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Matrice de conférence

En mathématiques, une matrice de conférence (également appelé C-matrice) est une matrice carré qui a des 0 sur la diagonale et des +1 et -1 en dehors de la diagonale, de telle sorte que la matrice est un multiple de la matrice identité [1].

DĂ©finition

Si une matrice de conférence est d'ordre n, alors . Une définition plus générale demande qu'il y ait un 0 unique dans chaque ligne et colonne mais pas nécessairement sur la diagonale[2] - [3]

Le réseau de conférence trivial à 2 ports.

Les matrices de conférence sont d'abord apparues en rapport avec un problÚme de téléphonie[4]. Ils ont été décrits pour la premiÚre fois par Vitold Belevitch, qui leur a également donné leur nom. Belevitch était intéressé par la construction de réseaux de conférence téléphonique à partir de transformateurs idéalisés et il a découvert que ces réseaux étaient représentés par des matrices de conférence, ce qui leur a valu ce nom[5]. D'autres applications existent en statistique[6] et une autre en géométrie elliptique[7].

Propriétés

Une matrice de conférence est d'ordre pair[8]. Plus précisément, on a le résultat suivant :

ThĂ©orĂšme — S'il existe une matrice de confĂ©rence d'ordre pour un entier , alors est pair ; de plus, si , alors, pour tout nombre premier , la plus haute puissance de divisant est paire[9].

Pour , une normalisation conduit à deux types de matrices de conférence, les unes symétriques, les autres antisymétiques. On normalise une matrice d'abord en réorganisant les lignes pour que tous les zéros soient sur la diagonale, puis on remplace une ligne ou colonne dont la premiÚre entrée est négative par son opposée ; ces opérations ne changent pas la nature d'une matrice de conférence. Ainsi, une matrice de conférence normalisée n'a que des 1 dans sa premiÚre ligne et sa premiÚre colonne, à l'exception d'un 0 dans le coin supérieur gauche, et des 0 sur la diagonale. Soit la matrice aprÚs suppression de la premiÚre ligne et de la premiÚre colonne de ; cette matrice est parfois appelée le noyau de [8]. Alors soit n est un multiple de 4 et est antisymétrique, soit n est congru à 2 modulo 4 et est symétrique.

Matrices de conférence symétriques

DĂ©finition

Si est une matrice de confĂ©rence symĂ©trique d'ordre n>1, alors non seulement n doit ĂȘtre congru Ă  2 (mod 4) mais aussi n − 1 doit ĂȘtre une somme de deux carrĂ©s[10] ; une preuve Ă©lĂ©gante de cette propriĂ©tĂ© au moyen de la thĂ©orie des matrices Ă©lĂ©mentaires est donnĂ©e par van Lint et Seidel[7]. L'entier n est toujours la somme de deux carrĂ©s si n − 1 est un nombre primaire[11].

Étant donnĂ© une matrice de confĂ©rence symĂ©trique, la matrice noyau S peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la matrice d'adjacence de Seidel (en) d'un graphe. Le graphe a n − 1 sommets, correspondant aux lignes et colonnes de S, et deux sommets sont adjacents si l'entrĂ©e correspondante dans S est nĂ©gative. Ce graphe est fortement rĂ©gulier et est appelĂ©, d'aprĂšs sa matrice, un graphe de confĂ©rence.

L'existence de matrices de confĂ©rence d'ordre n avec les restrictions ci-dessus n'est connue que pour certaines valeurs de n . Par exemple, si n = q + 1 oĂč q est un nombre primaire congru Ă  1 (mod 4), alors les graphes de Paley fournissent des exemples de matrices symĂ©triques de confĂ©rence d'ordre n, en prenant pour S la matrice de Seidel du graphe de Paley. Les premiers ordres possibles d'une matrice de confĂ©rence symĂ©trique sont n = 2, 6, 10, 14, 18, (mais pas 22, puisque 21 n'est pas une somme de deux carrĂ©s), 26, 30, (et pas 34 puisque 33 n'est pas un somme de deux carrĂ©s), 38, 42, 46, 50, 54, (pas 58), 62. C'est la suite A000952 de l'OEIS ; pour chacun d'entre eux, on sait qu'il existe une matrice de confĂ©rence symĂ©trique de cet ordre. L'ordre 66 semble ĂȘtre un problĂšme ouvert.

Exemples

Trois exemples ; on Ă©crit « — » pour « -1 » :

La matrice de conférence C d'ordre 6 est essentiellement unique, au sens que les autres matrices de conférence d'ordre 6 sont obtenues à partir de celle-ci en inversant les signes d'une ligne et / ou d'une colonne (et en effectuant des permutations de lignes et / ou de colonnes, selon la définition utilisée).

Matrices de conférence antisymétriques

Des matrices antisymĂ©triques peuvent Ă©galement ĂȘtre produites par la construction de Paley. Soit q un nombre primaire congru Ă  3 (mod 4). Alors il existe un graphe de Paley orientĂ© d'ordre q qui donne une matrice de confĂ©rence antisymĂ©trique d'ordre n = q + 1. La matrice est obtenue en prenant pour S la matrice d'ordre q × q qui a un +1 en position (i, j ) et −1 en position ( j, i ) s'il y a un arc du graphe de i Ă  j, et 0 sur la diagonal. La matrice C construite comme ci-dessus Ă  partir de S, mais avec la premiĂšre ligne entiĂšrement nĂ©gative, est une matrice de confĂ©rence antisymĂ©trique.

Cette construction ne répond que partiellement au problÚme de déterminer les nombres n pour lesquels il existe une matrices de conférence antisymétriques d'ordre n .

Généralisations

Parfois, une matrice de confĂ©rence d'ordre n est simplement dĂ©finie comme une matrice pondĂ©rĂ©e particuliĂšre : on appelle dans ce contexte une matrice de poids w>0 et on note une matrice carrĂ©e de taille n avec des entrĂ©es dans {−1, 0, +1} satisfaisant [3]. En utilisant cette dĂ©finition, l'entier zĂ©ro n'est plus forcĂ©ment sur la diagonale, mais il est facile de voir qu'il doit encore y avoir exactement un zĂ©ro dans chaque ligne et colonne. Par exemple, la matrice

satisfait cette définition moins forte, mais pas la définition plus stricte qui demande que les éléments nuls soient sur la diagonale.

Un design de confĂ©rence est une autre gĂ©nĂ©ralisation des matrices de confĂ©rence, aux matrices non carrĂ©s. Un design de confĂ©rence est une matrice , avec des entrĂ©es dans {-1, 0, +1} satisfaisantes , oĂč est le matrice d'identitĂ©, et avec au plus un zĂ©ro dans chaque ligne. Les design « repliables » des design de confĂ©rence peuvent ĂȘtre utilisĂ©es comme design de projection[12] - [13].

Circuits de conférence téléphonique

Réseau de conférence à 6 ports.
Réseau de conférence à 10 ports.

Belevitch a obtenu des solutions complĂštes pour les matrices de confĂ©rence pour toutes les valeurs de n jusqu'Ă  38 et a fourni des circuits pour certaines des plus petites matrices. Un rĂ©seau de confĂ©rence idĂ©al est un rĂ©seau dans lequel la perte de signal est entiĂšrement due au fait que le signal est divisĂ© entre plusieurs ports d'abonnĂ©s Ă  la confĂ©rence. Autrement dit, il n'y a pas de pertes par dissipation dans le rĂ©seau. Le rĂ©seau contient uniquement des transformateurs idĂ©aux et aucune rĂ©sistance. Un rĂ©seau de confĂ©rence idĂ©al Ă  n ports existe si et seulement s'il existe une matrice de confĂ©rence d'ordre n . Par exemple, un rĂ©seau de confĂ©rence Ă  3 ports peut ĂȘtre construit avec le circuit de transformateur hybride bien connu utilisĂ© pour la conversion de 2 fils en 4 fils dans les combinĂ©s tĂ©lĂ©phoniques et les rĂ©pĂ©teurs de ligne. Cependant, il n'y a pas de matrice de confĂ©rence d'ordre 3 et ce circuit ne produit pas un rĂ©seau de confĂ©rence idĂ©al. Une rĂ©sistance est nĂ©cessaire pour l'adaptation qui dissipe le signal, sinon le signal est perdu en raison d'une discordance[14].

Comme mentionnĂ© ci-dessus, une condition nĂ©cessaire pour qu'une matrice de confĂ©rence existe est que n − 1 est la somme de deux carrĂ©s. Lorsqu'il y a plus d'une expression comme de deux carrĂ© pour n − 1, il existe plusieurs solutions essentiellement diffĂ©rentes pour le rĂ©seau de confĂ©rence correspondant. Cette situation se produit pour n Ă©gal Ă  26 ou 66. Les rĂ©seaux sont particuliĂšrement simples lorsque n − 1 est un carrĂ© parfait ( n = 2, 10, 26,
)[15].

Notes

  1. est la matrice transposée de
  2. Greig Malcolm, « On the coexistence of conference matrices and near resolvable 2-(2k+1,k,k-1) designs », Journal of Combinatorial Theory, Series A, vol. 113, no 4,‎ , p. 703–711 (DOI 10.1016/j.jcta.2005.05.005)
  3. Gropp Harald, « More on orbital matrices », Electronic Notes in Discrete Mathematics, vol. 17,‎ , p. 179–183 (DOI 10.1016/j.endm.2004.03.036)
  4. Belevitch, p. 231-244.
  5. Colbourn and Dinitz, (2007), p. 19, van Lint and Wilson, (2001), p. 98, Stinson, (2004), p. 200.
  6. D. Raghavarao, « Some optimum weighing designs », Annals of Mathematical Statistics, vol. 30, no 2,‎ , p. 295–303 (DOI 10.1214/aoms/1177706253, MR 0104322)AccĂšs libre.
  7. J. H. van Lint et J. J. Seidel, « Equilateral point sets in elliptic geometry », Indagationes Mathematicae, vol. 28,‎ , p. 335–348.
  8. Ionin Kharachani, p. 306-309.
  9. Ionin Kharachani, Theorem 6.3.
  10. Belevitch, p. 240
  11. Stinson, p. 78.
  12. Xiao et al. (2012)
  13. Schoen et al. (2018).
  14. Belevitch, p. 240-242.
  15. Belevitch, p. 242.

Références

  • Vitold Belevitch, « Theory of 2n-terminal networks with applications to conference telephony », Electrical Communication, vol. 27,‎ , p. 231–244
  • J. M. Goethals et J. J. Seidel, « Orthogonal matrices with zero diagonal », Canadian Journal of Mathematics, vol. 19,‎ , p. 1001–1010 (DOI 10.4153/cjm-1967-091-8)
  • Lili Xiao, Dennis K. J. Lin et Fengshan Bai, « Constructing Definitive Screening Designs Using Conference Matrices », Journal of Quality Technology, vol. 44, no 1,‎ , p. 2–8 (DOI 10.1080/00224065.2012.11917877)
  • D. G. Corneil et R. Mathon (Ă©diteurs), Geometry and Combinatorics: Selected Works of J. J Seidel, Boston, Academic Press, .
  • Yuri J. Ionin et Hadi Kharachani, « Balanced Generalized Weighing Matrices and Conference Matrices », dans Handbook of Combinatorial Designs, , p. 306-309
  • Charles Colbourn et Jeffrey H. Dinitz, Handbook of Combinatorial Designs, Boca Raton, Chapman and Hall / CRC Press, (ISBN 1-58488-506-8).
  • van Lint, Jacobus Hendricus; Wilson, Richard Michael (2001) A Course in Combinatorics, Cambridge: Cambridge University Press, (ISBN 0-521-00601-5).
  • Stinson, Douglas Robert (2004) Combinatorial Designs: Constructions and Analysis, New York: Springer, (ISBN 0-387-95487-2) .
  • Eric D. Schoen, Pieter T. Eendebak, Peter Goos, « A Classification Criterion for Definitive Screening Designs », Annals of Statistics,‎ .

Bibliographie complémentaire

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