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Mont Tombe

Le mont Tombe est l'ancien nom du mont Saint-Michel, avant que Charlemagne ne choisisse saint Michel pour protecteur de son empire au IXe siècle. Le nouveau nom complet était Mont-Saint-Michel-au-péril-de-la-Mer.

Ce choix viendrait d'un petit oratoire en forme de grotte construit en 708 (ou 710) par saint Aubert, évêque d'Avranches[alpha 1], dédié à l'archange saint Michel. Les restes de cet oratoire ont été retrouvés et sont encore visibles dans la chapelle Notre-Dame-Sous-Terre[alpha 2], c’est-à-dire sous la nef de l’abbatiale.

GĂ©ographie

Envahie, selon la légende, par la forêt de Scissy, la baie était plus vaste aux temps historiques anciens, et seules trois îles émergeaient : le mont Dol, situé maintenant à l'intérieur des terres, le mont Tombe (futur mont Saint-Michel) et l'îlot de Tombelaine, dont le nom dérive du précédent[1].

Étymologie

Le toponyme *Tombe est attesté sous les formes Tumba vers 850 (Relevatio, p. 409)[1] et semble remplacé définitivement, du moins dans les documents disponibles, par Monte Sancti Michaelis (966)[1] au siècle suivant (la forme mentionnée est une latinisation médiévale d'origine savante).

L'élément Tumba a disparu de manière relativement précoce et représente l'appellation primitive du Mont[1]. François de Beaurepaire établit un parallèle entre l'ancien nom du Mont-Saint-Michel (Tumba 850) et l'îlot contigu de Tombelaine[1]. Tombelaine procèderait d'une forme Tumb-ell-ana[1]. En revanche, Ernest Nègre écrit pour Tombelaine « probablement oïl tombe « tumulus, butte » + double suffixe -ellaine, comme dans chast-elaine »[2], alors que François de Beaurepaire explique qu'il s'agit, selon toute vraisemblance, d'un dérivé du mot tumba (« tombe ») « cimetière, sépulture », peut-être « monument mégalithique »[1], tout comme le français tombe, issu du latin chrétien tumba « tombe, sépulcre »[3]. Cependant, aucun élément archéologique ou historique ne confirme l’existence de sépultures ou d'un cimetière antique remarquable[1]. Des formations toponymiques analogues sont en outre attestées au nord-ouest de l'Europe, par exemple : Tombes à Lumbres (Pas-de-Calais, Tumbas 1219); Thommen (Belgique, Tumbas 816); Tumben (Allemagne, Tumba vers 1200)[1].

Le terme d'oïl tombe « tumulus, butte » serait issu du celtique (gaulois) hypothétique *tumbos qui convient sans doute davantage pour des raisons géolinguistiques et sémantiques puisqu'il signifierait « tertre, élévation, mont » et est attesté par le moyen irlandais tomm « petite colline » et le moyen gallois tom « élévation, tertre ». Il remonte ultimement à une racine indo-européenne *tum-[4], dont la racine étendue *tum-bʰ- a donné le celtique (gaulois) *tumbos et une autre racine étendue *tum-o-ló-s qui a abouti au latin tumulus. Le mont Tombe serait donc simplement une tautologie et signifierait « mont tertre »[4].

Références

Notes

  1. Le mont Tombe est rattaché à l’ancien diocèse d’Avranches aux alentours du IVe siècle.
  2. L’actuelle chapelle Saint-Aubert, située au nord-ouest de l’abbaye, ne fut édifiée qu’au XVe siècle.

Références

  1. François de Beaurepaire, Les Noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, Paris, A. et J. Picard, , 253 p. (ISBN 2-7084-0299-4, OCLC 15314425), p. 112 - 163
  2. Ernest Nègre, Toponymie générale de la France. 2. Formations non-romanes ..., Volume 2, librairie Droz 1991. p. 1196.
  3. Tombe sur le site du CNRTL (lire en ligne)
  4. Pierre Bouet, O. Desbordes, Les Manuscrits du mont Saint-Michel : textes fondateurs, Presses universitaires de Caen, , p. 67.

Voir aussi

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