Michel Combes (militaire)
Michel Combes, ou Combe[1], issu d'un milieu populaire lié aux Jacobins de Feurs puis bonapartiste fervent, est un militaire français né à Feurs (Loire) le [2], et mort à Constantine le .
Naissance | |
---|---|
Décès |
(Ă 49 ans) Constantine |
Nationalité | |
Activité |
Grade militaire | |
---|---|
Conflit | |
Distinction |
Le Premier empire
Il était le fils de Sébastien Combe et de Marie Julien, son père, né aussi à Feurs a fini comme colonel. D’abord soldat dans le corps de Davout, il sert au 17e régiment d'infanterie il est nommé caporal, puis fourrier et passe sergent-major, le . Il débute dans l'art militaire à Austerlitz, et assiste à la plupart des batailles de l'Empire.
Il est présent à Ulm, à la bataille d'Iéna où il se distingue pour la première fois le , en arrivant le premier sur une batterie de six pièces de canons puis lorsqu’il reçoit sa première blessure, au pied lors de la bataille de Pułtusk (1806), au cou à Eckmühl, à Friedland, à Bautzen, et au mont Saint-Jean.
Il est promu au grade d’adjudant le et reçoit la croix de la Légion d’honneur le 1er octobre. Le , il est blessé à nouveau lors de l’attaque du château d’Eckmühl. Il est nommé sous-lieutenant le puis promu au grade de lieutenant le et adjudant major le .
À la Garde impériale
Le , il entre avec son grade aux 1er régiment de grenadiers-à -pied de la Garde impériale. Lors de la défection de Marmont, en voyant le mouvement de retraite sur Versailles, il se hâte de prévenir Napoléon à Fontainebleau.
Il fait la Campagne de Russie (1812) avec ce corps d’élite où il a le pied gauche gelé à Osmiana. Le , il est nommé capitaine, adjudant major au 135e régiment d’infanterie de ligne. En 1814, il rentre de nouveau dans la Garde, suit l’Empereur à l’île d’Elbe comme capitaine au bataillon Napoléon et termine adjudant major du carré de la Vieille Garde au milieu duquel se réfugie Napoléon à Waterloo.
Le , il est chef de bataillon au 1er régiment de grenadiers à pied de la Garde impériale avec rang de lieutenant-colonel dans la Ligne. Promu officier de l’ordre impérial de la Légion d’honneur le , la promotion est annulée par l’ordonnance royale du 1er août.
Au Texas
Il est licencié le et interné à Montbrison. Ainsi se termine la première partie de sa carrière. Sous la Restauration, déjà vieux grognard poursuivi par les rancunes de ses ennemis politiques, il part pour l’exil. Il s’installe au Texas avec le général Lallemand pour y fonder le Champ d’asile, colonie de proscrits bonapartistes. Là , il épouse le , Elisa Walker, la fille d'un aide de camp de George Washington.
Les événements des journées de le ramènent en France et il est placé le , au 24e régiment d’infanterie de ligne avec le grade de lieutenant-colonel. Il reçoit de nouveau la croix d’officier de la Légion d’honneur le .
Crise d'Italie (1832-1838)
En 1831, lorsque la Romagne s'insurge contre le Saint-Siège, auquel elle demande des réformes, impuissant à la réduire par ses propres forces, le pape implore l'appui de l'Autriche, et, à sa demande, six mille Autrichiens sont introduits à Bologne, le .
Pour arrêter les suites de cette « invasion », le cabinet français décide d'occuper Ancône. Un vaisseau, le Suffren, et deux frégates, l'Artémise et la Victoire, sont armées à Toulon, le , sous les ordres du capitaine de vaisseau Gallois, et avec deux bataillons du 66e régiment d'infanterie de ligne, forts de 1 100 hommes, et commandés par le colonel Combes.
La division navale parait le 22 février en vue d'Ancône. La nuit venue, les dispositions sont faites pour le débarquement. Une partie des troupes descend à terre à trois heures du matin, et marche sur la ville dont les portes sont fermées[3].
Les Français se précipitent dans la ville, partagés en deux colonnes, l'une dirigée par le colonel Combes, l'autre par un chef de bataillon. Les différents postes occupés par les soldats pontificaux sont désarmés, et à la pointe du jour, toute la ville est au pouvoir des Français[4].
En Algérie
Le , il est placé à la tête de la Légion étrangère. Par suite d’une mésentente avec le général Dalton, commandant la division d'Alger, il est muté six mois plus tard, au 47e régiment d'infanterie de ligne, à Montpellier,
Plus tard le colonel Combes est envoyé en Algérie, où il commande le 47e régiment d'infanterie de ligne. Il prend part à presque toutes les affaires jusqu'à la prise de Constantine et fut fait commandeur de la Légion d'honneur le .
Le , à 7 heures du matin, l'assaut de la place de Constantine est ordonné. Dès que la première colonne, sous les ordres du colonel de Lamoricière, a dépassé la brèche, le colonel Combes s'élance pour la soutenir à la tête de la deuxième colonne. Il arrive sur la muraille, au moment même où une explosion terrible éclate et ravage les rangs des assaillants. Il prend aussitôt le commandement que le colonel de Lamoricière, blessé et privé de la vue dans l'explosion, cesse d'exercer[5].
Mortellement atteint coup sur coup en plein dans la poitrine, il refuse de quitter le combat pour aller se faire panser, et continue encore Ă commander ses soldats[6].
Le colonel Combes eut encore la force de retourner presque seul au bivouac de son régiment, et quelques minutes après, il était couché sur son lit funèbre pour ne plus se relever[7].
La piété des soldats pour leur chef a élevé à Constantine une tombe au colonel Combes. Ce monument, adossé à un marabout, regardait la porte Bad-el-Djédid et la brèche[8].
La ville de Feurs (Loire) avait décidé que la statue de Combes ornerait la principale place, et l'exécution en a été confiée au ciseau de M. Foyatier ; elle a été inaugurée le [9].
Cette statue est érigée dans sa ville natale ; et sous la base son cœur a été déposé par l'ordre de Louis-Philippe Ier, roi des Français. Une loi du a accordé à sa veuve une pension de 2 000 francs, à titre de récompense nationale.
À Paris, une rue du Colonel-Combes perpétue toujours son souvenir.
Notes
- Le colonel signait Combes, mais l’orthographe des actes les plus anciens est « Combe ».
- sa fiche sur la base LEONORE
- Une d'elles est enfoncée à coups de hache par les sapeurs du "66e", aidés de quelques matelots.
- À midi, le colonel Combes se porte avec un bataillon à la citadelle, et somme le commandant de se rendre. Sur les réponses dilatoires de celui-ci, Combes s'écrie : « Nous ne sommes point ici en ennemis de Sa Sainteté; mais nous ne pouvons permettre que les troupes autrichiennes, qui sont en marche, viennent occuper la citadelle : de gré ou de force, il faut qu'elle soit à nous! "Voyez donc, commandant, si vous voulez prendre sur vous la responsabilité des hostilités qui vont s'engager entre le Saint-Siège et la France. Je vous donne deux heures pour délibérer sur ma demande. J'espère que votre décision nous épargnera la douleur de voir tant de braves gens s'entr'égorger. Dans deux heures donc, la place ou l'assaut ! Soldat de la vieille garde, je n'ai jamais manqué à ma parole ! » Ce langage et l'attitude du colonel Combes en imposent à la garnison, et, à trois heures de l'après-midi, il prend possession de la citadelle.
- Reconnaître l'état des choses, disposer ses hommes de manière à assurer la conservation du terrain déjà occupé, prescrire les mesures propres à agrandir le rayon d'occupation, déboucher dans la grande rue du souk, et enlever une forte barricade, tout cela est pour Combes l'affaire d'un moment.
- Après s'être assuré de la réussite complète du mouvement qu'il a ordonné, il se retire lentement du champ de bataille, et seul, calme et froid, comme sous le feu de l'ennemi, il regagne la batterie de brèche et vient rendre compte au général en chef et au duc de Nemours de la situation des affaires dans la ville. Son rapport terminé, il ajoute avec le plus grand sang-froid : « Ceux qui ne sont pas mortellement blessés pourront se réjouir d'un aussi beau succès. Maintenant je vais à l'ambulance, et si ma blessure n'est pas mortelle, je serai heureux de pouvoir verser encore mon sang pour mon pays. ».
- Dans une visite que lui fit son ami, le général Boyer, Combes lui dit : « Mon cher Boyer, reçois mes adieux; tu diras à Son Altesse Royale que je ne demande rien pour ma femme, rien pour les miens; mais que, dans l'intérêt de mon pays, je lui recommande quelques officiers de mon régiment dont voici les noms... ».
- L'épitaphe suivante le décorait :
- Le 47e régiment de ligne, A Michel Combes,
- Son colonel,
- Blessé à l'assaut de Constantine,
- Le 13 octobre 1837, et mort le 13 du mĂŞme mois.
- Regrets Ă©ternels..
- Voici l'inscription gravée sur le monument, telle qu'elle a été arrêtée par l'Académie des inscriptions et belles-lettres :
- À la mémoire de Michel Combes, colonel du XLVIIe régiment,
- Qui monta sur la brèche de Constantine
- À la tête de la seconde colonne d'assaut,
- Continua de combattre et d'animer ses soldats,
- Quoique blessé mortellement,
- Et mourut après la victoire
- Admiré de toute l'armée..
Source
« Michel Combes (militaire) », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, [détail de l’édition]
- Répertoire des chefs de corps de Légion - Centre de documentation de la Légion étrangère.
- Service historique de défense, Vincennes (SHD), dossier n° 3 Yf 53 221