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MocĂ­mboa da Praia

Mocímboa da Praia est une ville portuaire du nord du Mozambique, située au bord de l'océan Indien. Elle est le chef-lieu du district de Mocímboa da Praia dans la province de Cabo Delgado et fait office de poste-frontiÚre pour les voyages à destination et en provenance de Tanzanie.

MocĂ­mboa da Praia
GĂ©ographie
Pays
Province
District
Coordonnées
11° 21â€Č S, 40° 20â€Č E
DĂ©mographie
Population
30 950 hab. ()
Fonctionnement
Statut
Poste administratif du Mozambique (en), municipalité du Mozambique (d)
Carte

GĂ©ographie

MocĂ­mboa da Praia est situĂ©e au bord du canal de Mozambique (ocĂ©an Indien), Ă  1 820 km (2 664 km par la route) au nord-est de Maputo. La ville se trouve Ă  l'embouchure du Rio Mazuma et au fond de la baie de MocĂ­mboa da Praia[1].

Histoire

PĂ©riode coloniale

CimetiĂšre portugais

La ville était importante pendant la période coloniale en raison de son port, dédié à l'exportation des ressources naturelles du Mozambique, et de sa proximité avec le Tanganyika au nord.

Mocímboa da Praia se voit officiellement décerner le statut de vila, le [2].

Guerre d'indépendance

Des troupes portugaises débarquent à Mocímboa da Praia, le

Pendant la guerre d’indĂ©pendance, les Portugais ont installĂ© une base militaire Ă  MocĂ­mboa da Praia pour lutter contre le FRELIMO.

Guerre civile mozambicaine

Pendant la guerre civile, des camps avec des tentes pour les dĂ©placĂ©s du sud du pays furent installĂ©s dans la ville, relativement Ă©pargnĂ©e par le conflit. Beaucoup de ces dĂ©placĂ©s sont restĂ©s vivre Ă  MocĂ­mboa da Praia, mĂȘme aprĂšs les accords de paix (en) signĂ©s Ă  Rome, le .

PĂ©riode contemporaine

Par la suite, la ville est restée jusqu'à aujourd'hui un fief du Renamo[3].

Des Ă©meutes ont eu lieu Ă  MocĂ­mboa da Praia en 2005[4].

Insurrection islamiste

En 2014[5] ou en 2015[6] - [7], une organisation extrémiste se faisant appeler alternativement Ansar al-Sunna (« Défenseurs de la Sunna »), Ansar al-Charia[8] (« Défenseurs de la Charia »), les Chebab[note 1] (« les Jeunes »), Ahl al-Sunna (« les Gens de la Sunna »), Ahlu Sunna Wa-Jama[note 2] - [9] (« les Gens de la Sunna et du Groupe ») ou Swahili Sunna[10], voit le jour à Mocímboa da Praia. Ses membres fondateurs sont d'anciens adeptes du cheikh kenyan Aboud Rogo (en) qui se sont installés à Kibiti (un village de la province de Pwani, à 3 heures de route au sud-ouest de Dar es Salam), puis à Mocímboa da Praia, aprÚs son assassinat en 2012[6] - [7].

L'insurrection islamiste de Cabo Delgado dĂ©bute dans la ville lorsque le , 30 hommes armĂ©s (dont prĂšs de la moitiĂ© finiront par ĂȘtre interpellĂ©s) proches des Chebab y attaquent 3 commissariats, tuant 16 personnes dont deux policiers et un chef communautaire[11]. Ils en profitent pour s'approprier des armes Ă  feu et des munitions. Le , la police mozambicaine affirme dĂ©tenir au total 52 suspects en lien avec cette attaque[12]. Le 4 dĂ©cembre, les autoritĂ©s du district de MocĂ­mboa da Praia rĂ©vĂšlent les identitĂ©s de deux hommes, toujours recherchĂ©s, suspectĂ©s d'ĂȘtre les organisateurs de l'attaque : Nuro Adremane et Jafar Alawi, qui ont tous deux reçu une instruction thĂ©ologique en Arabie saoudite, au Soudan et en Tanzanie, oĂč ils auraient par ailleurs Ă©tĂ© formĂ©s au maniement des armes[13].

Le , des insurgĂ©s islamistes parviennent Ă  s'emparer briĂšvement de MocĂ­mboa da Praia[14], lors d’une opĂ©ration militaire amphibie (i.e. coordonnĂ©e depuis la terre et la mer). Ils y brĂ»lent les installations gouvernementales (dont les rĂ©sidences officielles de l’administrateur du district et du maire, la prĂ©fecture de police, les casernes et les rĂ©sidences officielles des forces armĂ©es, le petit port, la station-service locale et les succursales des banques suivantes : BCI (pt), Millennium BIM (pt) et ABSA (en)[15]) et lĂšvent leur drapeau, mais s'abstiennent de viser les civils (2 morts sont cependant Ă  dĂ©plorer parmi eux : une femme et un enfant[15]). Au lieu de cela, ils leur distribuent de la nourriture et des biens du butin[16], avant d'ĂȘtre expulsĂ©s le lendemain[17]. Le surlendemain, la ville ravagĂ©e est visitĂ©e par les ministres mozambicains de la DĂ©fense et de l'IntĂ©rieur, Amade Miquidade et Jaime Neto[15]. Le mĂȘme jour, Daech revendique la responsabilitĂ© de l'assaut (via son agence de presse Amaq)[17], Ă©galement revendiquĂ©e quelque temps auparavant par Ansar al-Sunna[9], qui a prĂȘtĂ© allĂ©geance Ă  l'État islamique en juillet 2019 et en favorise l'implantation dans la province d'Afrique centrale[18]. À noter que la date de cette attaque est symbolique : elle intervient un an, jour pour jour, aprĂšs la perte des derniers territoires syriens de Daech Ă  la suite de la bataille de Baghouz (en).

Le , elle retombe aux mains d'un nombre estimé à un millier d'islamistes aprÚs cinq jours de combats dans les localités avoisinantes. L'armée mozambicaine s'est retiré faute de munitions, un patrouilleur de la marine a été touché par un tir de roquette[19]. Total a annoncé maintenir son projet gazier dans la région[20].

Début août 2021, les forces mozambicaines et rwandaises reprennent la ville. Au 8 août, elles annoncent contrÎler les principales infrastructures[21] m.

Population

Une rue de MocĂ­mboa da Praia, le

En 2010, la population de la ville était estimée à 30 950 habitants. Parmi eux, de nombreux locuteurs du swahili[22].

Évolution dĂ©mographique
1997 2008 2010
25 50629 76130 950

Les tensions entre les Mwani musulmans et les Makondé chrétiens sont particuliÚrement fortes à Mocímboa da Praia, qui est divisée[23]. Des émeutes ethniques ont ainsi éclaté en 2005 lorsque la Renamo a rejeté les résultats des élections nationales[23].

Religion

La majorité des habitants de Mocímboa da Praia sont musulmans[24].

Économie

L'Ă©conomie de MocĂ­mboa da Praia repose principalement sur la pĂȘche et l'exploitation forestiĂšre.

Transport

La ville est traversée par la N380, une autoroute internationale qui relie le Mozambique et la Tanzanie. Il s'agit également de la seule route goudronnée entre Pemba et Palma[16].

Mocímboa da Praia dispose d'un aéroport (en) avec une piste de 2000 mÚtres de longueur et 45 mÚtres de largeur destinée à accueillir des Boeing 737. Elle fut inaugurée par le ministre des Outre-Mer (en) portugais, le professeur Silva Cunha (pt), le [25].

Notes et références

Notes

  1. Aucun lien avec leurs homologues somaliens
  2. Encore une fois, aucun lien avec leurs homologues somaliens

Références

  1. (en) Sailing Directions (enroute) for East Africa and the South Indian Ocean, United States. Defense Mapping Agency. Hydrographic/Topographic Center, , 360 p. (lire en ligne), chap. 3 (« Mozambique Channel »), p. 77
  2. (pt) « Município de Mocímboa da Praia », Asociação Nacional de Municipios de Mozambique (consulté le )
  3. (en) Paolo Israel, « Kummwangalela Guebuza. The Mozambican General Elections of 2004 in Muidumbe and the Roots of the Loyalty of Makonde People to Frelimo », Lusotopie. Recherches politiques internationales sur les espaces issus de l’histoire et de la colonisation portugaises, no XIII(2),‎ , p. 103–125 (ISSN 1257-0273, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. Ana Margarida Sousa Santos, « Histoire du Cabo Delgado : aux origines du conflit », sur Observatoire Pharos, (consulté le )
  5. « Mozambique: qui sont les «shebabs» de Mocimboa da Praia? », sur RFI.fr, (consulté le )
  6. (en) « Mozambique: Islamists funded by illegal trade in timber and rubies – AIM report », sur ClubOfMozambique.com, (consultĂ© le )
  7. (en) « Mozambique Al Shabab behead 10 villagers », sur standardmedia.co.ke, (consulté le )
  8. (en) Joseph Hanlon, « Alleged Islamist base shelled near Mocimboa da Praia », sur ClubOfMozambique.com, (consulté le )
  9. (en) Fibelis Mbah, « 'We are dying': Residents lament attacks in northern Mozambique », sur AlJazeera.com, (consulté le )
  10. (en) Sirwan Kajjo et Salem Solomon, « Is IS Gaining Foothold in Mozambique? », sur VOAnews.com, (consulté le )
  11. (en) Peter Fabricius, « Mozambique’s first Islamist attacks shock the region », ISS Africa, (consultĂ© le )
  12. (en) « Mozambique: Mocimboa DA Praia - 52 People Arrested », sur AllAfrica.com, (consulté le )
  13. (en) « Authorities name 2 Mozambican men suspected leaders of Mocímboa attacks; link them to Tanzania, Sudan, Saudi Arabia », sur ClubOfMozambique.com, (consulté le )
  14. (en) « Mozambique jihadists seize key town in Cabo Delgado », sur BBC.com, (consulté le )
  15. (en) « Mozambique: Ministers Visit Mocimboa da Praia », sur AllAfrica.com, (consulté le )
  16. (en) Peter Fabricius, « ‘SA private military contractors’ and Mozambican airforce conduct major air attacks on Islamist extremists », sur DailyMaverick.co.za, (consultĂ© le )
  17. (en) Manuel Mucari et Emma Rumney, « Islamic State claims Mozambique attack close to gas projects », sur Reuters.com, (consulté le )
  18. Romain Mielcarek, « Mozambique : la filiale locale de l’EI ravage deux villes du nord », sur https://www.rfi.fr/fr/, (consultĂ© le ).
  19. Laurent Lagneau, « Mozambique : Un groupe armĂ© affiliĂ© Ă  l’EI s’empare du port stratĂ©gique de Mocimboa da Praia », sur OPEX360, (consultĂ© le ).
  20. « Mozambique : des jihadistes s’emparent d’un port stratĂ©gique dans le nord du pays – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consultĂ© le )
  21. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/08/09/au-mozambique-l-armee-reprend-mocimboa-da-praia-aux-mains-des-djihadistes-depuis-un-an_6090959_3212.html
  22. Harvey Van Veldhuizen, Ext. 3-3390. 2003. Mozambique - Cabo Delgado Biodiversity and Tourism Project : environmental impact assessment (Vol. 2) : Management plan (2003 - 2006). Cabo Delgado Biodiversity and Tourism Lda.. https://www.miga.org/sites/default/files/archive/Documents/Project_Management_Plan.pdf
  23. Eric Morier-Genoud, « The jihadi insurgency in Mozambique: origins, nature and beginning », Journal of Eastern African Studies, vol. 14, no 3,‎ , p. 396–412 (ISSN 1753-1055, DOI 10.1080/17531055.2020.1789271, lire en ligne, consultĂ© le )
  24. (en) Joseph Hanlon, « Religion is shaping Cabo Delgado civil war », Mozambique News Reports & Clippings, no 484,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  25. (en) Translations on Africa, No. 1223, Arlington, Joint Publications Research Service (en), , 44 p. (lire en ligne), p. 29
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