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Mil Mi-12

Le Mil Mi-12 (désignation d'origine V-12, code OTAN Homer) de la société russe Mil est le plus gros hélicoptÚre jamais construit[1].

Mi-12 Homer
Image illustrative de l’article Mil Mi-12
Mil Mi-12 exposé à Monino

RÎle HélicoptÚre expérimental
Constructeur Mil
Premier vol été 1967
Mise en service 10/07/1968
Date de retrait 1974
Nombre construit 2 ou 3
Équipage
6
Motorisation
Moteur Soloviev D-25 (en)VF
Nombre 4
Type Turbine
Puissance unitaire 5 500 ch
Nombre de pales 2 × 5
Dimensions
DiamĂštre du rotor 35 m
Longueur 37,00 m
Hauteur 12,5 m
Masses
À vide 69 100 kg
Charge utile 40 000 kg
Maximale 105 000 kg
Performances
Vitesse de croisiĂšre 240 km/h
Vitesse maximale 260 km/h
Plafond 3 500 m
Distance franchissable 1 000 km

Ses deux rotors contrarotatifs sont disposĂ©s Ă  l'extrĂ©mitĂ© de poutres latĂ©rales, ce qui permet de faire l’économie d'un rotor de queue. Sa motorisation (deux fois deux moteurs Ă  turbine) a Ă©tĂ© reprise du Mil Mi-6, qui avec un seul rotor de ce type Ă©tait dĂ©jĂ  l’un des plus gros hĂ©licoptĂšres de transport au monde. Il avait effectuĂ© son premier vol le .

Historique

Un Mi-12 le en escale sur l'aéroport de Groningue-Eelde aux Pays-Bas alors qu'il se dirige vers le salon aéronautique du Bourget.
Un Mi-12 en vol Ă  Berlin-Est en 1971.

La sociĂ©tĂ© Mil commença dĂšs 1959 des Ă©tudes portant sur un hĂ©licoptĂšre de transport ultra-lourd sous la dĂ©signation de projet « V-12 » ou « izdĂ©liĂ© 65 ». En 1961, le bureau d’études OKB reçut une commande officielle pour rĂ©aliser un prototype pouvant soulever une charge de 20 Ă  25 t. Celle-ci fut complĂ©tĂ©e plus tard par une directive du Conseil des ministres de l'URSS demandant que cet hĂ©licoptĂšre offrĂźt un volume en soute comparable Ă  celui de l’Antonov An-22. Ce volume Ă©tait rendu nĂ©cessaire par l’exigence de transporter des missiles balistiques nuclĂ©aires intercontinentaux.

Jusqu’alors, les fusĂ©es d’une masse totale de 20 tonnes (Ă  vide) devaient ĂȘtre transportĂ©es par le rail. Cela facilitait leur repĂ©rage et la dĂ©tection des points de stationnement par la reconnaissance aĂ©rienne adverse. Comme presque toutes les rĂ©alisations techniques de l’URSS Ă  cette Ă©poque, le V-12 devait aussi satisfaire les exigences de grands chantiers et pouvoir ĂȘtre mis en Ɠuvre pour l’exploration gĂ©ologique. Il faut bien se reprĂ©senter l’immensitĂ© de la SibĂ©rie dĂ©pourvue de toute infrastructure pour comprendre l’intĂ©rĂȘt stratĂ©gique d’un appareil pouvant transporter des charges importantes sur plus de 1 000 km sans nĂ©cessiter de piste ou de routes.

Les Ă©tudes durĂšrent jusqu’en 1965. Une maquette Ă  grande Ă©chelle Ă©tait requise pour tester les moteurs, les commandes de vol et la dynamique des rotors. Cette maquette qui ressemblait Ă  un wagon de chemin-de-fer Ă©quipĂ© de rotors et de moteurs fut construite en mĂȘme temps qu’une autre destinĂ©e Ă  la reprĂ©sentation du fuselage et de la soute. Ces maquettes furent prĂ©sentĂ©es au donneur d’ordre en . On procĂ©da Ă  cette occasion Ă  des essais de chargement et de dĂ©chargement dans la maquette de la soute de 36 matĂ©riels militaires lourds. À la suite des rĂ©sultats positifs de l'inspection et de l’évaluation, une commande fut passĂ©e en 1966 pour rĂ©aliser le premier prototype capable de voler. Au mĂȘme moment, l’usine no 292 de Saratov commença l’industrialisation en vue de produire cinq premiers appareils de sĂ©rie.

À l’étĂ© 1967, le premier prototype Ă©tait prĂȘt et entamait ses essais en vol. Lors d’un vol d’essai, un atterrissage dur sur une seule roue eut lieu Ă  Panki le en prĂ©sence de reprĂ©sentants de l’armĂ©e et d’autres spectateurs. Les dĂ©gĂąts se limitaient Ă  un pneu crevĂ© et une jante froissĂ©e. Cet Ă©vĂ©nement fut montĂ© en Ă©pingle dans la presse occidentale et prĂ©sentĂ© comme un Ă©crasement. Il apparut plus tard que des modes propres et des phĂ©nomĂšnes de rĂ©sonance au niveau du poste de pilotage avaient provoquĂ© des sollicitations intempestives induites par le pilote. Ce problĂšme put cependant ĂȘtre Ă©liminĂ© relativement vite grĂące Ă  des dispositifs amortisseurs. La suite des essais se dĂ©roula sans encombre.

Le premier prototype (n° CCCP-21142) fut remis au centre d’essais en vol sur la base de l’armĂ©e de l’air de Joukovski (en russe : ЖуĐșĐŸÌĐČсĐșĐžĐč) en .

Officiellement il n’y eut que deux prototypes. Des rapports non confirmĂ©s font cependant Ă©tat de l'accident d’un prototype en 1969, ce qui laisse penser qu’il y en avait un troisiĂšme.

Le Mi-12 ne fut pas produit en sĂ©rie. Le programme fut abandonnĂ© en 1974. Les travaux sur le Mi-12M hĂ©licoptĂšre de transport « super-ultra-lourd » Ă©quipĂ© de moteurs encore plus puissants et de deux rotors Ă  6 pales furent arrĂȘtĂ©s avant la fin de la construction du prototype. D’un point de vue militaire, la mission dĂ©volue Ă  cet hĂ©licoptĂšre Ă©tait dĂ©jĂ  devenue caduque. La construction des missiles intercontinentaux en silos fut abandonnĂ©e. Les forces armĂ©es soviĂ©tiques possĂ©daient dĂ©jĂ  depuis 1969 des fusĂ©es intercontinentales beaucoup plus lĂ©gĂšres de type R-29 et dĂšs le dĂ©but de l’annĂ©e 1975 de fusĂ©es Ă  moyenne portĂ©e de type RS-16 (en) (SS-17) lancĂ©es Ă  partir de rampes de tracteurs-Ă©recteurs-lanceurs tous terrains), de navires de surface ou de sous-marins. Une grande partie de l’expĂ©rience acquise dans le cadre de l’étude du Mi-12 a pu ĂȘtre appliquĂ©e pour le dĂ©veloppement du Mil Mi-26 qui avait commencĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1970.

Description technique

Vue de profil gauche.

Il est aussi long qu'un A320 et son envergure est comparable Ă  celle d'un A350[1].

Les moteurs, la boĂźte de transmission et les pales du rotor avaient Ă©tĂ© reprises du Mil Mi-6. Chaque moteur Soloviev D-25 (en) actionnait un rotor au travers de sa propre boĂźte de transmission. Le diamĂštre rotor plus important rĂ©sultait de l’allongement du pied de pale. C’est le seul hĂ©licoptĂšre Ă  deux rotors principaux contrarotatifs latĂ©raux jamais construit par Mil.

Les concepteurs voulaient au dĂ©part disposer les rotors l’un derriĂšre l’autre sur l’axe longitudinal de l’hĂ©licoptĂšre (comme sur le Vertol H-21 de Frank Piasecki). En cas d’écoulement dĂ©favorable du flux d’air, les moteurs arriĂšre risquaient cependant d’ingĂ©rer les gaz d’échappement des moteurs avant. Ceux-ci auraient provoquĂ© une perte de puissance brutale au niveau des moteurs arriĂšre et constituĂ© par consĂ©quent un grave danger pour la sĂ©curitĂ© du vol. Cette approche fut donc abandonnĂ©e au bĂ©nĂ©fice d’une disposition latĂ©rale (analogue au Focke-Wulf Fw 61). L’emplacement des moteurs dans des nacelles latĂ©rales Ă  l’extrĂ©mitĂ© des ailettes assure un accĂšs aisĂ© pour la maintenance. À cet effet, le Mi-12 possĂšde une trappe situĂ©e au-dessus du poste de pilotage donnant accĂšs au dos du fuselage et Ă  l’extrados des ailettes. Il existe mĂȘme un garde-fou amovible pouvant ĂȘtre mis en place le long des zones de marche sur les ailettes. Le lot de bord inclut Ă©galement les plates-formes suspendues permettant la maintenance au niveau des nacelles moteurs.

MalgrĂ© les dimensions dĂ©jĂ  impressionnantes de l’appareil, les deux disques rotor se superposent (voir rotors engrenants) sur une zone d'environ 3 mĂštres de profondeur. Les deux rotors contrarotatifs sont synchronisĂ©s au moyen d’un arbre de transmission central commun qui sert Ă©galement Ă  la compensation des efforts. La cassure gĂ©omĂ©trique des ailettes a nĂ©cessitĂ© la conception d’une boĂźte de transmission intermĂ©diaire supplĂ©mentaire Ă  l’intĂ©rieur du fuselage. L’arbre de transmission central garantit la pilotabilitĂ© du Mi-12 mĂȘme en cas de panne double de deux moteurs sur un mĂȘme cĂŽtĂ©. Les gouvernes et la commande de pas des pales sont actionnĂ©es par trois circuits hydrauliques redondants, chacun Ă©tant composĂ© d’un systĂšme principal et d’un systĂšme de secours. Le Mi-12 bĂ©nĂ©ficiait aussi des avancĂ©es technologiques les plus modernes de l’époque : il Ă©tait Ă©quipĂ© d’un radar mĂ©tĂ©orologique et d'un pilote automatique, chose rare sur un hĂ©licoptĂšre Ă  l'Ă©poque.

Records, vols de démonstration, stationnement définitif

Le Mi-12 a permis de battre plusieurs records. DĂšs le , le Mi-12 emporta une charge record de 31 030 kg Ă  2 951 m d’altitude et le , 44 205 kg Ă  2 255 m par le meilleur pilote d'essai de Mil le Major Vasily Kolochenko. D’un point de vue thĂ©orique et pratique, le Mi-12 Ă©tait en fait capable de transporter des charges beaucoup plus lourdes Ă  faible altitude du simple fait de la plus forte densitĂ© de l’air. Un dĂ©collage roulĂ© sur piste permettait en outre de profiter de la portance crĂ©Ă©e par les ailettes. De tels essais ont eu lieu de toute Ă©vidence. On ne sait cependant rien sur les valeurs limites obtenues.

Les vols de dĂ©monstration effectuĂ©s Ă  Copenhague, Groningue et au Bourget ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par l’appareil immatriculĂ© CCCP-21142 / H-833. Il s’agissait en l’occurrence du premier des deux prototypes, exposĂ© aujourd’hui sur le terrain de l’usine Mil Ă  Lioubertsy-Panki prĂšs de Moscou. 55° 40â€Č 02″ N, 37° 55â€Č 55″ E

Un autre Mi-12 est exposĂ© au MusĂ©e central des forces aĂ©riennes de la FĂ©dĂ©ration de Russie de Monino (env. 50 km Ă  l’est de Moscou). Il s’agit vraisemblablement du deuxiĂšme prototype (voir photos). Cet appareil ne porte malheureusement pas de n° d’immatriculation. Un tableau indique comme annĂ©e de fabrication l’annĂ©e 1967.

Références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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