Marguerite de Carinthie
Marguerite de Carinthie surnommée familièrement en allemand Margarete Maultasch (en français Marguerite la grande gueule) (1318 - ) a été la dernière comtesse du Tyrol de la dynastie des Meinhard. À son décès, le Tyrol fut inclus dans le patrimoine des Habsbourg.
Comtesse | |
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Successeur |
Naissance | |
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Décès | |
SĂ©pulture | |
Nom dans la langue maternelle |
Margarete von Tirol |
Activité | |
Famille |
Maison de Gorizia (en) |
Père | |
Mère |
Adélaïde de Brunswick (d) |
Fratrie |
Adelheid von Görz und Tirol (d) |
Conjoints |
Jean-Henri de Moravie (à partir de ) Louis V de Bavière |
Enfant |
Fille de Henri, duc de Carinthie et comte du Tyrol, elle lui a succédé dans le comté du Tyrol en 1335. Le duché de Carinthie est alors passé à Albert II de Habsbourg, duc d'Autriche et fils aîné du fondateur de la Maison de Habsbourg, Albert Ier de Habsbourg, et d'Elisabeth de Carinthie, tante de Marguerite.
Biographie
En 1330, Marguerite a été mariée à l'âge de douze ans, à Jean-Henri, margrave de Moravie, fils de Jean l'Aveugle, comte de Luxembourg, qui avait déposé le père de Marguerite du trône de Bohême en 1310, et également le plus jeune frère de Charles IV de Luxembourg, le futur empereur romain germanique qui a promulgué la Bulle d'or à Metz.
En 1341 Marguerite chasse son mari avec l'aide de l'aristocratie tyrolienne et épouse Louis Ier, margrave de Brandebourg, sans avoir obtenu le divorce avec Jean-Henri. Louis était le fils aîné de l'empereur Louis IV de Bavière, un Wittelsbach, et sa première épouse, Béatrice de Świdnica.
Louis de Bavière a pris sur lui de déclarer nul et non avenu le mariage de Marguerite et de Jean-Henri. Guillaume d'Ockham et Marsile de Padoue ont justifié ce premier « mariage civil » du Moyen âge. Le nouveau Pape d'Avignon, Clément VI, toutefois, excommunie Marguerite et son nouveau mari en 1342. Le scandale se propage à travers l'Europe. En 1359, en grande partie grâce à l'influence des nouvelles alliances acquises par le mariage du fils de Louis, Meinhard III de Wittelsbach à Marguerite d'Autriche, fille d'Albert II de Habsbourg, en 1358, Marguerite et son deuxième mari ont été absous de l'excommunication par un nouveau pape, Innocent VI. Les annales et les historiens allemands et italiens (Florence, Milan, Padoue, Monza) font référence à ces événements. La propagande religieuse de l'époque la surnomme « Maultasch » (littéralement la « gueule-sac »), c'est-à -dire « prostituée » ou « laide femme ».
Après la mort de son mari, en 1361, son fils, Meinhard III de Bavière, devient comte du Tyrol. Mais Meinhard meurt moins de deux ans plus tard, en 1363, sans héritier, à l'âge de dix neuf ans. Ce décès déclenche une invasion par le plus jeune frère de Louis, Etienne II de Wittelsbach, duc de Bavière (Basse-Bavière-Landshut et Haute-Bavière). Étienne, allié à Barnabé Visconti, occupait le Tyrol depuis la paix de Schärding. Marguerite a ensuite été amenée à signer un traité avec Rodolphe IV d'Autriche sur le comté. Elle est la dernière souveraine de la dynastie comme comtesse du Tyrol, qui passe ensuite à l'Autriche, non pas par une conquête mais par un libre acte de la comtesse[1].
Marguerite meurt Ă Vienne (Autriche) en 1369.
Postérité
L'héritier féodal de Marguerite aurait été le fils de son cousin aîné, Frédéric III d'Aragon, gouverneur de Sicile. Ensuite, la succession serait allée en 1401 à Jeanne d'Aragon, comtesse de Foix, et en 1407 à Yolande d'Aragon, reine consort de Naples (les deux filles de Jean Ier, roi d'Aragon). C'est seulement en 1740 que la descendance récupère le Tyrol, lorsque Marie-Thérèse épouse l'héritier du trône d'Aragon François III, duc de Lorraine.
La Vieille Femme grotesque, ou La Duchesse laide, tableau du peintre flamand Quentin Metsys est peut-être le portrait de Marguerite. Elle fut le modèle de Sir John Tenniel pour la « Duchesse » dans ses illustrations d' Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. Lion Feuchtwanger s'est largement inspiré de son histoire dans son roman La duchesse laide et en 1816, Jacob Grimm a recueilli les légendes de Marguerite dans son livre Deutsche Mythologie. Le récit du siège infructueux du château d'Hochosterwitz, en Carinthie, a été popularisé par le psychologue et sociologue Paul Watzlawick[2]
« Lorsqu’en 1334, la duchesse du Tyrol, Margareta Maultasch, encercla le château d’Hochosterwitz, dans la province de Carinthie, elle savait trop bien que la forteresse, juchée au sommet d’un rocher incroyablement escarpé, dominant la vallée d’une grande hauteur, résisterait à toute attaque de front et ne serait prise que par un long siège. À la longue, la situation des assiégés se fit effectivement intenable : ils étaient réduits à leur dernier bœuf et à deux sacs d’orge. Mais la situation de Margareta devenait également critique, pour d’autres raisons : ses troupes commençaient à s’agiter, le siège semblait devoir durer une éternité, et d’autres expéditions armées se faisaient tout aussi urgentes. C’est alors que le commandant de la forteresse se résolut à une action désespérée qui dut passer pour de la pure folie auprès de ses hommes : il fit abattre le dernier bœuf, remplir sa cavité abdominale des deux derniers sacs d’orge, et ordonna que la carcasse fût ainsi jetée du haut du rocher dans un champ devant le camp de l’ennemi. Lorsqu’elle reçut ce message méprisant, la duchesse, découragée, leva le siège et partit. »
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Margaret, Countess of Tyrol » (voir la liste des auteurs).
- Jean Sévillia, « Le Tyrol - L'appel des cimes », Le Figaro Magazine,‎ , p. 72-81.
- Watzlawick, Weakland & Fish, Changements, Seuil, 1975, p. 9
Bibliographie
- (de) Wilhelm Baum, Margarete Maultasch. Erbin zwischen den Mächten, Graz-Wien-Cologne, .
- (de) Lion Feuchtwanger, Die häßliche Herzogin, Berlin, 7. Aufl. Aufbau, (ISBN 978-3-7466-5627-4).
- Anthony Stokvis (préf. H. F. Wijnman), Manuel d'histoire, de généalogie et de chronologie de tous les États du globe, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, vol. II, Leyde, éditions Brill, (réimpr. 1966), chapitre VI C 1. , et tableau généalogique n° 11 « Généalogie des comtes de Goritz et de Tyrol ».