ©e Ă  l’origine. Sur la foi d'une tradition rapportĂ©e au XIXe siĂšcle par le patriarche Constantius (patriarche ƓcumĂ©nique : 1830-1834) on a cru qu’il s’agissait de l’église des Saints-Pierre-et-Marc, sans preuve toutefois[N 1]. Il est plus probable qu’il s’agissait de l’église Sainte-Thekla du Palais des Blachernes (en grec : Άγία ΘέÎșλα Ï„ÎżáżŠ Î Î±Î»Î±Ï„ÎŻÎżÏ… Ï„áż¶Îœ ΒλαχΔρΜώΜ, Hagia Thekla tou Palatiou tƍn Vlakhernƍn)[N 2]. Si l’on se fie Ă  son style architectural, l’église aurait Ă©tĂ© construite aux XIe siĂšcle-XIIe siĂšcle.

La mosquée vue du sud-est. Dessin de A.G. Paspates datant de 1877 dans Byzantine Topographical Studies.

Emplacement

L’ancienne Ă©glise Ă©tait situĂ©e prĂšs du palais des Blachernes et par consĂ©quent dans le voisinage des murs de ThĂ©odose. De nos jours, la mosquĂ©e se trouve dans le quartier d’Ayvansaray, district Fatih[N 3], Ă  quelques mĂštres des anciens murs de la citĂ© et Ă  une courte distance des rives de la Corne d’Or au pied de la sixiĂšme colline de Constantinople.

Histoire

L’abside de l’ancienne Ă©glise et le minaret de la mosquĂ©e.

Vers le milieu du IXe siĂšcle, la princesse Thekla, fille ainĂ©e de l’empereur ThĂ©ophile (r. 829 – 842) agrandit un petit oratoire consacrĂ© Ă  sa patronne et situĂ© Ă  quelque 150 mĂštres Ă  l’est de l’église de Notre-Dame-des-Blachernes[1]. Sur le mĂȘme site, en 1059, l’empereur Isaac Ier ComnĂšne (r. 1057 – 1059) fit construire une Ă©glise plus imposante en remerciement pour avoir Ă©chappĂ© Ă  un accident de chasse [2]. L’église Ă©tait cĂ©lĂšbre pour sa beautĂ© et Anne ComnĂšne Ă©crivit que sa mĂšre, Anne DalassĂšne, allait souvent y prier [2]. AprĂšs la conquĂȘte de Constantinople par les Ottomans, l’édifice fut fortement endommagĂ© en 1509 par un tremblement de terre qui dĂ©truisit le dĂŽme[3]. Peu aprĂšs, le kapicibaƟi[N 4] (et par la suite grand vizir – exĂ©cutĂ© en 1512) Koca Mustafa Pasha fit rĂ©parer les dommages et convertit l’église en mosquĂ©e[N 5]. Jusqu’à la fin du XIXe siĂšcle un hammam situĂ© Ă  quelque 150 mĂštres au sud de la mosquĂ©e faisait partie de la mĂȘme fondation[1]. En 1692, ƞatir Hasa Ağa fit construire une fontaine en face de la mosquĂ©e[1]. L’édifice devait ĂȘtre Ă  nouveau endommagĂ© durant le grand incendie de Balat en 1729, puis par le tremblement de terre qui Ă©branla Istanbul en 1894 et dĂ©truisit le minaret de la mosquĂ©e. Celle-ci fut rouverte au culte en 1906. Une derniĂšre restauration eut lieu en 1922 au cours de laquelle une fontaine baptismale chrĂ©tienne fut transfĂ©rĂ©e au MusĂ©e archĂ©ologique d’Istanbul[1]. Dans l’abside sud de l’édifice se trouve la tombe (tĂŒrbe) que l’on dit ĂȘtre celle de Hzreti Cabir (Jabir) Ibn Abdallah-ĂŒl-Ensami, l’un des compagnons d’EyĂŒp[4] mort non loin de lĂ  en 678 pendant le premier siĂšge arabe de Constantinople[5].

Architecture

La tombe que l’on dit ĂȘtre celle de Hazreti Cabir (Jabir) dans l’abside sud.

L’édifice mesure 15 mĂštres de largeur et 17,5 mĂštres de longueur. Son plan est celui d'une Ă©glise en *croix grecque inscrite[N 6], surmontĂ© d’une *coupole et est orientĂ© en direction nord-est/sud-ouest. Il comprend trois *absides polygonales et son *narthex a Ă©tĂ© dĂ©truit[6]. L’édifice n’a pas de *galerie et le *dĂŽme (qui ne repose pas sur un tambour) est presque certainement ottoman, mĂȘme si les arcs et les piliers qui les soutiennent sont d’époque byzantine[7]. Les bras de la croix, les *pastophoria (prothesis et diakonikon) sont couverts par des *voutes en berceau et s’ouvrent l’un sur l’autre par des arcs. Les murs nord et sud ont trois paliers : le rez-de-chaussĂ©e avec trois *arcades, un premier Ă©tage avec trois fenĂȘtres et un deuxiĂšme Ă©tage avec fenĂȘtre unique Ă  trois ouvertures (voir image de la galerie)[7]. Le toit, la corniche et le narthex de bois qui a remplacĂ© l’ancien narthex byzantin datent de la pĂ©riode ottomane. Des fonts baptismaux cruciformes qui appartenaient au *baptistĂšre de l’église et se trouvaient de l’autre cĂŽtĂ© de la rue ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s au MusĂ©e archĂ©ologique d’Istanbul[7]. Les *piliers supportant le dĂŽme aux quatre coins intĂ©rieurs de la croix-grecque sont en forme de « L ». Ils sont un exemple du stage prĂ©cĂ©dant celui des Ă©glises en croix Ă  quatre *colonnes. Au fur et Ă  mesure que les arcs entre ces piliers et les murs extĂ©rieurs prendront de l’étendue, les piliers deviendront plus petits pour devenir simplement les quatre *colonnes que l’on retrouvera dans les Ă©glises plus tardives[7]. On a retrouvĂ© sur la façade sud de l’édifice les restes de fresques dont la description a Ă©tĂ© publiĂ©e[8]. De plus, au cours des travaux de rĂ©novation dans les annĂ©es 1990, de nombreuses *tessĂšres ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes prouvant l’existence antĂ©rieure de mosaĂŻques et de fresques dans l’édifice[N 7].

Glossaire

Plan type d’une Ă©glise en croix grecque inscrite.
  • Abside : Partie saillante en demi-cercle d'une Ă©glise.
  • Arcade : Ouverture pratiquĂ©e sous un arc dans un mur et qualifiĂ©e du nom de l’arc dont elle a la forme [9].
  • BaptistĂšre : Construction circulaire ou polygonale qui dans les premiers temps de la chrĂ©tientĂ© Ă©tait Ă©levĂ©e dans le voisinage d’une cathĂ©drale dans lequel l’évĂȘque confĂ©rait le baptĂȘme par immersion. À partir du XIIe siĂšcle, il fut remplacĂ© par les fonts baptismaux.
  • Colonne : Support de forme gĂ©nĂ©ralement cylindrique (ce qui la distingue du pilier) qui soutient les voutes[9].
  • Coupole : Voute hĂ©misphĂ©rique dont l’extĂ©rieur porte le nom de dĂŽme.
  • Croix grecque : Plan d'Ă©glise dans lequel les quatre bras sont Ă©gaux par opposition Ă  l'Ă©glise Ă  plan basilical. La partie centrale est souvent surmontĂ©e d’une coupole.
  • DĂŽme : ExtĂ©rieur de la voute sphĂ©rique appelĂ©e coupole.
  • Galerie : Passage (souvent fort Ă©troit) couvert, placĂ© soit Ă  l’extĂ©rieur soit Ă  l’intĂ©rieur d’un Ă©difice et servant de moyen de passage d’un lieu Ă  un autre.
  • Narthex : Galerie ou portique intĂ©rieur placĂ© Ă  l’entrĂ©e d’une Ă©glise[9].
  • Pastophoria : Terme utilisĂ© pour dĂ©crire les deux annexes liturgiques de part et d'autre de l'abside: le diakonikon, sorte de vestiaire et vaisselier du clergĂ© d'une part, et la prothesis, endroit oĂč sont conservĂ©es les espĂšces pour l'eucharistie, d'autre part.
  • Pilier : Support vertical comme la colonne, il s’en distingue par sa section qui est gĂ©nĂ©ralement carrĂ©e et par une plus grande puissance (voir colonne)[9].
  • TessĂšre : Carreaux de pierre entrant dans la composition d'un carrelage. Les diminutifs tessella et tesserula ont Ă©tĂ© appliquĂ©s aux petits dĂ©s cubiques dont l'assemblage formait une mosaĂŻque.
  • Voute en berceau : La plus simple des voutes : arc de cercle prolongĂ© en cylindre dont la directrice est une droite.

Galerie

  • MosquĂ©e Atik Mustafa: mur extĂ©rieur
    Mosquée Atik Mustafa: mur extérieur
  • DĂ©tail de la façade montrant la rangĂ©e de trois fenĂȘtres
    DĂ©tail de la façade montrant la rangĂ©e de trois fenĂȘtres
  • DĂ©tail de la façade montrant la dĂ©coration de pierres et de briques
    Détail de la façade montrant la décoration de pierres et de briques
  • Vue de l’intĂ©rieur
    Vue de l’intĂ©rieur
  • Un des murs intĂ©rieurs
    Un des murs intérieurs
  • La tombe que l’on dit ĂȘtre celle de Hazreti Cabir
    La tombe que l’on dit ĂȘtre celle de Hazreti Cabir
  • DĂ©tail de la tombe (tĂŒrbe)
    DĂ©tail de la tombe (tĂŒrbe)

Bibliographie

  • (fr) Eyice, Semavi. Istanbul. Petite Guide a travers les Monuments Byzantins et Turcs. Istanbul, Istanbul Matbaası, 1955.
  • (en) GĂŒlersoy, Çelik. A Guide to Istanbul. Istanbul, Istanbul Kitaplığı, 1976. OCLC 3849706.
  • (fr) Janin, Raymond. La GĂ©ographie ecclĂ©siastique de l'Empire byzantin. 1. Part: Le SiĂšge de Constantinople et le Patriarcat OecumĂ©nique. 3e Vol. : Les Églises et les MonastĂšres. Paris, Institut Français d’Études Byzantines, 1953.
  • (en) Mamboury, Ernest. The Tourists' Istanbul. Istanbul, Çituri Biraderler Basımevi, 1953.
  • (de) MĂŒller-Wiener, Wolfgang. Bildlexikon Zur Topographie Istanbuls: Byzantion, Konstantinupolis, Istanbul Bis Zum Beginn D. 17 Jh. TĂŒbingen, Wasmuth, 1977. (ISBN 978-3-8030-1022-3).
  • (en) Tunay, Mehmet. "Byzantine Archeological Findings in Istanbul". (In) Necipoğlu, Nevra (ed.). Byzantine Constantinople: Monuments, Topography and everyday Life. Leiden, Boston, Köln, Brill, 2001. (ISBN 90-04-11625-7).
  • (en) Van Millingen, Alexander. Byzantine Churches of Constantinople. London, MacMillan & Co, 1912. Reproduit par e-KITAP PROJESI & CHEAPEST BOOKS, 2015, (ISBN 978-15-0771-8223).
  • (fr) de VogĂŒe, dom Melchior. Glossaire des termes techniques Ă  l’usage des lecteurs de « la nuit des temps ». Zodiaque, 1965.

Notes et références

Notes

  1. Dans son ouvrage sur les Ă©glises byzantines de Constantinople, van Millingen en 1912 se rĂ©fĂšre encore Ă  cette l’église comme Ă  celle des Saints-Pierre-et-Marc/Hoja Atik Mustafa Jamissi tout en indiquant que le patriarche lui-mĂȘme rapportait une tradition.
  2. L’église de Sainte-Thekla Ă©tait identifiĂ©e auparavant comme le Toklu Dede Mescidi, une Ă©glise de l’époque comĂ©nienne (milieu ou deuxiĂšme moitiĂ© du XIe siĂšcle) qui Ă©tait situĂ©e dans les environs et fut dĂ©truite en 1929. Toutefois, cette identification basĂ©e seulement sur le nom est maintenant rejetĂ©e (Janin (1953) p. 148)
  3. Quartier historique au cƓur de la ville d'Istanbul, s'Ă©tendant sur la zone prise par Mehmet le ConquĂ©rant, le 29 mai 1453, Ă  l’intĂ©rieur des anciennes murailles de Constantinople.
  4. Le kapicibaƟi (litt : gardien de la porte) Ă©tait le maitre de cĂ©rĂ©monie lors de la rĂ©ceptions des ambassadeurs.
  5. Vers la mĂȘme pĂ©riode il fit convertir une autre Ă©glise byzantine du quartier Samatya en mosquĂ©e, laquelle reçut son nom (mosquĂ©e Koca Mustafa Pasha)
  6. Les termes prĂ©cĂ©dĂ©s d’un astĂ©risque sont dĂ©finis dans le glossaire ci-haut.
  7. Malheureusement, Ă  l’occasion de la restauration du plancher, le Vakiflar Genel MĂŒdĂŒrlĂŒgu (litt : direction gĂ©nĂ©rale des fondations pieuses) n’a pas autorisĂ© la conduite de recherches archĂ©ologiques qui auraient permis d’éclairer certaines questions en suspens, y compris celle de la dĂ©dicace originelle de l’église [Tunay (2001) p. 229].

Références

  1. MĂŒller-Wiener (1977) p. 83
  2. Janin (1953) p. 148
  3. Information contenue dans une inscription devant la mosquée
  4. Eyice (1955) p. 66
  5. GĂŒlersoy (1976) p. 248
  6. MĂŒller-Wiener (1977) p. 82
  7. Van Millingen (2015) p. 270-278
  8. Dumbarton Oaks Papers, vol. 39, 1984, pp. 125-134
  9. VogĂŒĂ© (1975) « Glossaire »

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

  • (en) Yasin Karabacak. « Atik Mustafa Pasha Mosque (Hz. Cabir Camii ve TĂŒrbesi) ». en ligne
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