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Morphoanalyse des traces de sang

La morphoanalyse des traces de sang est une discipline de criminalistique qui interprĂšte les traces de sang sur les scĂšnes de crime, de suicide ou d'accident, lorsque les faits sont incertains ou suspects.

Cette analyse apporte des indices prĂ©cieux pour l'enquĂȘte en dĂ©terminant les Ă©vĂ©nements Ă  l'origine des traces Ă©tudiĂ©es. Quand cela est possible, elle Ă©tablit Ă©galement une chronologie de ces Ă©vĂ©nements et localise les diffĂ©rents acteurs (victime, agresseur, spectateur
) lors des effusions sanglantes dĂ©terminĂ©es.

Recherche

Le sang est un Ă©lĂ©ment de preuve retrouvĂ©, et mĂȘme recherchĂ©, sur les scĂšnes de faits de violence. Il s'observe sur le cadavre (peau ou vĂȘtement) et aussi sur le sol, les murs, les objets divers prĂ©sents dans l'environnement proche ou Ă©loignĂ© du cadavre. La manipulation du cadavre doit ĂȘtre prudente, et prĂ©cĂ©dĂ©e de croquis, mesures et photographies.

La photographie en criminalistique présente trois niveaux :

  • vue d’ensemble, ce type d'image donne Ă  qui n’était pas sur les lieux un bon aperçu de la situation. Elle permet de placer les traces de sang dans le lieu.
  • vue de travail : ces images donnent les dĂ©tails de chaque indice. Ce clichĂ© doit respecter un angle de prise de vue de 90°, la prĂ©sence d'une rĂ©fĂ©rence, d'un test centimĂ©trique et bien sur une prise de vue nette et complĂšte du sujet photographiĂ©. Elle permet de voir tous les critĂšres morphologiques permettant l'identification de la trace de sang
  • vue de dĂ©tail : ces images documentent des Ă©lĂ©ments prĂ©sents au sein des indices. Elle permet de voir des traces interagissant entre-elles, de voir les Ă©pines en pĂ©riphĂ©rie des traces passives sur surface horizontales par exemple.

La mise en évidence de sang est relativement aisée quand il est frais, moins quand il est séché reposant sur un support poreux ou à cavités, comme des rainures. La recherche visuelle se fait sous éclairage adapté[1].

Une suspicion de taches de sang lavées ou essuyés fait utiliser des produits de révélations, qui réalisent une catalyse d'oxydation au contact de l'hémoglobine. Selon le produit utilisé, on peut observer une coloration, une luminescence ou une fluorescence. Ces produits peuvent détecter des dilutions trÚs faibles de sang, mais il ne s'agit que de présomption car des faux positifs peuvent survenir avec des produits ménagers, des métaux ou des végétaux. Aussi des tests de confirmation sont nécessaires[1].

Identification

L'identification des traces Ă©tudiĂ©es ne peut s’appuyer que sur les critĂšres morphologiques, en excluant toute information en rapport avec les faits auxquels les traces sont liĂ©es. Elle doit ĂȘtre solide, et ainsi Ă©viter toute analyse incorrecte ou influencĂ©e par la connaissance des hypothĂšses des enquĂȘteurs et/ou des tĂ©moignages.

Au moment de l'intervention, les modÚles de traces sont le plus souvent altérés par différents facteurs [2]:

  • L’altĂ©ration de la trace lors des sĂ©quences de faits et/ou pendant le dĂ©placement, volontaire ou non, de la victime. D’autres modĂšles de traces peuvent s’ajouter qui seront essentiellement des transferts.
  • Le recouvrement (overlapping), oĂč diffĂ©rents modĂšles de traces de sang interagissent en se recouvrant partiellement. Cela rend difficile leur identification.
  • Le temps Ă©coulĂ© entre les faits et l'expertise provoque d’abord la formation du caillot sanguin avec apparition de la trace de sĂ©rum. Une dĂ©shydratation suivra dans un dĂ©lai, fonction des facteurs extĂ©rieurs. Ensuite la trace se dĂ©sagrĂšge trĂšs facilement et un mouvement d’air est suffisant.
  • Au cours des constatations, l’examen du corps sur site provoque des manipulations de celui-ci qui, non seulement, peuvent crĂ©er des traces, mais en altĂ©rer d’autres. La levĂ©e de corps demande la prise en mains de la victime et donc des mouvements de celle-ci, le plus souvent au contact de la surface cible.

Depuis 1985 et les travaux de Sir Alec Jeffreys, il est possible d’identifier la source de sang grĂące Ă  son ADN. S’il est aujourd’hui possible d’identifier le sang au travers de son profil gĂ©nĂ©tique, il reste crucial d’identifier l’action ayant provoquĂ© le dĂ©pĂŽt de ce sang sur le support Ă©tudiĂ©, pour pouvoir le lier Ă  l’enquĂȘte en cours.

Interprétation

La forme d'une tache est liée à son angle d'impact sur la surface considérée. En étudiant plusieurs tùches, on peut déterminer des points de convergence et d'origine et déterminer la source du sang (positions respectives de la victime et de l'agresseur au moment du coup porté)[1].

L'examen des traces permet de distinguer des projections de sang à différentes vitesses, ce qui renseigne sur la force des coups ou le type d'arme[1].

Les projections de basse vélocité correspondent à du sang tombant en goutte-à-goutte d'un corps, d'une main ou d'un objet ensanglantés. En général le diamÚtre de ces taches est supérieur à 5 mm.

Celles de moyenne vélocité, sont des projections de 1 à 4 mm de diamÚtre, correspondant à l'action d'objets contondants ou d'arme blanche, ou de la marche ou de la course dans une flaque de sang.

Les projections de haute vélocité sont trÚs fines, avec un trajet court dans l'air (moins d'un mÚtre), formant des taches de diamÚtre égal ou inférieur à 0,1 mm. Elles sont dues à des armes à feu, ou se produisent lors d'accidents motorisés.

Les taches de transfert sont importantes à étudier, elles résultent du contact d'un objet ensanglanté sur une surface. On peut ainsi retrouver des traces de cheveux, de doigts, d'armes ou outils ensanglantés[1].

Classification

S'il existe plusieurs classifications, toutes sont basĂ©es sur les mĂ©canismes qui ont crĂ©Ă© les traces . Cela permet de faire le lien entre les critĂšres d’identification du modĂšle Ă©tudiĂ© et l’analyse qui en sera faite par la suite au travers du mĂ©canisme qui en a provoquĂ© l’existence.

Les mĂ©canismes de crĂ©ation sont regroupĂ©s en 4 PhĂ©nomĂšnes qui sont nommĂ©s Passifs, Actifs, TransfĂ©rants et AltĂ©rants. Les dĂ©finitions suivantes sont celles proposĂ©es par SWGSTAIN[3] et validĂ©es par l’IABPA[4] en version française :

PhénomÚnes passifs

La Pesanteur est la force principalement mise en action.

  • Trace passive : trace de sang rĂ©sultant de la chute d'une goutte formĂ©e sous l'action principale de la pesanteur.
  • Cheminement : ensemble de traces passives rĂ©sultant du dĂ©placement d'une source de sang entre deux points.
  • Trace d'accompagnement : trace de sang rĂ©sultant de la rupture du lien capillaire entre la goutte formant la trace passive et la source de sang.
  • Goutte Ă  goutte : ensemble de traces de sang rĂ©sultant d'un liquide gouttant dans un autre liquide, dont un au moins est du sang.
  • CoulĂ©e : trace de sang rĂ©sultant de l'Ă©coulement de sang liquide prĂ©sent sur la surface Ă©tudiĂ©e sous l'action principale de la pesanteur.
  • Accumulation : volume de sang liquide sur une surface non poreuse ou poreuse saturĂ©e.
  • ImprĂ©gnation : accumulation de sang liquide dans une surface poreuse.
  • Chute de volume : ensemble de traces rĂ©sultant d'un volume de sang chutant ou se dĂ©versant sous l'action majoritaire de la pesanteur.

PhénomÚnes actifs

Si la pesanteur est toujours une force présente et active, d'autres forces sont mises en action et sont la cause principale des traces retrouvées.

  • Projection : trace de sang rĂ©sultant de la dispersion de gouttes de sang par l'application d'une force sur une source de sang liquide.
  • ModĂšle d'impact : ensemble de projections rĂ©sultant d'un choc entre un Ă©lĂ©ment et une source de sang liquide.
  • Foyer de modĂšle d'impact : projections circulaires faisant partie d'un modĂšle d'impact et qui s'observent au niveau de la zone de convergence.
  • ModĂšle d'Ă©jection : ensemble de projections rĂ©sultant de l'action de la force centrifuge lors du mouvement d'un Ă©lĂ©ment ensanglantĂ©.
  • ArrĂȘt d'Ă©jection : ensemble de projections rĂ©sultant de l'arrĂȘt brutal du mouvement d'un Ă©lĂ©ment ensanglantĂ©.
  • Projection positive : ensemble de projections dont la dispersion se fait dans le sens de la force appliquĂ©e. Elles sont le plus souvent associĂ©es Ă  un orifice de sortie crĂ©Ă© par un projectile d'arme Ă  feu.
  • RĂ©tro-projection : ensemble de projections dont la dispersion se fait dans le sens opposĂ© Ă  la force appliquĂ©e. Elles sont, le plus souvent, associĂ©es Ă  un orifice d'entrĂ©e crĂ©Ă© par un projectile d'arme Ă  feu.
  • Sang vaporisĂ© : ensemble de projections rĂ©sultant de sang pulvĂ©risĂ© sur une surface Ă©tudiĂ©e par l'application d'une force.
  • trace gravitationnelle : Projection qui atteint la surface Ă©tudiĂ©e alors qu'elle est en trajectoire descendante, sous l'action principale de la pesanteur.
  • Volume impactĂ© Ensemble de traces de sang rĂ©sultant de l'impact d'un Ă©lĂ©ment dans du sang liquide sur la surface Ă©tudiĂ©e.
  • Sang propulsĂ© : Ensemble de traces rĂ©sultant de l'Ă©jection de sang sous l'effet de la pression sanguine.
  • Sang expirĂ© : Ensemble de projections rĂ©sultant de sang propulsĂ© par le flux respiratoire.

PhénomÚnes transférants

Ces mĂ©canismes dĂ©crivent l’ensemble des modĂšles de traces dont la crĂ©ation rĂ©sulte d’un transfert de sang d’une surface sur une autre surface dont l’une est la surface Ă©tudiĂ©e. Il est peut-ĂȘtre possible de discerner l’objet qui a laissĂ© la trace.

  • Transfert par contact : trace de sang rĂ©sultant de l'apposition d’un Ă©lĂ©ment ensanglantĂ© sur la surface Ă©tudiĂ©e.
  • AltĂ©ration par contact : trace de sang rĂ©sultant de l'apposition d'un Ă©lĂ©ment dans une trace de sang humide prĂ©existante sur la surface Ă©tudiĂ©e.
  • Transfert glissĂ© : trace de sang rĂ©sultant du mouvement d’un Ă©lĂ©ment ensanglantĂ© en contact avec la surface Ă©tudiĂ©e. Certains critĂšres morphologiques permettent parfois d'orienter ce mouvement.
  • AltĂ©ration glissĂ©e : trace de sang rĂ©sultant du mouvement d’un Ă©lĂ©ment dans une trace de sang humide prĂ©existante sur la surface Ă©tudiĂ©e.

PhénomÚnes altérants

Ces mĂ©canismes dĂ©crivent l’ensemble des modĂšles de traces dont la crĂ©ation rĂ©sulte d’un transfert de sang d’une surface sur une autre surface dont l’une est la surface Ă©tudiĂ©e. Il est peut-ĂȘtre possible de discerner l’objet qui a laissĂ© la trace.

  • Caillot sanguin : amas gĂ©latineux rĂ©sultant de la mise en Ɠuvre des mĂ©canismes de coagulation du sang..
  • Sang aspirĂ© : traces de sang qui se dĂ©posent Ă  l'intĂ©rieur de l'arme Ă  feu Ă  la suite de l'appel d'air consĂ©cutif Ă  l'expansion des gaz d’explosion.
  • Trace de sĂ©rum : trace de sang rĂ©sultant de la sĂ©paration du sĂ©rum des Ă©lĂ©ments figurĂ©s du sang.
  • Trace d'insecte : artefacts rĂ©sultant de l’activitĂ© entomologique venant altĂ©rer et/ou crĂ©er des traces de sang.
  • Zone d'interruption : espace non ensanglantĂ© au sein d'un modĂšle et/ou d'un ensemble continu de traces de sang.

Le sang est un tissu circulant Ă  travers le corps. Ce tissu possĂšde des cellules spĂ©cialisĂ©es permettant de remplir des fonctions complexes. Chez une personne en bonne santĂ©, le sang compte pour approximativement 8 % du poids total du corps. Pour un individu de 70 kg, cela Ă©quivaut Ă  5,6 litres.

Physique sanguine hors circulation

Principes

Le sang contient trois composants en suspension dans le plasma. Ces trois composants sont les Ă©rythrocytes, les leucocytes, et les thrombocytes.

DĂšs lors qu’un vaisseau sanguin est lĂ©sĂ©, le sang se dĂ©place hors du systĂšme circulatoire en fonction des lois de physique. Si une plaie existe, le sang s’externalise et les traces de sang se dĂ©posent sur les supports avoisinants, en fonction de diffĂ©rentes interactions dont les plus courantes sont[2] - [5] :

  • la pesanteur (Ă©coulement...) ;
  • la force propre Ă  la source exerçant une pression sur le sang liquide (pression cardiaque, expiration...) ;
  • une force extĂ©rieure Ă  la source de sang (action violente...) ;
  • une force liĂ©e au mouvement d'un Ă©lĂ©ment ensanglantĂ© (main, cheveux, arme...) ;
  • le transfert par contact entre deux surfaces, dont au moins une est ensanglantĂ©e (transfert par contact, altĂ©ration par contact, transfert glissĂ©, altĂ©ration glissĂ©e).

En physique il y a deux milieux continus de la matiĂšre : solide et liquide. Une fois que le sang a quittĂ© le corps, il se comporte comme un fluide et toutes les lois de la physique s’appliquent.

  • La viscositĂ© dynamique (que l’on note ÎŒ) est le coefficient de proportionnalitĂ© caractĂ©risant la force Ă  exercer pour dĂ©placer les particules fluides les unes par rapport aux autres. Lorsque la viscositĂ© augmente, la capacitĂ© du fluide Ă  s'Ă©couler diminue. La viscositĂ© d’un liquide est liĂ©e Ă  l’attraction des molĂ©cules de fluide entre elles. Ainsi quand la tempĂ©rature augmente, la viscositĂ© diminue. Si la tempĂ©rature modifie la viscositĂ© du sang, celle-ci dĂ©pend Ă©galement d’autres contraintes qui peuvent ĂȘtre appliquĂ©es comme la contrainte de cisaillement.
  • La tension superficielle (que l’on note σ) ou Ă©nergie d'interface ou Ă©nergie de surface est liĂ©e aux interactions molĂ©culaires d’un fluide Ă  sa surface. Au sein d’un fluide, les molĂ©cules s’attirent (Force de Van Der Waals) et se repoussent (Force Ă©lectrostatique) en s’équilibrant. À l’interface avec un autre milieu, cet Ă©quilibre n’existe plus, car les molĂ©cules du fluide n’interagissent pas avec celles de l’autre milieu. Les forces intermolĂ©culaires Ă  l’interface dĂ©veloppent une Pression tournĂ©e vers l’intĂ©rieur de chacun des milieux. Il s’agit de la tension de surface, augmentant ainsi la cohĂ©sion de chacun de deux milieux. Elles peuvent conduire Ă  une dĂ©formation de l’interface qui tend alors vers une sphĂšre.
  • La densitĂ© d'un corps (que l’on note d) est le rapport de sa masse volumique Ă  la masse volumique d'un corps pris comme rĂ©fĂ©rence. C’est pourquoi la densitĂ© est une grandeur sans dimension dont la valeur s’exprime sans unitĂ© de mesure. La rĂ©fĂ©rence est l'eau pure Ă  4 °C pour les liquides et les solides.

Dans le cadre d’un simple Ă©coulement sanguin, le poids d’une goutte de sang est le rĂ©sultat d’une relation Ă©troite entre la Pesanteur et la rupture des tensions superficielles. À l'Ă©quilibre, le poids de la goutte est Ă©quivalent aux tensions superficielles qui maintiennent le sang dans la goutte et sa liaison Ă  son support. Ce poids est alors exprimĂ© par la loi de Tate : m.g = Îł.k.r. Le volume d’une goutte de sang est le corollaire du poids de celle-ci. Puisque, si nous en connaissons le poids, nous pouvons en dĂ©duire le volume en fonction de la masse volumique (1,06 g/cm3).

La vitesse de chute d’une goutte est fonction du poids de la goutte, de la hauteur de chute et des forces de rĂ©sistance de l’air. Lorsque la rĂ©sistance de l'air est Ă©gale au poids de la goutte, la vitesse devient constante. Elle est nommĂ©e vitesse terminale. Comme il n'existe pas de volume absolu de la goutte de sang, il n'est pas possible de dĂ©terminer une vitesse d'impact sur le support Ă©tudiĂ© et donc, une hauteur de chute correspondante.

Recherches

L’alcool, les drogues et les mĂ©dicaments ont une action sur la quantitĂ© et/ou la durĂ©e de saignement, mais pas sur la forme, la distribution et la taille des traces de sang. Les Ă©tudes menĂ©es par Daniel V. Christman montrent que le sang humain comme celui d’autres vertĂ©brĂ©s et mĂȘme l'encre ont des formes, des distributions et des tailles de traces similaires. Aujourd’hui des Ă©quipes tentent de dĂ©velopper des substituts au sang pour rĂ©aliser des expĂ©rimentations.

Il est possible de reproduire expérimentalement en laboratoire des traces, afin de préciser ou vérifier leur mécanisme de survenue[1].

Calculs

Les calculs sont facilitĂ©s par l'utilisation de logiciels dĂ©diĂ©s. Pour cela une mĂ©thode prĂ©cise de relevĂ© doit ĂȘtre dĂ©finie, afin de ne retenir que les plus caractĂ©ristiques. Chaque trace rĂ©pertoriĂ©e est dĂ©finie en coordonnĂ©es x, y et z par rapport Ă  un plan, photographiĂ©e avec une Ă©chelle centimĂ©trique et une reprĂ©sentation de la verticale[1].

DĂ©termination des angles d’impact

Comme mentionnĂ© plus haut, une goutte de sang en vol Ă  la forme d’une sphĂšre. Si la goutte rencontre une surface, une trace bien formĂ©e est produite, et le morphanalyste peut dĂ©terminer l’angle auquel la goutte a frappĂ© la surface. C’est basĂ© sur la relation entre une partie de la longueur de l’axe majeur, de l’axe mineur (largeur de la trace), et de l’angle d’impact.

Une tache bien formĂ©e a la forme d’une ellipse (voir fig.1). Victor Balthazard en 1939[6], et plus tard Herbert Leon MacDonell en 1971[7] ont dĂ©montrĂ© que la rapport du ratio largeur-longueur de l’ellipse Ă©tait la fonction du sinus de l’angle d’impact[7].

Fig. 2 Angles d’impact

À cause de l’aspect tridimensionnel des trajectoires, il y a trois angles d’impact, , , et . L’angle le plus facile Ă  calculer est (gamma). Gamma est simplement l’angle de la trajectoire de la trace de sang mesurĂ© Ă  partir de la verticale de la surface (voir fig.2). L’autre angle qui peut ĂȘtre facilement calculable est (alpha). Alpha est l’angle d’impact de la trajectoire de la trace sortant de la surface. Le troisiĂšme angle Ă  calculer est (bĂȘta). BĂȘta est l’angle de la trajectoire de la trace pivotant sur l’axe vertical (z). Ces trois angles sont reliĂ©s par la trigonomĂ©trie grĂące aux Ă©quations suivantes.

Calcul de l’angle

= longueur de l’ellipse (axe majeur)
= largeur de l’ellipse (axe mineur)
= angle d’impact

Le rapport entre ces variables est :

Donc :

Relations entre les angles , , et

Mesurer exactement la trace et calculer l’angle d’impact exige toute l’attention du morphoanalyste. Dans le passĂ©, les analystes ont utilisĂ© une variĂ©tĂ© d’instruments. Les mĂ©thodes couramment utilisĂ©es des logiciels qui superposent une ellipse sur une photographie en gros plan d’une trace. Les programmes calculent ensuite automatiquement les angles d’impact.

Zone de convergence

Fig. 4 Aire de convergence
Fig. 3 Aire de convergence

La zone de convergence est la représentation en deux dimensions de la zone d'origine des projections. Cette aire contient les intersections des grands axes des projections sur la surface étudiée (voir fig. 3).

Pour dĂ©terminer la zone de convergence, le morphoanalyste doit dĂ©terminer les trajectoires que les gouttes de sang ont empruntĂ©e. La trajectoire de vol tangentielle de gouttes individuelles peut ĂȘtre dĂ©terminĂ©e par l’utilisation de l’angle d’impact et de l’angle de compensation de la trace de sang. La mĂ©thode des « ficelles » permet de visualiser cela. Dans le cas de la zone de convergence, il s'agit d'une intersection en deux et non en trois dimensions.

Zone d’origine

La zone d'origine est la détermination en trois dimensions de la localisation de la source de sang à l'origine des projections, au moment de l'émission sanglante.

Elle inclut la zone de convergence avec une troisiùme dimension dans la direction z. Puisque l’axe z est perpendiculaire au sol, la zone d’origine à trois dimensions est un volume.

Comme la zone de convergence, la zone d’origine est facilement calculable en utilisant des logiciels spĂ©cialisĂ©s. Il y a d’autres mĂ©thodes mathĂ©matiques, plus longues, pour dĂ©terminer la zone d’origine, l’une d’entre elles est la mĂ©thode tangentielle.

Formation en morphoanalyse

Les Morphoanalystes en traces de sang reçoivent une formation spĂ©cialisĂ©e[8]. Le site de l’International Association of Bloodstain Pattern Analysts (IABPA.org[9]) fournit une liste de formations et de formateurs rĂ©pondant aux exigences de formation mis en place par cette association[10].

Par ailleurs, l’International Association for Identification (IAI) propose une certification de Morphoanalyste de traces de sang[11].

Dans la culture populaire

Critiques de la morphoanalyse des traces de sang

Depuis plusieurs années, la morphoanalyse des traces de sang supporte de nombreuses critiques par la communauté forensique. En 2021, R. Austin Hicklin et al montrent que la reproductibilité des conclusions émises par les praticiens ayant participé à l'étude est limitée[12]. Ces conclusions sont souvent erronées et se contredisent entre elles. Les désaccords concernent notamment la terminologie utilisée, suggérant la nécessité de normaliser ce vocabulaire. En 2009, les auteurs d'un rapport du National Research Council (USA) avaient indiqué que les incertitudes liées à l'examen des traces de sang sont « énormes » et qu'en général, « les opinions des praticiens sont plus subjectives que scientifiques »[13]. L'absence de normalisation, de certification et d'accréditation des laboratoires est discutée dans ce rapport qui souligne également le manque d'exigence de certification appropriée pour les praticiens qui mettent l'accent sur l'expérience plutÎt que sur les fondements scientifiques.

Notes et références

  1. Jean-Pierre Campana Y. Schuliar, p. 266-267.
  2. Philippe Esperança, La morphoanalyse des traces de sang, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, à paraßtre
  3. (en) « SWGSTAIN », sur swgstain.org
  4. (en) « International Sub-pages/French », sur IABPA/French
  5. (en) Attinger, « Fluid dynamics topics in Bloodstain pattern analysis: comparative review and research opportunities », Forensic Science International,‎ , p. 375-396
  6. Victor Balthazard, « Etude des gouttes de sang projetĂ©es », MĂ©decine LĂ©gale, vol. XIX « 4 »,‎ , p. 266-324
  7. (en) Herbert Leon MacDonnel, Flight characteristics and stain patterns of human blood, National Institute of Law Enforcement and Criminal Justice,
  8. (en) « SWGSTAIN/ressources », sur SWGSTAIN
  9. (en) « IABPA », sur www.iabpa.org
  10. (en) « IABPA/Trainings », sur IABPA/trainings
  11. (en) « IAI/BPA Certification », sur IAI/BPA Certification
  12. (en) Austin Hicklin, « Accuracy and reproducibility of conclusions by forensic bloodstain pattern analysts », Forensic Science International,‎ (DOI https://doi.org/10.1016/j.forsciint.2021.110856)
  13. (en) Committee on Identifying the Needs of the Forensic Sciences Community, National Research Council, Strengthening Forensic Science in the United States: A Path Forward, (ISBN 0-309-13131-6)

Bibliographie

  • Jean-Pierre Campana et Y. Schuliar, Principes de mĂ©decine lĂ©gale, Arnette, (ISBN 2-7184-1045-0), chap. 23 (« InterprĂ©tation des traces de sang sur les scĂšnes de crimes »), p. 266-267.
  • (en) Bevel, Tom; Gardner, Ross M. Bloodstain Pattern Analysis With an Introduction to Crimescene Reconstruction, 3rd Ed. CRC Press 2008
  • (en) Stuart H. James, Paul Erwin Kish et T. Paulette Sutton, Principles of Bloodstain Pattern Analysis : Theory and Practice, Boca Raton, Taylor and Francis/CRC Press, , 3rd, illustrated, revised Ă©d., 576 p. (ISBN 978-0-8493-2014-9, LCCN 2004062860, lire en ligne)

Liens externes

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