Marseille de la Préhistoire à sa fondation
La première trace d'occupation de Marseille à la Préhistoire remonte à au moins 19 000 av. J.-C. Cependant, la grotte Cosquer étant aujourd'hui immergée par la mer, on peut dater la première présence d'hommes sur l'actuel site habitable de Marseille au Mésolithique.
Marseille à la Préhistoire
Paléolithique (100 000 av. J.-C. - 10 000 av. J.-C.)
L'espace côtier de Marseille est occupé dès le Paléolithique supérieur par les hommes, ainsi qu'en témoigne la découverte en 1991 de la grotte Cosquer, dans l'une des Calanques de Marseille, à environ six kilomètres au sud de l'actuel site de la ville. L'occupation de ce qui pourrait être, selon Jean Clottes, un « sanctuaire » a eu lieu à deux périodes : vers −27 000 et de −19 000 à −17 000, comme l'atteste la datation des peintures pariétales[1].
Elle a été découverte par le plongeur Henri Cosquer en 1991 et son entrée se trouve aujourd'hui 37 m sous le niveau de la mer.
Mésolithique (10 000 av. J.-C.- 6 000 av. J.-C.)
C'est vers 10 000 av. J.-C. que se termine la dernière période glaciaire. Le gibier migrant vers les régions plus froides, les chasseurs-cueilleurs du pourtour méditerranéen laissent place à des groupes de pêcheurs qui se sédentarisent[2].
La trace la plus ancienne de présence humaine sur l'actuel site habitable de la ville de Marseille remonte au Mésolithique. Seule une fouille atteste d'une occupation à cette période : la découverte d'aménagements relatifs à un habitat situé au niveau des numéros 53 à 63 de l'actuelle rue Bernard-du-Bois, près de la gare Saint-Charles[3] - [4] - [5]. On a trouvé dans cet îlot Bernard-du-Bois des silex taillés et un nombre important de coquillages marins[6] - [7].
Néolithique (6 000 av. J.-C. - 3 000 av. J.-C.)
À partir de 6 000 ans av. J.-C., l'homme devient agriculteur et éleveur. La poterie se répand également en Europe Occidentale. On entre alors dans l'ère du Néolithique[2].
Le site de la rue Bernard-Dubois continue d’être occupé au Néolithique ancien. Les archéologues ont pu y identifier des sols aménagés, cuvettes et fosses et on retrouve encore une fois des preuves de consommation des mollusques marins (coques, bigorneaux)[7].
En 2007, les archéologues ont dégagé ce qui pourrait être des murs en terre crue, des trous de poteaux, ainsi que des outils en silex et des objets en coquillages. Sur la colline Saint-Charles, les groupes néolithiques ont construit leurs habitations en briques crues ou en pains de terre modelée. La découverte d'une telle architecture de terre constitue un élément capital pour l'histoire de l'architecture de l'Ouest méditerranéen et une première en France[8]. Ces méthodes de construction pourraient confirmer les thèses de Jean_Guilaine sur la diffusion de la culture néolithique par des populations migrant depuis le Proche-Orient à travers la Méditerranée[9]. Les coquillages marins semblent ici représenter une ressource alimentaire quasi-exclusive. L’occupation semble se poursuivre jusqu’à la fin du IIIe millénaire av. J.-C., mais de manière plus anecdotique[7].
D'autres vestiges datant du néolithique (période d'agriculture et élevage) ont été retrouvées par Max Escalon de Fonton dans les grottes de L'Estaque durant les années 1940 : une céramique décorée (datée de −6 000) ainsi que la sépulture d'un adolescent en position repliée[10]. À proximité, dans la grotte Crispine du quartier Les Riaux furent retrouvés un foyer, des poteries néolithiques en terre noire, des petits grattoirs et de nombreux coprolithes de canidés (excréments fossiles)[11].
L'Antiquité avant l'arrivée des Phocéens (3000 av. J.-C. - 600 av. J.-C.)
On découvert sur les actuelles places Jules-Verne et Villeneuve-Bargemon des traces d'un établissement à l'Âge du Bronze. Un amas coquillier, essentiellement composé d’huîtres, a été découvert et date de -1400 à -1060[7].
Voir aussi
Références
- J. Clottes, J. Courtin, H. Valladas, H. Cachier, N. Mercier et M. Arnold, « La Grotte Cosquer datée », Bulletin de la Société Préhistorique Française, vol. 89, no 8, , p. 230-234
- Luc Poussel, Malheur aux vaincus : Marseille ennemie de l'Europe 600 à 49 avant J.-C., Editions Cheminements, , 367 p. (ISBN 978-2-84478-302-8, lire en ligne)
- Ingrid Sénépart, Éric Bertomeu et Colette Castrucci, « Marseille – Boulevard Charles Nédélec, rue Bernard-du-Bois », AdlFI (Archéologie de la France - Informations), (lire en ligne, consulté le ).
- Ingrid Sénépart, « Sources archéologiques et historiques de 8000 av. J.-C. à 1666 ap. J.-C. », dans Aux portes de la Ville : La manufacture royale des Poudres et Salpêtre de Marseille et le quartier Bernard-du-Bois. Genèse d’un quartier artisanal, Publications du Centre Camille Jullian, (DOI 10.4000/books.pccj.14667, lire en ligne).
- « 53-63, rue Bernard-du-Bois », sur Institut national de recherches archéologiques préventives (consulté le ).
- Ingrid Sénépart, « Introduction. La manufacture royale des Poudres et Salpêtre de Marseille et le quartier Bernard-du-Bois. Genèse d’un quartier artisanal (1680-1830) », dans Aux portes de la Ville : La manufacture royale des Poudres et Salpêtre de Marseille et le quartier Bernard-du-Bois. Genèse d’un quartier artisanal, Publications du Centre Camille Jullian, (DOI 10.4000/books.pccj.14547, lire en ligne).
- « Archéologie : la Préhistoire à Marseille », sur Institut national de recherches archéologiques préventives (consulté le )
- INRAP, « Marseille avant Massalia, la première architecture de terre néolithique en France », INRAP, (consulté le ) (communiqué officiel de l'INRAP)
- Jean Guilaine, La Mer partagée : La Méditerranée avant l'écriture 7000-2000 avant Jésus-Christ, Hachette, coll. « Pluriel histoire », , 910 p. (ISBN 978-2-01-279248-7)
- Max Escalon de Fonton, « Les Grottes de Riaux, massif de la Nerthe-Marseille », Bulletin du Musée d'histoire naturelle de Marseille, vol. IX, no 1, , p. 21-62
- Henri Carvin, Entre mer et colline, un avenir se dessine. L'histoire du nord de Marseille, Villa Aurenty, Parc François Billoux 246 rue de Lyon 13015, Direction de l'animation et de la culture Villa Aurenty, mairie 15 et 16, (ISBN 2-9508099-1-X), p. 51-53