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Mine du Nador N'BaĂŻls

La mine du Nador N'BaĂŻls, connue des romains dans l'AntiquitĂ©, situĂ©e dans la wilaya de Guelma, près de Bouchegouf, Ă  23 km au sud-est de Guelma[1], est l'un des plus importants gisements de mĂ©taux non ferreux d'AlgĂ©rie, qui fut âprement disputĂ© pendant la guerre d'AlgĂ©rie.

Histoire

La mine du Nador N'BaĂŻls a Ă©tĂ© creusĂ©e au beau milieu du Djebel Nador[2], massif montagneux qui s'enfonce au sud de Guelma et culmine Ă  1 108 mètres d'altitude, au sommet Ă©ponyme.

La composition gĂ©ologique du Djebel Nador est Ă©tudiĂ©e lors de la forte croissance Ă©conomique mondiale des annĂ©es 1850. Ă€ une faible distance de la mine, la source thermale et son village d'Hammam N'Bail, autour de laquelle se voient encore des vestiges de l'occupation romaine, est très estimĂ©e pour ses vertus curatives. La mine contient des minerais de zinc de plomb et d'antimoine, les deux premiers gisements Ă©tant en fin de vie. Elle fera l'objet plus tard, dans les annĂ©es 1990, de recherche de minerai de fer. Au XIXe siècle, le minerai de zinc subissait une calcination sur place avant d'ĂŞtre transportĂ© par charrettes sur 15 kilomètres, jusqu'Ă  la voie ferrĂ©e construite en 1865. Traversant les gorges du Nador, le chemin de fer reliait Guelma au port d'Annaba, (BĂ´ne au temps de la colonisation). Le minerai Ă©tait ensuite expĂ©diĂ© en Belgique via Cette ou Anvers, vers la fonderie d'Hollogne-aux-Pierres, qui fournissait dès 1872 la totalitĂ© du "blanc de zinc" de la SociĂ©tĂ© des Mines et Fonderies de Zinc de la Vieille-Montagne[3] puis a constituĂ© en 1912, avec près de 40 000 tonnes, le premier producteur mondial de zinc.

La mine fut ensuite exploitĂ©e au XXe siècle par la Compagnie des mines de La Lucette, spĂ©cialisĂ©e dans l'antimoine[2], qui exploitait principalement celle d'AĂŻn Kerma, mais a souhaitĂ© trouver un relais de croissance lorsque celle-ci a commencĂ© Ă  s'Ă©puiser progressivement. La mine du Nador N'BaĂŻls monte Ă  son tour en puissance, avec une production deux fois plus massive celle d'AĂŻn Kerma, mĂŞme si elle est d'une teneur environ trois fois moins Ă©levĂ©e. Alors qu'elle produisait, au dĂ©but, du zinc, la mine du Nador N'BaĂŻls devient peu Ă  peu le principal fournisseur d'antimoine d'AlgĂ©rie, avec 6 000 tonnes par an, soit l'Ă©quivalent de la consommation totale française[4] et toujours 5 517 tonnes en 1956[5], annĂ©e oĂą le conseil d'administration examine une proposition de fondre l'antimoine sur place[6], plutĂ´t que l'acheminer par camions, trains et bateaux vers la fonderie de Laval, via le port d'Annaba.

La mine du Nador N'BaĂŻls est aux dĂ©buts de la guerre d'AlgĂ©rie la cible de l'ArmĂ©e de libĂ©ration nationale, qui cherchent des explosifs de mine[7]. Son directeur prĂ©vient les autoritĂ©s et obtient des fusils, qu'il distribue aux cinq familles d'europĂ©ens vivant autour[4]. MalgrĂ© cela, la mine est pillĂ©e, dans la nuit du 7 au par un commando, provoquant l'arrivĂ©e immĂ©diate de blindĂ©s français, qui fouillent le secteur[7]. La rĂ©gion de Souk Ahras connaĂ®t alors des embuscades tout autour de Sakiet Sidi Youssef[8]. Celle-ci est placĂ©e, une semaine plus tard, sous la protection d'un dĂ©tachement de chasseurs alpins l'armĂ©e française[7], qui y restera huit ans, jusqu'en 1962. Les ouvriers habitent pour la plupart loin de la mine et dispersĂ©s[9], ce qui permet au FLN d'exercer des menaces sur eux, mais la plupart ne participent pas Ă  la grève de 1958. En 1959, avec l'autre principal gisement algĂ©rien de la compagnie, celui d'AĂŻn Kerma, elle produit 8 200 tonnes par an, malgrĂ© la guerre d'AlgĂ©rie[10].

Les 2 et , la mine, où se sont retranchés des combattants algériens, est le théâtre de combats très violents menés par les parachutistes, à partir d'une haie électrifiée et de onze compagnies héliportées, dans le cadre de la "Bataille de Souk-Ahras"[11]. Elle est un peu plus tard le lieu d'actes d'insoumission partielle ou de grève d'appelés français du contingent, les soldats ne s'étant pas levés, ou avec deux heures de retard et faisant capoter toute tentative d'utiliser la torture contre les populations algériennes[1].

Après les Accords d'Évian de 1962, ce fut la seule mine d'antimoine encore exploitĂ©e[12], grâce Ă  la ligne de chemin de fer reliant Guelma au port Annaba. Sa production a cependant chutĂ© Ă  640 tonnes d'antimoine en 1962 puis plus rien en 1963, contre 2 224 tonnes en 1961, avant de remonter Ă  1 380 tonnes en 1968[13]. Elle fournissait 100 % de la production d'antimoine algĂ©rien en 1970[13].

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Pierre ThiĂ©ry, MĂ©moires d'un chrĂ©tien libĂ©ral d'AlgĂ©rie, Editions Bouchène, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Références

  1. La face claire de la nuit - Partons explorer "l’autre bout des choses"
  2. Pierre Thiéry, "Mémoires d'un chrétien libéral d'Algérie, Editions Bouchène, 2012, page 15
  3. Souvenirs pied-noirs de Guelma
  4. Pierre Thiéry, "Mémoires d'un chrétien libéral d'Algérie, Editions Bouchène, 2012, page 28
  5. Annaba et sa région : organisation de l'espace dans l'extrême-Est algérien, par François Tomas - 1977, page 183
  6. Pierre Thiéry, "Mémoires d'un chrétien libéral d'Algérie, Editions Bouchène, 2012, page 77
  7. Pierre Thiéry, "Mémoires d'un chrétien libéral d'Algérie, Editions Bouchène, 2012, page 30
  8. "Annaba et sa région: organisation de l'espace dans l'extrême-Est algérien", par François Tomas, Université de Saint-Étienne, 1977 - page 308
  9. Pierre Thiéry, "Mémoires d'un chrétien libéral d'Algérie, Editions Bouchène, 2012, page 50
  10. La Fédération de France de l'Union syndicale des travailleurs algériens, USTA : le deuxième congrès, novembre 1959, par Jacques Simon, Éditions L'Harmattan, 2002, page 52
  11. La Bataille de Souk-Ahras
  12. Pierre Thiéry, "Mémoires d'un chrétien libéral d'Algérie, Editions Bouchène, 2012, page 78
  13. "Les mines et la région d'Annaba", par François Tomas - Revue de géographie de Lyon (1970) Volume 45

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Site officiel de l'agence nationale des activités minières

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