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Menhir de la Basse-Crémonville

Le menhir de la Basse-Crémonville est un menhir situé sur la commune de Val-de-Reuil dans le département de l’Eure en France.

Menhir de la Basse-Crémonville
Image illustrative de l’article Menhir de la Basse-Crémonville
Menhir de la Basse-Crémonville en 2011.
Présentation
Nom local Menhir de Saint-Étienne-du-Vauvray
Type Menhir
PĂ©riode NĂ©olithique
Faciès culturel Mégalithisme
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1927)
Visite Libre d'accès
Caractéristiques
Dimensions hauteur 4 m
Matériaux calcaire sénonien
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 49° 14′ 18″ nord, 1° 11′ 27″ est
Pays France
RĂ©gion Normandie
DĂ©partement Eure
Commune Val-de-Reuil
GĂ©olocalisation sur la carte : Eure
(Voir situation sur carte : Eure)
Menhir de la Basse-Crémonville

Localisation

Le mégalithe est situé au bord de la RD 313 au sud-ouest de la commune de Saint-Étienne-du-Vauvray entre le tombant du plateau et le cours de l'Eure à quelques centaines de mètres.

Description

Le menhir de la Basse-CrĂ©monville est un bloc de calcaire sĂ©nonien de 3,30 m de haut sur une largeur moyenne de 1,90 m et une Ă©paisseur de 0,70 m. Ă€ la partie supĂ©rieure et Ă  0,50 m du sommet, du cĂ´tĂ© opposĂ© Ă  la route, on remarque une cavitĂ© carrĂ©e mesurant 0,20 m de cĂ´tĂ© et 0,05 m de profondeur. Une cassure est Ă©galement visible Ă  m du sol, consĂ©quence du transfert du mĂ©galithe en 1866[1].

Historique

Découverte d’une sépulture néolithique

Gravure réalisée en 1842 par Théodose Bonnin

Le monument date du NĂ©olithique[2]. Il est mentionnĂ© pour la première fois en 1842 lorsque les travaux de terrassement de la route qui le longe attirent l’attention sur lui : « Auprès de la ferme de la Basse-CrĂ©monville, hameau de Saint-Étienne-du-Vauvray, que ce chemin traverse, chacun connaissait bien une grosse pierre, plus haute que large, dont le calcaire, dĂ©tachĂ© de la cĂ´te supĂ©rieure, s’élevait en pointe. […] Une fouille pratiquĂ©e au pied a permis de constater qu’il se terminait en pointe irrĂ©gulière Ă  1,25 m au-dessous de la surface du sol, et qu’aucun objet ne s’y trouvait renfermĂ©. Il n’est remarquable que par sa direction parallèle Ă  la vallĂ©e et par une ouverture peu profonde en forme de parallĂ©logramme qu’on observe Ă  son sommet »[3]. Les gens du pays confirment ce que pensent les historiens au vu de cette niche, elle avait dĂ» abriter une statuette d’un saint chrĂ©tien prĂ©servant ainsi le mĂ©galithe de la destruction[4].

La poursuite des travaux d’excavation de la route rĂ©serve une surprise aux ouvriers quand ils creusent sous un Ă©norme bloc de calcaire et dĂ©gagent de nombreux ossements humains. Quand ils font part de leur dĂ©couverte quelques jours après, des fouilles supplĂ©mentaires sont engagĂ©es pour dĂ©gager la partie du tombeau qui n’a pas Ă©tĂ© dĂ©truite par les terrassiers. Elles mettent au jour une construction circulaire d’environ 4,50 m de diamètre et composĂ©e de trois niveaux superposĂ©s de 0,40 m de haut chacun. Sur chacun de ces niveaux, des squelettes sont retrouvĂ©s : « Chacun des corps, dont la tĂŞte Ă©tait appuyĂ©e sur une pierre aplatie, placĂ©e contre la pierre circulaire, avait les pieds au centre du cercle ; leurs bras Ă©taient allongĂ©s près du corps qui remplissait la cavitĂ© ». Des moellons assemblĂ©s sans maçonnerie sĂ©paraient les cadavres entre eux. Des pierres de 0,15 m d’épaisseur assuraient la sĂ©paration entre les niveaux intermĂ©diaires. Un pavage de calcaire composait le sol du tombeau. Le dernier niveau Ă©tait recouvert d’une espèce de voĂ»te de moellons, elle-mĂŞme recouverte de l’énorme bloc de calcaire dont les dimensions Ă©taient toutefois infĂ©rieures Ă  celles du tombeau. Celui-ci avait donc une hauteur de 1,65 m entre le sol et la pierre qui le recouvrait. Seuls trois squelettes sont retrouvĂ©s intacts mais l’examen mĂ©ticuleux de leurs restes ne rĂ©vèle la prĂ©sence d’aucun objet mĂ©tallique. On ne retrouve qu’un fragment informe d’un vase de terre grossière et une espèce de hachette[5].

Cette découverte relance l’intérêt pour le menhir. Sa proximité avec une telle sépulture pourrait en effet suggérer un lien entre les deux.

DĂ©placement du menhir

La construction en 1865 de la voie ferrĂ©e reliant Louviers Ă  la ligne de Rouen met en pĂ©ril le menhir puisqu’il se trouve sur le tracĂ©. Mais la mobilisation des membres de la SociĂ©tĂ© française d'archĂ©ologie est payante. Ils rallient le maire de Louviers AndrĂ© PrĂ©tavoine Ă  leur cause avec le soutien de son premier adjoint M. Marcel qui avait supervisĂ© les fouilles du tombeau nĂ©olithique. Alors que les travaux de rĂ©alisation de la voie sont en cours d’achèvement, le menhir est toujours en place, « soutenu par des Ă©tais au beau milieu de la chaussĂ©e crayeuse du chemin en construction ». Les dĂ©marches auprès du prĂ©fet aboutissent puisque celui-ci demande un crĂ©dit de 400 francs auprès du Conseil gĂ©nĂ©ral de l’Eure[6]. Le conseil municipal de Louviers accepte de complĂ©ter la somme nĂ©cessaire Ă  la translation du mĂ©galithe et, dans les premiers jours de , l’opĂ©ration est accomplie par l’entrepreneur Huvey, dĂ©jĂ  chargĂ© de la restauration de l’église Notre-Dame de Louviers[7].

« Un contremaĂ®tre, 3 ouvriers et 20 manĹ“uvres s’y employèrent. Après dĂ©terrement, on traina la lourde masse tirĂ©e par des treuils, sur un chemin de bois. L’opĂ©ration ne se fit pas sans Ă -coups puisque le bloc fut accidentellement brisĂ© en deux parties Ă  peu près Ă©gales (on peut suivre encore, Ă  un mètre environ du sol, la trace irrĂ©gulière de la fracture). Finalement, le menhir fut placĂ© sur un lit de calcaire et sur une couche de bĂ©ton, au milieu d’un are de terrain offert au dĂ©partement par le propriĂ©taire de CrĂ©monville-Basse, Mme de Lux. Le coĂ»t du transfert, 3 fois plus Ă©levĂ© qu’il n’avait Ă©tĂ© prĂ©vu, se monta Ă  1 803 francs-or de l’époque. Le dĂ©partement trouva cette dĂ©pense si lourde qu’il renonça Ă  faire entourer la pierre d’un muret avec inscription, comme il avait Ă©tĂ© prĂ©vu ; on se contenta d’une petite haie d’épines[8]. »

Le mégalithe occupe la place où était enfouie la sépulture néolithique[1]. Il est maintenant classé au titre des monuments historiques par arrêté du [2].

Références

  1. [PDF] Léon Coutil, « Inventaire des menhirs et dolmens de France : Eure », Bulletin de la Société normande d’Études préhistoriques, tome IV, année 1896, éd. Imprimerie Eug. Izambert, Louviers, 1897, p. 48-49.
  2. « Menhir au bord du chemin no 11 », notice no PA00099550, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. [PDF] Théodose Bonnin, « Notice sur un tombeau celtique découvert en décembre 1842 à St Étienne du Vauvray », Congrès de la Société française d’archéologie, XXXIe session, 1856, éd. Derache, Paris, 1857, p. 343-344.
  4. Léon Coutil, « Monuments mégalithiques christianisés de l’Eure et de la Seine-Inférieure », Association française pour l’avancement des sciences : Congrès de Nantes, éd. Famille Grimaud, Nantes, 1898, p. 9.
  5. Théodose Bonnin, « op. cit. », p. 345-347.
  6. [PDF] Raymond Bordeaux, « Conservation de la pierre-levée de la Basse-Crémouville, près Louviers », Bulletin monumental ou collection de mémoires et de renseignements sur la statistique monumentale de la France, 4e série, tome 1er, 31e volume, éd. Derache, Paris, 1865, p. 631.
  7. [PDF] Raymond Bordeaux, « Translation du menhir de la Basse-Crémonville, près de Louviers », Bulletin monumental ou collection de mémoires et de renseignements sur la statistique monumentale de la France, 4e série, tome II, 32e volume, éd. Derache, Paris, 1866 p. 655.
  8. Louis Béquet, « Le menhir de la Basse-Crémouville », Société d’études diverses de Louviers et de sa région.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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