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Michel d'Arande

Michel d’Arande, natif des environs de Tournai, est un théologien français du XVIe siècle.

Michel d'Arande
Biographie
Naissance
Activité

Issu d’une famille noble du Dauphiné, d’Arande commença par se faire moine de l’ordre des Augustins. En 1521, il est aux ordres de Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux, qui l’envoya à la sœur de François Ier, Marguerite de Navarre et à sa mère Louise de Savoie. Dès la fin de l’année 1521, il devint peu après leur aumônier. En 1523, il prêcha, grâce à sa protectrice, Marguerite, l’Avent à la cathédrale de Bourges où il devait, sur son insistance, prêcher encore le carême de 1524, mais l’archevêque lui fait interdire la chaire. Marguerite était disposée à ne pas tenir compte de cette interdiction, mais Briçonnet recommanda d’y obtempérer. Dès lors, il évangélisa, pendant l’année 1524, Alençon, puis Mâcon, en allant rejoindre Marguerite à Lyon où il se trouva en octobre. Il y prêcha l’Évangile avec tant de force qu’il fut éloigné de Marguerite.

En 1525, le Parlement de Paris intenta un procès Ă  Briçonnet, et ordonna Ă  Louise de Savoie, par un arrĂŞt du , de lui envoyer Michel d’Arande qu’il voulait interroger. Au lieu de se rendre Ă  Paris, comme il en avait reçu l’injonction, celui-ci se rĂ©fugia Ă  Strasbourg d’oĂą il put revenir au commencement de l’annĂ©e suivante parce qu’il fut, grâce Ă  sa protectrice. Celle-ci le fit venir et lui communiqua son dessein d’introduire l’Évangile dans l’Église catholique de France, en la renouvelant sans la dĂ©truire. « Je vous ai fait nommer, lui dit-elle, Ă©vĂŞque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, en DauphinĂ© ; allez et Ă©vangĂ©lisez votre diocèse. » La RĂ©forme avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©pandue dans le DauphinĂ© par Farel et par d’autres. Il est difficile de dire si Michel D’Arande partageait les vues de Marguerite, ou si l’ambition y fut pour quelque chose, mais d’Arande accepta l’offre de Marguerite, s’installa et fut reçu en grande pompe le . Il jouissait alors d’une grande rĂ©putation d’éloquence et passait pour avoir prĂŞchĂ© la RĂ©forme sans restriction. En dĂ©diant Ă  Marguerite d’AngoulĂŞme son commentaire sur le prophète OsĂ©e (1528), Capiton, l’un des rĂ©formateurs de Strasbourg, citait en première ligne, parmi les hommes « plus capables que lui-mĂŞme, » de l’encourager Ă  persĂ©vĂ©rer dans la profession du pur Évangile, Michel d’Arande dont il avait fait la connaissance personnelle trois annĂ©es auparavant et qu’il caractĂ©risait ainsi : « D’une si sĂ©rieuse Ă©loquence, d’une piĂ©tĂ© si remarquable, d’une fidĂ©litĂ© si scrupuleuse Ă  mettre d’accord son titre et ses devoirs d’évĂŞque. » Ă€ l’instar de sa protectrice, l’évĂŞque de Saint-Paul-Trois-Châteaux ne croyait pas que pour obĂ©ir Ă  l’Évangile il fĂ»t indispensable de sortir de l’Église catholique. Non seulement, Ă  cette Ă©poque, la scission entre la nouvelle et l’ancienne Église n’était pas encore absolue, mais, dans l’Église catholique elle-mĂŞme, les Ă©vĂŞques jouissaient d’une bien plus grande indĂ©pendance qu’après le concile de Trente. Aussi, un certain nombre d’entre eux qui Ă©taient ouvertement favorables Ă  la RĂ©forme, ou bien ne furent nullement inquiĂ©tĂ©s, comme celui de St.-Paul, ou bien ne le furent que beaucoup plus tard.

Il n’existe aucun texte authentique sur la manière dont Michel d’Arande parvint Ă  concilier ses convictions avec les rites traditionnels de son Église. Il est probable que, comme son ancien collègue, GĂ©rard Roussel, Ă©vĂŞque de NĂ©rac, devenu Ă©vĂŞque d’Oloron, il remplaça le latin par le français et modifia certains rituels comme celui de la messe, dans le sens Ă©vangĂ©lique. Il est certain que cet Ă©piscopat de treize annĂ©es dut encourager bien plutĂ´t que combattre ceux qui propageaient secrètement la RĂ©forme dans cette partie du DauphinĂ© et que ces efforts de l’évĂŞque pour concilier l’obĂ©issance Ă  l’Évangile avec la soumission aux traditions de l’Église ne tardèrent pas Ă  lui paraitre inexcusables. On a de lui, une lettre adressĂ©e au commencement de l’annĂ©e 1536 Ă  son compatriote Guillaume Farel qui depuis plus de dix ans, avait, non sans dĂ©chirement, rompu avec une Église devenue, Ă  ses yeux, non seulement infidèle, mais hostile Ă  l’Évangile. Dans cette lettre, faisant allusion aux reproches qu’au moment de mourir, leur ancien maitre Lefèvre d’Étaples, s’était adressĂ©s pour ne pas avoir, lui aussi, plus courageusement confessĂ© la vĂ©ritĂ©, Michel d’Arande se reconnait coupable de la mĂŞme faute. Il supplie Farel de ne pas l’abandonner, mais de l’aider, par ses exhortations Ă  sortir de ce « profond bourbier dans lequel il n’y a rien de solide », et se caractĂ©rise lui-mĂŞme en signant « tardivus », tardif Ă  embrasser le seul bon parti. Ce sont probablement ces remords qui dĂ©terminèrent Ă  rĂ©signer ses fonctions trois ans plus tard, en 1539.

Sources

  • Bulletin historique et littĂ©raire de la SociĂ©tĂ© de l’histoire du protestantisme français, t. 56, Paris, Au Siège de la SociĂ©tĂ©, 1907, p. 324-7.
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