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Maricoles

Sœurs maricoles est le nom porté par plusieurs instituts religieux flamands, indépendants les uns des autres, mais dont la plupart sont agrégés à l'ordre des carmes déchaux. Leur dénomination fait référence à une congrégation féminine apostolique, d'inspiration carmélitaine, initiée à Termonde (Belgique) dans la seconde moitié du XVIIe siècle, laquelle congrégation a laissé son nom au fameux quartier des Marolles de Bruxelles.

SĹ“urs maricoles
Ordre de droit diocésain
Approbation diocésaine 1664
Institut institut religieux
Type Tiers-ordre apostolique
Spiritualité Carmélitaine
But soigner les malades, enseignement
Structure et histoire
Fondation XVIIe siècle
Termonde (Belgique)
Fondateur Hermann de Saint-Norbert
Rattaché à Ordre des Carmes déchaux
Site web http://www.maricolen.be/
Liste des ordres religieux
Religieuse de Maricolle

Contexte

La fondation des maricoles s'inscrit dans le mouvement des Filles de Dieu, caractéristique des Pays-Bas méridionaux aux XVIe et XVIIe siècles. Il s'agit de communautés féminines qui souhaitaient instaurer un lien entre consécration religieuse et apostolat dans la société, ce que ne permettait pas la vie claustrale. Le milieu social d'où proviennent ces nouvelles religieuses est moins élevé que celui des moniales : elles sont filles de paysans ou d'artisans. Pour subvenir à leurs besoins, elles vont exercer un métier manuel, soigner les malades ou se consacrer à l'enseignement[1]. Bénéficiant d'une structure canonique moins lourde, leurs communautés comptent, la plupart du temps, peu de membres. Fondamentalement, ces groupes partagent les idéaux qui ont motivé Vincent de Paul, à la même époque, dans la création des Filles de la Charité[2].

Histoire

Aux origines

Les maricoles sont nées en 1633, de la rencontre, à Termonde, entre un carme déchaux, Hermann de Saint-Norbert, et un groupe de six jeunes filles, parmi lesquelles une béguine, Anna Puttemans. Le carme était venu prêcher à l'hospice établi dans cette ville pour les confesseurs des carmélites déchaussées, aux fêtes de saint Joseph (), des saints Pierre et Paul (), et de la Visitation (à l'époque, ). Son exposition sur l'oraison mentale selon la méthode de Thérèse d'Avila, impressionne particulièrement Anna et ses pieuses compagnes. Celles-ci se déterminent à mener une vie communautaire dans la piété et la pauvreté, mais sans prononcer de vœux religieux. Hermann leur recommande alors de se rendre à Bergues-Saint-Winoc, pour y consulter le prieur des dominicains, Charles Claeys. Ce dernier ayant donné son approbation, Anna quitte la béguinage et rejoint ses compagnes, le , après avoir distribué, comme elles, ses biens aux pauvres. Retirées dans un petit logement à Termonde, elles suivent désormais la règle du Carmel thérésien, et travaillent de leurs mains pour subvenir à leurs besoins[3].

Premières approbations

Insolite à une époque où les religieuses vivent cloîtrées, ce type de consécration attire rapidement le blâme, voire la dérision. C'est pourquoi celles-ci s'empressent d'appliquer le conseil d'Hermann, rappelé le au couvent des déchaux d'Anvers. Elles prennent donc pour guide l'archiprêtre Hilduard Daens, curé-doyen de Saint-Gilles, et envoient une requête à l'évêque de Gand, Charles Van den Bosch, en vue d'une approbation[4]. La requête demeurant sans réponse, Anna se rend en personne dans la ville épiscopale, est reçue en audience, le , et obtient l'approbation de son institut, ainsi que la promesse d'une protection spéciale de l'évêque. À la suite de quoi, à partir de la Pentecôte 1664, les nouvelles religieuses s'établiront dans la maison du doyen Daens, et porteront un habit distinctif, avant d'essaimer dans d'autres villes des Pays-Bas méridionaux, avec l'approbation des évêques respectifs. elles s'implantent ainsi à Bruges en 1667, à Gand et Anvers en 1671, à Louvain en 1675 et à Malines en 1677. À Bruxelles, leur présence, rue de Montserrat, finit par donner son nom à tout le quartier : les Marolles[5].

Un nom et ses formes

Marolle est un surnom facétieux ou une déformation populaire de maricole (parfois écrit maricolle), qui provient de la contraction de Mariam colentes, c'est-à-dire celles qui honorent Marie, ou encore servantes de Marie. Or, cette étymologie coïncide avec celle de Maroilles, nom donné à l'abbaye de Landrecies (dont le fromage traditionnel est resté fameux). À ce sujet, Hermann de Saint-Norbert avait adressé une lettre à l'abbé du lieu, Pierre Tacquenier, lequel a répondu de manière bienveillante, le , en remerciant la nouvelle congrégation de faire revivre la mémoire de saint Humbert, fondateur de son monastère, qui passait pour voir prêché à Anvers au VIIe siècle; il la chargeait également de prier pour son propre institut, malmené par la rivalité entre Français et Espagnols dans cette région frontalière[6].

Spiritualité

Outre la dévotion mariale, omniprésente dans les Flandres de la Contre-Réforme, les maricoles entretenaient une spiritualité carmélitaine. Leur institut a été reconnu par le définitoire général des carmes déchaux, le . Ce sont en quelque sorte des carmélites apostoliques, Hermann de Saint-Norbert s'étant inspiré de sainte Thérèse pour composer leur règle de vie, publiée à Bruxelles, en 1678, sous le titre suivant : Humilis et libera familia Maricolarum, vulgo Marollarum, sive tractatus explicans intium et finem sive scopum institutionis praedictae familiae. Leur père spirituel a également rédigé une histoire de la congrégation, éditée à Cologne en 1681 et intitulée De institutione et origine Maricolarum, vulgo Marollarum[7].

Postérité

Actuellement, les maricoles forment, essentiellement en Flandre, un ensemble de congrégations locales, indépendantes les unes des autres, dont les suivantes ont en commun leur rattachement au Carmel thérésien :

  • SĹ“urs maricoles de Bruges : fondĂ©e en 1667, dĂ©tachĂ©e puis Ă  nouveau agrĂ©gĂ©e au Carmel depuis 1906, cette congrĂ©gation se voue Ă  l'enseignement, au soin des vieillards et des malades Ă  domicile, au service paroissial et aux missions. RĂ©partie sur trois pays, elle compte quatre-vingt-quatre membres, dans onze maisons.
  • SĹ“urs maricoles d'Anvers : descendant en droite ligne du couvent fondĂ© dans cette ville en 1671, cette congrĂ©gation compte dix-neuf religieuses, regroupĂ©es en trois maisons, oĂą elles accueillent des dames pensionnaires.
  • SĹ“urs maricoles de Deinze : fondĂ©e en 1815 mais agrĂ©gĂ©e depuis 1920, cette congrĂ©gation s'emploie Ă  l'instruction des jeunes filles et au soin des vieillards. Elle compte vingt-sept religieuses dans trois maisons.
  • SĹ“urs maricoles de Landen : fondĂ©e et agrĂ©gĂ©e en 1850, cette congrĂ©gation compte trente-deux religieuses, dans trois maisons.
  • SĹ“urs maricoles de Staden : fondĂ©e et agrĂ©gĂ©e en 1950, cette congrĂ©gation enseignante regroupe quinze membres dans deux maisons[8].

En revanche, les sœurs maricoles de Waasmunster, fondées en 1775, constituent une congrégation franciscaine[9].

Voir aussi

Bibliographie

  • Brocard de Sainte-ThĂ©rèse, Recueil d'instructions sur la dĂ©votion au saint scapulaire,... prĂ©cĂ©dĂ© d'une notice sur l'ordre des carmes, Gand, Veuve J. Poelman- De Paepe, , 2e Ă©d., 478 p. (lire en ligne), p. 103-107.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. M. Cloet, « L’Église et son influence », La Belgique espagnole et la principauté de Liège 1585-1715, La culture et le cadre de vie, Dexia Banque / La Renaissance du Livre, vol. II,‎ , p. 25 (ISBN 978-2874156557).
  2. Cloet 2006, p. 26.
  3. Brocard de Sainte-Thérèse 1846, p. 104-105.
  4. Brocard de Sainte-Thérèse 1846, p. 105.
  5. Brocard de Sainte-Thérèse 1846, p. 106.
  6. Brocard de Sainte-Thérèse 1846, p. 106-107.
  7. Brocard de Sainte-Thérèse 1846, p. 107.
  8. OCD General House, « Religions Congregations (3) », sur Curie générale du Carmel Thérésien, ocd.pcn.net, (consulté le ).
  9. nl:Congregatie_van_de_Zusters_Maricolen.
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