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Mausolée d'Abakh Khoja

Le mausolée d'Abakh Khoja est un mausolée ouïgour de la région du Xinjiang, situé à quelques kilomètres de Kashgar. Dans ce mausolée sont enterrés les membres de la famille d'Abakh Khoja, soit 72 personnes sur 5 générations.

Mausolée d'Abakh Khoja
Le mausolée d'Abakh Khoja et son jardin fleuri, de plan carré divisé en quatre selon la formule des jardins islamiques. Restauration partielle en 2005. La coupole était entièrement décorée de céramique vernissée.
Présentation
Type
Patrimonialité
Localisation
Localisation
Coordonnées
39° 29′ 27″ N, 76° 01′ 23″ E
Carte

Personnalités

Abakh Khoja est un chef islamique du XVIIe siècle de la région de Kashgar[1]. Fils de Yusup pour qui le mausolée a été construit initialement, il est à la tête de 6 villes de la région du Xinjiang. Sa renommée dépasse son rôle politique et il est considéré comme un prophète. À sa mort, le mausolée de son père est rebaptisé.

Iparhan, la petite-fille d’Abakh Khoja, surnommée Xiang Fei, c'est-à-dire la concubine parfumée, est célèbre pour avoir été la seule concubine ouïgour de l'empereur Qianlong. Elle a gardé sa religion, ses coutumes et costumes toute sa vie malgré sa vie au palais impérial. Avant sa mort, à 55 ans, elle avait manifesté le souhait d'être enterrée à Kashgar, contrairement aux autres concubines enterrées avec l'empereur. Selon la légende, un convoi de 124 personnes a traversé la Chine en trois ans et demi pour rapporter son corps dans le mausolée. Le chariot est toujours visible à l'entrée du bâtiment. Selon des fouilles archéologiques, son vrai tombeau serait au milieu des autres tombeaux royaux des Qing près de Pékin. La vie de cette concubine a fait l'objet de nombreuses légendes et films, sur son parfum supposé magique, sur la jalousie des autres concubines, etc.

Le bâtiment et son contexte

Le mausolée fait actuellement partie d'un ensemble. Le mausolée a été construit au milieu du XVII et plusieurs fois reconstruit après destruction. Une gravure de 1884 le montre très différent de ce qu'il est aujourd'hui. Il a probablement été rentrait sur les bases anciennes. La mosquée du Sud date de la fin du XIXe siècle, comme celle de l'Ouest (1873). la mosquée du Nord-est date de la fin du XVIIe siècle.

Plan d'ensemble : une accumulation progressive

La figure reproduite dans une publication disponible sur Internet (de 1990) s'avère ĂŞtre inexacte[2]. Cette vue qui introduit une rĂ©gularitĂ© d'ensemble entre toutes les parties sur une trame orthogonale est inexacte. Jean-Paul Loubes[3] confronte plusieurs reprĂ©sentations dont celles rĂ©alisĂ©es par des Ă©tudes chinoises et d'autres, et il constate que le plan le plus conforme Ă  la rĂ©alitĂ©, celui rĂ©alisĂ© par Ronald Lewcock[4], montre un angle de 15° entre l'axe du MausolĂ©e et celui de la mosquĂ©e de l'Ouest car « il n'y a pas eu de projet d'ensemble [...] nous avons affaire un groupement d'Ă©difices de divers types et non Ă  un type architectural organisateur de corps de bâtiments comme peut l'ĂŞtre le type [...] La figure du Temple chinois ». Cette torsion de la rĂ©alitĂ©, cette modification d'un relevĂ© d'architecture, pourrait bien apparaĂ®tre comme une opĂ©ration (plus ou moins dĂ©libĂ©rĂ©e) de « sinisation Â» du principal symbole de l'islam et du soufisme dans le Turkestan oriental[5].

Le mausolĂ©e (1600-1640) est composĂ© sur un carrĂ© de 36 mètres de cĂ´tĂ©. et s'Ă©lève sur 20m. Le dĂ´me, qui repose sur des murs de 10m de haut par l'intermĂ©diaire d'un double jeu de trompes en arcs brisĂ©s, mesure 17 m de diamètre. Il est recouvert, Ă  l'extĂ©rieur, de cĂ©ramique Ă  glaçure vert intense, sa base Ă©tant soulignĂ©e par une ligne de cĂ©ramique Ă  glaçure ocre jaune. Ces couleurs de cĂ©ramique sont aussi employĂ©es sur les murs extĂ©rieurs et sur les minarets avec quelques carreaux Ă  glaçure aux trois couleurs, sancai apparemment, couleurs rĂ©servĂ©es au domaine funĂ©raire en Chine dès la dynastie Tang. Les grandes arcatures aveugles en arcs brisĂ©s qui ornent les murs extĂ©rieurs sont serties dans un riche dĂ©cor de cĂ©ramiques bleu et blanc. Ces cĂ©ramiques Ă  motifs vĂ©gĂ©taux, composĂ©s dans un style gĂ©omĂ©trique propre Ă  la culture islamique du Turkestan, en Ă©maux bleus sur engobe blanc, sont utilisĂ©es sur toute la hauteur de ces encadrements et sur un des portails, ouvrant sur le jardin de la mosquĂ©e.

  • MausolĂ©e d'Abakh Khoja, 1600-1640. DĂ©cor enveloppant de cĂ©ramique  vernissĂ©e, sgraffite dans l'iwan. Minarets Ă  profil courbe. Kachgar. 2015
    Mausolée d'Abakh Khoja, 1600-1640. Décor enveloppant de céramique vernissée, sgraffite dans l'iwan. Minarets à profil courbe. Kachgar. 2015
  • Vue du bâtiment en 1996.
    Vue du bâtiment en 1996.
  • Mur latĂ©ral. DĂ©tail de revĂŞtement, cĂ©ramiques vernissĂ©es.
    Mur latéral. Détail de revêtement, céramiques vernissées.
  • Façade : revĂŞtement des murs extĂ©rieurs en carreaux de cĂ©ramiques (faĂŻence) aux Ă©maux bleus sur engobe blanc Ă  dĂ©cor vĂ©gĂ©taux, sur des compositions gĂ©omĂ©triques propres Ă  l'art islamique du Turkestan oriental.
    Façade : revêtement des murs extérieurs en carreaux de céramiques (faïence) aux émaux bleus sur engobe blanc à décor végétaux, sur des compositions géométriques propres à l'art islamique du Turkestan oriental.
  • CĂ©ramique vernissĂ©e Ă  motifs vĂ©gĂ©taux. Évocation du jardin du Paradis ou "Jardin de FĂ©licitĂ©".
    Céramique vernissée à motifs végétaux. Évocation du jardin du Paradis ou "Jardin de Félicité".
  • Vue intĂ©rieure du mausolĂ©e. Les tombeaux.
    Vue intérieure du mausolée. Les tombeaux.

Ce monument est comparable au Gour Emir, Mausolée de Tamerlan (Gur I Amir ou Gur-e Amir) de 1403, à Samarcande. Le plan d'ensemble du complexe, avec son jardin de fleurs composé de quatre carrés en croix et sa mosquée funéraire (l'espace de prière étant séparé du mausolée par un jardin ombragé composé autour d'un bassin, l'espace destiné au prêche étant adossé au mausolée. Ce type de composition est, à peu de chose près, traditionnel à l'architecture islamique et, somme toute, semblable au plan du Taj Mahal (1631-1643).

  • Façade : revĂŞtement de cĂ©ramiques, deux couleurs.
    Façade : revêtement de céramiques, deux couleurs.
  • Iwan  Ă  dĂ©cor de sgraffite (stuc) ou pierre travaillĂ©e en relief et peinture, Ă  motifs floraux stylisĂ©s.
    Iwan à décor de sgraffite (stuc) ou pierre travaillée en relief et peinture, à motifs floraux stylisés.
  • Piliers Ă  muqarnas sur les chapiteaux et plafond Ă  dĂ©cor gĂ©omĂ©trique polychrome de la mosquĂ©e funĂ©raire.
    Piliers à muqarnas sur les chapiteaux et plafond à décor géométrique polychrome de la mosquée funéraire.
  • MosquĂ©e funĂ©raire de la famille Khoja, ou double mosquĂ©e du sud, fin 19e siècle.
    Mosquée funéraire de la famille Khoja, ou double mosquée du sud, fin 19e siècle.
  • Portail d'entrĂ©e. Jardin ombragĂ© entre le mausolĂ©e (Ă  dr.) et la double mosquĂ©e du sud, funĂ©raire (Ă  g.).
    Portail d'entrée. Jardin ombragé entre le mausolée (à dr.) et la double mosquée du sud, funéraire (à g.).
  • Panneau de propagande faisant du mausolĂ©e une « preuve Â» de l'union ancienne entre Xinjiang et Chine, par l'histoire de la concubine parfumĂ©e.
    Panneau de propagande faisant du mausolĂ©e une « preuve Â» de l'union ancienne entre Xinjiang et Chine, par l'histoire de la concubine parfumĂ©e.

Notes et références

  1. guide du routard
  2. Figure inexacte : Figure 10. The Khoja Afaq mausoleum complex as conceptualized in Herdeg, 1990.213, page 52 de Aaron M. Gilkison, Soul of the Mazar : The Khoja Afaq mausoleum (1600s to the present) and Uyghur collective memory (thèse soumise à la faculté de Miamai en 2013)
  3. Loubes, 2015, p. 58-63
  4. Ronald Lewcock, Detailed study of the conservation of four major islamic complexes, Prix Aga Khan d'Architecture. Non daté. consulté auprès de Aga Khan Award of Architecture, Genève.
  5. Loubes, 2015, p. 55 : « La rectification des documents d'architecture dans l'iconographie chinoise Â». Vue aĂ©rienne : sur Google Maps ces diverses orientations sont bien visibles. Les bâtiments seront identifiables après que l'on ait pris connaissance du plan redressĂ©.

Bibliographie et sources Internet

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