Michele Amari
Michele Benedetto Gaetano Amari (Palerme, - Florence, ) est un homme politique et historien arabisant italien, spĂ©cialiste notamment de la Sicile arabo-musulmane et des VĂȘpres siciliennes.
Langue dâĂ©criture | italien |
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Ćuvres principales
- La guerra del vespro siciliano (1843)
- Storia dei Musulmani di Sicilia (1854-1872)
- Biblioteca arabo-sicula (1857-1887)
Tous les historiens successifs de lâislam, en Italie Leone Caetani, Francesco Gabrieli, Umberto Rizzitano et Paolo Minganti, ont utilisĂ© lâenseignement de cet auteur de plusieurs Ćuvres dâimportance internationale appelĂ© le rĂ©gĂ©nĂ©rateur des Ă©tudes orientales parmi ses compatriotes[1] et dont lâarabiste de lâuniversitĂ© de Leipzig Heinrich Leberecht Fleischer, a publiĂ© deux complĂ©ments Ă sa Biblioteca arabo-sicula.
Biographie
Fils de Ferdinand et de Julia Venturelli, aprĂšs avoir pris part aux mouvements insurrectionnels indĂ©pendantistes en Sicile de 1820-1821, Amari fut ensuite Ă©tĂ© employĂ© au secrĂ©tariat dâĂtat sous le rĂ©gime des Bourbons.
AprĂšs la lecture de la tragĂ©die de Jean-Baptiste Niccolini, Il Vespro siciliano o Giovanni da Procida, il se consacre Ă l'Ă©tude des VĂȘpres siciliennes, soulĂšvement sicilien qui a mis fin Ă la domination angevine sur l'Ăźle en 1282[2]. Il affirme ainsi ses idĂ©es autonomistes et rĂ©volutionnaires dans La Guerra del Vespro Siciliano, Ă laquelle les censeurs imposĂšrent le titre neutre et gĂ©nĂ©rique dâUn periodo delle istorie siciliane del XIII secolo (Une pĂ©riode de lâhistoire sicilienne du XIIIe siĂšcle), qui mettait en Ă©vidence tous les aspects des VĂȘpres siciliennes, surtout les documents historiques qui Ă©clairent les lignes de force de cet Ă©vĂšnement.
TrĂšs favorablement accueilli en Sicile, l'ouvrage est attaquĂ© par le gouvernement de Naples qui l'accuse de dĂ©former les faits historiques afin de les faire coller Ă une idĂ©ologie contemporaine. Les journaux qui avaient relayĂ© positivement l'ouvrage sont fermĂ©s, Amari est relevĂ© de ses fonctions publiques et convoquĂ© devant le MinistĂšre de la Police. Contraint de fuir en France, Amari sâinstalle Ă Paris oĂč il poursuit ses recherches, publie de nouvelles Ă©ditions et des traductions anglaises et allemandes[2].
Afin de se rapprocher des sources arabes de lâhistoire de la Sicile[1], il entreprend, Ă lâĂąge de trente-sept ans, lâĂ©tude de la langue arabe sous la direction du grand arabisant Joseph Toussaint Reinaud. Il acquiert rapidement lâamitiĂ© et lâestime sincĂšre de savants tels que lâorientaliste QuatremĂšre et du baron de Slane pour son caractĂšre exceptionnel dâhomme et de chercheur. Il organise la section des manuscrits arabes Ă la BibliothĂšque nationale. Toujours en vue dâaborder directement les sources byzantines, il sâadonnera Ă lâĂ©tude du grec sous la direction du palĂ©ographe hellĂ©niste Charles BenoĂźt Hase.
En 1848, il met fin Ă son exil français Ă lâoccasion de la parenthĂšse antibourbonnienne de la rĂ©volution indĂ©pendantiste sicilienne de 1848-49. RentrĂ© dans sa patrie, il est Ă©lu dĂ©putĂ© au Parlement de Sicile et nommĂ© Ministre des Finances. Revenu en France aprĂšs lâĂ©chec de lâessai dâautonomie de la Sicile, il se rapprochera considĂ©rablement de Mazzini, en participant Ă la diffusion de ses idĂ©es politiques. Le gouvernement provisoire de la Toscane, au pouvoir Ă partir de 1859, le nomme, le , professeur de langue et dâhistoire arabe Ă lâuniversitĂ© de Pise. De retour en Sicile en 1860, il participe Ă la vie politique de lâItalie rĂ©unifiĂ©e oĂč il est nommĂ© sĂ©nateur le . Garibaldi le nomme Ministre de lâinstruction Publique dans le gouvernement Farini de 1862 Ă 1864, annĂ©e Ă laquelle il reprend lâenseignement de la langue arabe Ă Florence, en tenant mĂȘme une chaire Ă lâInstitut des hautes Ă©tudes jusquâen 1873.
Il nâa jamais abandonnĂ© ses Ă©tudes historiques de prĂ©dilection qui cherchaient Ă combler le vide qui sâĂ©tendait entre la fin de la domination byzantine de la Sicile et la pĂ©riode de l'occupation angevine. En 1851, Amari traduit en italien le Sulwan avec dans son introduction une biographie d'Ibn Zafar Al-Siqilli et de l'histoire de son manuscrit. De 1854 et 1872, il publie les 3 volumes de sa Storia dei Musulmani in Sicilia, un ouvrage de rĂ©fĂ©rence sur la Sicile islamique pour de nombreux historiens oĂč Amari montre notamment les cĂŽtĂ©s positifs des deux siĂšcles de domination musulmane en Sicile, aidĂ© en cela par son talent linguistique hors du commun qui permit Ă Carlo Alfonso Nallino, la meilleure autoritĂ© universitaire arabisante italienne de son temps, de nâeffectuer, au XXe siĂšcle, que des corrections marginales Ă son chef-dâĆuvre historique.
Michele Amari, cet Ă©rudit rationaliste et positiviste, dotĂ© dâun zĂšle moral considĂ©rable, tout inspirĂ© par la laĂŻcitĂ© et la « vertu civique », totalement insensible aux tensions religieuses, nâaurait probablement jamais imaginĂ© que son Histoire des musulmans de la Sicile serait traduit en arabe en 2004 par une Ă©quipe Ă©gyptienne coordonnĂ©e par le Prof. Ibrahim Saad Moheb de lâUniversitĂ© Ain Shams du Caire en Ăgypte)[3], grĂące Ă un financement du MinistĂšre italien des Affaires Ă©trangĂšres, afin dâhonorer la fructueuse collaboration sĂ©culaire entre lâItalie et lâĂgypte. ConsidĂ©rĂ© comme le fondateur de lâorganisation moderne du Ă©tudes orientales en Italie, il reçoit, en 1884, lâordre Pour le MĂ©rite fĂŒr Wissenschaften und KĂŒnste[4].
Il est élu membre correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1859, puis associé étranger en 1871[5].
Notes et références
- GeneviĂšve Humbert, "Amari, Michele", dans François Pouillon, Ă©d., Dictionnaire des orientalistes de langue française, Karthala Ăditions, 2008, p. 13 (ISBN 978-2-84586-802-1).
- Brigitte Urbani, « LE THĂME DES VĂPRES SICILIENNES EN ITALIE AU XIX e SIĂCLE », PRISMI : Revue d'Ă©tudes italiennes, no 2,â , p. 199 (lire en ligne, consultĂ© le )
- Introduction de Franco Cardini et de Claudio Lo Jacono.
- (en) Pour le MĂ©rite (Peace class)
- Adrien PrĂ©vost de LongpĂ©rier, « Rapport de la Commission chargĂ©e de prĂ©senter 3 candidats pour la place d'associĂ© Ă©tranger », Comptes rendus des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 15, no 1,â , p. 294â298 (lire en ligne, consultĂ© le )
Ouvrages
- (it) Elogio di Francesco Peranni, in Componimenti in morte di Francesco Peranni generale d'artiglieria, Palerme, Gabinetto tip. all'insegna di Meli, 1833.
- (it) Un periodo delle istorie siciliane del secolo XIII, Palerme, Poligrafia Empedocle, 1842.
- (it) La guerra del vespro siciliano, o Un periodo delle istorie siciliane del sec. XIII, 2 vol., Paris, Baudry, 1843.
- (it) Conforti politici, traduction des Sulwan al-mutaâ dâIbn Zafar, 1851.
- (it) Storia dei Musulmani di Sicilia, 3 volumi. Florence, Le Monnier, 1854-1872.
- (it) Biblioteca arabo-sicula, textes et traductions, 1857-1887.
- (it) Epigrafi arabiche di Sicilia, in tre parti. 1875-1885.
- (it) Racconto popolare del Vespro siciliano, Roma, Forzani e C. Tip. del Senato, 1882.
- (it) Carteggio di Michele Amari, Roux Frassati, 1896.
- (it) Diari e appunti autobiografici inediti, Edizioni Scientifiche Italiane, 1981.
Bibliographie
- Francesco Gabrieli, Rosario Romeo, s.v. "AMARI, Michele Benedetto Gaetano", dans : Dizionario biografico degli Italiani, Roma, Istituto per l'Enciclopedia Italiana Treccani, 1960, II, p. 637-654.
- Francesco Gabrieli, La storiografia arabo-islamica in Italia, Napoli, Guida, 1975.
- Fulvio Tessitore, Schizzi e schegge di storiografia arabo-islamica italiana, Bari, Palomar, 1995.
Liens externes
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