Biographie
Marcus Musurus Ă©tait nĂ© vers 1470 Ă RĂ©thymnon dans lâĂźle de CrĂšte. Il fut amenĂ© fort jeune en Italie par son pĂšre, riche nĂ©gociant, et placĂ© sous la direction de Janus Lascaris, qui lui fit faire de rapides progrĂšs dans la connaissance des auteurs classiques. Musurus ne tarda pas dâĂȘtre admis au nombre des savants qui furent si utiles Ă Alde Manuce pour la rĂ©vision des manuscrits grecs, et il fit partie de lâacadĂ©mie qui sâassemblait dans lâatelier de ce fameux imprimeur. Antoine-Augustin Renouard conjecture que Musurus fut chargĂ©, par le SĂ©nat de Venise, dâexercer une sorte dâinspection littĂ©raire sur les ouvrages que les Aldes mettaient sous presse ; mais, ajoute ce bibliographe, ce fait nâest pas suffisamment prouvĂ©[2]. Il fut nommĂ© professeur de lettres grecques Ă lâUniversitĂ© de Padoue, et sa rĂ©putation y attira bientĂŽt un nombre infini dâauditeurs de toutes les parties de lâItalie, de la France et de lâAllemagne. Ărasme nous apprend qu'il remplissait ses fonctions avec tant de zĂšle, que, dans une annĂ©e, il laissait Ă peine passer quatre jours sans donner des leçons publiques (Lettr., liv. V, 23). Lâinvasion des Français en Italie, par suite de la ligue de Cambrai, le dĂ©termina en 1509 Ă retourner Ă Venise, oĂč il continua de se livrer Ă lâenseignement avec beaucoup de succĂšs. AprĂšs la retraite des Français, Musurus vint occuper sa chaire Ă lâacadĂ©mie de Padoue. Il fut appelĂ© Ă Rome en 1516 par le pape LĂ©on X, qui le rĂ©compensa des services quâil avait rendus aux lettres, en le nommant archevĂȘque de Monemvasia. On prĂ©sume, dâaprĂšs le tĂ©moignage de plusieurs savants, que Musurus professa la littĂ©rature grecque Ă Rome[3]; mais ce ne fut que peu de temps ; il tomba malade de chagrin, si lâon en croit Paul Jove, pour nâavoir pas Ă©tĂ© compris dans une nouvelle promotion de trente cardinaux, et mourut dâhydropisie le . Musurus nâavait pas cinquante ans. Il fut inhumĂ© dans lâĂ©glise Sainte-Marie de la Paix. Il nâa publiĂ© quâun petit nombre de vers grecs et quelques prĂ©faces, et cependant la postĂ©ritĂ© le place Ă cĂŽtĂ© de Janus Lascaris, de ThĂ©odore Gaza et des plus illustres grammairiens. Comme Ă©diteur, on doit Ă Musurus la premiĂšre Ă©dition des ComĂ©dies dâAristophane, Alde, 1498, avec une prĂ©face ; celle de lâEtymologicum magnum, Zacharie Kalliergis, 1499, avec une prĂ©face[4]; celle des Ćuvres de Platon, Alde, 1513 ; celle du Dictionnar. gr. dâHĂ©sychios, ibid., 1514, dâaprĂšs le seul manuscrit connu ; celle dâAthĂ©nĂ©e, ibid., 1514 ; de Pausanias, ibid., 1516 ; des Orationes lectissimĂŠ de Saint GrĂ©goire de Nazianze, ib., 1516 ; enfin lâĂ©dition dâOppien De natura seu venatione piscium, Florence, Giunti, 1515, in-8°. Musurus revit la Grammaire latine dâAlde et la publia en 1516, avec une prĂ©face fort curieuse, que Renouard a insĂ©rĂ©e en entier dans ses Annales des Aldes, p. 121. Comme poĂšte, on Ă de lui des Epigrammes grecques dans le Dictionnar. grĂŠc. copiosissim., Venise, 1497, et dans lâĂ©dition de MusĂ©e, Venise, 1517 : mais de toutes les piĂšces de Musurus, la plus Ă©tendue comme la plus cĂ©lĂšbre est un PoĂšme grec de deux cents vers hexamĂštres et pentamĂštres Ă la louange de Platon, imprimĂ© dans lâĂ©dition des Ćuvres de ce philosophe, revue par notre illustre philologue. Il a Ă©tĂ© traduit en autant de vers latins par Zanobi Acciaiuoli, et publiĂ© sĂ©parĂ©ment avec cette version par Philipp Muncker, Amsterd., 1676, in-4° de 20 pag., et avec de nouvelles notes, par les soins de Butler, Cambridge, 1797. Cette piĂšce a Ă©tĂ© traduite de nouveau en latin par John Foster, qui lâa donnĂ©e Ă la suite de lâApologie des accents grecs, contre Henry Gally, avec ses notes et celles de Jer. Markland (voy. Ann. des Aldes, p. 105). Michel Margunius a insĂ©rĂ© Epigrammes grecques de Musurus dans ses Symmicta. (Papadopoli, Hist. gymnas. Patavini). Quelque temps avant sa mort, il avait traduit en latin un traitĂ© De podagra, quâHenri Estienne a publiĂ© avec la version de Musurus dans les MedicĂŠ artis principes, 1567. On a encore de lui une Lettre italienne dans la Raccolta de Pino.