MocĂmboa da Praia
MocĂmboa da Praia est une ville portuaire du nord du Mozambique, situĂ©e au bord de l'ocĂ©an Indien. Elle est le chef-lieu du district de MocĂmboa da Praia dans la province de Cabo Delgado et fait office de poste-frontiĂšre pour les voyages Ă destination et en provenance de Tanzanie.
GĂ©ographie
MocĂmboa da Praia est situĂ©e au bord du canal de Mozambique (ocĂ©an Indien), Ă 1 820 km (2 664 km par la route) au nord-est de Maputo. La ville se trouve Ă l'embouchure du Rio Mazuma et au fond de la baie de MocĂmboa da Praia[1].
Histoire
PĂ©riode coloniale
La ville était importante pendant la période coloniale en raison de son port, dédié à l'exportation des ressources naturelles du Mozambique, et de sa proximité avec le Tanganyika au nord.
MocĂmboa da Praia se voit officiellement dĂ©cerner le statut de vila, le [2].
Guerre d'indépendance
Pendant la guerre dâindĂ©pendance, les Portugais ont installĂ© une base militaire Ă MocĂmboa da Praia pour lutter contre le FRELIMO.
Guerre civile mozambicaine
Pendant la guerre civile, des camps avec des tentes pour les dĂ©placĂ©s du sud du pays furent installĂ©s dans la ville, relativement Ă©pargnĂ©e par le conflit. Beaucoup de ces dĂ©placĂ©s sont restĂ©s vivre Ă MocĂmboa da Praia, mĂȘme aprĂšs les accords de paix (en) signĂ©s Ă Rome, le .
PĂ©riode contemporaine
Par la suite, la ville est restée jusqu'à aujourd'hui un fief du Renamo[3].
Des Ă©meutes ont eu lieu Ă MocĂmboa da Praia en 2005[4].
Insurrection islamiste
En 2014[5] ou en 2015[6] - [7], une organisation extrĂ©miste se faisant appeler alternativement Ansar al-Sunna (« DĂ©fenseurs de la Sunna »), Ansar al-Charia[8] (« DĂ©fenseurs de la Charia »), les Chebab[note 1] (« les Jeunes »), Ahl al-Sunna (« les Gens de la Sunna »), Ahlu Sunna Wa-Jama[note 2] - [9] (« les Gens de la Sunna et du Groupe ») ou Swahili Sunna[10], voit le jour Ă MocĂmboa da Praia. Ses membres fondateurs sont d'anciens adeptes du cheikh kenyan Aboud Rogo (en) qui se sont installĂ©s Ă Kibiti (un village de la province de Pwani, Ă 3 heures de route au sud-ouest de Dar es Salam), puis Ă MocĂmboa da Praia, aprĂšs son assassinat en 2012[6] - [7].
L'insurrection islamiste de Cabo Delgado dĂ©bute dans la ville lorsque le , 30 hommes armĂ©s (dont prĂšs de la moitiĂ© finiront par ĂȘtre interpellĂ©s) proches des Chebab y attaquent 3 commissariats, tuant 16 personnes dont deux policiers et un chef communautaire[11]. Ils en profitent pour s'approprier des armes Ă feu et des munitions. Le , la police mozambicaine affirme dĂ©tenir au total 52 suspects en lien avec cette attaque[12]. Le 4 dĂ©cembre, les autoritĂ©s du district de MocĂmboa da Praia rĂ©vĂšlent les identitĂ©s de deux hommes, toujours recherchĂ©s, suspectĂ©s d'ĂȘtre les organisateurs de l'attaque : Nuro Adremane et Jafar Alawi, qui ont tous deux reçu une instruction thĂ©ologique en Arabie saoudite, au Soudan et en Tanzanie, oĂč ils auraient par ailleurs Ă©tĂ© formĂ©s au maniement des armes[13].
Le , des insurgĂ©s islamistes parviennent Ă s'emparer briĂšvement de MocĂmboa da Praia[14], lors dâune opĂ©ration militaire amphibie (i.e. coordonnĂ©e depuis la terre et la mer). Ils y brĂ»lent les installations gouvernementales (dont les rĂ©sidences officielles de lâadministrateur du district et du maire, la prĂ©fecture de police, les casernes et les rĂ©sidences officielles des forces armĂ©es, le petit port, la station-service locale et les succursales des banques suivantes : BCI (pt), Millennium BIM (pt) et ABSA (en)[15]) et lĂšvent leur drapeau, mais s'abstiennent de viser les civils (2 morts sont cependant Ă dĂ©plorer parmi eux : une femme et un enfant[15]). Au lieu de cela, ils leur distribuent de la nourriture et des biens du butin[16], avant d'ĂȘtre expulsĂ©s le lendemain[17]. Le surlendemain, la ville ravagĂ©e est visitĂ©e par les ministres mozambicains de la DĂ©fense et de l'IntĂ©rieur, Amade Miquidade et Jaime Neto[15]. Le mĂȘme jour, Daech revendique la responsabilitĂ© de l'assaut (via son agence de presse Amaq)[17], Ă©galement revendiquĂ©e quelque temps auparavant par Ansar al-Sunna[9], qui a prĂȘtĂ© allĂ©geance Ă l'Ătat islamique en juillet 2019 et en favorise l'implantation dans la province d'Afrique centrale[18]. Ă noter que la date de cette attaque est symbolique : elle intervient un an, jour pour jour, aprĂšs la perte des derniers territoires syriens de Daech Ă la suite de la bataille de Baghouz (en).
Le , elle retombe aux mains d'un nombre estimé à un millier d'islamistes aprÚs cinq jours de combats dans les localités avoisinantes. L'armée mozambicaine s'est retiré faute de munitions, un patrouilleur de la marine a été touché par un tir de roquette[19]. Total a annoncé maintenir son projet gazier dans la région[20].
Début août 2021, les forces mozambicaines et rwandaises reprennent la ville. Au 8 août, elles annoncent contrÎler les principales infrastructures[21] m.
Population
En 2010, la population de la ville était estimée à 30 950 habitants. Parmi eux, de nombreux locuteurs du swahili[22].
Les tensions entre les Mwani musulmans et les MakondĂ© chrĂ©tiens sont particuliĂšrement fortes Ă MocĂmboa da Praia, qui est divisĂ©e[23]. Des Ă©meutes ethniques ont ainsi Ă©clatĂ© en 2005 lorsque la Renamo a rejetĂ© les rĂ©sultats des Ă©lections nationales[23].
Ăconomie
L'Ă©conomie de MocĂmboa da Praia repose principalement sur la pĂȘche et l'exploitation forestiĂšre.
Transport
La ville est traversée par la N380, une autoroute internationale qui relie le Mozambique et la Tanzanie. Il s'agit également de la seule route goudronnée entre Pemba et Palma[16].
MocĂmboa da Praia dispose d'un aĂ©roport (en) avec une piste de 2000 mĂštres de longueur et 45 mĂštres de largeur destinĂ©e Ă accueillir des Boeing 737. Elle fut inaugurĂ©e par le ministre des Outre-Mer (en) portugais, le professeur Silva Cunha (pt), le [25].
Notes et références
Notes
- Aucun lien avec leurs homologues somaliens
- Encore une fois, aucun lien avec leurs homologues somaliens
Références
- (en) Sailing Directions (enroute) for East Africa and the South Indian Ocean, United States. Defense Mapping Agency. Hydrographic/Topographic Center, , 360 p. (lire en ligne), chap. 3 (« Mozambique Channel »), p. 77
- (pt) « MunicĂpio de MocĂmboa da Praia », Asociação Nacional de Municipios de Mozambique (consultĂ© le )
- (en) Paolo Israel, « Kummwangalela Guebuza. The Mozambican General Elections of 2004 in Muidumbe and the Roots of the Loyalty of Makonde People to Frelimo », Lusotopie. Recherches politiques internationales sur les espaces issus de lâhistoire et de la colonisation portugaises, no XIII(2),â , p. 103â125 (ISSN 1257-0273, lire en ligne, consultĂ© le )
- Ana Margarida Sousa Santos, « Histoire du Cabo Delgado : aux origines du conflit », sur Observatoire Pharos, (consulté le )
- « Mozambique: qui sont les «shebabs» de Mocimboa da Praia? », sur RFI.fr, (consulté le )
- (en) « Mozambique: Islamists funded by illegal trade in timber and rubies â AIM report », sur ClubOfMozambique.com, (consultĂ© le )
- (en) « Mozambique Al Shabab behead 10 villagers », sur standardmedia.co.ke, (consulté le )
- (en) Joseph Hanlon, « Alleged Islamist base shelled near Mocimboa da Praia », sur ClubOfMozambique.com, (consulté le )
- (en) Fibelis Mbah, « 'We are dying': Residents lament attacks in northern Mozambique », sur AlJazeera.com, (consulté le )
- (en) Sirwan Kajjo et Salem Solomon, « Is IS Gaining Foothold in Mozambique? », sur VOAnews.com, (consulté le )
- (en) Peter Fabricius, « Mozambiqueâs first Islamist attacks shock the region », ISS Africa , (consultĂ© le )
- (en) « Mozambique: Mocimboa DA Praia - 52 People Arrested », sur AllAfrica.com, (consulté le )
- (en) « Authorities name 2 Mozambican men suspected leaders of MocĂmboa attacks; link them to Tanzania, Sudan, Saudi Arabia », sur ClubOfMozambique.com, (consultĂ© le )
- (en) « Mozambique jihadists seize key town in Cabo Delgado », sur BBC.com, (consulté le )
- (en) « Mozambique: Ministers Visit Mocimboa da Praia », sur AllAfrica.com, (consulté le )
- (en) Peter Fabricius, « âSA private military contractorsâ and Mozambican airforce conduct major air attacks on Islamist extremists », sur DailyMaverick.co.za, (consultĂ© le )
- (en) Manuel Mucari et Emma Rumney, « Islamic State claims Mozambique attack close to gas projects », sur Reuters.com, (consulté le )
- Romain Mielcarek, « Mozambique : la filiale locale de lâEI ravage deux villes du nord », sur https://www.rfi.fr/fr/, (consultĂ© le ).
- Laurent Lagneau, « Mozambique : Un groupe armĂ© affiliĂ© Ă lâEI sâempare du port stratĂ©gique de Mocimboa da Praia », sur OPEX360, (consultĂ© le ).
- « Mozambique : des jihadistes sâemparent dâun port stratĂ©gique dans le nord du pays â Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consultĂ© le )
- https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/08/09/au-mozambique-l-armee-reprend-mocimboa-da-praia-aux-mains-des-djihadistes-depuis-un-an_6090959_3212.html
- Harvey Van Veldhuizen, Ext. 3-3390. 2003. Mozambique - Cabo Delgado Biodiversity and Tourism Project : environmental impact assessment (Vol. 2) : Management plan (2003 - 2006). Cabo Delgado Biodiversity and Tourism Lda.. https://www.miga.org/sites/default/files/archive/Documents/Project_Management_Plan.pdf
- Eric Morier-Genoud, « The jihadi insurgency in Mozambique: origins, nature and beginning », Journal of Eastern African Studies, vol. 14, no 3,â , p. 396â412 (ISSN 1753-1055, DOI 10.1080/17531055.2020.1789271, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Joseph Hanlon, « Religion is shaping Cabo Delgado civil war », Mozambique News Reports & Clippings, no 484,â , p. 1 (lire en ligne)
- (en) Translations on Africa, No. 1223, Arlington, Joint Publications Research Service (en), , 44 p. (lire en ligne), p. 29