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Mars One

Mars One Ă©tait un projet visant Ă  installer une colonie humaine sur la planète Mars et l'occuper dès 2032. Le projet avait Ă©tĂ© lancĂ© par l'ingĂ©nieur nĂ©erlandais Bas Lansdorp (en 2011[1]), le credo des fondateurs du projet Ă©tait qu'une mission spatiale habitĂ©e vers Mars, projet envisagĂ© par la NASA, serait rĂ©alisable dès aujourd'hui Ă  des coĂ»ts relativement modĂ©rĂ©s (6 milliards de dollars amĂ©ricains pour la première phase[2]) en utilisant des techniques existantes et des composants dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ©s notamment par la sociĂ©tĂ© SpaceX. Une particularitĂ© du projet est qu'il avait prĂ©vu de se financer grâce Ă  une exploitation mĂ©diatique de l'expĂ©dition, sur le modèle de la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©.

Mars One
Données de la mission
Objectif Installer une colonie humaine sur Mars et l'occuper dès 2032. Début du projet : 2011[1]
Fondateurs Bas Lansdorp, Arno Wielders
Contributeurs Norbert Kraft, Bryan Versteeg, KC Frank, Tom Van Braeckel
CoĂ»t estimĂ© pour la première phase 6 milliards de dollars (5,29 milliards d'euros)
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Les responsables du projet n'ont pas fourni de dĂ©tails crĂ©dibles sur la manière dont seraient rĂ©solues les contraintes techniques et financières qui ont jusqu'ici empĂŞchĂ© la rĂ©alisation d'un projet de ce type. La sociĂ©tĂ© suisse qui avait rachetĂ© le projet Ă  ses concepteurs, Mars One Venture AG, a Ă©tĂ© mise en redressement le , puis en liquidation le [3], avec un passif de 1,1 million de francs suisses.

Candidats

Selon la sociĂ©tĂ© Mars One Venture, près de 200 000 candidats de plus de 140 pays avaient postulĂ© et versĂ© des droits d'inscription pour devenir les premiers colons martiens entre et , mais aucune source extĂ©rieure n'a confirmĂ© ce nombre. Cent candidats ont Ă©tĂ© prĂ©sĂ©lectionnĂ©s[4] et ils devaient passer des Ă©preuves pour une troisième phase de sĂ©lection fin 2016. L'entraĂ®nement aurait dĂ» commencer en 2017[5].

Toutefois, après son rachat par des financiers suisses, en , la sociĂ©tĂ© a annoncĂ© que la sĂ©lection de 12 Ă  24 candidats[6] Ă©tait repoussĂ©e Ă  2019[7], sans plus de prĂ©cision : c'est en effet Ă  partir de cette Ă©tape que le projet devait engager des dĂ©penses plus importantes, en salariant les candidats et en diffusant un programme permanent de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©[8].

Financement

Après un lancement en fanfare, puis des difficultés croissantes, en raison notamment de son incapacité à fournir des réponses crédibles aux critiques virulentes du monde scientifique, l'entreprise a tenté jusqu'à sa faillite de réunir des parrains et investisseurs, en imaginant de transformer « l'aventure » en émission de télé-réalité.

Les parrains du projet comptaient le créateur de la première émission à succès de télé-réalité, Big Brother, ainsi que Gerard 't Hooft, prix Nobel 1999 dans le domaine de la physique des particules.

Mars One a également lancé une campagne de financement participatif (crowdfunding) pour réunir des fonds qui auraient servi à une étude de faisabilité réalisée par Lockheed Martin[9].

Problématiques

Le projet de Mars One a reçu un écho médiatique important mais manquait de crédibilité pour de nombreuses raisons.

Techniques

Mars One indiquait s'appuyer sur des technologies existantes ; cependant :

  • du fait du caractère très tĂ©nu de l'atmosphère martienne, il n'existe pas de technique opĂ©rationnelle permettant de faire atterrir un vaisseau de plus d'une tonne sur Mars. Or le poids Ă  vide d'une capsule SpaceX Dragon est de 4,2 tonnes. Des technologies permettant de s'affranchir de cette contrainte sont Ă  l'Ă©tude comme le bouclier thermique gonflable, qui permet d’accroĂ®tre le freinage durant la rentrĂ©e atmosphĂ©rique en augmentant la surface du bouclier, ou la propulsion Ă  vitesse supersonique (moteur-fusĂ©e), qui permet de dĂ©marrer les rĂ©trofusĂ©es Ă  haute altitude. Mais ces technologies n'ont fait l'objet, au mieux, que de tests Ă  Ă©chelle rĂ©duite (bouclier gonflable) dans des conditions ne reproduisant pas les conditions martiennes. Leur arrivĂ©e Ă  maturitĂ© nĂ©cessite des investissements et des moyens financiers importants et beaucoup de temps (sans doute pas moins d'une dĂ©cennie) pour garantir leur fonctionnement avec une probabilitĂ© de succès compatible avec l'emport d'Ă©quipage[10] ;
  • avec les mĂ©thodes les plus sophistiquĂ©es existantes (grue volante de Mars Science Laboratory), les vaisseaux qui atterrissent sont dispersĂ©s dans un rayon de plusieurs kilomètres et peuvent se poser sur des sites ne permettant pas leur dĂ©placement ultĂ©rieur[10] ;
  • les systèmes de production de carburant et d'oxygène in situ (ISRU) n'en sont qu'au stade expĂ©rimental. Au milieu des annĂ©es 2000 dans le cadre du programme Constellation de la NASA, un Ă©chĂ©ancier des travaux de recherche Ă  mener et des tests Ă  rĂ©aliser avait fixĂ© Ă  2019 l'utilisation sur la Lune de tels systèmes et une dĂ©cennie plus tard pour sa mise en Ĺ“uvre sur Mars. Peu d'avancĂ©es ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es depuis[11] ;
  • les systèmes de production de nourriture in situ n'en sont qu'au stade expĂ©rimental sur Terre et demandent des installations de très grande dimension. Une tentative relativement rĂ©aliste comme Biosphère II, qui imposerait des coĂ»ts gigantesques s'il fallait la transposer sur Mars (masse Ă©norme), a Ă©tĂ© un Ă©chec total. Au 65e Congrès international d'astronautique Ă  Toronto, cinq Ă©tudiants du MIT ayant très sĂ©rieusement Ă©tudiĂ© toutes les donnĂ©es du projet Mars One, rendent un rapport selon lequel les astronautes mourront environ 68 jours après leur atterrissage sur Mars[12]. Le projet prĂ©voit la culture de nombreuses plantes pour s'alimenter, ce qui crĂ©erait une grosse quantitĂ© d'oxygène en milieu fermĂ©, très toxique pour les astronautes. Bas Lansdorp, le responsable du projet, a rĂ©torquĂ© qu'il mettrait au point un système de ventilation permettant d'Ă©vacuer l'oxygène vers l'extĂ©rieur et d'Ă©viter ainsi la mort des astronautes, tout en reconnaissant lui-mĂŞme qu'un tel système n'existe pas Ă  ce jour.

Humaines

L'expérience acquise par les astronautes dans les stations spatiales a démontré que la santé mentale et physique d'équipages pourtant triés sur le volet est affectée par les séjours de longue durée dans l'espace :

  • les sĂ©jours dans une capsule de la taille de la capsule Dragon n'ont jamais excĂ©dĂ© une dizaine de jours. Les sĂ©jours de longue durĂ©e dans des stations spatiales (Station spatiale internationale, Mir) d'Ă©quipages sĂ©lectionnĂ©s notamment pour leur aptitude Ă  rester rationnel dans un monde clos, isolĂ© et stressant ont permis de constater que tous sont affectĂ©s au bout de quelques mois par la situation. Plusieurs missions ont Ă©tĂ© interrompues ou certains Ă©quipages ont connu des situations très Ă©prouvantes sur le plan psychologique malgrĂ© l'existence de liaisons en temps rĂ©el avec des Ă©quipes de soutien psychologique et mĂ©dical au sol. MĂŞme les sujets les plus solides se replient sur eux-mĂŞmes au bout de quelques mois ce qui affecte la capacitĂ© opĂ©rationnelle de l'Ă©quipage. Les futurs spationautes de Mars One vont affronter des situations psychologiques beaucoup plus Ă©prouvantes. Les Ă©quipages des stations spatiales disposent en effet d'un espace habitable nettement plus important que ce qui est envisagĂ© pour les Ă©quipages de Mars One. Les communications en temps rĂ©el depuis Mars sont impossibles (un vĂ©ritable dialogue est impossible avec un dĂ©lai de communication de plusieurs dizaines de minutes). Les Ă©quipages des stations spatiales peuvent revenir dans un dĂ©lai de quelques jours sur Terre alors que le dĂ©lai atteint plusieurs annĂ©es depuis Mars et que le retour n'est pas prĂ©vu du tout dans le cadre du projet Mars One. Le stress liĂ© au risque est sans commune mesure avec celui des Ă©quipages tournant en orbite basse ;
  • le trajet vers Mars durera 7 mois. Grâce Ă  l'expĂ©rience des sĂ©jours de longue durĂ©e des Ă©quipages de la station spatiale internationale, nous savons que les astronautes qui retrouvent la gravitĂ© après un tel dĂ©lai sont fortement handicapĂ©s sur le plan physique durant plusieurs semaines ;
  • en se fondant sur les mesures effectuĂ©es durant le trajet de la sonde spatiale Mars Science Laboratory entre la Terre et Mars, une Ă©tude NASA/SwRI estime le niveau de radiations reçues durant un tel trajet Ă  1,8 milliSievert/jour[13] - [14] soit 378 milliSieverts pour un trajet de 7 mois (dans l'industrie nuclĂ©aire la dose maximale est fixĂ©e Ă  20 milliSieverts/an aux États-Unis et Ă  12 mSv en Europe). Le projet de nanosatellite « Mars Flyby Cubesat » dirigĂ© par l'ESEP et l'universitĂ© nationale Cheng Kung de TaĂŻwan a pour mission de relever la quantitĂ© de radiation sur la gamme 50 MeV - 500 MeV afin de vĂ©rifier la faisabilitĂ© de vols habitĂ©s vers Mars[15]. Le projet est actuellement en phase B ;
  • les consĂ©quences Ă  long terme sur l'organisme d'une gravitĂ© de 0,38 g ne peuvent qu'ĂŞtre extrapolĂ©es Ă  partir des donnĂ©es des astronautes de l'ISS.

Notes et références

  1. (en) Roadmap, feuille de route de la mission, sur le site de Mars One.
  2. (en) How much does the mission cost?, sur mars-one.com.
  3. (en) « Mars One Ventures AG in administration » [archive], sur mars-one.com, (consulté le ).
  4. « Mars One : plus que cent candidats pour un voyage sans retour », sur www.europe1.fr (consulté le ).
  5. (en) « Roadmap - Mission - Mars One », sur Mars One (consulté le ).
  6. (en) « Choosing the Mars Four - Blog », sur Mars One Community Platform (consulté le ).
  7. (en) Admire Moyo, « How tech will support life on Mars », sur ITWeb, (consulté le ).
  8. (en) « Mars One presents an updated mission roadmap - Press Releases - News », sur Mars One (consulté le ).
  9. (en) « Mars One - First Private Mars Mission in 2018 », sur Indiegogo (consulté le ).
  10. (en) R. Braun et R Manning, Mars Exploration Entry, Descent and Landing Challenges, (lire en ligne)
    Description technique du problème soulevĂ© par l'atterrissage sur Mars (EDL) et des solutions par 2 spĂ©cialistes.
    .
  11. (en) Gerald B. Sanders et al., « In situ Ressource Utilization Capability Road Map : Executive Summary » [PDF], NASA, .
  12. « Les premiers astronautes sur Mars pourraient mourir au bout de 68 jours », .
  13. (en) « Researchers calculate radiation exposure associated with journey to Mars », sur phys.org (consulté le ).
  14. (en) « Measurements of Energetic Particle Radiation in Transit to Mars on the Mars Science Laboratory », par C. Zeitlin et al., Science, 2013.
  15. (en) « CubeSat on an Earth-Mars Free-Return Trajectory to study radiation hazards in the future manned mission » [PDF], EPSC, .

Bibliographie

  • (en) Sydney Do et al., « An independent assessment of the technical feasiblity of the Mars One mission plan », 65th International Astronautical Congress, Toronto, Canada,‎ , p. 35 (lire en ligne)
    Étude d'un système de support de vie pour une mission prolongée sur Mars en s'appuyant sur le scénario de Mars One.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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