Morée ottomane
La Morée ottomane est une province de l'Empire ottoman qui a existé du XVe siècle jusqu'à la guerre d'indépendance grecque (1821-1829). Elle correspond à la presqu'île du Péloponnèse et forme une partie de la Grèce ottomane. Elle a eu, selon les époques, le statut de sandjak (district) ou celui de pachalik ou eyalet (province de premier rang : ایالت موره, Eyālet-i Mōrâ en turc ottoman), avec une interruption de 1687 à 1715 où la presqu'île est occupée par les Vénitiens. Elle a eu pour capitales successives Corinthe, Leontari, Mistra, Patras, Nauplie et enfin Tripoli en Arcadie.
Entités précédentes :
- Empire ottoman 1460-1687
- Empire ottoman 1715-1829
Entités suivantes :
- Royaume de Morée ( République de Venise) 1687-1715
- Première République hellénique 1829
Histoire
La conquête ottomane
Le despotat de Morée, État grec détaché de l'Empire byzantin, est conquis par les Ottomans entre 1458 et 1460. Les forteresses vénitiennes de Coron, Modon, Monemvasia et Nauplie sont prises entre 1500 et 1540[1]. Le Péloponnèse devient un sandjak (en turc : Mōrâ Sancağı, « sandjak de Morée ») dépendant du pachalik de Roumélie. En 1533, le sandjak de Morée, avec d'autres régions de la Grèce insulaire et péninsulaire, est rattaché à une nouvelle province, le pachalik de l'Archipel (en turc : Eyālet-i Cezāyir-i Baḥr-i Sefīd) dont le gouverneur est le capitan pacha, chef de la marine ottomane.
En 1661, pendant la guerre de Candie (conquête de la Crète par les Ottomans), la Morée devient un pachalik séparé.
L'intermède vénitien
En 1687, pendant la guerre de Morée, les Vénitiens, commandés par Francesco Morosini, débarquent et s'emparent du Péloponnèse, puis de l'Attique et de l'Eubée (sandjak d'Eğriboz). Ils établissent dans le Péloponnèse une colonie baptisée « Royaume de Morée ». Au traité de Karlowitz, en 1699, Venise conserve la Morée.
En 1715, pendant la guerre vénéto-ottomane de 1714-1718, les Ottomans reprennent la Morée, ce qui est acté par le traité de Passarowitz.
Le temps des révoltes
En 1770-1771, la Morée est le principal foyer de l'insurrection grecque contre les Ottomans appelée révolte d'Orlov (en grec moderne : Ορλωφικά) du nom de l'amiral russe Alexeï Orlov dont la flotte fournit un appui aux insurgés. Mais le retrait de la marine russe entraîne l'écrasement de la révolte.
La Morée est un des principaux champs de bataille de la guerre d'indépendance grecque de 1821-1829. Un des principaux chefs de guerre indépendantistes est le Messénien Theódoros Kolokotrónis. L'Assemblée nationale d'Épidaure (-) est la première direction politique de l'insurrection. De 1825 à 1827, la province est reconquise par les troupes égyptiennes d'Ibrahim Pacha, les insurgés ne tenant plus que Nauplie et Hydra. La Grèce est libérée grâce à une intervention internationale anglo-franco-russe (bataille navale de Navarin en 1827, et expédition militaire française en Morée en 1828-1833). Après le traité de Constantinople (1832), elle est rattachée à la première République hellénique.
Population
La population de la Morée est principalement grecque orthodoxe. Elle comprend aussi des Arvanites (Albanais chrétiens), notamment à Argos[2], et des juifs romaniotes. L'implantation musulmane est importante par endroits, surtout dans les villes, mais certaines régions sont dépourvues de toute présence turque, par exemple la presqu'île du Magne gouvernée par un bey grec.
Le premier recensement ottoman, vers 1520-1530, attribue à la Morée une population de 50 941 foyers (en turc : hâne) dont 41 412 (97%) chrétiens, 1 065 (2,1%) musulmans et 464 (0,9%) juifs, soit un total de 200 000 habitants environ, un foyer comptant en moyenne 4 personnes[3],
Dans la période 1715-1770, en l’absence de recensement précis et compte tenu des fortes variations dues aux guerres, révoltes et épidémies, la population serait de l’ordre de 270 000 habitants dont 245 000 chrétiens et 25 000 musulmans[4].
Subdivisions
Selon le voyageur turc Evliya Çelebi, au XVIIe siècle, le pachalik de Morée comprenait les sandjaks de Mistra, Patras et Magne dans le Péloponnèse, Naupacte (Lépante) et Karlieli en Grèce centrale, et l'île de Sainte-Maure (Leucade) en mer Ionienne.
Au début du XIXe siècle, il comprenait les sandjaks suivants :
- Sandjak du pacha (siège du gouverneur) à Tripoli
- Sandjak de Navarin (Pylos)
- Sandjak de Kyparissia (Arcadia)
- Sandjak de Patras
- Sandjak de Gastouni
- Sandjak de Missolonghi (en Étolie-Acarnanie)
- Sandjak de Corinthe (dont le siège avait été transféré à Nauplie)
- Sandjak de Coron
- Sandjak de Mistra
- Sandjak de Pyrgos
Notes et références
- Bées, N.A.; Savvides, A. (1993). « Mora » in The Encyclopedia of Islam, New Edition, Vol. VII: Mif–Naz. Brill, Leiden and New York, pp. 236–241.
- H. K., Description géographique et historique de la Turquie d'Europe, Paris, 1828, p. 10
- Nikolaou, Georgios (1997), "Islamisations et Christianisations dans le Péloponnèse (1715 - ca. 1832)", p. 29
- Nikolaou, Georgios (1997), "Islamisations et Christianisations dans le Péloponnèse (1715 - ca. 1832)", p.145
Voir aussi
Sources et bibliographie
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Morea Eyalet » (voir la liste des auteurs) dans sa version du .
Liens externes
- Nikolaou, Georgios (1997). "Islamisations et Christianisations dans le Péloponnèse (1715 - ca. 1832)"
- "Description geographique, et historique de la Morée, reconquise par les Venitiens, du royaume de Négrepont, des lieux circonvoisins, depuis la Guerre qu'ils ont déclarée aux Turcs en 1684, jusqu'en 1687", par le Pere Coronelli
- Liste des chefs insurgés grecs de 1821 à 1829 sur WorldStatesmen.org