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Marco Lipszyc

Marco Lipszyc, dit Jean Figiel ou Marc Lenoir, nĂ© le Ă  ƁódĆș et mort le Ă  Seyssinet-Pariset, est un militant socialiste puis communiste d’origine polonaise[1] qui s’impose comme l’un des organisateurs les plus efficaces de l’action clandestine dans la rĂ©gion grenobloise.

Marco Lipszyc
Marco Lipszyc
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  31 ans)
Nationalité
Activité
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Parti politique

Engagement politique[2]

TrĂšs jeune, il adhĂšre Ă  la TroisiĂšme Internationale, aprĂšs avoir Ă©tĂ© un militant socialiste, dans une Europe traversĂ©e par les idĂ©es de la RĂ©volution russe. Il entreprend des Ă©tudes de mĂ©decine Ă  l’universitĂ© de Prague en TchĂ©coslovaquie oĂč il poursuit potentiellement ses activitĂ©s militantes. Il se fait arrĂȘter et fait un sĂ©jour dans une prison polonaise pour activitĂ©s subversives. On ne sait pas comment se termine ce sĂ©jour en prison, mais Marco Lipszyc quitte dĂ©finitivement son pays natal pour s’installer Ă  Paris en octobre 1933 oĂč il s’investit trĂšs probablement politiquement. Son beau-frĂšre Jean dira que durant cette pĂ©riode Marco « approfondit sa connaissance du programme communiste » et « qu’il s’occupe spĂ©cialement de la main d’Ɠuvre polonaise immigrĂ©e, nombreuse dans la rĂ©gion parisienne et dans sa banlieue agricole ».  En 1937, Ă  24 ans, il s’engage aux cĂŽtĂ©s des rĂ©publicains espagnols et participe directement au conflit dans le cadre des Brigades internationales. Il dĂ©tourne notamment un cargo hollandais destinĂ© Ă  Franco. Il y rencontre Ă©galement Antoine Polotti, dit Georges, qui sera l’un des responsables du Parti communiste clandestin de l’IsĂšre et avec qui il partagera le commandement des Francs-tireurs et partisans de l’IsĂšre au dĂ©but de l’annĂ©e 1944. Marco revient Ă  Paris au cours de l’étĂ© 1938. Il est alors envoyĂ© Ă  Grenoble en aoĂ»t sur recommandation d’un mĂ©decin, afin de soigner une maladie pulmonaire. En novembre 1938 il fait une demande Ă  la prĂ©fecture de l’IsĂšre d’une carte d’identitĂ© d’étranger au titre de travailleur industriel. Il frĂ©quente alors le milieu actif des rĂ©fugiĂ©s politiques autour de la coopĂ©rative Ă©tudiante « Notre foyer », rue Bayard. Il a Ă©galement des contacts avec des militants communistes isĂ©rois. Il rencontre Ă  cette Ă©poque Simone Bertrand, institutrice et membre du secours populaire qui s’occupe des rĂ©fugiĂ©s espagnols et de ceux qui reviennent des Brigades internationales.

Pendant la Seconde Guerre mondiale[2]

Le fait d’ĂȘtre un « Ă©tranger » au regard de l’administration, n’empĂȘche pas Marco Lipszyc de se battre pour la France et contre l’Allemagne nazie, lors de la guerre de 39-40 en tant que volontaire, puis dans la RĂ©sistance.

Il est engagĂ© volontairement le 2 aoĂ»t 1939. DĂšs le dĂ©but de l’étĂ©, le conflit avec l’Allemagne semblait inĂ©vitable et le militant communiste, de retour de la guerre d’Espagne, ne pouvait rester indiffĂ©rent. Le 1er septembre, il est convoquĂ© « pour accomplir une pĂ©riode de trois mois ». Le 16 fĂ©vrier 1940, il est nommĂ© caporal et affectĂ© le 6 mars au 12e rĂ©giment d’infanterie de la LĂ©gion Ă©trangĂšre. Entre le 6 et le 15 juin il prend part aux combats du Chemin des Dames. PilonnĂ© par l’aviation et l’artillerie, le rĂ©giment de Marco qui a reçu l’ordre de tenir coĂ»te que coĂ»te, voit disparaitre plus d’un tiers de son effectif. Les Allemands prennent le contrĂŽle de la rĂ©gion, ce qui reste du rĂ©giment se replie. Quelques jours plus tard, l’armistice est signĂ©. DĂ©mobilisĂ© le 24 aoĂ»t 1940, il arrive Ă  Grenoble le 29.

Il rentre de la campagne de 1939-1940 dĂ©corĂ© d’une croix de guerre avec Ă©toile de bronze et titulaire d’une citation Ă  l’ordre du rĂ©giment signĂ©e par le lieutenant-colonel Besson. Son retour ne se passe pas tout Ă  fait sans problĂšmes. Marco rentre dans une zone dite libre, mais administrĂ©e par le rĂ©gime de Vichy. Il est Ă©tranger, a participĂ© Ă  la guerre d’Espagne, est communiste et Juif : il est surveillĂ© par les autoritĂ©s. Son nom apparaĂźt dans des listes de personnes Ă  arrĂȘter ou Ă  surveiller. Un arrĂȘtĂ© d’expulsion est pris contre Marco Ă  la fin de l’annĂ©e 1940. Celui-ci sera ensuite annulĂ© en considĂ©ration de ses Ă©tats de service militaire. Dans une lettre en polonais, sans doute adressĂ©e Ă  sa sƓur vivant en AmĂ©rique, Marco Ă©crit : « J’ai passĂ© toute la guerre dans les rangs de l’armĂ©e française. J’en suis revenu entier et en bonne santĂ© et mĂȘme avec des dĂ©corations militaires, ce qui est important pour mes conditions de sĂ©jour en France. »

Le 26 avril 1941, il Ă©pouse Denise Rolland avec qui il s’installe rue AbbĂ©-GrĂ©goire Ă  Grenoble et avec qui il aura deux filles. Marco travaille chez Merlin Gerin dans le secteur Ă©lectricitĂ©-transformateurs, oĂč il sera employĂ© jusqu’en octobre 1943, date Ă  laquelle il passe Ă  la clandestinitĂ©.

Marco est arrĂȘtĂ© le 26 aoĂ»t 1942, lors de la rafle des Juifs Ă©trangers organisĂ©e en IsĂšre, comme dans toute la zone sud. À Grenoble, 353 personnes, hommes, femmes et enfants, sont raflĂ©es par la police française et emmenĂ©es Ă  la caserne Bizanet oĂč elles sont soumises Ă  une commission de criblage. Marco est libĂ©rĂ© grĂące Ă  son statut « d’engagĂ© volontaire ayant servi plus de trois mois ou ayant pris part aux combats. »

Marco participe trĂšs probablement Ă  la rĂ©organisation du Parti communiste. Il semble aussi qu’il ait organisĂ©, ou participĂ©, Ă  divers sabotages dans le cadre de son travail. Une partie du matĂ©riel fabriquĂ© est destinĂ© Ă  l’appareil militaire allemand : il met au point une technique de dĂ©tĂ©rioration « Ă  retardement » des transformateurs destinĂ©s Ă  l’armĂ©e et Ă  la marine allemandes.

En mars 1943, Marco est en transit Ă  Paris pour se rendre en Pologne pour, selon Jean Rolland, « assumer de hautes fonctions clandestines dans la Pologne occupĂ©e ». Il y fut trĂšs certainement envoyĂ© par le Parti communiste allemand, ou peut-ĂȘtre polonais. En effet, certains partis communistes rĂ©fugiĂ©s en France, notamment allemand et autrichien, recrutent des cadres pour rentrer au pays afin d’y organiser un travail politique. Mais cette mission est annulĂ©e et Marco ne part pas. Il revient Ă  Grenoble Ă  la fin du mois et  reprend son activitĂ© Ă  Merlin Gerin.

Il met sa famille Ă  l’abri dans le TriĂšves Ă  la fin de l’annĂ©e 1943. Marco est alors plus disponible pour tenir un rĂŽle important dans la RĂ©sistance. C’est sans doute Ă  ce moment qu’il va rejoindre vĂ©ritablement les Francs-tireurs et partisans (FTP). Il participe Ă  des actions de plus en plus audacieuses : attaques de mairies pour y rĂ©cupĂ©rer des tickets d’alimentation, dĂ©sarmement de gendarmes ou de policiers pour s’approvisionner en armes, etc. Lorsqu’il entre en clandestinitĂ© Ă  partir de novembre 1943, il change rĂ©guliĂšrement de domiciles et prend tantĂŽt le nom de Jean-Marie Picard ou de Jean Rolland. Sous l’identitĂ© de Jean Stanislas Figiel, il dispose de toute une batterie de faux papiers. Le 11 novembre 1943, il participe Ă  la manifestation au monument aux Diables bleus qui se termine par l’arrestation de prĂšs de 400 personnes. D’abord responsable du groupe urbain des FTP, intervenant sur la ville de Grenoble, il devient, sous le nom de « commandant Lenoir », commissaire aux opĂ©rations de rĂ©gion, c’est-Ă -dire responsable militaire des FTPF du dĂ©partement de l’IsĂšre en fĂ©vrier 1944. Son adjoint est AndrĂ© Masson dit Charles Petit et Antoine Polotti, dit Georges, est le commissaire technique ou commissaire aux effectifs, c’est-Ă -dire qu’il dirige l’ensemble des services (armement, renseignement, santĂ©, etc). MalgrĂ© les consignes qui voudraient que les cadres ne mettent pas leur vie en danger, Marco continue de participer Ă  des opĂ©rations pour rester en contact avec ses hommes. Il coordonne sur le territoire de l’IsĂšre un certain nombre d’unitĂ©s FTP, appelĂ©es « bataillons » Ă  partir d’avril 1944.

Les 14, 15 et 16 mai 1944, plusieurs membres du comitĂ© militaire des FTP de la zone sud sont arrĂȘtĂ©s par les hommes de Klaus Barbie. Dans les jours et semaines qui suivent, plusieurs dizaines de FTP sont apprĂ©hendĂ©s dans toute la rĂ©gion. Le 17 mai 1944, les quatre membres de l’état-major FTP du dĂ©partement de l’IsĂšre se rĂ©unissent dans une maison de Fontaine. Il s’agit d’une ultime rĂ©union avant le dĂ©part de l’état-major qui se sent menacĂ©. À 14h, peu de temps aprĂšs le dĂ©but de la rĂ©union, quatre voitures s’arrĂȘtent Ă  hauteur de la maison oĂč sont rĂ©unis les quatre hommes. Les vĂ©hicules sont occupĂ©s par des miliciens français, des Feldendarmes et des gens des services de sĂ©curitĂ© allemands. Ils cernent le pavillon et deux d’entre eux font irruption dans le logement, annonçant « police allemande ». Les quatre membres ne sont pas armĂ©s, Marco bloque vraisemblablement la porte avec son corps. Il a toujours dĂ©clarĂ© qu’il ne se laisserait jamais prendre vivant. Il reçoit plusieurs balles Ă  travers la porte et tombe. Les assaillants entrent dans la piĂšce Ă  la poursuite des trois autres membres. Antoine Polotti est tuĂ©, un autre blessĂ© et le troisiĂšme arrĂȘtĂ©.

Durant sa dĂ©tention, sa femme Denise donne naissance Ă  leur deuxiĂšme fille, Martine. Lipszyc sera conduit Ă  Seyssinet le 21 juillet 1944 avec neuf autres dĂ©tenus et fusillĂ© au DĂ©sert de l'Écureuil, un mois avant la libĂ©ration de Grenoble.

Hommage

Celui qui fut l’un des principaux chefs de la RĂ©sistance isĂ©roise semble avoir Ă©tĂ© relativement oubliĂ© lorsque s’établit aprĂšs la guerre le panthĂ©on mĂ©moriel local.

Une rue Ă  Fontaine ainsi qu'une autre Ă  Échirolles portent le nom de commandant Lenoir, nom de RĂ©sistance de Marco Lipszyc.

Une plaque est Ă©rigĂ©e sur le lieu de son arrestation et un monument collectif au DĂ©sert de l'Écureuil Ă  Seyssinet-Pariset.

En 2015, l'historien Claude Collin écrit Marco Lipszyc, étranger et notre frÚre pourtant édité par le Musée de la Résistance et de la Déportation de l'IsÚre, dans la collection Parcours de résistants.

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. AnacrIsÚre du 20 juillet 2015, Cérémonie en hommage à Antoine Polotti et Marco Lipszyc Fontaine.
  2. MusĂ©e de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation de l'IsĂšre Marco Lipszyc, Ă©tranger et notre frĂšre pourtant, Claude Collin, Éditions du MusĂ©e de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation de l’IsĂšre, collection Parcours de rĂ©sistants, 2015, 88 p., 12 €
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