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Mathias Loras

Pierre-Jean-Mathias Loras, dit Mathias Loras né à Lyon le et mort à Dubuque (Iowa) le , est un évêque missionnaire et l'un des fondateurs de l'Église catholique aux États-Unis.

Mathias Loras
Fonctions
Évêque catholique
Ă  partir du
Évêque diocésain
Archidiocèse de Dubuque
Ă  partir du
Clement Smyth (en)
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  65 ans)
Dubuque
SĂ©pulture
St. Raphael's Cathedral Crypt (d)
Nationalité
Activité
Autres informations
Consécrateurs
signature de Mathias Loras
Signature
Vue de la sépulture.

Biographie

Timbre de l'Ă©vĂŞque de Dubuque.

Il est l'avant-dernier sur les onze enfants d'une famille d'une grande ferveur chrétienne. Son père qui avait fait partie du conseil municipal pendant le siège de la ville de Lyon, et un de ses oncles, tous deux jugés coupables de résistance au « schisme révolutionnaire», montèrent à l'échafaud (le premier le ) et deux de ses tantes furent également exécutées pour avoir caché des prêtres réfractaires. Cette famille de dix enfants (un onzième est mort en bas âge) se retrouva donc ruinée et la mère dut seule faire face aux difficultés de la vie et donner à sa progéniture la meilleure éducation possible. Par vocation, Mathias entre à 18 ans au séminaire Saint-Irénée de Lyon, où il aura comme camarade et ami Jean-Marie Vianney, futur saint curé d'Ars. Ordonné prêtre le , il est nommé, deux ans plus tard, directeur du petit séminaire de Meximieux. Il y aura pour élève Pierre Chanel, futur missionnaire qui sera le premier martyr chrétien de l'Océanie (île de Futuna).

L'ancienne cathédrale Saint-Raphaël de Dubuque, lieu de culte entre 1833 et 1861. Le bâtiment au fond, à gauche, était la résidence épiscopale, et demeure la construction primitive de l'actuel Collège Loras.

Son destin fut ensuite lié au Nouveau-Monde lorsqu'il accompagna, en qualité de vicaire général, Mgr Michel Portier qui venait d'être investi de la charge du nouveau siège épiscopal de Mobile (Alabama). Il quitta la France le . Il se distingua d'abord par un intense apostolat de sept ans dans les Florides[1]. Au concile provincial de Baltimore, tenu le , il fut décidé la création d'un nouveau diocèse dans l'Iowa, à Dubuque, et l'élévation de Mathias Loras à ce nouveau siège épiscopal. Ce projet fut soumis à l'agrément de Rome et sa nomination décrétée le . Le de la même année, Loras est consacré évêque en la cathédrale de Mobile par son supérieur Mgr Portier et Mgr Blanc de La Nouvelle-Orléans.

Le Collège Loras, aujourd'hui.

Mathias Loras entre en fonction fin 1839, après une tournée européenne qui lui permit de ramener six recrues de France, dont le père Joseph Crétin, et des subsides. Son immense diocèse de l'Iowa a un climat très rude. La tâche est ardue car les moyens de transport sont limités et les populations sont dispersées : de petits noyaux d'Européens catholiques et de jeunes convertis dont il faut satisfaire les besoins spirituels et de nombreuses tribus amérindiennes réceptives à l'évangélisation et à l'instruction.

Alors qu'on ne comptait guère Ă  son arrivĂ©e que trois chapelles et un prĂŞtre, il pourra se prĂ©valoir en 21 ans d'apostolat d'une soixantaine d'Ă©glises, de 47 chapelles, de 9 communautĂ©s religieuses qui ouvriront des Ă©coles, principalement avec l'aide des sĹ“urs de la CharitĂ©, et des Frères de la Doctrine ChrĂ©tienne; enfin, de 7 pensionnats et de 48 ordinations, pour une population de quelque 54 000 fidèles. Après beaucoup d'efforts, une première Ă©cole pour jeunes filles put ouvrir en 1843. Son charisme y contribua largement et son action s'Ă©tait Ă©tendue en rĂ©alitĂ© aux deux États voisins: le Wisconsin et le Minnesota[2].

Durant son Ă©piscopat, il aura participĂ© Ă  plusieurs conciles de Baltimore, dont le septième de 1849, oĂą il souscrivit au dĂ©cret des pères conciliaires qui soumettaient au Souverain Pontife leur dĂ©sir de voir dĂ©finir comme doctrine de l'Église catholique la conception immaculĂ©e de la Vierge Marie[3]. C'est ClĂ©ment Smyth, prĂŞtre amĂ©ricain, qu'il dĂ©signa auprès du Saint-Siège pour ĂŞtre son coadjuteur et plus tard lui succĂ©der. Il mourut subitement Ă  65 ans. Sa devise Ă©tait : « In carnem transit panis, et vinum in sanguinem ». Le collège que cet Ă©vĂŞque avait fondĂ© sur la colline de Dubuque en 1848 existe toujours et fait partie aujourd'hui d'un campus qui porte son nom : Loras College. Il est inhumĂ© Ă  la crypte de la cathĂ©drale Saint-RaphaĂ«l de Dubuque.

Des recherches d'Ă©tudiants ont montrĂ© qu'il avait acquis en Alabama, pour 800 dollars, une esclave nommĂ©e Marie-Louise. L'Iowa Ă©tant un État abolitionniste, il n'y emmène pas son esclave, mais ne l'affranchĂ®t pas non plus, choisissant de la louer. Devant l'indocilitĂ© de l'esclave, Loras se rĂ©sout Ă  la vendre pour 500 dollars. Après ces rĂ©vĂ©lations, les responsables du Loras College dĂ©cident en mars 2020 de dĂ©boulonner la statue puis de la remiser dans un sous-sol et dĂ©cident de crĂ©er deux bourses universitaires, l'une du nom de Marie-Louise et l'autre Norman Dukette, premier diplĂ´mĂ© noir de l'universitĂ©, mais le nom de l'Ă©tablissement reste inchangĂ©[4].

Notes

  1. On appelait « Florides » les territoires qui bordaient à l'est le golfe du Mexique.
  2. Yannick Essertel, L'Aventure missionnaire lyonnaise, 2001.
  3. c'est-à-dire : Marie exempte de la tache du péché originel. Thomas Gousset : La Croyance de l'Église en l'Immaculée Conception, 1855
  4. Raphaëlle Rérolle, « Quand les Etats-Unis s’interrogent sur deux figures de leur passé français », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Sources et bibliographie

  • (en) Annals of Iowa, 1912.
  • (en) Benjamin F. Gue : History of Iowa from earliest times to the beginning of twentieth century, 1903.
  • J. ThĂ©loz : Vie de l'abbĂ© Ruivet, 1899. (ancien directeur du petit sĂ©minaire de Meximieux)
  • Journal historique et littĂ©raire, T. XIII, mars-. (concile de Baltimore)
  • (en) Charles G. Herbermann : The catholic encyclopedia, 1913. (p. 180)
  • (en) Louis de Cailly : Memoirs of bishop Loras, 1897

Liens internes

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